Dialogue avec Soccer Nostalgia : Michel Hidalgo, saison 9 (1983-84)

Publié le 6 février 2023 - Bruno Colombari - 2

Michel Hidalgo achève son mandat de huit ans et demi en équipe de France en apothéose, avec la conquête du championnat d’Europe des Nations. Un triomphe personnel pour Michel Platini aussi... Fin d’une année d’échanges avec Shahan Petrossian.

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Lire sur le site de Soccer Nostalgia The Soccernostalgia Interview-Part 49
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Cet article fait partie de la série Dialogue avec Soccer Nostalgia
Soccernostalgia : Michel Hidalgo a commencé la saison 1983/84 avec l’Euro 1984 comme objectif principal. À quel point lui et la Nation étaient-ils confiants à ce stade ?

Bruno Colombari : L’objectif paraissait encore loin. Et l’Euro n’avait à l’époque pas la même importance qu’aujourd’hui. Il ne concernait que huit sélections et avait changé de formule en 1980, passant d’un format Coupe d’Europe à un format de tournoi. Il était loin de susciter autant d’intérêt que la Coupe du monde, d’autant que celle-ci était passée de 16 à 24 équipes, et que l’édition 1982 avait été très spectaculaire.


 
 

La saison débute le 24 août 1983, par un match amical à Paris contre le club Uruguayen Peñarol Montevideo. Ferreri (remplaçant de Platini) a marqué le but vainqueur de la France (1-0). Comment la performance a-t-elle été vue ?

Ces matchs amicaux estivaux contre des clubs n’avaient pas vraiment de sens, d’autant qu’ils ne comptaient pas pour une sélection. C’est l’avant-dernier du genre, il y en aura un autre contre l’Inter Milan en 1984 puis ce sera fini. Même délocalisé à Toulouse, ce France-Penarol n’avait pas fait le plein avec un peu plus de 10.000 spectateurs. Pourtant, c’est presque l’équipe qui gagnera l’Euro qui sera alignée, avec Ferreri et Bravo à la place de Platini et Lacombe.


 
 

Le 7 septembre 1983, la France reçoit un avertissement après une défaite à Copenhague face à une équipe montante du Danemark (1-3). Le partenariat défensif central Bossis-Le Roux a mal fonctionné et Hidalgo a laissé entendre que Trésor pourrait revenir. Que pensez-vous de ce match ?

Les Bleus sont tombés sur un grand Michael Laudrup, qui a signé un doublé, et l’égalisation rapide de Platini n’a pas suffit. Tigana était absent, et on a pu voir à quel point il était important au milieu de terrain, où Bernard Genghini faisait son retour après son transfert à Monaco. Le plus important dans ce match, mais on le saura plus tard, est que le gardien débutant Joël Bats, qui encaisse trois buts, est celui que Michel Hidalgo cherchait depuis 1976. Il a eu le mérite de ne pas le condamner sur cette prestation et de lui laisser d’autres occasions de montrer ses qualités. C’est la démonstration qu’il ne faut pas juger un joueur débutant sur un seul match.


 
 

Le 5 octobre 1983, la France affronte l’Espagne au Parc de Paris, avec de nombreux titulaires absents. Le match s’est terminé sur match nul (1-1) avec Marius Trésor battant le record d’apparition de Roger Marche en remportant sa 64e sélection. Que pensez-vous de ce match ?

L’équipe d’Espagne 1983-84 était bien meilleure que celle de 1982, on s’en apercevra à l’Euro où elle atteindra la finale. Emilio Butragueno n’arrivera que dans quelques mois, mais déjà les progrès sont évidents, et les Pays-Bas vont se faire éliminer et manquer l’Euro. Marius Trésor récupère le brassard de capitaine que portait Michel Platini depuis l’été 1979. C’est son dernier match en équipe de France à domicile. Rocheteau a ouvert le score mais Bats a séché Senor dans la surface et ce dernier a égalisé sur pénalty. Bien malin qui pourra prédire que c’était une répétition de la finale de l’Euro qu’on venait de voir.
 

Devenait-il évident que Trésor pourrait ne pas durer physiquement la saison et donc que Maxime Bossis était en fait le libéro ?

Marius Trésor souffrait du dos depuis plusieurs mois et avait déjà été opéré. A 32 ans, sa fin de carrière approchait et même si l’Euro était son objectif, il se doutait que ça allait être difficile. Bossis semblait effectivement devoir prendre la relève, mais la question, c’était associé à qui ? Sa complémentarité avec Le Roux n’avait convaincu personne contre le Danemark.


 
 

Le 12 novembre 1983, la France se rend à Zagreb et repart avec un nul sans but. Hidalgo a exprimé sa satisfaction pour la performance défensive à l’extérieur. Comment ce résultat a-t-il été perçu ?

Sans Platini, l’équipe de France était beaucoup moins dangereuse devant, même avec le trio Fernandez-Tigana-Giresse au milieu. L’attaque Rocheteau-Bellone ne faisait pas de différence, ce qui coûtera d’ailleurs sa place au premier à l’Euro. Mais surtout, les Bleus ne semblaient pas très motivés à l’idée de jouer ce dernier match de l’année, un samedi après-midi de novembre. Et en face, c’était la vraie équipe de Yougoslavie, pas les remplaçants qui avaient été battus 4-0 en avril. Il y avait Safet Susic, Dragan Stojkovic, les frères Vujovic, Bazdarevic, Hadzibegic…
 

Ce match contre la Yougoslavie était le dernier de Marius Trésor avec la France. Pouvez-vous décrire sa carrière en équipe nationale ?

