Dialogue avec Soccer Nostalgia : Henri Michel, saison 4 (1987-88)

Publié le 25 septembre 2023 - Bruno Colombari - 1

Alors qu’elle semble toucher le fond à l’automne 1987 avec une ultime défaite contre la RDA au Parc, l’équipe de France rebondit légèrement début 1988, mais l’été voit éclater l’affaire Cantona et l’automne est fatal à Henri Michel, lâché par tout le monde à Chypre.

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Lire sur le site de Soccer Nostalgia The Soccernostalgia Interview-Part 63
Cet article fait partie de la série Dialogue avec Soccer Nostalgia
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Soccernostalgia : Henri Michel a débuté sa quatrième saison à la tête de la France dans sa pire position depuis plus d’une décennie après une saison décevante et de nombreux joueurs ayant pris leur retraite. Quelles ont été les perspectives pour cette nouvelle saison ?

Bruno Colombari : Il n’y avait quasiment aucune chance de se qualifier pour l’Euro 1988, ce qui veut dire que les prochains matchs à enjeu étaient renvoyés à la rentrée suivante. Les Bleus se retrouvaient donc un peu dans la même situation qu’à l’été 1979, sauf qu’à l’époque les cadres étaient beaucoup plus jeunes. L’idée était donc de poursuivre la reconstruction amorcée après la Coupe du monde, mais qui avait débouché sur une saison affreuse avec deux buts marqués.


 
 

La saison a débuté par un match amical le 12 août 1987 à Berlin-Ouest contre l’Allemagne de l’Ouest. La France s’incline (1-2), avec Bruno Martini et Eric Cantona qui font leurs débuts (Cantona marque et s’associe pour la première fois à Jean-Pierre Papin). Quels ont été les enseignements tirés de ce match ?

Tout d’abord que l’entame a été calamiteuse, avec deux buts de Völler en moins de dix minutes et un troisième refusé par l’arbitre, on ne sait pas pourquoi. Là, honnêtement j’ai pris peur, j’ai cru qu’on allait vers une défaite écrasante, pire que celle contre la Pologne en août 1982. Heureusement que c’était un match amical et que Cantona a réduit le score avant la mi-temps, ce qui a un peu rééquilibré les débats. Mais cette équipe de France-là, qui avait pourtant 8 joueurs de la Coupe du monde sur la pelouse, faisait peine à voir.
 

Ce match contre l’Allemagne de l’Ouest était aussi le dernier de Patrick Battiston… (jusqu’à ce que Platini le rappelle l’année suivante). Comment cette nouvelle a-t-elle été accueillie après le départ à la retraite d’une énième star des années de gloire ?

Toute cette période a été mal gérée, les trentenaires partaient les uns après les autres comme si plus rien ne les retenait en sélection. Platini n’était plus là, mais lui avait terminé sa carrière. Les autres, hormis Bats, qui n’était international que depuis 4 ans, et Fernandez et Amoros, qui rêvaient tous deux du capitanat, n’avaient tout simplement plus envie de l’équipe de France. Ils avaient bien compris que sans Platini tout serait très compliqué. Mais tout n’a pas été fait pour les retenir, loin de là.
 

Le prochain match de la France fut le match de qualification pour l’Euro à Moscou contre la forte équipe de l’Union soviétique, le 9 septembre 1987. Les Soviétiques étaient sur le point de se qualifier et il n’y avait pas grand-chose en jeu. La France est repartie avec un match nul satisfaisant (1-1) à l’extérieur. Comment cette performance a-t-elle été perçue par la presse ?

Satisfaction au niveau du résultat, car faire 1-1 contre une très forte équipe soviétique (qui sera finaliste de l’Euro l’année suivante), même si elle n’était pas brillante ce jour-l), c’était une bonne performance. Mais elle n’était pas suffisante pour garder une toute petite chance de qualification car pour ça, il fallait gagner les trois derniers matchs, et que l’URSS perde ses trois derniers, dont celui-là. Au niveau du jeu, c’était encore une fois très pauvre avec très peu d’occasions et un match très physique. Cette équipe-là semblait plus solide que la saison dernière, mais toujours aussi peu inspirée.


