Ces deux-là ne se quittent plus : France et Allemagne détiennent, on l’a vu, huit titres chacun [1]. Dans six ans, ils accueilleront pour la septième fois une compétition internationale. La France accueillera en 2024 ses deuxièmes Jeux olympiques (après ceux de Paris en 1924) juste après que l’Allemagne ait été le pays hôte du championnat d’Europe. Comme pour l’édition 1988, les Coupes du monde 1974 et 2006, la Coupe des confédérations 2005 et les JO de 1936 (Berlin) et de 1972 (Munich).
Et sur ces six tournois où il y avait quelque chose à gagner, où étaient les Bleus ? Réponse : à la maison, cinq fois sur six. Pas participants aux JO de Berlin, pas qualifiés à ceux de Munich. Pas qualifiés non plus pour la Coupe du monde 1974. Toujours pas qualifiés pour l’Euro 1988. Pas invités pour la Coupe des confédérations 2005.
L’exception 2006 : les Bleus à Berlin
Il y a quand même eu une exception, et de taille. En 2006, l’équipe de France de Raymond Domenech patine en phase qualificative (nuls contre l’Eire, la Suisse, Israël deux fois et petites victoires contre Chypre et les Féroé) avant que Zidane ne fasse son retour, emmène les Bleus en Allemagne et de là les tire jusqu’en finale. C’était presque parfait, jusqu’à cette fichue soirée du 9 juillet, celle de Shakira, de la panenka, de la VAR avant l’heure et du triomphe de Materazzi.
Qu’on se console : si l’Allemagne n’a jamais été une terre d’accueil pour les footballeurs français en quête de trophées (hormis l’exception marseillaise en 1993 avec la Ligue des champions gagnée face à l’AC Milan à Munich), l’hexagone n’a jamais souri à la Mannschaft, juste retour des choses.
Aux JO de Paris en 1924, l’Allemagne n’était pas invitée (cinq ans seulement après le traité de Versailles). En 1938, les footballeurs allemands sont là, renforcés par les Autrichiens récemment annexés, mais ils ne vont pas loin : battus à Colombes dès les huitièmes de finale (qui faisaient office de premier tour) par la Suisse (2-4).
Même championne sortante, l’Allemagne n’y arrive pas
A l’Euro 1984, la Mannschaft arrive avec le double statut de tenant du titre et de finaliste de la Coupe du monde 1982. Mais elle se fait sortir dès le premier tour en perdant contre l’Espagne à la dernière minute du troisième match (1-2) au Parc des Princes.
En 1998, elle est championne d’Europe en titre et rêve tout haut à une quatrième couronne mondiale, mais elle tombe en quarts sur une redoutable équipe croate qui ne lui fait aucun cadeau (0-3). Et elle décline l’invitation à la Coupe des confédérations 2003, alors que son statut de finaliste de la Coupe du monde 2002 lui offrait une place [2]. Elle sera supplée par... la Turquie, déjà.
Enfin, l’Euro 2016 semble lui tendre les bras après son titre mondial acquis à Rio. Tout se passe bien jusqu’à la demi-finale à Marseille où les pépins s’accumulent avant et pendant le match, avec la main de Schweinsteiger et la sortie sur blessure de Boateng (0-2) contre une équipe de France qui tient sa revanche des trois éliminations en Coupe du monde et pense déjà avoir gagné l’Euro.
A domicile, la France fait mieux que l’Allemagne
On pourrait aussi s’amuser à comparer les performances respectives des uns et des autres lors des compétitions qu’ils accueillent. Et là, il n’y a pas photo : les Bleus sont meilleurs que les Blancs. Sur six compétitions accueillies, l’équipe de France en a remporté trois (1984, 1998 et 2003) et a perdu une fois en finale (2016), s’inclinant en quart de finale deux fois (1924 et 1938) contre les futurs vainqueurs (Uruguay et Italie). On pourrait aussi tenir compte de la phase finale de la première Coupe d’Europe des Nations en 1960, dont la France a été le pays-hôte, mais elle n’a compté que quatre matchs et autant de participants (URSS, Tchécoslovaquie, Yougoslavie et France) pour deux demi-finales et une finale. Difficile d’appeler ça un tournoi.
L’Allemagne n’a été titrée qu’une seule fois à la maison (1974) et n’a pu faire mieux que trois échecs en demi-finale (1998, 2005 et 2006, à chaque fois également contre le futur vainqueur) et deux en quart de finale (1936 et 1972).
En 2024, Mbappé aura 25 ans et Dembélé 27
Nul ne sait quel sera le niveau des Bleus en 2024 (ni celui de l’Allemagne, d’ailleurs). Mais l’équipe devrait encore compter de nombreux champions du monde 2018 dans ses rangs : si Lloris, Griezmann, Giroud, Matuidi, Kanté et Sidibé n’y seront probablement plus, on devrait retrouver Areola, Thauvin, Pogba et Varane (31 ans), Mendy, Umtiti, Tolisso et Fekir (30), Kimpembe (29), Pavard, Hernandez et Lemar (28), Dembélé (27) et bien sûr Mbappé (25).
Ces quatorze-là n’y seront évidemment pas tous, et d’autres, que l’on ne connaît pas encore, auront le temps de percer. Mais la principale inconnue reste l’identité du sélectionneur. Il est probable que Didier Deschamps n’aille pas au-delà de 2020, et pour l’instant seul Zinédine Zidane tient la corde pour lui succéder. Il n’est pas exclu non plus qu’il y ait une phase de transition avec un coach au mandat court, comme Jacques Santini (2002-2004) ou Laurent Blanc (2010-2012). On aura le temps d’en reparler.