Il avait été lancé par Georges Boulogne en 1972, et avait formé une belle charnière défensive avec Jean-Pierre Adams, qui jouait à Nice. Il est à la limite de la génération perdue entre 1960 et 1976. Il aura connu la Coupe du monde 1982 mais n’aura rien gagné avec les Bleus. C’était un joueur de classe mondiale, physiquement très puissant et il gardait des réflexes d’avant-centre, poste qu’il avait occupé à ses débuts. Il aura joué un rôle important dans la progression des Bleus à partir de 1976, mais il n’en aura pas profité.


 
 

Le 29 février 1984, la France reçoit l’Angleterre au Parc de Paris. Le nouveau Ballon d’Or, Michel Platini a marqué les deux buts de la France lors de la victoire (2-0) face à un adversaire de premier plan. Était-ce l’une des meilleures performances de Platini ?

Comme tous les très grands joueurs, Michel Platini devenait meilleur à l’approche des grandes compétitions. Après un an et demi de matchs amicaux, ce France-Angleterre, qui était un peu la revanche de Bilbao, était excitant, même si les Anglais n’allaient pas participer à l’Euro : le Danemark avait fini premier de leur groupe et les avaient battus à Wembley. Platini faisait une deuxième saison bien meilleure que la première à la Juventus, avec laquelle il allait remporter la Coupe des Coupes et le scudetto au printemps. Au Parc des Princes, il fait un festival et bat Shilton deux fois, sur une tête décroisée en reculant, un geste technique très difficile et sur un coup franc plein axe tapé en force.
 

Le « Carré Magique » a débuté un match pour la première fois ensemble contre l’Angleterre. Platini, Giresse, Tigana et Fernandez étaient tous disponibles. À quel point cela était-il important ?

Parce que ça équilibrait toute l’équipe et que ça permettait à Platini de jouer plus haut, juste derrière ses attaquants (Touré et Bellone sur ce match). Giresse également était plus libre de ses mouvements avec Tigana et Fernandez pour sécuriser le milieu. Quand ils avaient la possession, les Bleus jouaient avec quatre attaquants qui permutaient sans cesse. C’était très compliqué pour l’équipe adverse de lire le jeu des Français.
 

Le 28 mars 1984, la France accueille l’Autriche à Bordeaux. Platini était absent, donc, Giresse était capitaine à domicile pour l’occasion. Hidalgo a rappelé Bernard Lacombe pour la première fois depuis la Coupe du monde. La France s’est imposée (1-0) face à une équipe autrichienne défensive. Comment la performance et le rappel de Lacombe ont-ils été perçus ?

Depuis la Coupe du monde, Michel Hidalgo avait résolu deux problèmes importants : le poste de gardien, où Joël Bats gagnait en assurance, et l’équilibre du milieu de terrain où Luis Fernandez s’était installé. Mais l’attaque restait le point faible, surtout depuis l’automne 1983, avec peu de buts marqués et beaucoup de rotation sur les attaquants. Bernard Lacombe faisait une très bonne saison avec Bordeaux, qui allait être champion de France. Ce n’était évidemment pas une solution d’avenir, puisqu’il avait bientôt 32 ans (en août), mais il avait l’avantage de connaître Platini par coeur. Contre l’Autriche, il est remplacé en début de deuxième mi-temps par Rocheteau, qui marque le seul but du match.


 
 

Le 18 avril 1984, la France accueille l’Allemagne de l’Ouest à Strasbourg. La France s’est imposée (1-0) dans ce match amical très médiatisé. Comment cette importante victoire a-t-elle été perçue par la presse ?

L’équipe de France n’avait plus battu l’Allemagne depuis 1977, et restait évidemment sur un souvenir très amer de Séville en 1982, mais aussi d’une large défaite à Hanovre en 1980 (1-4). Pour beaucoup, il était certain que les Bleus allaient retrouver la RFA en demi-finale ou en finale de l’Euro, et que ce match de Strasbourg était autant la revanche de Séville que la préparation du choc à venir. Mais il y avait trop de forfaits côté français (Tigana, Giresse, Platini, Lacombe, Touré) pour que le résultat ait vraiment de l’importance. L’ambiance était très hostile envers Harald Schumacher, qui a quand même fait preuve de cran. L’ironie de l’histoire est que ce sont deux héros malheureux de Séville, Bernard Genghini et Didier Six, qui sont impliqués dans le but français.

Contre l’Allemagne de l’Ouest, la France portait son nouveau maillot qu’elle porterait à l’Euro. Comment a été la réaction du public aux nouveaux maillots ?