 
 

La France a terminé cette année décevante avec son dernier match de qualification pour l’Euro, le 18 novembre 1987, à Paris contre l’Allemagne de l’Est. La France dont deux débutants (Kastendeuch et Germain) s’est inclinée (0-1) sur un but de dernière minute. Cela résume-t-il l’année cauchemardesque de la France ?

Auparavant, elle avait déjà fait match nul contre la Norvège à domicile (1-1) en ne montrant pas grand chose. Cet automne-là ressemblait déjà à celui de 1993, avec ses défaites contre Israël et la Bulgarie, et cette impression que le Parc des Princes devenait une destination touristique pour les adversaires. Les Bleus finissaient quatrième de leur groupe, devant l’Islande et semblaient renvoyés vingt ans plus tôt, quand ils ne battaient plus personne dans l’indifférence générale.


 

L’année 1988 devait débuter avec un tournoi à quatre équipes organisé par la France « Tournoi-France 88 ». Cela a été considéré comme un événement préparatoire pour constituer une nouvelle équipe avant la Coupe du monde 1990. Y avait-il de l’optimisme avant ce tournoi ?

Non, car ce genre de tournoi amical peut avoir un sens s’il prépare une phase finale, comme le tournoi Hassan-II en 1998 ou en 2000 par exemple. Mais là, alors que les Bleus étaient déjà éliminés, en plein hiver et dans les ambiances déprimantes de Toulouse et de Monaco.
 

Avant le tournoi, la France s’est rendue à Tel Aviv pour affronter Israël le 27 janvier 1988. Le match s’est terminé sur un nouveau match nul décevant (1-1). Quelle a été la réaction de la presse ?

Ce déplacement n’était pas voulu par Henri Michel, qui décidément était lâché par tout le monde, y compris les instances fédérales. Lui souhaitait une tournée sur le continent américain pour remobiliser le groupe, à la place il a eu un amical en Israël et ce tournoi de pacotille. Il était vraiment déçu, d’autant plus que Bordeaux était allé en Californie en janvier avec ses internationaux, autrement dit, ce qui était possible pour les clubs ne l’était pas pour la sélection.
 

Pouvez-vous décrire le conflit qui a fait grand bruit avant le Tournoi entre Luis Fernández et Manuel Amoros ?

Les deux souhaitaient avoir le brassard de capitaine et Henri Michel, comme souvent, n’arrivait pas à se décider. Depuis l’arrêt de Platini, il avait été porté par Tigana puis Battiston et Fernandez l’avait récupéré contre l’URSS et la Norvège, puis Amoros l’avait eu contre la RDA car Fernandez ne jouait pas. Finalement, contre la Suisse, Henri Michel désigne Amoros comme capitaine et Fernandez est remplaçant. Ce dernier se plaint et critique le sélectionneur, alors qu’Amoros parle de « tricheurs ». Le président de la FFF rappelle que c’est Henri Michel qui décide, ce qui montre au passage le peu d’autorité du sélectionneur…
 

La France a débuté le « Tournoi-France 88 » à Toulouse le 2 février contre la Suisse. La France s’est imposée (2-1) en marquant deux fois dans les dix premières minutes. Comment cela était-il perçu à l’époque ?

Enfin une victoire ! Mais c’était dans un match sans enjeu, et si elle a été acquise très vite, les Suisses sont revenus dans le match et ont dominé la deuxième période, où Papin est revenu. Pour le reste, objectivement ces matchs-là n’intéressaient personne. Sans doute pas même les joueurs, d’ailleurs.
 

La France a remporté le Tournoi-France 88 à Monaco le 5 février après avoir battu le Maroc (2-1). Y a-t-il eu un certain optimisme après cela ?

Non, c’était un match amical sans aucune importance (hormis le fait que c’était la première rencontre avec le Maroc, dix ans après France-Tunisie) qui s’est joué dans l’indifférence générale. Les Marocains jouaient en plus avec des jeunes et n’avaient pas appelés leurs meilleurs joueurs, c’était clairement une équipe B, rien à voir avec celle qui avait évolué au Mexique.
 

Ce match contre le Maroc était le dernier match de Bruno Bellone pour la France. Comment jugez-vous sa carrière internationale, débutée en 1981 ?

