Pour comparer la performance d’Alphonse Areola contre l’Allemagne, j’ai regardé comment avaient débuté les dix gardiens les plus capés des Bleus. Ce ne sont pas les dix meilleurs, il y manque René Vignal, Julien Darui ou Pierre Chayriguès, mais ils se sont inscrits dans la durée (au minimum 26 sélections pour François Remetter).
Celui qui a tenu le plus longtemps avant d’encaisser un but : Hugo Lloris en 2008
C’est un peu une surprise compte tenu du fait que le nouveau champion du monde n’est pas un spécialiste des clean sheets (matchs sans but encaissé) : 47 en 104 sélections, contre 51 sur 87 pour Barthez. Il n’empêche : Lloris n’a pas pris de but lors de ses débuts face à l’Uruguay le 19 novembre 2008 (0-0). Idem contre la Turquie en juin 2009 (1-0) puis aux Féroé en août (1-0). Il faudra attendre sa quatrième sélection, en septembre contre la Roumanie, pour qu’il cède enfin via un but de… Julien Escudé contre son camp à la 55e (1-1).
Celui qui a été baptisé pour ses débuts : Fabien Barthez en 1994
A Kobé, au Japon, il pleut des hallebardes en ce 26 mai 1994. A quelques jours de la Coupe du monde aux Etats-Unis, les Bleus participent à l’improbable Coupe Kirin et c’est le gardien de l’OM, 22 ans, qui est titularisé pour la première fois. Papin manque un pénalty et Cantona inscrit le seul but du match. Barthez, lui, sauve la victoire grâce à deux arrêts réflexe à bout portant. Il lui faudra pourtant attendre 12 matchs avant de rejouer, et d’encaisser son premier but contre la Roumanie en octobre 1995 (Lacatus).
Celui qui a failli attendre : Bernard Lama en 1993
En ce début d’année 1993, alors qu’il va sur ses 30 ans, le nouveau gardien du Paris SG sait qu’il n’a pas le droit à l’erreur s’il veut devenir le successeur de Bruno Martini en sélection. Gérard Houllier lui confie le poste contre Israël à Tel-Aviv, et tout se passe bien pour lui. Les Bleus s’imposent 4-0 sans forcer, et lui enchaînera avec un deuxième clean sheet en Autriche avant de s’incliner pour sa troisième cape contre le Suédois Martin Dahlin.
Celui qui n’a joué que cinq minutes : Bruno Martini en 1967
Le gardien de l’AJ Auxerre est le numéro 2 de Joël Bats après la Coupe du monde 1986. Le 12 août 1987, alors que les Bleus sont menés 1-2 à Berlin contre la RFA (doublé de Völler dans les dix premières minutes), il remplace Bats, touché au visage, à la 85e.
Celui qui a débuté contre Pelé : Georges Carnus en 1963
A seulement 21 ans, Carnus honore sa première sélection le 28 avril 1963 à Colombes. En face, c’est le Brésil, double champion du monde et sa star Pelé. Si les Bleus font mieux que se défendre, le Roi va mettre le tarif habituel contre la France : un triplé, comme en 1958. Le Brésil l’emporte 3-2 et Carnus attendra 21 matchs avant de rejoue, après la Coupe du monde 1966.
Celui qui a plutôt mal commencé : Joël Bats en 1983
Alors que Michel Hidalgo cherche toujours son gardien à neuf mois de l’Euro 1984, Joël Bats connaît des débuts compliqués à Copenhague contre le Danemark qui n’est pas encore l’épouvantail de l’Europe, mais qui va bientôt le devenir. Avec un Michael Laudrup intenable du haut de ses 19 ans, les Rouges font le jeu et l’emportent 3-1 contre des Bleus dépassés. Quant à Bats, il va ensuite s’imposer comme le meilleur gardien français de l’histoire (jusqu’à Barthez) et n’encaissera trois buts en sélection qu’une autre fois, cinq ans et 42 matchs plus tard.
Celui qui a débuté le plus jeune : Alexis Thépot en 1927
Dans les années 20, rencontrer l’Angleterre et ses joueurs pros n’était pas vraiment un cadeau à faire à un gardien débutant, surtout aussi jeune. Et ça n’a pas raté puisque dès la 4e minute, l’attaquant George Brown ouvrait le score à Colombes. Il y aura cinq autres buts (0-6). Quant à Thépot, il encaissera 76 buts en 31 sélections. Le record pour un gardien de l’équipe de France.
Celui qui est entré à la mi-temps : Steve Mandanda en 2008
Avant l’Euro en Suisse et en Autriche, il y a du mouvement chez les gardiens. Raymond Domenech a choisi Grégory Coupet comme titulaire, mais les places de numéro deux et numéro trois sont ouvertes. Sébastien Frey débute contre l’Equateur à Grenoble, et Steve Mandanda le remplace à la mi-temps. S’il n’a pas grand chose à faire, c’est suffisant pour gagner une place dans les 23, au détriment de Landreau et de Lloris.
Celui qui a tenu un quart d’heure : François Remetter en 1953
Placé tardivement après la fin de la saison nationale, ce Suède-France de juin 1953 est clairement une corvée pour les internationaux français. Et pour le gardien de Metz, Français Remetter, il commence mal, puisque Nils-Ake Sandell le bat à la 15e. Ce sera le seul but du match. Remetter jouera la Coupe du monde 1954, et sera titulaire à celle de 1958. Mais, avec six buts encaissés en deux rencontres, il laissera sa place à Claude Abbes.