Mise à jour d’un article initialement paru en septembre 2013.
Les Bleus ont perdu 82 matches en compétition, dont 36 en en ayant marqué au moins un but. Sur ces 36, 20 ont été perdus alors que les Français menaient au score, parfois même par deux buts d’écart.
Six fois, les Bleus ont perdu au terme d’un double retournement : ils sont menés au score, puis ils prennent l’avantage, et finalement ils le reperdent. C’est arrivé deux fois dans les années 1960 (dont l’homérique France-Yougoslavie, où le score a sauté de 4-2 à 4-5 en trois petites minutes), une fois en 1982 (contre la RFA à Séville), deux fois d’affilée à domicile à l’automne 1993 et une fois en 2021 contre la Suisse. Ce dernier match, ainsi que celui de 1982, sont statistiquement des matchs nuls, mais ils ont entraîné une élimination suite à la séance de tirs au but qui a été perdue. Ils sont donc comptés ici.
Alors que depuis leur titre de champions du monde en 2018, les Bleus évitaient de perdre le fil quand ils menaient au score, du moins en compétition, ils l’ont fait trois fois en quatre ans : en juin 2021 à l’Euro contre la Suisse, donc (menés 0-1, puis ils mènent 3-1, sont rejoints à 3-3 et perdent aux tirs au but), en juin 2022 face au Danemark (ils ouvrent le score et se font rejoindre puis dépasser en fin de match, 1-2) en en juillet 2024 contre l’Espagne (ils marquent en premier puis encaissent deux buts en quatre minutes et s’inclinent 1-2).
Avant 2018, le précédent retournement défavorable remontait à juin 2017 en Suède, et l’avant-dernier à juin 2000 contre les Pays-Bas à l’Euro, et encore faut-il se souvenir des circonstances particulières d’un match où Roger Lemerre avait le banc de touche le plus impressionnant de l’histoire. Le précédent date de juin 1999 à domicile contre la Russie (2-3), qui failli bien coûter très cher aux Bleus. Lesquels souffriront le martyre quatre jours plus tard à Barcelone pour terrasser la redoutable sélection d’Andorre (1-0).
Le plus désiré : Pays-Bas - France 2000
De celui-là, on peut presque parler de défaite attendue : les Bleus déjà qualifiés pour la suite de l’Euro veulent rester en Belgique pour les quarts et les demis, et pour ça ils doivent terminer deuxièmes, ce qui passe par une défaite face aux Hollandais. Le 21 juin à Amsterdam, Roger Lemerre en profite pour faire tourner et aligne une équipe complètement déséquilibrée vers l’avant, avec Lama dans les buts, Karembeu en arrière droit, un milieu Vieira-Pires-Micoud et une attaque Wiltord-Trezeguet-Dugarry. Résultat, les Bleus mènent 2-1 à la mi-temps et Trezeguet aura même un ballon de 3-1 en début de deuxième période. Heureusement, les boulevards dans la défense permettent à Kluivert d’égaliser une première fois, et à De Boer et Zenden de renverser le score en huit minutes avant l’heure de jeu. 3-2, tout le monde est content.
Le plus improbable : France-Israël 1993
Si c’est la défaite contre la Bulgarie qui entraîna l’élimination des Bleus de la coupe du monde 1994, c’est assurément celle contre Israël, un mois plus tôt (le 13 octobre 1993 au Parc), qui l’a permise. On reviendra par ailleurs sur ce match rocambolesque (dans le retour sur l’année 1993), mais qu’on se souvienne que ce sont les Israéliens (battus 0-4 à l’aller à Tel-Aviv) qui ont ouvert le score par Ronen Harazi à la 21e. Vexés, les Bleus réagissent et prennent l’avantage en dix minutes par Franck Sauzée (29e) puis David Ginola (39e). On se dit alors qu’un troisième but ne serait pas de trop pour plier le match et obtenir le billet pour les Etats-Unis. Mais il ne viendra jamais. Au contraire, ce sont les Israéliens qui font le jeu et qui égalisent à la 83e par Eyal Berkovitz. Et pour que la fête soit complète, Reuven Atar conclut une action rondement menée à la 93e (2-3) dans une défense qui ne compte pas moins de cinq futurs champions du monde (Lama, Lizarazu, Desailly, Blanc et Petit) et qui est grandiose dans le n’importe quoi.