Pour ma part je me souviens qu’il avait surpris beaucoup de monde avec sa bande horizontale rouge et ses trois lignes blanches dessous. C’était un design original, très peu de maillots ressemblaient à ça, hormis ceux de Boca Juniors ou de Stuttgart. Et cette bande rouge horizontale est devenue le porte-bonheur des Bleus, qui ont été champions d’Europe, puis du monde en 1998 avec un maillot hommage à celui de 1984. Personnellement, je le trouve très beau, à la fois sobre et original, en respectant le bleu roi, ce que ne fait pas Nike depuis 2011.


 

Le dernier match amical préparatoire de la France avant l’Euro a eu lieu le 30 mai 1984, à Marseille contre l’Ecosse. La France s’est imposée (2-0) lors de son ultime épreuve. Comment la performance a-t-elle été vue ?

Ce match-là, je l’ai vu, j’étais dans les tribunes du Vélodrome. L’opposition n’était pas très bonne, mais les Bleus semblaient forts et surtout très au point collectivement. Avec un peu plus de précision dans la finition, le score aurait pu être beaucoup plus large. Platini était le chef d’orchestre, il parlait beaucoup à ses coéquipiers, les replaçait, les encourageait, on le sentait déterminer à tout renverser.
 

Y a-t-il eu des oublis surprises dans l’effectif final de Michel Hidalgo pour l’Euro ?

Non. C’était une liste de 20 joueurs, ce qui laissait très peu de choix de remplaçants puisqu’avec trois gardiens, ça ne faisait plus que sept joueurs de champ en réserve. Les postes n’étaient donc pas doublés. Le seul absent notable était José Touré, mais il était forfait et participera aux Jeux olympiques de Los Angeles.


 
 

L’Euro a débuté le 12 juin 1984 au Parc de Paris contre le Danemark. Ce fut une victoire difficile (1-0) avec la blessure de Le Roux et l’expulsion d’Amoros. Y avait-il des inquiétudes ou de la confiance après la victoire ?

Plutôt de l’inquiétude. A l’Euro, il n’y a pas d’adversaires faciles, et cette victoire avait été arrachée au terme d’un match plutôt raté. On peut même dire qu’elle a été chanceuse car les Danois ont maîtrisé le jeu, mais ils ont perdu Alan Simonsen sur le choc où Le Roux se blesse aussi. Et le but de Platini vient sur un tir dévié de la tête par un défenseur danois qui est à terre… Mais ce match est important, parce qu’en 1978 ou en 1982, les Bleus ne l’auraient probablement pas gagné. Là, ils s’imposent contre le cours du jeu, ce qui est la marque des grandes équipes. 


 
 

La perte d’Amoros et Le Roux, contraint Hidalgo à remanier la défense. Fernandez a reculé en défense et Domergue a été repêché. Comment cela a-t-il été perçu dans la presse ?

Ces changements faisaient un peu peur. Jean-François Domergue est un défenseur axial à Toulouse, et il va devoir jouer arrière gauche. Fernandez est milieu défensif, et se retrouve arrière droit. Battiston et Bossis n’évoluent pas ensemble dans l’axe habituellement, même si ce sera le cas en 1986. Et tout ça avant de rencontrer la Belgique, finaliste de l’Euro 1980 et qui avait fait une belle Coupe du monde 1982. Et qui avait dans ses rangs Enzo Scifo, un joueur de 18 ans d’origine italienne qui venait d’être naturalisé belge pour pouvoir être sélectionné.
 

Le 16 juin 1984, à Nantes, la France a démoli la Belgique (5-0) avec Platini inscrivant un triplé. La France semblait-elle le champion probable à ce stade ?

A mon avis, c’est sans doute le match le plus maîtrisé de l’histoire des Bleus, du moins en phase finale. C’est aussi le score le plus large à ce niveau de la compétition. En fait, l’équipe de France a évolué quasiment en 3-5-2 car Fernandez est vite remonté au milieu, complétant ainsi le carré magique de 1982 puisque Genghini avait été titularisé. La prestation de l’équipe de France a été extraordinaire. elle donnait une impression de vitesse, de puissance et de technique qui la rendait invincible.


 

Ce jour-là, elle aurait battu n’importe quel adversaire. Le niveau de la Belgique n’était pas en cause, simplement les Bleus étaient trop forts. On retient bien entendu le triplé de Platini (gauche, droit et tête), son premier en match officiel en sélection, mais les buts de Giresse et de Fernandez sont aussi magnifiques. Ce match-là est l’apogée de la carrière de Michel Hidalgo. Et je ne suis pas sûr que les Bleus aient fait mieux depuis.


 
 

Le 19 juin 1984, à Saint Etienne, la France bat la Yougoslavie déjà éliminée (3-2). Platini était en feu, c’était son deuxième triplé consécutif. Quelle a été votre réaction après les performances de la France et de Platini au premier tour ?

La défense avait donné de gros signes de faiblesse en première mi-temps, où les Yougoslaves se sont créé quelques occasions alors que les Bleus sont mal disposés, avec Ferreri à la place de Genghini, qui avait pourtant été excellent à Nantes, et Rocheteau en pointe. Joël Bats n’avait plus encaissé de but depuis sept matchs, et la lucarne de Sestic a refroidi l’ambiance. A la mi-temps, Hidalgo rectifie le tir, sort Roocheteau, Tusseau entre en défense et Fernandez remonte au milieu. Platini se retrouve avant-centre. En deux minutes et 36 secondes, il va marquer deux fois. Sur un coup franc à l’entrée de la surface et d’une tête plongeante sur un centre de Battiston. Il en met même un troisième, du gauche, avant que les Yougoslaves ne réduisent le score sur pénalty. Trois matchs, trois victoires, et la série qui continue depuis le début de l’année (sept matchs, sept victoires). Que demander de plus ? Platini bat aussi le record de buts de Fontaine (30) qui avait été réévalué par la FFF avec le triplé de 1953 face au Luxembourg, pour sa première sélection.