Elle a été plutôt bonne, même si elle ne s’est jamais approchée de celle d’un Didier Six ou d’un Dominique Rocheteau. Bellone était un gaucher explosif avec une grosse frappe de balle, et il était très utile comme remplaçant face à des défenses fatiguées. Il était aussi dépendant de bons passeurs comme l’étaient Giresse ou Platini. Il aura quand même participé aux deux Coupes du monde 1982 et 1986 et à l’Euro 1984.
 

Le prochain match de la France était un match amical à Bordeaux le 23 mars 1988 contre l’Espagne. Jean-Philippe Durand a fait ses débuts dans ce match aux côtés de Marcel Dib. La France s’est imposée (2-1) grâce à un but mémorable de Fernandez. Était-ce une bonne performance contre une équipe de haut niveau ?

Oui, certainement, c’était même la seule performance convaincante de la deuxième partie du mandat d’Henri Michel. D’une certaine manière, cette victoire annonçait les deux autres de 1991, avec Platini sélectionneur, un milieu très défensif (Durand, Bijotat et Fernandez derrière Gérald Passi) et le duo Papin-Cantona devant. Elle montrait que l’équipe de France avait encore quelques individualités de talent, mais pas de projet collectif dans la durée. Donc elle était capable de faire des coups d’éclat ponctuels comme celui-là, mais pas de se qualifier pour une phase finale.


 
 

La France a terminé la saison (1987/88) sur un énième match décevant. Un match nul contre l’Irlande du Nord à Belfast le 27 avril 1988. Comment cette performance à l’extérieur a-t-elle été analysée par la presse ?

Ce match en a remplacé un prévu contre la Yougoslavie, mais le tirage au sort des phases qualificatives pour la Coupe du monde 1990 a mis les Yougoslaves (une équipe redoutable à l’époque) dans le groupe des Bleus. La FFF a donc choisi l’Irlande du Nord. Mais l’attaque des Bleus (Stopyra et Garande, avec Vercruysse en numéro 10) a calé alors qu’elle avait marqué lors des quatre derniers matchs.
 

Dans ce match face à l’Irlande du Nord, Yannick Stopyra a joué pour la dernière fois pour la France. Comment jugez-vous son parcours en équipe nationale, débuté en 1980 ?

C’est évidemment une déception. Stopyra a fait une très bonne Coupe du monde, où il a mis Papin sur le banc et a formé avec Rocheteau un duo très complémentaire. Mais ça n’a pas duré. Il fait partie de cette génération perdue, celle de Ferreri, Bravo, Vercruysse, Touré, si prometteuse quand elle jouait avec Platini, Giresse ou Tigana, et transparente quand ils n’étaient plus là. On pourrait la comparer d’ailleurs à la génération 1987 qui venait de naître d’ailleurs, et qui a donné un champion du monde, mais c’était Matuidi.
 

Parmi les débutants cette saison, seuls Eric Cantona, Bruno Martini, Bernard Casoni et Jean-Philippe Durand auraient une carrière significative au niveau international. Tandis que Luc Sonor. Sylvain Kastendeuch, Pascal Despeyroux et Marcel Dib seraient là pour une courte période. Des débutants comme Rémi Vogel, Jean-Philippe Rohr, Bruno Germain et Patrice Garande ne sont apparus qu’une seule fois. Comment voyez-vous leurs performances ?

Ils sont tombés au mauvais moment, c’est certain. Tous ont fait de belles carrières en club, mais ils n’avaient pas le niveau international, même si ce niveau, en 1987, n’était vraiment pas élevé. Il manque parfois peu de choses pour qu’un joueur moyen se dépasse et intègre une grande équipe. Là, il manquait clairement la grande équipe.
 

Outre Bellone et Stopyra, Didier Sénac, Phillipe Anziani, Gérard Buscher, Bernard Zénier, William Ayache, Fabrice Poullain, Philippe Fargeon et Dominique Bijotat sont apparus pour la dernière fois. Que pensez-vous de leur carrière internationale (courte dans la plupart des cas) ?

Je mettrai Ayache au dessus des autres quand même. C’était un très bon arrière latéral avec Nantes, et sa Coupe du monde avait été bonne, même s’il était suspendu contre le Brésil, ce qui s’est vu d’ailleurs en début de match. Pour les autres, c’est la même chose que précédemment : trop juste au niveau international.
 

À la fin de la saison, quel est le ressenti général sur le travail d’Henri Michel après quatre années ? Il ne semble pas y avoir eu beaucoup de progrès cette saison. Était-ce la vision de l’époque ?

