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Lire l’article Les Bleus de l’UIAFA
L’UIAFA, Union Internationale Amateur de Football Association, voit le jour en décembre 1908. La création de cette fédération résulte des tensions opposant les défenseurs de l’amateurisme pur et dur aux professionnels anglais. Depuis 1885, la FA (Football Association) organise un championnat professionnel, et gère donc à la fois des joueurs dont le football est le métier mais aussi des amateurs. Cependant, en 1906 une opposition apparaît, reprochant à la FA de ne pas assez tenir compte des valeurs de l’amateurisme, qui débouche un an plus tard sur la création d’une fédération anglaise dissidente, l’AFA (Amateur Football Association).
Amateurs dissidents
Cette nouvelle fédération, qui ne compte que quelques centaines de clubs affiliés contre des milliers pour la Football Association, n’a pas la possibilité de disputer de rencontres internationales, puisque la FIFA ne reconnait qu’une fédération par pays et que la FA représente l’Angleterre depuis 1906 au niveau international. Le discours des amateurs dissidents anglais trouve toutefois une oreille attentive en France.
L’organisme représentatif de la France, l’USFSA (Union des Sociétés Françaises de Sports Athlétiques), décide de s’allier à l’AFA et quitte la FIFA en décembre 1908, faute d’avoir pu y faire adhérer l’AFA. L’Union est remplacée par le CFI (Comité Français Interfédéral) au sein de la FIFA en juin 1909 et les équipes de l’USFSA se retrouvent privées de rencontres internationales, exception faite de celles que peuvent leur proposer les amateurs anglais.
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L’Auto du 19 mars 1909, article de Robert Desmarets (BNF, Gallica)
Cette exclusion va peser lourd dans la vie des clubs de l’Union, qui vont longtemps réclamer à la Commission de Football de l’Union un retour dans les instances internationales. Devant le refus de celle-ci, qui a tendance à minimiser le problème, certains clubs vont quitter l’Union en 1910 pour créer une organisation dédiée au football, la LFA (Ligue de Football Association), qui s’empresse d’adhérer au CFI et de retrouver le plaisir (et les recettes) des joutes internationales. Les récriminations se faisant de plus en plus insistances, l’USFSA finit par céder et demande son adhésion au CFI en janvier 1913.
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L’Auto du 15 mars 1910, article de Robert Desmarets (BNF, Gallica)
L’équipe de France, version UIAFA
Les rencontres que les clubs français disputent contre des équipes étrangères sont l’occasion de jauger le niveau (souvent bien faible) de nos équipes mais aussi de récolter des recettes plus importantes que lors des matchs des compétitions nationales. L’équipe de France joue le même rôle et l’USFSA aligne au cours de ces années de crise sept fois son équipe fanion. Les résultats, à l’image de ceux obtenus entre 1904 et 1908 lorsque l’Union était affiliée à la FIFA, sont médiocres. Les Bleus n’obtiennent qu’une victoire (contre la Catalogne) en sept oppositions.
Il y a peu de choses à retenir de ces rencontres qu’on ne sache déjà. Les Anglais jouent à un tout autre niveau (quatre victoires en quatre matchs) et les Français sont aussi loin des autres nations, comme la Bohème. La seule solution pour obtenir des résultats semble d’être d’affronter de toutes petites équipes (la Catalogne). Et encore, lors de la seconde rencontre contre cette équipe, l’USFSA montre son incompétence en envoyant une équipe de novices pour limiter, semble-t-il, les frais puisque le match se déroule à Barcelone, ce qui débouche sur une nouvelle défaite.
L’équipe de France de l’USFSA ne joue que sept matchs entre 1909 et 1912, quand, sur la même période l’équipe de France officielle en dispute 15 avec des résultats relativement meilleurs (une victoire et six défaites pour l’équipe gérée par l’USFSA, contre trois victoires, deux nuls et 10 défaites pour la sélection officielle). Mais surtout, l’équipe dissidente n’est opposée qu’à trois adversaires (Angleterre, Bohème, Catalogne) quand l’équipe reconnue par la FIFA s’oppose à de multiples nations (Belgique, Angleterre, Italie, Hongrie, Suisse et Luxembourg).
On peut tout de même noter, qu’au printemps 1911, l’USFSA et l’UIAFA organisent un grand tournoi européen dans le cadre de l’Exposition de Roubaix. Si la France n’y brille pas (élimination en demi-finale face à la Bohème), il s’agit toute de même de la première compétition de football européenne organisée par une fédération purement dédiée au football.