On attendait maintenant une demi-finale contre la RFA, qui devait jouer le lendemain contre l’Espagne et qui avait besoin d’un nul pour se qualifier. Mais les Espagnols ont marqué à la 90e minute et ont terminé premiers devant le Portugal


 
 

Le 23 juin 1984, pour les demi-finales, la France affronte le Portugal à Marseille. C’était un revers de Séville, car la France est revenue d’une position perdante pour s’imposer de façon spectaculaire en prolongation (3-2). On se souvient du match pour la course de Tigana en fournissant la passe décisive pour le but décisif à la dernière minute. À quel point cela a-t-il été dramatique pour vous en tant que témoin ?

C’était un match très différent de celui de Séville, car après le premier but de Domergue, les Bleus ont largement dominé et auraient dû l’emporter par trois ou quatre buts d’écart. Les Portugais défendaient comme ils pouvaient, ils avaient de la chance et un gardien, Bento, qui était toujours sur la trajectoire. Mais quand Jordao a égalisé, on a commencé à se dire que c’était mauvais signe.

Les prolongations ont été un calvaire. Bats a sorti une tête de Nené à bout portant, a encaissé un deuxième but sur une volée de Jordao et a fait basculer le match en contrant Nené sur une balle de 1-3. Fernando Chalana était un poison sur l’aile droite, et Domergue n’en pouvait plus. C’est pourtant lui qui trouve les ressources pour égaliser. Et là, on est dans l’irrationnel. Les Bleus poussent pour éviter les tirs au but, et ce que fait Tigana est extraordinaire, le jour de son anniversaire (comme Domergue, d’ailleurs). C’est sans doute la plus belle passe décisive du football français. Saviez-vous que Zidane, qui avait 12 ans, était ramasseur de balle derrière le but de Bento ? On le voit faire des bonds après le but de Platini. Seize ans plus tard, lui aussi éliminera le Portugal en demi-finale de l’Euro…
 


 

Le 27 juin 1984, la France remporte son tout premier titre international en battant l’Espagne (2-0). Le match est resté dans les mémoires car Luis Arconada a laissé filer le coup franc de Platini pour le premier but. Décrivez vos émotions et vos célébrations après ?

C’était un match très difficile contre une équipe d’Espagne qui avait déjà posé des problèmes aux Bleus en octobre, et qui domine la première mi-temps. Battiston sauve sur la ligne une tête de Santillana, et si les Espagnols mènent… En fait c’est un peu la copie du France-Danemark en ouverture de l’Euro, avec des Bleus qui jouent mal, qui subissent et qui s’accrochent. Le coup franc est très généreux, car il n’y avait pas faute sur Lacombe. Le deuxième but de Bellone, alors que les Bleus sont à dix, est un immense soulagement car des prolongations auraient sans doute été fatales.

Le sentiment qui domine, à ce moment-là, c’est « enfin ! ». Après 80 ans, l’équipe de France gagne un trophée. Elle l’a fait d’une manière indiscutable, même en souffrant. Mais il manquait quand même l’Italie, l’Angleterre, l’URSS ou la Pologne dans ce tournoi. Donc on attend déjà avec impatience la Coupe du monde 1986 pour laquelle les Bleus sont favoris.
 

Décrivez le geste touchant de Battiston lors de la Finale pour permettre à Manuel Amoros de jouer la Finale ?

A un quart d’heure de la fin, Battiston fait signe au banc de touche qu’il doit sortir. Hidalgo le remplace par Amoros. Mais une fois sur le banc, alors que le sélectionneur demande à Battiston où il est blessé, celui-ci répond qu’il n’a rien, il voulait simplement offrir du temps de jeu à Amoros. C’est un geste remarquable, mais qui aurait pu avoir des conséquences : alors que Genghini a remplacé Lacombe, Le Roux prend un deuxième avertissement à cinq minutes de la fin et les Bleus jouent à dix, avec plus que trois défenseurs sur le terrain et plus de changement possible. Imaginez une prolongation de trente minutes dans ces conditions…
 

L’Euro a marqué la fin de la carrière de l’équipe nationale pour Bernard Lacombe et Didier Six. Comment évaluez-vous leur carrière dans les couleurs bleues ?

Ils auront longtemps constitué l’attaque-type de Michel Hidalgo, avec Dominique Rocheteau. Aucun des trois ne figure parmi les plus grands attaquants des Bleus, ils sont loin derrière Fontaine, Papin, Henry, Trezeguet, Mbappé, Giroud et Benzema. Mais ils étaient très complémentaires de Platini, à son service, et si lui brillait, c’est aussi grâce à eux. Le 4-4-2 mis en place en 1982 a sonné le début de la fin pour eux : Lacombe a d’abord disparu avant de revenir pour l’Euro, Six a perdu sa place au profit de Bellone et Rocheteau a complètement manqué son Euro, mais il fera une Coupe du monde de très haut niveau en 1986.
 

