Aimé Jacquet a un point commun avec son prédécesseur Michel Hidalgo et son successeur Didier Deschamps. Comme eux, il a été titré en tant que sélectionneur des Bleus. En revanche, son mandat a été nettement plus bref : quatre ans et demi contre huit ans et demi pour Hidalgo et désormais dix ans pour Didier Deschamps. Cet écart se mesure aussi, et logiquement, en nombre de matchs dirigés : 53 pour le champion du monde 1998, 75 pour le champion d’Europe 1984 et 130 pour l’actuel sélectionneur.
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Tout d’abord, une précision : les visualisations de points ci-dessous ne représentent que les onze titulaires de chaque match. Les remplaçants ne sont pas pris en compte, car leur nombre est variable et leur importance, en temps de jeu, moindre évidemment que ceux qui débutent et qui représentent, a priori, la meilleure équipe possible (hormis quelques exceptions lors de matchs amicaux).
Aimé Jacquet a dirigé 53 fois l’équipe de France entre février 1994 et juillet 1998. Il a fait jouer 56 joueurs différents, dont 33 nouveaux, mais seulement 51 ont été titulaires au moins une fois. Les cinq autres sont Pascal Vahirua lancé par Platini), Jean-Pierre Cyprien (chacun un match), Patrick Blondeau (2), Franck Gava et Cyrille Pouget (3), les quatre derniers ayant débuté avec Aimé Jacquet.
Si lui-même en a lancé 29, les autres ont découvert la sélection avec Gérard Houllier (11), Michel Platini (8) et Henri Michel (3). On retrouve donc, étonnamment, ce nombre de quatre sélectionneurs impliqués dans la période Jacquet, soit exactement comme pour Hidalgo ou pour Deschamps, qui sont restés en poste beaucoup plus longtemps que lui.
Parmi les 29 débutants de Jacquet, on trouve en tête six champions du monde : Zidane et Thuram (33 fois titulaires), Barthez (20), Dugarry (18), Lebœuf et Guivarc’h (11). Sur 53 matchs, ça ne dénote pas une présence massive et permanente, comme on le verra ci-dessous. Houllier fait beaucoup mieux, malgré son passage très bref à la tête de la sélection (12 matchs en 15 mois et seulement 31 joueurs utilisés) : Desailly a été titulaire 45 fois, Djorkaeff 33, Lama et Karembeu 29 et Lizarazu 23. Platini a lui aussi beaucoup apporté à Jacquet avec le duo Deschamps-Blanc (40 et 39 titularisations), ainsi que, dans une moindre mesure, Petit (13). Enfin, Michel n’apparaît qu’avec trois joueurs, qui disparaissent vite du tableau : Cantona (9), Papin (5) et Martini (1).
En regardant le cumul des sélections des titulaires par sélectionneur, le poids de la génération Houllier devient supérieur à celui de la génération Jacquet, avec 36% du total (contre 34%) alors qu’en nombre de joueurs, elle n’en représente que 22% (contre 56%). L’importance de Blanc et Deschamps avec Jacquet fait également monter la part de Platini à 26% en cumul de sélections, alors qu’il ne représente que 6% du nombre de joueurs.
Voyons maintenant la dataviz de ses 53 compositions d’équipe. Au survol de chaque point, vous pouvez voir le nom du joueur, quel sélectionneur l’a lancé, ainsi que la date et le score du match.
En 53 matchs dirigés, Aimé Jacquet n’a aligné aucun joueur qu’il a lancé à quatre reprises, en 1994 contre l’Italie en février, le Japon en mai, la Slovaquie en septembre et l’Azerbaïdjan en décembre. A Naples, pour ses débuts contre les futurs finalistes de la Coupe du monde, il aligne Lama, Desailly, Karembeu, Le Guen, Gnako et Djorkaeff (qui ont débuté avec Houllier), Roche, Di Meco, Deschamps et Ginola (lancés par Platini) et Cantona (par Michel). Face au Japon, ce sont les hommes de Platini qui sont les plus nombreux (Angloma, Blanc, Di Meco, Deschamps et Ginola) devant ceux de Houllier (Lama, Desailly, Le Guen et Djorkaeff) et le duo d’attaquants de Michel (Papin, Cantona).
Sept autres fois, jusqu’à l’Euro 2016, il n’aura qu’un seul joueur à lui : contre le Chili (Ferri), la Roumanie et la Pologne (Ouédec) en 1994, face aux Pays-Bas (Ferri), Israël (Ouédec) et la Slovaquie (Zidane) en 1995 et contre l’Espagne (Zidane) en 1996.
Ses joueurs ne sont majoritaires qu’à partir de janvier 1997, lors de son 32e match, face au Portugal : Barthez, Thuram, Laigle, Pirès, Zidane, Ba et Dugarry sont titulaires ce jour-là. Ça reste d’ailleurs très marginal puisqu’il n’y aura en tout que 15 matchs (sur 53) où la majorité des titulaires seront des hommes de Jacquet. Le maximum est plutôt bas, avec 8 sur 11, atteint deux fois en 1997 contre la Suède en avril et face à l’Angleterre en juin. Djorkaeff, Desailly et Blanc complètent le dispositif lors du premier match, Djorkaeff, Deschamps et Blanc lors du second.
Chose encore plus étonnante, lors de la Coupe du monde 1998, Aimé Jacquet n’a même pas lancé la moitié des titulaires, hormis contre l’Arabie Saoudite et le Danemark, où ils sont sept. Mais ils ne sont que quatre face à l’Italie et la Croatie (Barthez, Thuram, Zidane et Guivarc’h) et cinq contre l’Afrique du Sud (les mêmes plus Henry), le Paraguay (Barthez, Thuram, Diomède, Trezeguet et Henry) et le Brésil en finale (Barthez, Thuram, Lebœuf, Zidane et Guivarc’h). Quatre autres sont issus de la période Houllier (Lizarazu, Desailly, Karembeu et Djorkaeff) et les deux derniers de l’ère Platini (Petit et Deschamps).