Histoire des France-Allemagne (2) : distribution de claques

Publié le 11 février 2012 - Bruno Colombari

La deuxième partie de cette rétrospective couvre la période 1973-1987, celle où la domination de l’Allemagne est la plus forte, avec les deux victoires en demi-finale de coupe du monde et une déculottée à Hanovre.

4 minutes de lecture

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Où Marius Trésor monte et marque

Demi-finaliste de la coupe du monde 1970, champion d’Europe 1972, l’Allemagne est désormais l’une des meilleures sélections mondiales. La jeune équipe de France prise en charge par Stefan Kovacs semble encore un peu tendre en octobre 1973 à Gelsenkirchen, même si le sélectionneur roumain, fort de son expérience à l’Ajax d’Amsterdam, lui inculque les principes du football total. On voit ainsi les défenseurs centraux, Jean-Pierre Adams et Marius Trésor, participer à des attaques, le dernier réduisant ainsi le score en fin de match. Un peu tard, le buteur Gerd Müller ayant trompé Baratelli deux fois en cinq minutes


 

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Où Rouyer n’a pas de problème d’élocution

En mars 1977, avant de venir au Parc des Princes défier l’équipe de Michel Hidalgo, la RFA a encore pris de l’épaisseur avec son titre mondial de 1974 et son ossature du Bayern Münich, triple champion d’Europe. Elle est invaincue depuis bientôt deux ans, et n’a perdu la finale de la coupe d’Europe des Nations qu’aux tirs au but. Platini est aligné au milieu avec les deux Stéphanois Bathenay et Synaeghel, derrière une ligne d’attaque Rouyer-Lacombe-Amisse. Le gardien messin André Rey est titulaire pour la première fois, alors que le Nantais Patrice Rio joue avec un masque protecteur sur son nez cassé. Côté Allemand, Gerd Müller n’est plus là, et c’est un soulagement : les attaques sont beaucoup moins dangereuses. C’est Olivier Rouyer qui marquera l’unique but du match d’une reprise en cloche dans la lucarne de Sepp Maier. La dernière victoire française contre la RFA datait de 1958 à Göteborg.


 

Où Derwall se moque de Platini

En novembre 1980, l’écart semble encore considérable entre une RFA championne d’Europe à Rome et qui compte de nouveaux joueurs talentueux comme le gardien Harald Schumacher, les défenseurs Manfred Kaltz, Karl-Heinz Förster et Bernd Schuster et deux forces de la nature, le milieu Hans-Peter Briegel et l’attaquand Horst Hrubesch. Les Bleus ne sont pas ridicules, loin de là, avec leur milieu Tigana-Larios-Platini, mais Léonard Specht est dépassé en défense par Hrubesch, et les percées plein axe de Briegel ainsi que les centres de Kaltz font très mal à l’équipe de France. Le score est lourd (1-4) et feront dire à Derwall, l’entraîneur allemand, que Platini est comme un général qui regarde ses troupes de loin, à la jumelle. Le général en question se vengera quelques jours plus tard à Hambourg, où Saint-Etienne emporte une victoire retentissante (5-0).


 

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Où les Bleus grimpent sur les épaules des géants

Quand ils croisent la route des Allemands en demi-finale de la coupe du monde 1982, le 8 juillet à Séville, les Bleus sont partagés entre deux sentiments : l’appréhension d’affronter un monstre de compétition contre lequel ils restent sur une défaite cinglante, et la confiance née d’un second tour lumineux qui les place sur une trajectoire ascendante, alors que les Allemands n’ont rien montré depuis le début du Mundial.

On ne va pas raconter à nouveau ce qui reste comme l’un des cinq ou six plus grands matches de l’histoire de la coupe du monde, puisqu’on l’a déjà fait ici (8 juillet 1982 : RFA-France). On retiendra seulement que pour la première fois de son histoire, l’équipe de France a frôlé l’accession à une finale mondiale en menant par deux buts d’avance à onze minutes de la fin de la prolongation. Et que la victoire allemande, paradoxalement, marque le début du déclin de la NationalMannschaft, qui paiera très cher la débauche d’efforts consentis à Séville et qui mettront huit ans avant de gagner un nouveau titre.