Michel Platini était à son zénith absolu à ce stade. Marquer neuf buts dans un tournoi était incroyable à l’ère moderne de la journée. Était-il considéré comme le meilleur joueur du monde à ce moment-là ?

Sans doute, même si Diego Maradona était aussi très fort et allait franchir un palier en quittant le FC Barcelone pour Naples. Mais en 1984, Platini était au sommet de sa carrière (et sans être blessé, contrairement à 1982 et 1986) alors que Maradona l’atteindrait plutôt entre 1986 et 1987. La tragédie du Heysel, un an plus tard, brisera quelque chose en lui, une part d’innocence, une envie de jouer, qu’il ne retrouvera plus vraiment. Mais en 1984 il était extraordinaire à voir jouer. Il était imprévisible, et à l’Euro, il avait la réussite avec lui.
 

Pensez-vous qu’Hidalgo a pu jeter les bases des futurs succès de la génération 1998 ?

Je n’en suis pas sûr, car il s’est passé 14 ans entre l’Euro 1984 et le premier titre mondial. La génération 1998 s’est construite sur d’autres bases, d’abord avec des sélectionneurs beaucoup plus pragmatiques comme Aimé Jacquet, et ensuite avec une culture du résultat acquise à l’étranger, notamment en Italie. Je vois beaucoup plus de points communs entre la génération 1998 et celle de 2018 ! Notamment parce que Didier Deschamps fait le lien entre les deux.
 

L’ère Hidalgo s’est terminée en triomphe et la fin d’un cycle après huit ans. Quelle est votre évaluation de l’ère Hidalgo dans son ensemble ?

Il a fait progresser l’équipe de France dans des proportions qu’on n’aurait sans doute pas imaginé à son arrivée. Il a évidemment bénéficié de la présence de Michel Platini, et peut-être que les résultats auraient été les mêmes avec un autre sélectionneur. Mais ce n’est pas sûr du tout. Michel Platini lui-même a échoué à ce poste en 1992, alors qu’il avait à disposition Papin et Cantona. Et ne parlons pas de Raymond Domenech. Hidalgo a eu des intuitions géniales, comme celle du carré magique, dans lequel il ne s’est pas enfermé d’ailleurs. C’était un grand sélectionneur, un humaniste, très sensible et fin psychologue. Il est possible que s’il était resté deux ans de plus (après tout, Deschamps est en poste depuis 10 ans, et encore pour 4 ans normalement !), les Bleus auraient été champions du monde en 1986.

pour finir...

English version

Soccernostalgia : Michel Hidalgo started the 1983/84 season with the 1984 Euros as the main objective. How confident was he and the Nation at this point ?

Bruno Colombari : The goal still seemed far away. And the Euro did not have the same importance at the time as it does today. It concerned only eight selections and had changed formula in 1980, going from a European Cup format to a tournament format. It was far from arousing as much interest as the World Cup, especially since the latter had gone from 16 to 24 teams, and the 1982 edition had been very spectacular.
 

The season started on August 24, 1983, with a friendly in Paris against Uruguayan club Peñarol Montevideo. Ferreri (deputizing for Platini) scored France’s winning goal (1-0). How was the performance viewed ?

These summer friendly matches against clubs didn’t really make sense, especially since they didn’t count for a selection. It is the penultimate of its kind, there will be another against Inter Milan in 1984 and then it will be over. Even relocated to Toulouse, this France-Penarol had not filled up with just over 10,000 spectators. However, it is almost the team that will win the Euro that will be aligned, with Ferreri and Bravo in place of Platini and Lacombe.
 

On September 7, 1983, France had a wake-up call after a defeat at Copenhagen vs. a rising Denmark side (1-3). The Bossis-Le Roux central defensive partnership performed poorly that Hidalgo hinted Tresor might return. What are your thoughts about this match ?

The Blues fell on a great Michael Laudrup, who signed a brace, and Platini’s quick equalizer was not enough. Tigana was absent, and we could see how important he was in midfield, where Bernard Genghini returned after his transfer to Monaco. The most important thing in this match, but we will know it later, is that the rookie goalkeeper Joël Bats, who conceded three goals, is the one Michel Hidalgo had been looking for since 1976. He had the merit of not condemning him for this performance and to give him other opportunities to show his qualities. It is the demonstration that you should not judge a beginner player on a single match.
 

 On October 5, 1983, France faced Spain at the Parc in Paris, with many missing regulars. The match ended as a (1-1) tie with Marius Trésor breaking Roger Marche’s appearance record by earning his 64th cap. What are your thoughts on this match ?

The 1983-84 Spain team was much better than that of 1982, we will notice it at the Euro where it will reach the final. Emilio Butragueno will only arrive in a few months, but already the progress is evident, and the Netherlands will be eliminated and miss the Euro. Marius Trésor recovers the captain’s armband that Michel Platini has worn since the summer of 1979. This is his last match for the French team at home. Rocheteau opened the scoring, but Bats fouled Senor in the box and the latter equalized from a penalty. Very clever who can predict that it was a repeat of the Euro final that we had just seen.
 