Il y avait un peu du mieux depuis le début de l’année 1988, notamment avec ce beau succès contre l’Espagne, et le tirage au sort de la phase de poules pour la Coupe du monde était vu comme plutôt abordable (Yougoslavie, Ecosse, Norvège et Chypre, avec deux qualifiés). Henri Michel était-il l’homme de la situation pour emmener les Bleus en Italie ? Faute d’alternative, il semblait que oui, puisqu’il l’avait fait en 1985 dans un groupe plus relevé.
 

La dernière saison d’Henri Michel à la tête (1988/89) a débuté de la pire des manières avec un scandale impliquant Eric Cantona. Quelles ont été les conséquences de cette « affaire » ?

Henri Michel s’est retrouvé très isolé dans cette affaire où il était insulté par un joueur de 22 ans qu’il avait fait débuter un an plus tôt et qui était était convaincu d’avoir sa place en A et vexé d’être convoqué chez les Espoirs. Henry et Trezeguet le seraient aussi en 1999, et eux étaient pourtant champions du monde… La FFF, qui commençait à lâcher Henry Michel, a fini par suspendre Cantona pour un an en sélection mais pas en club, ce qui a sans doute contribué à l’élimination des Bleus pour la Coupe du monde en Italie. Mais c’était le coup de grâce qui annonçait son renvoi en novembre.
 

La saison débute par un match amical le 24 août 1988 à Paris contre la Tchécoslovaquie. Le match s’est terminé sur un score nul (1-1) avec Franck Sauzée et Bernard Pardo faisant leurs débuts. Quels ont été les enseignements tirés de ce match ?

Bernard Pardo allait devenir un cadre de l’époque Platini, et il terminera sa carrière internationale invaincu, avec 13 sélections. Mais il a déjà presque 28 ans et il n’est pas une solution d’avenir. Franck Sauzée, lui, allait bientôt remporter le championnat d’Europe Espoirs. Mais cette équipe de France là n’était pas cohérente, avec deux attaquants (Paille et Papin) qui n’étaient pas complémentaires alors que Cantona l’avait été avec le premier en Espoirs et le serait avec le deuxième en A.


 
 

Les éliminatoires de la Coupe du monde 1990 ont débuté le 28 septembre 1988 à Paris contre la Norvège. La France a gagné (1-0) grâce à Papin qui a marqué sur penalty tardif. Comment cette performance était-elle perçue à l’époque ?

Comme chanceuse, le pénalty accordé en fin de match sur un plongeon de Daniel Bravo étant très généreux. Il y a très peu d’occasions, les Norvégiens s’en procurent d’ailleurs une belle que Bats sauve, mais à ce moment-là, l’équipe de France est déjà heureuse de gagner un match.
 

Le prochain match de qualification de la France et finalement le dernier match d’Henri Michel en charge a eu lieu à Nicosie contre Chypre. La France revient avec un match nul désastreux (1-1) et met déjà en péril ses espoirs de qualification pour la Coupe du Monde. Quelle a été la réaction immédiate de la presse après cela ?

Elle a crié au scandale en tapant sur le sélectionneur et un peu moins sur les joueurs, qui sont quand même les premiers responsables du résultat. A ce moment-là, alors que Canal + venait de signer un contrat avec la FFF et que les sommes d’argent de plus en plus importantes arrivaient dans le football français, l’inquiétude était grande de voir l’équipe de France ne pas se qualifier pour la Coupe du monde 1990.


 
 

Pouvez-vous décrire la séquence des événements qui ont conduit au limogeage d’Henri Michel et à la nomination de Michel Platini le 2 novembre. Quel a été le rôle exact du président bordelais Claude Bez dans cette affaire ?

