L’an dernier à la même époque, Kylian Mbappé comptait 10 sélections et un but marqué (contre les Pays-Bas en août). Il était encore un jeune attaquant prodige en devenir qui avait gagné une place de titulaire en sélection avant même ses 19 ans.
Un an plus tard, le voilà champion du monde, riche de 28 capes (ce qui le place au 109e rang du classement des joueurs, juste derrière Mandanda et ses dix ans de carrière internationale) et auteur de 10 buts, dont 9 inscrits en 2018. Il est donc le meilleur buteur des Bleus cette année devant Antoine Griezmann (7, dont 5 pénaltys), Olivier Giroud (4), Paul Pogba et Samuel Umtiti (2), Ousmane Dembélé, Nabil Fekir, Thomas Lemar, Benjamin Pavard et Raphaël Varane (1). Il faut aussi ajouter trois buts contre leur camp inscrits par l’Australien Aziz Behich, le Croate Mario Mandzukic et l’Islandais Hólmar Eyjólfsson.
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Neuf buts en un an, c’est un total supérieur à ceux d’Olivier Giroud en 2017 et 2016 (8), équivalent à David Trezeguet en 2000 et seulement inférieur à Thierry Henry en 2003 (11), Jean Nicolas en 1934 (12), Michel Platini en 1984 (13) et bien sûr l’inaccessible Just Fontaine en 1958 (18). Et tout ça, rappelons-le, engrangé par Mbappé dans sa vingtième année.
Avant de revoir chacun de ses buts en vidéo, je vous propose de décortiquer leur zone de frappe, leur destination et leur minutage.
Dix fois remplacé, deux fois remplaçant, six matchs entiers
S’il a participé à toutes les rencontres de 2018 sans exception, Mbappé en a joué 6 du début à la fin, a été remplacé 10 fois (presque toujours dans le dernier quart d’heure, et cinq fois dans les cinq dernières minutes) et n’est entré en jeu que deux fois (contre le Danemark et l’Islande).
On le voit, les deux tiers de ses buts ont été inscrits après la pause, et un seul dans le premier quart d’heure. Sur le schéma ci-dessous, ses deux périodes préférentielles sont encore plus évidentes : juste après l’heure de jeu et dans les douze dernières minutes. En gris sont représentés ses buts non décisifs (le quatrième contre la Croatie et le troisième face à la Russie), et en bleu tous ceux qui ont été déterminants pour le résultat : soit qu’ils aient permis la victoire (Pays-Bas, Pérou, Russie, Argentine) soit qu’ils aient arraché le match nul (Etats-Unis, Islande). Les numéros font référence à l’ordre chronologique des buts : Russie (1 et 2), Etats-Unis (3), Pérou (4), Argentine (5 et 6), Croatie (7), Pays-Bas (8) et Islande (9).
Des buts marqués à l’intérieur de la surface, du droit…
Si on s’intéresse maintenant à la zone du terrain d’où Mbappé frappe quand il marque, on constate qu’elle est presque toujours dans la surface (l’exception qui confirme la règle est son tir de 25 mètres contre la Croatie) et circonscrite à peu près dans un cercle de 20 mètres de diamètre (un peu plus grand que le rond central) décalé sur la gauche de la cage. Deux de ses buts ont été marqués tout près de la ligne (contre le Pérou et les Pays-Bas), deux autres à peu près dans l’axe, entre 8 et 11 mètres (Etats-Unis et Islande) et deux depuis l’angle gauche de la surface des 5,50 mètres, contre la Russie et l’Argentine. Ce dernier but (en gris sur le schéma ci-dessous) est d’ailleurs le seul du gauche, aucun n’ayant été inscrit de la tête.
Le premier de la série, contre la Russie et le sixième face à l’Argentine ont été marqués à mi-distance, environ 16 mètres légèrement décalés à gauche et à droite de la cage.
... et à ras de terre, côté gauche
Enfin, quand on regarde la zone de destination de ces neuf tirs victorieux, il est frappant de constater que presque tous (8 sur 9) sont placés à moins d’un mètre du sol, et la très grande majorité (7) côté gauche).
Je n’inclus pas dans cette étude son premier but inscrit en août 2017 contre les Pays-Bas, mais il confirmerait exactement la tendance : sa frappe de huit mètres du droit rentre au milieu de la cage, presque à ras du sol. Sur ses dix buts en sélection, le tir légèrement enlevé est le pénalty contre l’Islande, et encore, il est tiré à mi-hauteur. Et c’est le seul marqué sur coup de pied arrêté, tous les autres ayant été inscrits en mouvement.
Il est clair qu’en équipe de France, Mbappé (qui par ailleurs se procure beaucoup d’occasions, quand il ne provoque pas des pénaltys comme contre l’Argentine) peut encore progresser devant le but : en tirant des coups de pied arrêtés, en tentant des frappes du gauche et en améliorant son jeu de tête (quasiment jamais utilisé).
Comme promis, voici maintenant les neuf buts de Mbappé en équipe de France en 2018.
1. Le 27 mars 2018 à Saint-Petersbourg : Russie 1-0, 40e
2. Le 27 mars 2018 à Saint-Petersbourg : Russie 3-1, 82e
3. Le 9 juin 2018 à Lyon : Etats-Unis 1-1, 78e
4. Le 21 juin 2018 à Iékaterinbourg : Pérou 1-0, 34e
5. le 30 juin 2018 à Kazan : Argentine 3-2, 64e
6. Le 30 juin 2018 à Kazan : Argentine 4-2, 68e
7. Le 15 juillet 2018 à Moscou : Croatie 4-1, 65e
8. Le 9 septembre 2018 à Saint-Denis, Pays-Bas 1-0, 14e
9. Le 11 octobre 2018 à Guingamp : Islande 2-2, 90e
Pour terminer : comment marquer neuf buts... en quinze jours ?
On se souvient que le dernier joueur français à avoir inscrit plus de buts qu’il n’y a de mois dans l’année (13), en avait inscrit neuf en seulement quinze jours. Et qu’il était capable d’enchaîner deux triplés consécutifs en marquant à chaque fois du gauche, de la tête et du droit. Dont une fois sur coup franc et une autre sur pénalty, histoire d’être complet. Il ne manquait qu’un corner direct et un ciseau retourné... C’était Michel Platini, en 1984. Et c’était dans les temps de passage de Just Fontaine en juin 1958 en Suède (13 buts en 20 jours et en six matchs, dont 9 en 16 jours sur les cinq premiers).