Was it becoming obvious that Trésor might not physically last the season and therefore Maxime Bossis was in effect the Libero ?

Marius Trésor had been suffering from his back for several months and had already been operated on. At 32, the end of his career was approaching and even if the Euro was his goal, he suspected that it was going to be difficult. Bossis indeed seemed to have to take over, but the question, who was it associated with ? His complementarity with Le Roux had convinced no one against Denmark.
 

On November 12, 1983, France traveled to Zagreb and came away with a scoreless tie. Hidalgo expressed satisfaction for the defensive performance away from home. How was this result viewed ?

Without Platini, the French team was much less dangerous in front, even with the Fernandez-Tigana-Giresse trio in the middle. The Rocheteau-Bellone attack made no difference, which will also cost the first place in the Euro. But above all, the Blues did not seem very motivated to play this last game of the year, on a Saturday afternoon in November. And opposite, it was the real team of Yugoslavia, not the substitutes who had been beaten 4-0 in April. There was Safet Susic, Dragan Stojkovic, the Vujovic brothers, Bazdarevic, Hadzibegic…

 This match vs. Yugoslavia was the last one of Marius Trésor with France. Can you describe his National Team career ?

He had been launched by Georges Boulogne in 1972, and had formed a fine defensive hinge with Jean-Pierre Adams, who played in Nice. He is at the limit of the generation lost between 1960 and 1976. He will have known the 1982 World Cup but will not have won anything with the Blues. He was a world-class player, physically very powerful and he kept center-forward reflexes, a position he had occupied when he started out. He will have played an important role in the progression of the Blues from 1976, but he will not have benefited from it.
 

On February 29, 1984, France hosted England at the Parc in Paris. The new Ballon d’Or, Michel Platini scored both of France’s goals in the win (2-0) against top opposition. Was this one of Platini’s best performances ?

Like all very great players, Michel Platini became better as the major competitions approached. After a year and a half of friendly matches, this France-England, which was a bit like Bilbao’s revenge, was exciting, even if the English were not going to participate in the Euro : Denmark had finished first in their group and the had beaten at Wembley. Platini was having a much better second season than his first at Juventus, with whom he would go on to win the Cup Winners Cup and the scudetto in the spring. At the Parc des Princes, he makes a festival and beats Shilton twice, on an uncrossed head while moving back, a very difficult technical gesture and on a free kick full axis typed in force.

The ‘Carré Magique’ started a match for the first time ever together against England. Platini, Giresse, Tigana and Fernandez were all available. How significant was this ?

Because it balanced the whole team and it allowed Platini to play higher, just behind his attackers (Touré and Bellone in this match). Giresse was also freer in his movements with Tigana and Fernandez to secure the middle. When they had possession, the Blues played with four attackers who switched constantly. It was very complicated for the opposing team to read the game of the French.

On March 28, 1984, France hosted Austria at Bordeaux. Platini was absent, and therefore, Giresse captained on the home ground for the occasion. Hidalgo recalled Bernard Lacombe for the first time since the World Cup. France won (1-0) against a defensive Austrian side. How was the performance and the recall of Lacombe viewed ?

Since the World Cup, Michel Hidalgo had solved two important problems : the goalkeeper position, where Joël Bats was gaining confidence, and the balance of the midfield where Luis Fernandez had settled. But the attack remained the weak point, especially since the autumn of 1983, with few goals scored and a lot of rotation on the attackers. Bernard Lacombe was having a very good season with Bordeaux, who were going to be champions of France. It was obviously not a solution for the future, since he was soon to be 32 years old (in August), but he had the advantage of knowing Platini by heart. Against Austria, he was replaced at the start of the second half by Rocheteau, who scored the only goal of the match.

 On April 18, 1984, France hosted West Germany in Strasbourg. France won (1-0) in this very high profile friendly. How was this important win viewed by the Press ?

The France team had not beaten Germany since 1977, and obviously had very bitter memories of Seville in 1982, but also of a big defeat in Hanover in 1980 (1-4). For many, it was certain that the Blues would find the West Germany in the semi-final or final of the Euro, and that this match in Strasbourg was as much revenge for Sevilla as preparation for the shock to come. But there were too many withdrawals on the French side (Tigana, Giresse, Platini, Lacombe, Touré) for the result to really matter. The atmosphere was very hostile towards Harald Schumacher, who still showed guts. The irony of history is that it was two hapless Sevilla heroes, Bernard Genghini and Didier Six, who were involved in the French goal.

 Against West Germany, France wore its new kit that they would wear in the Euros. How was the public reaction to the new jerseys ?

For my part, I remember that it had surprised many people with its red horizontal band and its three white lines below. It was an original design, very few jerseys looked like it, except those of Boca Juniors or Stuttgart. And this horizontal red stripe has become the lucky charm of the Blues, who were European and then world champions in 1998 with a jersey in tribute to that of 1984. Personally, I find it very beautiful, both sober and original, respecting the royal blue, which Nike has not done since 2011.
 

France’s last preparatory friendly ahead of the Euros was on May 30, 1984, at Marseille vs. Scotland. France won (2-0) in its final test. How was the performance viewed ?