C’est au mois d’août que Claude Bez a commencé à mettre son nez dans l’équipe de France, en profitant de la faiblesse des présidents de la Ligue, Jean Sadoul, et de la FFF, Jean Fournet-Fayard. Il a sauté sur l’occasion pour lancer l’idée de nommer Platini sélectionneur. La décision était probablement prise avant le match contre Chypre, et celui-ci n’a fait qu’accélérer le mouvement.
Après France-Norvège, Fournet-Fayard a demandé à Henri Michel s’il acceptait de travailler avec Platini, ce qu’il a évidemment refusé. Puis, après Chypre, le poste de sélectionneur a été d’abord proposé à Gérard Houllier, qui l’a refusé mais qui a accepté d’être l’adjoint de Platini qui n’avait aucune compétence d’entraîneur. Le journaliste Jacques Vendroux, président du Variétés Club de France et proche de Platini, avait aussi largement contribué à promouvoir ce dernier.
Ce limogeage n’était pas scandaleux en soi, même s’il faut rappeler que l’équipe de France avait alors trois points en deux matchs et qu’elle n’en prendra qu’un seul lors des trois suivants, dirigés par Platini. Mais il est arrivé au mauvais moment, et surtout il s’est déroulé d’une façon indigne.
 

L’ère Henri Michel est-elle considérée comme l’une des plus sombres de l’histoire du football français ? Était-ce sa responsabilité ou était-ce une question de transition de générations ?

Non, certainement pas. Les deux premières années ont été de haut niveau avec la victoire en coupe intercontinentale contre l’Uruguay et la troisième place à la Coupe du monde, avec de grands matchs contre l’URSS, l’Italie et le Brésil. La deuxième partie est complètement ratée, c’est vrai, mais je ne suis pas sûr qu’il aurait été possible de faire mieux avec des cadres de moins en moins impliqués et des jeunes trop justes pour le niveau international. Je maintiens qu’il aurait mieux valu que michel Hidalgo fasse deux ans de plus et que quelqu’un d’autre arrive à l’été 1986, pas forcément Henri Michel d’ailleurs.
 

Au final, quel regard portez-vous sur les quatre années de mandat d’Henri Michel ? Quelles étaient ses qualités ainsi que ses faiblesses selon vous ?

C’est difficile à dire dans la mesure où, un peu comme Raymond Domenech jusqu’en 2006, tant qu’il s’est appuyé sur les cadres déjà en place, il a eu de très bons résultats. Dès qu’il a eu les mains libres pour reconstruire, il a échoué. La différence avec Domenech, c’est que lui a été débarqué plus vite, même s’il aurait pu être limogé après l’élimination à l’Euro 1988, dès l’automne 1987. Je pense qu’il était trop jeune et trop proche des joueurs, notamment des cadres, pour avoir une réelle autorité. Sa relation avec Platini, avec qui il avait été en concurrence au milieu de terrain en sélection, n’était guère meilleure que celle de Zidane avec Domenech, pour reprendre la comparaison. L’attitude de Cantona à son égard, à l’été 1988, a montré qu’il avait perdu toute légitimité auprès des joueurs. A ce moment-là, forcément, plus rien n’était possible.

pour finir...

English version

Soccernostalgia : Henri Michel started his fourth season in charge with France in its worst position in more than a decade after a disappointing season and many retirements. What was the outlook for this new season ?

Bruno Colombari : There was almost no chance of qualifying for Euro 1988, which means that the next games at stake were postponed until the following school year. The Blues therefore found themselves somewhat in the same situation as in the summer of 1979, except that at the time the managers were much younger. The idea was therefore to continue the reconstruction begun after the World Cup, but which had resulted in a terrible season with two goals scored.

The season started with a friendly on August 12, 1987, at West Berlin against West Germany. France lost (1-2), with Bruno Martini and Eric Cantona making their debuts (Cantona scoring and partnering Jean-Pierre Papin for the first time). What were the lessons learned from this match ?

First of all, the start was disastrous, with two goals from Völler in less than ten minutes and a third refused by the referee, we do not know why. There, honestly I got scared, I thought we were going to a crushing defeat, worse than the one against Poland in August 1982. Fortunately it was a friendly match and Cantona reduced the score before half -time, which somewhat rebalanced the debates. But this French team, which nevertheless had 8 World Cup players on the lawn, was painful to see.

This match against West Germany was also Patrick Battiston’s last… (until Platini recalled him the following year). How was this news received after the retirement of yet another star of the glory years ?

This whole period was badly managed, the thirties left one after the other as if nothing kept them in selection. Platini was no longer there, but he had finished his career. The others, apart from Bats, who had only been international for 4 years, and Fernandez and Amoros, who both dreamed of the captaincy, simply no longer wanted the France team. They understood that without Platini everything would be very complicated. But not everything has been done to hold them back, far from it.
 

