Histoire des France-Allemagne (3) : fin de série à l’extérieur

Publié le 18 septembre 2023 - Bruno Colombari

Troisième et dernière partie de la saga, qui commence par une victoire à Montpellier avec Blanc libéro et finit par une défaite à Dortmund en 2023. La première en Allemagne depuis 1987 !

Mise à jour d’un article initialement paru en février 2012.
6 minutes de lecture

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Où Laurent Blanc recule d’un cran

En février 1990, Platini est de retour, mais au poste de sélectionneur. Pas qualifiés pour le Mondiale italien, les Bleus reçoivent les futurs champions du monde à Montpellier, lesquels sont invaincus depuis l’été 1988. Le duo Papin-Cantona donnera la victoire aux Bleus (2-1) taillés pour jouer le contre avec trois milieux défensifs (Deschamps, Pardo et Garde). On remarquera l’entrée de Laurent Blanc en défense centrale à la place de Boli, une première pour le Montpelliérain. Cette défaite sera sans conséquence pour les Allemands, qui remporteront une troisième coupe du monde quatre mois plus tard en Italie.


 

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Où Jacquet prépare sa tactique de 1998

Le match suivant a lieu le 1er juin 1996 à Stuttgart, quelques jours avant l’Euro anglais. Les Bleus de Jacquet sont invaincus depuis deux ans et demi et comptent bien montrer aux Allemands qu’ils ont progressé. La composition de l’équipe est proche de celle de 1998, avec Lama à la place de Barthez, Di Méco plutôt que Lizarazu (qui entrera à l’heure de jeu) et Guérin au lieu de Petit, le tout disposé en 4-3-2-1 très prudent. Laurent Blanc marque l’unique but du match à la 6e, mais ce sont les Allemands, comme en 1990, qui seront couronnés à Londres. C’est la deuxième fois que les Bleus gagnent en Allemagne, la première datant de 1954.


 

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Où les Allemands ne voient que du bleu

Le 27 février 2001 à Saint-Denis, et sans doute pour la première fois de l’histoire, l’équipe d’Allemagne se déplace avec la crainte d’une lourde défaite. Champions du monde puis d’Europe, les Bleus semblent invincibles, emmenés par un Zidane étincelant, un Vieira monstrueux et les attaquants (Anelka, Wiltord, Henry ou Trezeguet) les plus dangereux d’Europe. Du coup, les Allemands sortent les bons gros tacles, tirages de maillot et autres tampons pour tenter de limiter les dégâts. Ils y parviennent, mais entre temps Zidane a ouvert le score d’une frappe violente du gauche après un contrôle de la cuisse (1-0).


 

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Où Henry et Trezeguet font les fous

Vient alors le 15 novembre 2003 et ce qui reste sans doute comme le match le plus réussi par l’équipe de France contre l’Allemagne depuis le 6-3 de 1958. A Gelsenkirchen, face aux vice-champions du monde qui préparent la prochaine édition à domicile, les Bleus de Jacques Santini réalisent une démonstration éblouissante malgré les absences de Barthez, Desailly et Vieira (remplacés par Coupet, Silvestre et Dacourt). Thuram est imprenable en défense centrale, et les quatre joueurs offensifs (Zidane, Pires, Henry et Trezeguet) vont dégoûter la défense allemande. Le score (3-0) paraît lourd, d’autant que l’Allemagne domine la première demi-heure et trouve la barre de Coupet, mais il aurait pu être plus élevé encore tant la domination française en seconde période est totale. Sur le banc allemand, Rüdi Völler est atterré.


 

Où l’on inaugure le 0-0

Le 12 novembre 2005 voit le seul France-Allemagne à s’être terminé sans but. Calée trois jours après un long déplacement à Fort-de-France (décalage horaire et gros écart de température), cette rencontre sans enjeu ne donne rien. Il faut dire qu’en l’absence de Vieira et de Zidane, le milieu ne ressemble à rien (Makelele, Sagnol, Dhorasoo, Malouda) et ne trouve pas le duo Trezeguet-Henry, alors que l’Allemagne gagne le combat physique avec un Michael Ballack très remonté. C’est donc un 0-0 sans grand enseignement, à deux cents jours de la coupe du monde, mais bien malin qui devinera qu’on vient de voir les futurs deuxième et troisième de l’épreuve.

