Pour commencer, il faut citer le cas de René Bonnet, une sélection en février 1914, dont on ne connaît pas la date de naissance. Celle la plus souvent citée est l’année 1880, sans plus de précision, ce qui veut dire qu’il aurait eu 33 ou 34 ans lors de son seul match international, ce qui semble assez improbable alors que les joueurs trentenaires étaient rarissimes en équipe de France avant la première Guerre mondiale.
1. Gaston Barreau, 30 ans et 175 jours en mai 1914
Si l’on part à la recherche des vétérans successifs des Bleus, c’est-à-dire ceux qui, à un moment donné, ont été le joueur le plus âgé sélectionné, le premier dont la date de naissance est certaine est Gaston Barreau. Né le 7 décembre 1883, il est le premier trentenaire appelé en sélection le 25 janvier 1914 contre la Belgique à Lille (4-3). Il a alors 30 ans et 49 jours, et va porter ce record tout neuf à 30 ans et 175 jours quatre mois plus tard contre la Hongrie à Budapest (1-5), le plus long déplacement de l’histoire de cette équipe de France d’avant-guerre. Barreau avait alors 30 ans et 175 jours, et son record va tenir près de six ans.
2. Emilien Devic, 32 ans et 96 jours en février 1921
Ce milieu de terrain du Racing a débuté en sélection en 1911, et il bat le record de Barreau le 18 janvier 1920, deux mois après ses 31 ans (il est né le 16 novembre 1888). Il le porte à 32 ans et 96 jours le 20 février 1921 contre l’Italie à Marseille (1-2) ; où il marque d’ailleurs don deuxième et dernier but en sélection. Son record ne va durer qu’un peu plus de 3 ans.
3. Lucien Gamblin, 32 ans et 292 jours en mai 1923
C’est l’un des grands noms du football français des années 1910-1920, qu’il a achevée au Red Star en gagnant trois fois la Coupe de France. Au terme d’une longue carrière qui dura près de 12 ans, il dépasse le record de Devic le 28 janvier 1923 et l’améliore à 32 ans et 292 jours le 10 mai 1923 contre l’Angleterre à Pershing (1-4). Son record va tenir deux ans et trois mois.
4. Pierre Chayriguès, 33 ans et 19 jours en mai 1925
Lui aussi a été d’abord célèbre avant la Guerre, où il était probablement l’un des meilleurs gardiens de son époque. Il évoluait encore au Red Star quand il fut rappelé en sélection en janvier 1923, alors qu’il avait près de 31 ans. Il bat le record de Gamblin le 21 mai 1925 contre l’Angleterre (2-3) à Colombes. Comme c’est sa 21e et dernière sélection, il porte le nouveau record à 33 ans et 19 jours. Ce dernier tiendra près de trois ans.
5. Juste Brouzes, 34 ans et 132 jours en mai 1928
C’est un parcours très atypique que celui de l’inter du Red Star. Sélectionné une première fois en mai 1914 contre la Hongrie, où il marque le seul but français, on ne le voit plus pendant près de neuf ans. Il revient en janvier 1923, disparaît à nouveau pendant cinq ans, puis est rappelé en avril 1928, à 34 ans et 3 mois. Il bat alors le record de Chayriguès, et l’améliore jusqu’au 29 mai 1928 contre l’Italie aux jeux olympiques d’Amsterdam (3-4), où il signe un doublé à 34 ans et 132 jours ! Son record va durer presque 17 ans.
6. Gusti Jordan, 36 ans et 288 jours en décembre 1945
Celui-là aussi aura eu une trajectoire étonnante. Né à Linz, en Autriche, en 1909, où il joue jusqu’à 23 ans, il arrive au RC Paris en 1933, devient français par naturalisation en 1938 et change de prénom (Gustav transformé en Auguste). Il participe à la Coupe du monde 1938 avec la France et fait partie des anciens rappelés après la Libération. Il pulvérise le record de Brouzes en avril 1945 contre la Suisse, et le porte à 36 ans et 288 jours le 06 décembre 1945 face à l’Autriche à Vienne (1-4). Et pourtant, son record ne va tenir que neuf ans et demi…
7. Larbi Ben Barek, 37 ans et 122 jours en octobre 1954
Le septième vétéran est incertain, puisque sa date de naissance exacte est inconnue. Nous allons nous baser sur celle la plus communément admise (16 juin 1917), ce qui aura fait à la perle Noire, comme on l’appelait alors, 37 ans et 122 jours lors de sa 17e et dernière sélection le 16 octobre 1954 à Hanovre, contre les tout nouveaux champions du monde allemands (3-1). Une sélection abrégée pour lui, puisqu’il sort à la 27e minute, exténué. Son record lui survivra : Ben Barek décède en 1992, mais il faut attendre septembre 2000, soit 45 ans et dix mois, pour voir un international français faire mieux.
8. Bernard Lama, 37 ans et 148 jours en septembre 2000
A 29 ans, Bernard Lama n’avait toujours pas été international. Sa première sélection arrive enfin deux mois avant son trentième anniversaire, au printemps 1993. Gardien numéro un jusqu’au début de 1997, Bernard Lama atteint les 44 sélections le 2 septembre 2000 contre l’Angleterre au Stade de France à 37 ans et 148 jours , où il bat de peu (27 jours) le record historique de Ben Barek. Ça n’empêche pas Michael Owen de lui marquer un dernier but en guise d’adieu. Le champion du monde et d’Europe gardera le record pendant plus de 22 ans.
9. Steve Mandanda, 37 ans et 247 jours en novembre 2022
Longtemps doublure de Hugo Lloris en équipe de France, Steve Mandanda doit sa 35e et dernière sélection au forfait de Mike Maignan quelques semaines avant la Coupe du monde au Qatar. Le champion du monde 2018 devient donc le neuvième vétéran des Bleus le 30 novembre 2022 contre la Tunisie (0-1), améliorant de 99 jours le précédent record détenu par Lama. Il le gardera pendant 18 mois seulement.
10. Olivier Giroud, 37 ans et 283 jours en juillet 2024
Olivier Giroud a battu de très peu (deux jours) le record de Steve Mandanda en entrant en jeu le 5 juin 2024 contre le Luxembourg, puis l’a amélioré le 9 juin pour son dernier match en sélection sur le sol français, à Bordeaux, avec le brassard de capitaine. S’il a peu joué à l’Euro, et jamais comme titulaire, ses dernières minutes en sélection contre l’Espagne à Munich le 9 juillet 2024 ont établi un nouveau record à 37 ans et 283 jours. Après lui, le seul qui pourrait faire mieux à court terme est Antoine Griezmann, mais le madrilène (33 ans en mars dernier) devra encore jouer en sélection jusqu’à la fin 2028 pour y parvenir. C’est très improbable, la Coupe du monde 2026 semblant être son dernier objectif, s’il va jusque là.