France’s next match was Euro qualifying match at Moscow against strong Soviet Union side, on September 9, 1987. The Soviets were on the verge of qualifying and there was not much at stake. France came away with a satisfactory (1-1) tie away from home. How was this performance viewed by the Press ?

Satisfaction with the result, because to go 1-1 against a very strong Soviet team (which will be Euro finalists the following year), even if it was not brilliant that day), it was a good performance. But it was not enough to keep a very small chance of qualifying because for that, it was necessary to win the last three games, and for the USSR to lose its last three, including this one. In terms of play, it was once again very poor with very few chances and a very physical match. This team seemed more solid than last season, but still just as uninspired.
 

Following another tie at home vs. Norway (1-1) in a Euro qualifier in October, France ended this disappointing year with their last Euro qualifier on November 18th, 1987, at Paris against East Germany. France including two debutants (Kastendeuch and Germain) lost (0-1) to a last-minute goal. Did this sum up France’s nightmare year ?

Previously, she had already drawn against Norway at home (1-1) by not showing much. That autumn was already like that of 1993, with its defeats against Israel and Bulgaria, and this impression that the Parc des Princes was becoming a tourist destination for the opponents. The Blues finished fourth in their group, ahead of Iceland and seemed sent back twenty years earlier, when they no longer beat anyone in general indifference.

The year 1988 was to begin with a four-team Tournament hosted by France ‘Tournoi-France 88’. This was seen as a preparatory event to build a new team ahead of the 1990 World Cup. Was there optimism ahead of this Tournament ?

No, because this kind of friendly tournament can make sense if it prepares for a final phase, like the Hassan-II tournament in 1998 or 2000 for example. But there, when the Blues were already eliminated, in the middle of winter and in the depressing atmospheres of Toulouse and Monaco.
 

Ahead of the Tournament, France traveled to Tel Aviv to face Israel on January 27th, 1988. The match ended as another disappointing tie (1-1). What was the Press reaction ?

This move was not wanted by Henri Michel, who was decidedly let go by everyone, including the federal authorities. He wanted a tour of the American continent to remobilize the group, instead he had a friendly in Israel and this junk tournament. He was really disappointed, especially since Bordeaux had gone to California in January with their internationals, in other words, what was possible for the clubs was not possible for the selection.
 

Can you describe the conflict before the ‘Tournoi’ involving Luis Fernandez and Manuel Amoros that made much noise at the time ?

Both wanted to have the captain’s armband and Henri Michel, as often, couldn’t decide. Since the stoppage of Platini, it had been carried by Tigana then Battiston and Fernandez had it recovered against the USSR and Norway, then Amoros had it against the GDR because Fernandez was not playing. Finally, against Switzerland, Henri Michel appoints Amoros as captain and Fernandez is a substitute. The latter complains and criticizes the coach, while Amoros speaks of « cheaters ». The president of the FFF recalls that it is Henri Michel who decides, which shows in passing the lack of authority of the coach…
 
 

France started the ‘Tournoi-France 88’ at Toulouse on February 2nd vs. Switzerland. France won (2-1) by scoring twice in the first ten minutes. How was this viewed at the time ?

Finally a victory ! But it was in a game without stakes, and if it was acquired very quickly, the Swiss came back into the game and dominated the second period, where Papin returned. For the rest, objectively these matches did not interest anyone. Probably not even the players, for that matter.
 

France won the ‘Tournoi-France 88’ at Monaco on February 5th after defeating Morocco (2-1). Was there any optimism after this ?

No, it was a friendly match without any importance (apart from the fact that it was the first meeting with Morocco, ten years after France-Tunisia) which was played out in general indifference. The Moroccans also played with young people and had not called up their best players, it was clearly a B team, nothing to do with the one that had played in Mexico.
 

This match vs. Morocco was Bruno Bellone’s last match for France. How do you judge his International career, started in 1981 ?

 She was pretty good, even if she never approached that of a Didier Six or a Dominique Rocheteau. Bellone was an explosive southpaw with a big ball-striking, and he was very useful as a substitute against tired defences. He was also dependent on good passers like Giresse or Platini. He will still have participated in the two World Cups 1982 and 1986 and Euro 1984.

France’s next match was a friendly was at Bordeaux on March 23rd, 1988, against Spain. Jean-Philippe Durand made his debut in this match along with Marcel Dib. France won (2-1) with Fernandez scoring a memorable goal. Was this a good performance against a top side ?