I saw that match, I was in the stands at the Vélodrome. The opposition was not very good, but the Blues seemed strong and above all very developed collectively. With a little more precision in the finish, the score could have been much wider. Platini was the conductor, he talked a lot to his teammates, replaced them, encouraged them, we felt he was determined to overturn everything.

Were there any surprise omissions in Michel Hidalgo’s Final squad for the Euros ?

No. It was a list of 20 players, which left very little choice of substitutes since with three goalkeepers, there were only seven outfield players in reserve. The positions were therefore not duplicated. The only notable absentee was José Touré, but he was forfeited and will compete in the Los Angeles Olympics.
 

The Euros started on June 12, 1984, at the Parc in Paris vs. Denmark. It was a difficult win (1-0) along with injury of Le Roux and sending off of Amoros. Was there worries or confidence after the win ?

Rather worry. At the Euro, there are no easy opponents, and this victory was snatched after a rather unsuccessful match. We can even say that she was lucky because the Danes have mastered the game, but they lost Alan Simonsen on the shock where Le Roux also gets injured. And Platini’s goal comes on a deflected shot from the head by a Danish defender who is on the ground... But this match is important, because in 1978 or 1982, the Blues would probably not have won it. There they win against the run of play, which is the mark of great teams.

The loss of Amoros and Le Roux, forced Hidalgo to reshuffle the defense. Fernandez moved back in defense and Domergue was drafted in. How was this regarded in the press ?

These changes were a little scary. Jean-François Domergue is a central defender in Toulouse, and he will have to play left back. Fernandez is a defensive midfielder and finds himself at right-back. Battiston and Bossis do not usually evolve together in the axis, even if it will be the case in 1986. And all that before meeting Belgium, finalist of Euro 1980 and which had made a good World Cup 1982. And which had in its ranks Enzo Scifo, an 18-year-old player of Italian origin who had just been naturalized Belgian to be able to be selected.
 

On June 16, 1984, at Nantes, France demolished Belgium (5-0) with Platini scoring a hat trick. Was France looking as the likely champion at this point ?

In my opinion, it is undoubtedly the most controlled match in the history of the Blues, at least in the final phase. It is also the widest score at this level of the competition. In fact, the France team evolved almost in 3-5-2 because Fernandez quickly moved up the middle, thus completing the magic square of 1982 since Genghini had been established. The performance of the French team was extraordinary. she gave an impression of speed, power and technique that made her invincible.
That day, she would have beaten any opponent. The level of Belgium was not in question, simply the Blues were too strong. Of course, we remember Platini’s hat-trick (left, right and head), his first in an official match for the national team, but the goals from Giresse and Fernandez are also magnificent. This match is the pinnacle of Michel Hidalgo’s career. And I’m not sure the Blues have done better since.
 

On June 19, 1984, at Saint Etienne, France defeated already eliminated Yugoslavia (3-2). Platini was on fire, this was his second consecutive hat trick. What was your reaction after France and Platini’s first round displays ?

The defense had given big signs of weakness in the first half, where the Yugoslavs created a few chances while the Blues are ill-disposed, with Ferreri in place of Genghini, who had nevertheless been excellent in Nantes, and Rocheteau in point. Joël Bats had not conceded a goal for seven games, and the skylight of Sestic cooled the atmosphere. At half-time, Hidalgo rectified the situation, Rocheteau went out, Tusseau entered the defense and Fernandez went back to the middle. Platini finds himself centre-forward. In two minutes and 36 seconds, he will score twice. On a free kick at the entrance to the surface and a diving header on a cross from Battiston. He even puts in a third, from the left, before the Yugoslavs reduce the score on penalty. Three games, three wins, and the streak that has continued since the start of the year (seven games, seven wins). What more ? Platini also broke Fontaine’s goal record (30) which had been reassessed by the FFF with the 1953 hat-trick against Luxembourg, for his first selection.
A semi-final was now expected against Germany, who were to play the next day against Spain and needed a draw to qualify. But the Spaniards scored in the 90th minute and finished first ahead of Portugal…
 

 On June 23, 1984, for the semifinals, France faced off against Portugal at Marseille. It was a reverse of Seville, as France came back from a losing position to dramatically win in overtime (3-2). The match is remembered for Tigana’s run in providing the assist for the decisive goal in the last minute. How dramatic was this for you as a witness ?

It was a very different game from Sevilla, because after Domergue’s first goal, the Blues largely dominated and should have won by three or four goals. The Portuguese defended as they could, they were lucky and a goalkeeper, Bento, who was always on the line. But when Jordao equalized, we started to think it was a bad sign.
Extra time was a nightmare. Bats headed Nené from close range, conceded a second goal off a Jordao volley and turned the game around by countering Nené with a 1-3 ball. Fernando Chalana was poison on the right wing, and Domergue couldn’t take it anymore. Yet it is he who finds the resources to equalize. And there, we are in the irrational. The Blues push to avoid penalties, and what Tigana does is extraordinary, on his birthday (like Domergue, by the way). It is undoubtedly the most beautiful assist in French football. Did you know Zidane, who was 12, was a ball boy behind Bento’s goal ? We see him jumping after Platini’s goal. Sixteen years later, he too will eliminate Portugal in the semi-finals of the Euro...
 