France - Angleterre 0-8
18 mars 1909, Stade du Matin (Colombes), 15 heures
Prix des places - Premières : 3 francs, Secondes : 2 francs, Pelouse : 1 franc
3000 spectateurs (recette 2066 francs )
Arbitre : M. French
Buts : Day, Day, Brisley, Young, Brisley (1ère mi-temps), Day, Day et Brisley (2e mi-temps) pour l’Angleterre
FRANCE : Baton (Olympique Lillois) – Verlet (Cercle Athlétique Paris), Guilbert (Stade Toulousain) – Grandjean (Association Sportive Française), Barreau (Club Français), Nicolaï (Stade Français) –Eucher (Association Sportive Française), Mesnier (Cercle Athlétique Paris), Royet (Stade Français), Cyprès (Club Athlétique Paris, capitaine), Camard (Association Sportive Française)
Angleterre - France 20-0
12 mars 1910, Ipswich
25 000 spectateurs
Buts : Day 5, 10, 37, 47, 48, 50, 59, 66, 68, 69 et 78, Gardner 8, Bache 17, 41, 53, 73 et 84, Maples 58, 64 et 64’30 pour l’Angleterre
FRANCE : Tilliette (Union Sportive de Boulogne) - Hanot (Union Sportive Tourquennoise), Bilot Charles (Cercle Athlétique Paris) - Six (Havre Athlétique Club), Denis (Union Sportive Tourquennoise), Nicolaï (Stade Français) - Eucher (Association Sportive Française), Royet (Stade Français, capitaine), Chandezon (Association Sportive Française), Bon (Union Sportive de Boulogne), Filez (Union Sportive Tourquennoise)
France - Angleterre 1-3
23 mars 1911, 13 heures 30, au Vélodrome du Parc des Princes
Arbitre : Mr Collier
Prix des places : 5 francs en pesage, 3 francs en secondes et 1 franc en populaires
8000 spectateurs
Buts : Brisley (1-0, 1ère mi-temps), Gardner (2-1, 2e mi-temps) et Bache (3-1, 2e mi-temps) pour l’Angleterre, Eloy (1-1, 2e mi-temps) pour la France
FRANCE : De Gastyne (Racing Club de France) – Schalbart (Union Sportive de Clichy), Rouxel (Club Français) – Nicol (Racing Club de France, capitaine), Denis (Club Athlétique de la Société Générale), Rémy (Association Sportive Française) – Sartorius (Racing Club de Roubaix), Jacolliot (Association Sportive Française), Eloy (Olympique Lillois), Chandelier (Olympique Lillois) Bacrot (Olympique Lillois)
France - Bohème 1-4
28 mai 1911, Stadium de l’Exposition de Roubaix, 16 heures 30
Arbitre : Mr Gardner (AFA)
Prix des places : ordinaire (4 000 spectateurs)
Buts : Belka (15e), Kosek, Belka, Medek pour la Bohème, Chandelier pour la France
De Gastyne (Racing Club de France) – Rouxel (Club Français), Schalbart (Union Sportive de Clichy) – Rémy (Association Sportive Française), Gaudin (Stade Toulousain), Nicol (Racing Club de France, capitaine) – Bacrot (Olympique Lillois), Chandelier (Olympique Lillois), Dubly (Racing Club de Roubaix), Eloy (Olympique Lillois), Voyeux (Olympique Lillois)
1912 Angleterre - France 7-1
1er janvier 1912, Tuffnell Park (Londres)
Un nombreux public
But Dodd (5e, 1-0), H. Farnfield (2-0, 1ère mi-temps), V. Farnfield (3-0, 1ère mi-temps), Brisley (4-1, 2e mi-temps), Yates (5-1, 2e mi-temps), Yates (6-1, 2e mi-temps) et H. Fernfield (7-1, 2e mi-temps) pour l’Angleterre, Eloy (3-1, 2e mi-temps) pour la France
FRANCE : De Gastyne (Racing Club de France) - Mathieu (Club Athlétique de la Société Générale), Schalbart (Union Sportive de Clichy) - Nicol (Racing Club de France, capitaine), Denis (Club Athlétique de la Société Générale), Montreuil (Football Club de Rouen) - Voyeux (Olympique Lillois), Jacolliot (Association Sportive Française), Bard (Racing Club de France), Eloy (Olympique Lillois), Bacrot (Olympique Lillois)
France - Catalogne 7-0
20 février 1912, Stade du Matin (Colombes)
Spectateurs : 1200 (recette 956 francs)
But : Bagnol (1ère mi-temps), Voyeux (1ère mi-temps), Trousselet (1ère mi-temps), Barcot (2e mi-temps), Trousselet (2e mi-temps), Barcot (2e mi-temps) et Bagnol (2e mi-temps)
FRANCE : De Gastyne (Racing Club de France) - Sergent (Stade Raphaëlois), Schalbart (Union Sportive de Clichy) - Denis (Club Athlétique de la Société Générale), Nicol (Racing Club de France, capitaine), Rémy (129e d’infanterie) - Bacrot (Olympique Lillois), Bagnol (Paris Université Club), Bard (Racing Club de France), Trousselier (Club Athlétique de la Société Générale), Voyeux (Olympique Lillois)
Catalogne-France 1-0
1er décembre 1912, Barcelone
FRANCE : Houblain (14 Club Athlétique XIV) – Ger (Stade Raphaëlois), Ménard (Stade Raphaëlois, capitaine) – Hauret (Stade Bordelais Université Club), Mayault (Association Sportive Française), Gros (Stade Toulousain) – Agostini (Paris Université Club), Perroud (Olympique Cette), Tourneux (Stade Toulousain), Guéguen (Union Sportive Suisse), Lasalle (Stade Bordelais Université Club)