Yes, certainly, it was even the only convincing performance of the second part of Henri Michel’s mandate. In a way, this victory announced the other two of 1991, with Platini coach, a very defensive midfielder (Durand, Bijotat and Fernandez behind Gérald Passi) and the Papin-Cantona duo in front. It showed that the France team still had a few talented individuals, but no long-term collective project. So she was able to make one-off bursts like that, but not qualify for a final phase.

France ended the (1987/88) season with yet another disappointing match. A scoreless tie vs. Northern Ireland at Belfast on April 27th, 1988. How was this performance away from home analyzed by the Press ?

This game replaced a scheduled one against Yugoslavia, but the draw for the qualifying stages for the 1990 World Cup put the Yugoslavians (a formidable team at the time) in the Blues group. The FFF therefore chose Northern Ireland. But the attack of the Blues (Stopyra and Garande, with Vercruysse in number 10) stalled after scoring in the last four games.
 

In this match vs. Northern Ireland, Yannick Stopyra played for the last time for France. How do you judge his career with the National Team, started in 1980 ?

It’s obviously a disappointment. Stopyra had a very good World Cup, where he put Papin on the bench and formed a very complementary duo with Rocheteau. But it didn’t last. He is part of this lost generation, that of Ferreri, Bravo, Vercruysse, Touré, so promising when she played with Platini, Giresse or Tigana, and transparent when they were no longer there. We could also compare it to the 1987 generation which had just been born elsewhere, and which gave a world champion, but it was Matuidi.

As far as the debutants this season, only Eric Cantona, Bruno Martini, Bernard Casoni and Jean-Philippe Durand would have a significant career at International level. While Luc Sonor. Sylvain Kastendeuch, Pascal Despeyroux and Marcel Dib would be there for a short time. Debutants such as Rémi Vogel, Jean-Philippe Rohr, Bruno Germain and Patrice Garande appeared only once. How do you view their performances ?

They fell at the wrong time, that’s for sure. All of them had great club careers, but they did not have the international level, even if this level, in 1987, was really not high. Sometimes there is little missing for an average player to surpass himself and join a great team. There, the big team was clearly missing.

In addition to Bellone and Stopyra, Didier Sénac, Phillipe Anziani, Gérard Buscher, Bernard Zénier, William Ayache, Farbrice Poullain, Philippe Fargeon and Dominique Bijotat appeared for the last time. What are your thoughts on their Internatioanl careers (short in most cases) ?

I will put Ayache above the others anyway. He was a very good full-back with Nantes, and his World Cup had been good, even if he was suspended against Brazil, which was also seen at the start of the match. For the others, it’s the same thing as before : too fair at the international level.
 

At the end of the season, what was the general feeling about Henri Michel’s work after four years ? There did not appear to be much progress this season. Was that the view at the time ?

There had been a bit of improvement since the beginning of 1988, especially with this great success against Spain, and the draw for the group stage for the World Cup was seen as rather affordable (Yugoslavia, Scotland , Norway and Cyprus, with two qualifiers). Was Henri Michel the man for the job to take the Blues to Italy ? For lack of an alternative, it seemed so, since he had done it in 1985 in a more demanding group. But with other players...
 

Henri Michel’s last season in charge (1988/89) started in the worst possible with a scandal involving Eric Cantona. What were the ramifications of this ‘affaire’ ?

Henri Michel found himself very isolated in this affair where he was insulted by a 22-year-old player whom he had started a year earlier and who was convinced of having his place in A and upset to be summoned to Hopes. Henry and Trezeguet would also be in 1999, and yet they were world champions… The FFF, which was starting to let go of Henry Michel, ended up suspending Cantona for a year in selection but not in club, which undoubtedly contributed to the elimination of the Blues for the World Cup in Italy. But it was the coup de grace that announced his dismissal in November.
 

The season started with a friendly on August 24, 1988, at Paris against Czechoslovakia. The match ended in a (1-1) tie with Frank Sauzée and Bernard Pardo making their debuts. What were the lessons learned from this match ?