Le plus expéditif : France-Yougoslavie 1960
Pour la première coupe d’Europe des Nations, qui se dispute en aller-retour jusqu’en quarts de finale puis en un mini-tournoi de quatre matches (demi-finales, troisième place et finale) chez l’un des derniers qualifiés, c’est la France qui reçoit les Tchèques, les Soviétiques et les Yougoslaves. En demi-finale contre ces derniers au Parc des Princes le 6 juillet 1960, c’est mal parti puisque Galic marque dès la 11e. Mais Vincent égalise juste après (12e), François Heutte donne l’avantage aux Bleus avant la pause (43e) et Maryan Wisnieski creuse l’écart en début de deuxième période (52e, 3-1). Les Yougoslaves réagissent (Zanetic, 55e) mais Heutte redonne deux buts d’avance aux Français (62e, 4-2). Tout va bien, la finale est en vue. Arrive alors le dernier quart d’heure, et le gardien Georges Lamia perd complètement les pédales : il est battu par Knez côté gauche (75e), puis renvoie un ballon sur Jerkovic (77e, 4-4) et repousse une nouvelle fois un tir sur le même Jerkovic (78e, 4-5). Trois buts en moins de deux cents secondes, qui dit mieux ?
Le plus inutile : Yougoslavie-France 1949
Encore les Yougoslaves, avec en jeu la qualification pour la première coupe du monde d’après-guerre, celle au Brésil. A l’aller comme au retour, la France et la Yougoslavie ne se sont pas départagés (1-1 deux fois). Il faut donc jouer un match d’appui sur terrain neutre, à Florence le 1er décembre 1949. Mihajlovic ouvre la marque très vite (12e), mais Marius Walter égalise dans la foulée (13e). A sept minutes de la fin, les Bleus tiennent le bon bout grâce à Jean Luciano (83e, 2-1), mais juste après, ils concèdent un pénalty sur une grosse erreur de Roger Marche (84e, 2-2). Il y aura une prolongation, la deuxième de l’histoire après celle de la coupe du monde 1934. Et à six minutes de la fin de celle-ci, alors que le tirage au sort (par pile ou face) se profile, Cajkovski tente un tir sans angle que le gardien Ibrir claque au-dessus… de la tête de Roger Marche revenu sur la ligne (114e, 2-3). Les Bleus sont éliminés, avant d’être repêchés en raison du forfait de l’Ecosse, puis de déclarer eux-mêmes forfait. Tout ça pour ça…
Les 20 retournements perdants en compétition
– Espagne-France 2024* 2-1 (0-1, 2-1)
– France-Danemark 2022 1-2 (1-0, 1-2)
– Suisse-France 2021* 3-3 (1-0, 1-3, 3-3, 4-5 aux tirs au but)
– Suède-France 2017 2-1 (0-1, 2-1)
– Pays-Bas-France 2000* 3-2 (0-1, 1-2, 3-2), retournement répété
– France-Russie 1999 2-3 (0-1, 2-1, 2-3), double retournement
– France-Bulgarie 1993 1-2 (1-0, 1-2)
– France-Israël 1993 2-3 (0-1, 2-1, 2-3), double retournement
– Yougoslavie-France 1988 3-2 (0-1, 1-2, 3-2), retournement répété
– France-Pologne 1982* 2-3 (1-0, 1-2, 1-3, 2-3)
– RFA-France 1982* 3-3 (0-1, 3-1, 3-3, 4-5 aux tirs au but)
– Italie-France 1978* 2-1 (0-1, 2-1)
– RDA-France 1975 2-1 (0-1)
– Uruguay-France 1966* 2-1 (0-1)
– Hongrie-France 1964 2-1 (0-1)
– France-Yougoslavie 1960* 4-5 (0-1, 3-1, 4-2, 4-5), double retournement
– Yougoslavie-France 1958* 3-2 (0-1, 2-1, 3-2)
– France-Yougoslavie 1949 2-3 (0-1, 2-1, 2-3), double retournement
– Autriche-France* 1934 3-2 (0-1, 3-1)
– Italie-France 1928* 4-3 (0-2, 4-2)
* phase finale
Vos commentaires
# Le 2 août à 17:23, par Cœur Bleu En réponse à : Ces matches perdus que l’on croyait gagnés
Bonjour,
Je pense que vous vouliez mettre 2024 dans le tableau récapitulatif pour la récente défaite contre l’Espagne.
Cordialement
# Le 3 août à 07:49, par Bruno Colombari En réponse à : Ces matches perdus que l’on croyait gagnés
Oui, bien sûr. C’est corrigé. Merci !