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Où l’on se fait des politesses

Le 29 février 2012 à Brême, la jeune équipe de Laurent Blanc s’illustre au terme d’un match bien maîtrisé dans lequel Mathieu Debuchy, Olivier Giroud et Mathieu Valbuena se mettent particulièrement en évidence, alors que Morgan Amalfitano fait ses débuts qui n’auront aucune suite et que Franck Ribéry ne réussit rien de bon. Les Allemands s’en sortent plutôt honorablement avec un 1-2 presque flatteur, tant ils ont été secoués.


 

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Où l’on sait recevoir

Le 6 février 2013, ce sont les Bleus qui accueillent leurs voisins, et comme ils sont de gentils garçons, ils vont laisser la Mannschaft dominer la partie et gagner (2-1) pour la première fois depuis 1987. C’est même la première défaite contre l’Allemagne à domicile depuis... 1935 ! Mais l’essentiel n’est pas là. L’année 2013 commence mal, et cette défaite inattendue (malgré un but opportuniste de Valbuena de la tête) va en appeler d’autres, contre l’Espagne, l’Uruguay et le Brésil.


 

Où l’on rejoue Guadalajara à Rio

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Quand ils découvrent qu’ils vont croiser à nouveau la route des Allemands en quart de finale de la coupe du monde, les Bleus se fichent un peu des précédents de 1982 et 1986 : pour la plupart, ils n’étaient même pas nés. Mais l’obstacle va s’avérer trop haut pour la jeune équipe de Didier Deschamps, piégée en douze minutes et obligée de courir derrière le score en plein soleil, comme à Guadalajara. Les Bleus finissent même le match dans un 4-2-4 improbable qui n’aboutit à rien. La leçon sera-t-elle retenue ?


 

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Soir de drame à Paris

Ce France-Allemagne-là était une vraie affiche, entre le champion du monde en titre et le pays organisateur de l’Euro 2016. Et il a tenu ses promesses avec une jolie victoire 2-0 et une action de grande classe d’Anthony Martial, mais ce n’est pas ce qu’on retiendra de ce 13 novembre 2015, soir d’épouvante à Paris avec 130 victimes d’attentats terroristes.


 

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Revanche au Vélodrome

Entre une équipe de France laborieuse, hormis la première mi-temps contre l’Islande, et une Allemagne conquérante, il ne devait pas y avoir photo à Marseille pour la demi-finale de l’Euro 2016. Mais une résistance acharnée en première mi-temps et une main providentielle de Bastian Schweinsteiger juste avant la pause, ajoutée à la sortie sur blessure de Jerome Boateng, ont prouvé que ce soir-là rien ne pouvait atteindre les Bleus. Le deuxième but de Griezmann, sur une nouvelle série d’erreurs défensives, scelle le résultat. La chance, la barre, Lloris et la fébrilité allemande font le reste, ponctué par un joli clapping à l’islandaise au pied du virage nord. Et voilà la première fois de l’histoire que l’équipe de France élimine l’Allemagne en compétition !


 

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Lacazette y a pourtant cru

Quand ils se retrouvent seize mois plus tard à Cologne pour un amical de fin d’année, Français et Allemands ne se doutent pas que le match sera vivant et animé jusqu’au bout. Avec une attaque Mbappé-Lacazette-Martial, devant un milieu Tolisso-Rabiot-Matuidi, les Bleus mettent le feu dans la défense allemande et mènent 1-0 puis 2-1 sur des actions initiées par Martial et Mbappé et terminées par Lacazette, qui pense avoir gagné sa place pour la Russie ce soir-là. Les Allemands sont tout heureux de finir à 2-2 sur une faute d’inattention de la défense française et laissent voir des lacunes qui leur coûteront cher à l’heure de défendre leur titre mondial.


 

Le grand soir d’Aréola

Pour son premier match en Ligue des Nations en septembre 2018, l’équipe de France étrenne son maillot avec deux étoiles et le badge de champion du monde par un grosse affiche à Munich contre l’Allemagne. S’il n’y a pas de but (0-0), c’est moins la faute des attaquants que des gardiens, Manuel Neuer d’un côté, Alphonse Aréola de l’autre. Le Parisien étrenne sa première sélection avec six arrêts dont certains spectaculaires. A ce moment-là, on se dit que la place de numéro 2 de Mandanda est en grand danger, et qu’Aréola a les moyens de concurrencer Buffon dans la cage parisienne. La suite sera bien différente.