 Bernard Pardo was to become a Platini-era executive, and he would end his international career undefeated, with 13 caps. But he is already almost 28 years old and he is not a solution for the future. Franck Sauzée was soon to win the European U23 Championship. But this French team there was not consistent, with two attackers (Paille and Papin) who were not complementary while Cantona had been with the first in Espoirs and would be with the second in A.

The 1990 World Cup qualifiers started on September 28, 1988, at Paris vs. Norway. France won (1-0) with Papin scoring with a late penalty kick. How was this performance viewed at the time ?

As lucky, the penalty awarded at the end of the match on a dive by Daniel Bravo being very generous. There are very few chances, the Norwegians also get a good one that Bats saves, but at that moment, the French team is already happy to win a match. you couldn’t ask for much more.


France’s next qualifier and ultimately, Henri Michel’s last match in charge was at Nicosia vs. Cyprus. France returned with a disastrous (1-1) tie and already jeopardize its World Cup qualification hopes. What was the immediate Press reaction after this ?

She cried foul by hitting the coach and a little less on the players, who are still primarily responsible for the result. At that time, when Canal + had just signed a contract with the FFF and the increasingly large sums of money were arriving in French football, there was great concern to see the French team not qualify for the 1990 World Cup.


Can you describe the sequencce of events that led to the sacking of Henri Michel and the appointment of Michel Platini on November 2nd. What was the exact role of Bordeaux President Claude Bez in this ?

 It was in August that Claude Bez began to put his nose in the France team, taking advantage of the weakness of the presidents of the League, Jean Sadoul, and the FFF, Jean Fournet-Fayard. He jumped at the chance to launch the idea of appointing Platini coach. The decision was probably made before the game against Cyprus, and this one only accelerated the movement.
After France-Norway, Fournet-Fayard asked Henri Michel if he agreed to work with Platini, which he obviously refused. Then, after Cyprus, the coaching position was first offered to Gérard Houllier, who refused it but agreed to be Platini’s assistant who had no coaching skills. The journalist Jacques Vendroux, president of the Variétés Club de France and close to Platini, had also largely contributed to promoting the latter. This dismissal was not scandalous in itself, although it must be remembered that the French team then had three points in two games and that it will only take one in the next three, led by Platini. But it happened at the wrong time, and above all it happened in an unworthy way.

Soccernostalgia Question : Is the Henri Michel era regarded as one of the darkest in French Football History ? Was it his responsibility or was it a question of transition of Generations ?

 No, definitely not. The first two years were high level with the victory in the Intercontinental Cup against Uruguay and the third place in the World Cup, with great matches against the USSR, Italy and Brazil. The second part is completely missed, it’s true, but I’m not sure it would have been possible to do better with managers less and less involved and young people too fair for the international level. I maintain that it would have been better for Michel Hidalgo to do two more years and for someone else to arrive in the summer of 1986, not necessarily Henri Michel for that matter.

On balance, how do you view Henri Michel’s four years in charge. What were his qualifies as well as his weaknesses in your opinion ?

It is difficult to say insofar as, a bit like Raymond Domenech until 2006, as long as he relied on the frameworks already in place, he had very good results. As soon as he had his hands free to rebuild, he failed. The difference with Domenech is that he was landed more quickly, even if he could have been sacked after the elimination at Euro 1988, in the fall of 1987. I think he was too young and too close to the players, especially the executives, to have real authority. His relationship with Platini, with whom he had competed in midfield for the national team, was hardly better than Zidane’s with Domenech, to use the comparison. Cantona’s attitude towards him in the summer of 1988 showed that he had lost all legitimacy with the players. At that point, of course, nothing was possible.

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

Vos commentaires

  • Le 4 janvier à 06:54, par Nhi Tran Quang En réponse à : Dialogue avec Soccer Nostalgia : Henri Michel, saison 4 (1987-88)

    Concernant Bellone, malgré qu’il ait marqué en finale de l’euro 1984 et qu’il ait une bonne trentaine de sélections, au même titre qu’un ferreri j’ai l’impression qu’il n’a pas toujours saisi les occasions pour montrer qu’il pouvait passer un cap que celui d’un remplaçant ou d’un « espoir » notamment après la coupe du monde 86, même si sa blessure en 88 à Montpellier a joué en partie un rôle dedans
    Concernant Ayache si il a réussi à se faire une place dans le groupe et même dans le 11 de base notamment à la coupe du monde 86, il n’a jamais confirmé son potentiel après la compète.

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