Quand Patrick Battiston et Bernard Zénier, tous deux Messins de 19 ans, font leurs débuts internationaux contre la RFA championne du monde en février 1977 (avec le gardien André Rey, lui aussi messin et débutant), Jean-François Domergue et Joël Bats sont loin, très loin l’équipe de France. Le premier ne compte que neuf matchs avec Bordeaux en première division, dont cinq comme remplaçant. Le second est le gardien du FC Sochaux (14 matchs depuis septembre 1976), où il alterne dans les buts avec Albert Rust, qui sera son remplaçant en Bleu à l’Euro et à la Coupe du monde 1986.
Battiston a attendu 1983
Pourtant, il n’est pas nécessaire de débuter tôt si l’on veut durer longtemps. Patrick Battiston sera le Bleu le plus capé de 1957, avec un total certes moyen (56) et un statut de titulaire plutôt tardif : lors de ses deux premières Coupes du monde, il ne débute que trois matchs sur dix (Argentine 1978, Angleterre et Autriche 1982) et passe sept minutes sur la pelouse contre l’Allemagne à Séville. Il faut attendre 1983 pour le voir s’imposer en défense après le départ de Gérard Janvion, et 1985 pour former la défense centrale de la Coupe du monde 1986 avec un autre ancien latéral, Maxime Bossis. Mais il décroche assez tôt (à 30 ans) en 1987, avant de revenir brièvement au début de 1989, rappelé par Platini. Il joue son dernier match contre la Yougoslavie au Parc, le jour des débuts de Didier Deschamps.
Zénier, Bleu à éclipses
Bernard Zénier suivra une trajectoire très différente avec seulement 5 sélections, mais étalées sur dix ans : après ses débuts en février 1977, il revient cinq ans plus tard, juste avant la Coupe du monde en Espagne, sans être retenu. Puis on le revoit une fois au printemps 1983, et encore une fois en octobre 1987, lors d’un match lugubre contre la RDA.
Entre les deux, on trouve le Nantais Bruno Baronchelli (6 sélections entre 1977 et 1981, mais contre l’Argentine à Buenos Aires, le Brésil au Parc où à Limassol contre Chypre), bloqué en Bleu par Dominique Rocheteau, le gardien stéphanois Jean Castaneda (titulaire lors du match pour la troisième place face à la Pologne en 1982) et le milieu lavallois Patrick Delamontagne, un chat noir pour les Bleus puisqu’il compte trois défaites en trois sélections (Brésil 1981, Pologne 1982 et Norvège 1987). Et donc Jean-François Domergue et Joël Bats.
Bats, le gardien que l’on attendait
Le dernier est arrivé en sélection sur le tard, à 27 ans en septembre 1983, et sa première sortie n’a pas été une réussite (1-3 à Copenhague face au Danemark). Mais Michel Hidalgo, qui cherchait un gardien indiscutable depuis 1976, a eu l’intuition de lui faire confiance, et il a très bien fait, puisqu’après un nul contre l’Espagne (1-1), Bats a enchaîné sept clean-sheets jusqu’à l’Euro, et encore 13 après. Quand il quitte la sélection fin 1989, il est le meilleur gardien de l’histoire des Bleus, et le plus capé (50 fois).
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L’histoire de Jean-François Domergue est encore plus originale. Il découvre les Bleus quelques semaines avant l’Euro et se fait une place dans la liste des 20, qui ne compte que six défenseurs. Et l’expulsion de Manuel Amoros contre le Danemark en ouverture du tournoi lui offre une place de titulaire, côté gauche. C’est beau, mais ce n’est pas fini : le jour de ses 27 ans, pour la demi-finale contre le Portugal, il signe un doublé et contribue largement à la qualification des Bleus pour la dernière marche.
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A l’Euro, le trio Bats-Battiston-Domergue est aligné quatre fois au coup d’envoi contre la Belgique, la Yougoslavie, le Portugal et l’Espagne. Ils auront du temps de jeu en commun contre l’Allemagne en avril 1984 et face à la Suisse en août 1986.
Les stats de la génération 1957
– Cumul de sélections : 138 (19,7 de moyenne par joueur).
– Record de sélections pour la génération : Patrick Battiston (56).
– Ephémères : aucun
– Record de buts pour la génération : Patrick Battiston (3).
– Début de la génération : 23 février 1977, Patrick Battiston et Bernard Zénier contre l’Allemagne.
– Fin de la génération : 18 novembre 1989, Joël Bats contre Chypre.
– Durée de la génération : 12 ans, 8 mois et 26 jours.
– Sélectionneurs de la génération : Michel Hidalgo (1977-1984), Henri Michel (1984-1988) et Michel Platini (1988-1989).
– Titres de la génération : championne d’Europe 1984 (Bats, Domergue, Battiston) et vainqueur de la Coupe intercontinentale 1985 (Bats, Domergue).