Le résultat était-il prévisible ?
Organiser une grande fête au terme d’un match lié à une Coupe du monde, on se souvient que ce n’est pas forcément une bonne idée. En mai 2002, juste avant d’embarquer pour la Corée du Sud, les Bleus avaient reçu la Belgique à Saint-Denis pour lancer la quête d’une deuxième étoile, avec gros cœur sur le terrain et Johnny au micro en après-match. Résultat, les Belges l’avaient emporté 2-1. Ce 9 septembre, il y a eu aussi 2-1, mais dans l’autre sens. Et la deuxième étoile était déjà sur le maillot, ce qui change tout.
Au vu de la domination quasi-totale de la première période, un nouveau 4-0 comme en août 2017 était plus probable qu’un petit 2-1 arraché au forceps. Mais les Bleus n’avaient qu’un seul but d’avance à la pause, et on sait à quel point ils ont du mal à mettre le deuxième une fois le score ouvert : sur leurs dix dernières sorties, ce n’est arrivé qu’une fois, face à l’Uruguay en quart de finale mondial.
L’équipe est-elle en progrès ?
La première mi-temps n’avait rien à voir avec la prestation laborieuse de Munich samedi dernier, mais il est vrai que ces Pays-Bas-là n’avaient eux aussi rien à voir avec l’Allemagne. Enfin il y avait du jeu, enfin du rythme (la plupart du temps) et enfin des phases de jeu un peu plus élaborées que des contres supersoniques en droite ligne. Mais, après l’ouverture du score rapide de Mbappé sur une grosse bourde défensive de Promes, les Français n’ont pas su enfoncer le clou.
Et comme souvent, ils ont perdu le fil au retour des vestiaires, et pendant quelques minutes qui ont suivi l’égalisation de Babel, on a cru revivre le match contre la Colombie en mars dernier, qui s’était terminé par une défaite aussi improbable que logique (2-3). Mais ces Bleus-là ont de la ressource, et ils l’ont prouvé une nouvelle fois, comme en finale contre la Croatie ou comme face à l’Australie et l’Argentine. Ça ne marchera sans doute pas à tous les coups, mais pour l’heure, c’est une très bonne chose.
Quels sont les joueurs en vue ?
Le duo Kanté-Pogba a été impérial au milieu, récupérant tous les ballons qui traînaient et orientant le jeu proprement. Paul Pogba a constamment cherché la profondeur, en particulier Griezmann, dont la prestation, au moins pendant la première période, a été à la hauteur de son talent. Sa précision sur coups de pied arrêtés, aussi bien les coups francs que les corners, est remarquable, et sa qualité de passe a fait merveille.
Derrière, Raphaël Varane n’a rien laissé à Memphis Depay, et si tous les défenseurs avaient été à son niveau, jamais les Néerlandais n’auraient eu la moindre chance de revenir au score. S’il a encaissé son premier but sur un tir de Babel à bout portant, Alphonse Areola, beaucoup moins sollicité qu’à Munich, a fait une bonne prestation, sortant dans les pieds adverses avec beaucoup d’autorité, et récupérant tous les ballons aériens.
Kylian Mbappé a joué un peu plus collectif que d’habitude, et si son premier tir au tout début du match est sorti près du poteau par Cilessen, il a le mérite de suivre le centre de Matuidi pour ouvrir le score. Sa percée à la 78e a été superbement contrée par Van Dijk.
Enfin, Olivier Giroud a eu le mérite de ne pas se décourager malgré une prestation décevante. Jusqu’au moment où, alors qu’il allait sortir, il dévie un très bon centre de Mendy pour inscrire le but de la victoire. Quel mental !
Quels sont les joueurs en retrait ?
Benjamin Pavard n’est pas dans la forme de sa vie. On l’a vu essayer de combiner avec Mbappé, sans grand succès, mais il a encore laissé des trous dans son couloir et il se fait passer devant par Babel pour l’égalisation hollandaise. Blaise Matuidi a été meilleur qu’à Munich, il offre même le premier but d’un centre tendu à Mbappé, mais il ne présente pas toutes les garanties, surtout quand les Bleus ont la maîtrise du jeu. Enfin, Samuel Umtiti a commis quelques erreurs de placement en deuxième période qui auraient pu coûter cher.
Auteur d’une rentrée intéressante offensivement, avec plusieurs centres dangereux, Benjamin Mendy a fait preuve de beaucoup de laxisme derrière. Le but de Babel est pour lui : Tete a eu tout le loisir de partir dans son dos et de centrer.
Quelles sont les attentes pour le prochain match ?
Maintenant que les flonflons sont terminés et que tous les champions du monde 2018 ont eu droit à leur tour d’honneur, il est temps de passer à la suite. Elle ne sera pas bien consistante, l’Islande qui a volé en éclat samedi en Suisse (0-6) n’ayant plus grand chose à voir avec celle qui avait atteint les quarts de finale de l’Euro 2016. Ce match champêtre à Guingamp le 11 octobre (merci Noël Le Graët) servira surtout à préparer le retour contre l’Allemagne, cinq jours plus tard à Saint-Denis.
On pourrait alors voir ce que Deschamps envisage pour 2019, à savoir la phase qualificative de l’Euro 2020 et, si tout se passe bien, pour la phase finale de la Ligue des Nations en juin. Le temps des choix pourrait arriver : faut-il garder Mandanda, Rami, Matuidi et Giroud ? La hiérarchie des latéraux peut-elle être bousculée ? Quel nouveau statut pour Areola ?