Revivre le match en lisant l’article 8 juillet 1982 : RFA-France

Où les gauchers sont adroits

Les deux protagonistes se retrouvent à quelques kilomètres de la frontière, au stade de la Meinau à Strasbourg le 18 avril 1984. En pleine préparation de l’Euro, l’équipe de France (qui vient de battre l’Angleterre) cherche à s’étalonner face à un des favoris de la compétition. Mais Tigana, Giresse et Platini sont absents, tout comme Stielike et Schuster. Les Bleus alignent un milieu Fernandez-Genghini-Bravo et une attaque Bellone-Rocheteau-Six. Ils réussissent un grand match et pourraient marquer plusieurs buts sans un excellent Schumacher. C’est finalement un duo de gauchers qui va débloquer la situation, Didier Six centrant du droit pour Bernard Genghini qui marque de près, du droit lui aussi.


 

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Où Völler enfonce le clou

Après le titre de champion d’Europe, la France est favorite pour le Mundial 1986, avec le secret espoir de croiser la route de la RFA et lui faire payer la défaite de Séville. Les Bleus seront exaucés, mais la revanche arrive trop tard, après trois matches éprouvants contre l’URSS au premier tour, l’Italie en huitièmes et le Brésil en quarts. Epuisés physiquement et nerveusement, les joueurs d’Henri Michel ne peuvent plus compter sur un Platini qui joue sous infiltration et sur un Giresse carbonisé. Ils sont donc logiquement battus par une équipe opportuniste sans grand talent qui bénéficie d’un coup franc généreux transformé par Brehme (9e, trajectoire mal évaluée par Bats) et d’un contre tardif de Völler (90e) alors que les Bleus ont vendangé une demi-douzaine d’occasions franches (dont deux pour Bossis et une pour Battiston, seul devant Schumacher). C’est à ce jour le troisième France-Allemagne en compétition.

Revivre le match en lisant l’article 25 juin 1986 : RFA-France


 

Où Cantona se fait déjà remarquer

En août 1987, à Berlin, tout a changé. L’équipe de France est largement renouvelée (hormis la défense), et sort d’une saison très médiocre qui compromet déjà la qualification à l’Euro 88. Luis Fernandez est orphelin du carré magique qu’ont déserté Giresse, Tigana et Platini. Gérald Passi et Eric Cantona, qui fait ses débuts, semblent encore bien tendres dans un 4-4-2 sans meneur de jeu. En face, Schumacher n’est plus là, mais Matthaüs, Brehme, Allofs et Völler s’amusent bien. Le début de match est une catastrophe : Völler marque deux fois en neuf minutes face à un Joël Bats en perdition et un troisième but est refusé à Buchwald par erreur. Cantona réduira le score à la mi-temps en profitant d’une bourde de Herget et Buchwald, et Martini remplacera Bats, KO après avoir pris un ballon en plein visage à cinq minutes de la fin. Les Bleus ne retrouveront le stade olympique de Berlin (rénové) que 19 ans plus tard.


 

Les 8 matchs entre 1968 et 1987

# Genre date lieu adversaire scorebuteurs
464 Amical 12/08/1987 Berlin Allemagne 1-2 Cantona
456* CM 25/06/1986 Guadalajara* Allemagne 0-2
443 Amical 18/04/1984 Strasbourg Allemagne 1-0 Genghini
419* CM 1/2 08/07/1982 Séville* Allemagne 3-3

4-5 tab

Platini, Trésor, Giresse
400 Amical 19/11/1980 Hanovre Allemagne 1-4 Larios
371 Amical 23/02/1977 Paris (Parc) Allemagne 1-0 Rouyer
351 Amical 19/10/1973 Gelsenkirchen Allemagne 1-2 Trésor
316 Amical 25/09/1968 Marseille Allemagne 1-1 Bosquier

N’oublions pas la RDA

JPEG - 10.3 kioEn 1952, la sélection d’Allemagne de l’Est est affilié à la FIFA, un an après une première demande. Il faudra cependant attendre le 16 novembre 1974 pour voir l’équipe de France jouer contre la RDA. Pas de chance, c’est la meilleure période de la sélection est-allemande, cinq mois après la participation de celle-ci à la coupe du monde et sa victoire historique contre la RFA. La qualification pour la coupe d’Europe des Nations est compromise par un match nul au Parc (2-2) et consommée un an plus tard avec une défaite à Leipzig (1-2).

Quand ils retrouvent l’Allemagne de l’Est, les Bleus sont champions d’Europe. En décembre 1984, la première victoire de l’histoire (2-0, buts de Stopyra et d’Anziani) conclut brillamment une année parfaite où les Bleus ont tout gagné. Dix mois plus tard, le retour est nettement moins bon, avec une défaite à Leipzig (0-2) qui menacent la qualification pour le Mundial mexicain.

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Hommage à Pierre Cazal