L’histoire des France-Allemagne a quatre-vingts ans, mais il faut la découper en trois périodes distinctes. La première va de 1931 à 1937, époque où l’Allemagne était encore unie. Après guerre, la République fédérale allemande (RFA) aligne une sélection dès 1949, mais ne peut participer à la coupe du monde 1950. Cette sélection jouera jusqu’en 1990. A partir d’octobre de cette année, et la réunification de l’Allemagne, la sélection englobera les joueurs de l’Est comme de l’Ouest.
La première partie de l’histoire des France-Allemagne couvre la période qui va de 1931 à 1968, et qui représente onze des trente confrontations de l’histoire.
Au Parc, salut nazi contre Marseillaise
Il aura donc fallu attendre le 15 mars 1931 pour assister au premier France-Allemagne de l’histoire, alors qu’une sélection allemande existait depuis 1908. Ce premier match, disputé à Colombes, a été suivi par 15 000 Allemands (et par 25000 Français) et s’est joué dans un très bon état d’esprit, alors que la crise économique va provoquer l’effondrement de la république de Weimar. Les Bleus l’emportent (1-0) sur un coup de chance, l’arrière Münzenberg détournant dans ses buts une passe d’Edmond Delfour.
Deux ans plus tard, le 19 mars 1933, Adolf Hitler vient d’accéder au pouvoir et les Nazis sont majoritaires au Reichtag. A Berlin, les Bleus font mieux que se défendre, ouvrent le score par Roger Rio, encaissent trois buts mais reviennent au courage par un doublé en deux minutes du Montpelliérain René Gérard, qui n’avait pas encore 19 ans (3-3).
En 1935, ce sont les Allemands qui se déplacent au Parc des Princes dans une ambiance détestable : aux supporters français qui entonnent la Marseillaise, les Allemands font le salut nazi. Sur le terrain, les Bleus n’y sont pas et sont rapidement menés au score, d’autant que l’ailier droit Aimé Nuic se blesse et laisse la place à l’avant-centre Jean Sécember. A 0-2, les Français réagissent enfin grâce à un but de Duhart, mais malgré une grosse domination dans la dernière demi-heure, ils se font prendre en contre et subissent leur première défaite (1-3).
Deux ans plus tard, le stade Adolf-Hitler de Stuttgart est rempli de SS et les Bleus (qui alignent le défenseur noir Raoul Diagne) n’ont pas de chance : ils trouvent deux fois le poteau alors que les Allemands jouent en contre et ne laissent passer aucune occasion (0-4). Le score, lourd, ne reflète pas la physionomie du match. Mais le réalisme allemand se fait à nouveau sentir.
Où les Bleus sont meilleurs que les champions du monde
Il faudra attendre quinze ans avant de voir un nouveau match entre les deux voisins rhénans. Le 5 octobre 1952 à Colombes, ce n’est d’ailleurs plus la sélection allemande mais l’équipe de la RFA que les Bleus accueillent. Et ils l’emportent (3-1) avec plusieurs nouveaux, dont Joseph Ujlaki, Armand Penverne et un certain Raymond Kopa.