 On June 27, 1984, France won their first ever International title by defeating Spain (2-0). The match remembered for Luis arconada letiing slip Platini’s free kick for the first goal. Describe your emotions and celebrations afterwards ?

It was a very difficult match against a Spain side which had already given the Blues problems in October, and which dominated the first half. Battiston saves a header from Santillana on the line, and if the Spaniards lead… In fact, it’s a bit of a copy of France-Denmark at the opening of the Euro, with the Blues playing badly, suffering and clinging. The free kick is very generous, because there was no fault on Lacombe. Bellone’s second goal, when the Blues are at ten, is a huge relief because extra time would probably have been fatal.
The feeling that dominates, at that moment, is “finally ! ". After 80 years, the French team wins a trophy. She did it in an indisputable way, even in pain. But it was still missing Italy, England, the USSR or Poland in this tournament. So, we are already looking forward to the 1986 World Cup for which the Blues are favorites.
 

 Describe the touching gesture by Battiston during the Final to allow Manuel Amoros to play in the Final ?

A quarter of an hour from the end, Battiston signals to the bench that he must leave. Hidalgo replaces him with Amoros. But once on the bench, when the coach asks Battiston where he is injured, he replies that he has nothing, he just wanted to give Amoros some playing time. It’s a remarkable gesture, but one that could have had consequences : while Genghini replaced Lacombe, Le Roux took a second warning five minutes from time and the Blues played to ten, with more than three defenders on the field and more change possible. Imagine a thirty-minute extension under these conditions…
 

 The Euros was the end of the National team career for Bernard Lacombe and Didier Six. How do you assess their career in blue colors ?

They will have long been the standard attack of Michel Hidalgo, with Dominique Rocheteau. None of the three are among the greatest attackers of the Blues, they are far behind Fontaine, Papin, Henry, Trezeguet, Mbappé, Giroud and Benzema. But they were very complementary to Platini, at his service, and if he shone, it was also thanks to them. The 4-4-2 set up in 1982 sounded the beginning of the end for them : Lacombe first disappeared before returning for the Euros, Six lost his place in favor of Bellone and Rocheteau completely missed his Euro, but he will make a very high level World Cup in 1986.
 

 Michel Platini was at his absolute zenith at this point. Scoring nine goals in a Tournament was unbelievable in the modern era of the day. Was he considered as the best player in the World at this point ?

No doubt, even if Diego Maradona was also very strong and was going to take a step by leaving FC Barcelona for Naples. But in 1984, Platini was at the height of his career (and without being injured, unlike 1982 and 1986) while Maradona would rather reach it between 1986 and 1987. The Heysel tragedy, a year later, will break something in him, a part of innocence, a desire to play, that he will never really find again. But in 1984 he was extraordinary to watch. He was unpredictable, and at the Euros, he had success with him.

 Do you think Hidalgo may have laid the ground for the future successes of the 1998 generation ?

I’m not sure, because 14 years passed between Euro 1984 and the first world title. The 1998 generation was built on other bases, first with much more pragmatic breeders like Aimé Jacquet, and then with a culture of results acquired abroad, particularly in Italy. I see a lot more commonalities between the 1998 generation and the 2018 generation ! In particular because Didier Deschamps makes the link between the two.

The Hidalgo era ended in triumph and the close of a cycle after eight years. What is your assessment of the Hidalgo era as a whole ?

He has made the French team progress in proportions that we would probably not have imagined when he arrived. He obviously benefited from the presence of Michel Platini, and perhaps the results would have been the same with another coach. But it’s not sure at all. Michel Platini himself failed in this position in 1992, when he had Papin and Cantona at his disposal. And let’s not talk about Raymond Domenech. Hidalgo had brilliant intuitions, like that of the magic square, in which he did not lock himself up elsewhere. He was a great coach, a humanist, very sensitive and a fine psychologist. It is possible that if he had stayed two more years (after all, Deschamps has been in office for 10 years, and still for 4 years normally !), the Blues would have been world champions in 1986.

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

Vos commentaires

  • Le 7 février 2023 à 23:47, par Nhi Tran Quang En réponse à : Dialogue avec Soccer Nostalgia : Hidalgo, saison 9 (1983-84)

    Est ce que quelqu’un peut me dire sur quels critères, Hidalgo a pris comme gardiens réservistes 2 et 3, Albert Rust & Philippe Bergeroo à la place Bertrand Demanes, Dropsy, Ettori ou Castaneda. Avoir pris Rust & Bergeroo, est ce un choix logique parmi les gardiens réservistes.

  • Le 29 mars 2023 à 14:34, par Bruno Colombari En réponse à : Dialogue avec Soccer Nostalgia : Hidalgo, saison 9 (1983-84)

    Difficile à dire, mais on pourrait imaginer qu’ayant trouvé le titulaire indiscutable qu’il avait cherché depuis sept ans, Michel Hidalgo préférait lui adjoindre un numéro 2 et un numéro 3 qui n’avaient pas été titulaires (ou si peu, pour Bergeroo) et plus âgés que Bats (30 ans pour Bergeroo, 31 pour Rust, 27 pour Bats).

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