 

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Encore un doublé de Griezmann

Un mois plus tard, les deux équipes se retrouvent à Saint-Denis, toujours dans le cadre des qualifications pour la première Ligue des Nations. Les Bleus, qui alignent dix finalistes de Moscou plus Kimpembe sanctionné d’une main entraînant un pénalty de Tony Kroos, se font chahuter en première mi-temps. Mais ils l’emportent sur le même score que face aux Pays-Bas en septembre (2-1) grâce à l’égalisation de la tête d’Antoine Griezmann, servi par Lucas Hernandez, et un nouveau pénalty de l’attaquant de l’Atlético, comme à Marseille en 2016. La faute de Hummels sur Matuidi est tout sauf évidente...


 

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Et toujours Hummels, dans l’autre sens

Décalé d’un an pour cause de pandémie, l’Euro 2020 commence pour les Bleus à Munich contre l’Allemagne. Autant dire qu’il n’y aura pas de round d’observation entre deux des favoris du tournoi. Le match est fermé, mais les Bleus s’en fichent car ils mènent très vite au score. Sur un centre puissant de Lucas Hernandez, Hummels pressé par Mbappé catapulte le ballon dans la cage de Neuer. C’est un peu le pendant du début de match de Rio en 2014, où le même Hummels avait marqué d’entrée le seul but du match. Le 0-1 final est même flatteur pour les Allemands, car Rabiot a trouvé le poteau, et deux buts français ont été refusés pour hors jeu à Mbappé puis Benzema.


 

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Rudi Völler, retour vainqueur

Rarement avant ce premier match amical post-Coupe du monde, les Bleus n’avaient été à ce point favoris. Un bilan irréprochable côté français (5 victoires en 5 matchs, aucun but encaissé) et calamiteux côté allemand (quatre défaites, un nul et une seule victoire en 2023) laissait attendre une facile victoire tricolore. Contre la Mannschaft, c’est rarement une bonne idée, d’autant que la DFB a réagi très vite après la claque administrée par le Japon (1-4 le 9 septembre) et viré Hansi Flick pour le remplacer par Rudi Völler. Et ça n’a pas raté : ouverture du score très précoce par Thomas Müller, résistance acharnée face à des Bleus pas du tout inspirés, deuxième but en contre de Leroy Sané en fin de match, avant une réaction beaucoup trop tardive via un pénalty de Griezmann (1-2). A neuf mois de l’Euro, l’Allemagne a retrouvé le sourire. Et a enfin battu les Bleus à domicile, pour la première fois depuis août 1987, avec un doublé de Völler.


 

Les 15 matchs entre 1990 et 2023

# Genre date lieu adversaire scorebuteurs
901 Amical 12/09/2023 Dortmund Allemagne 1-2 Griezmann
870 Euro T1 15/06/2021 Munich Allemagne 1-0 Hummels csc
843 qLN 16/10/2018 Saint-Denis Allemagne 2-1 Griezmann 2
840 qLN 06/09/2018 Munich Allemagne 0-0
827 Amical 14/11/2017 Cologne Allemagne 2-2 Lacazette 2
809 Euro 1/2 07/07/2016 Marseille Allemagne 2-0 Griezmann 2
798 Amical 13/11/2015 Saint-Denis Allemagne 2-0 Giroud, Gignac
783 CM 1/4 04/07/2014 Rio de Janeiro* Allemagne 0-1
763 Amical 06/02/2013 Saint-Denis Allemagne 1-2 Valbuena
749 Amical 29/02/2012 Brême Allemagne 2-1 Giroud, Malouda
667 Amical 12/11/2005 Saint-Denis Allemagne 0-0
641 Amical 15/11/2003 Gelsenkirchen Allemagne 3-0 Henry, Trezeguet 2
602 Amical 27/02/2001 Saint-Denis Allemagne 1-0 Zidane
538 Amical 01/06/1996 Stuttgart Allemagne 1-0 Blanc
486 Amical 28/02/1990 Montpellier Allemagne 2-1 Papin, Cantona

Contre la RDA, ça ne rigolait pas

En novembre 1987, toujours à Leipzig, les Bleus font un tout petit peu mieux (0-0), mais ils perdent le match retour en novembre 1987 alors qu’ils sont déjà éliminés de l’Euro (0-1 au Parc). Enfin, ils gagnent facilement un des tout derniers matches de l’histoire de la RDA en janvier 1990 au Koweït (3-0).

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Hommage à Pierre Cazal