Le résultat était-il prévisible ?
Un match nul était suffisant pour offrir aux Bleus la qualification pour les huitièmes de finale et la première place du groupe, nécessaire pour éviter l’Argentine lundi prochain. On pensait tout de même que, sans se balader dans les mêmes proportions que face à la Suisse ou au Honduras, l’équipe de France avait les moyens de gagner ce match par un score serré. Mais pour ça, il aurait fallu trouver au moins une fois une brèche dans une défense adverse qui a rappelé furieusement celle du Paraguay en 1998, gardien imbattable inclus. La supériorité numérique des Bleus n’a finalement servi à rien, l’Equateur ne prenant pas de risques offensifs pour tenter de se qualifier, hormis dans les dernières minutes. Au final, ce 0-0 chloroformé classique au premier tour mais qui arrive cette fois à la troisième journée est une déception tant il fait tâche après le festival offensif des trois derniers matches (et ses seize buts). Mais on l’oubliera vite si l’équipe de France retrouve son inspiration lundi. Et les Bleus pourront espérer revenir au Maracana le 4 juillet (contre l’Allemagne ?) voire, pourquoi pas, le 13 (face à l’Argentine ou aux Pays-Bas ?).
L’équipe est-elle en progrès ?
On ne peut pas le savoir, puisqu’il y a eu six changements par rapport à celle qui a joué la Suisse. Avec un tel brassage de joueurs, il fallait s’attendre à ce que les automatismes trouvés depuis six mois entre les trois milieux de terrain, les arrières latéraux et les trois joueurs offensifs s’évaporent dans un jeu plus lent, plus stéréotypé et moins efficace. C’est ce qui s’est passé, mais les remplaçants ont certainement manqué une bonne occasion de prouver qu’ils avaient leur place au coup d’envoi dans cette équipe. Le groupe formé par Didier Deschamps est sans doute moins homogène qu’on pouvait le penser il y a encore une semaine. Ce n’est pas étonnant en soi, compte tenu de la toute petite expérience internationale des Digne, Griezmann ou Schneiderlin.
Quels sont joueurs en vue ?
Laurent Koscielny a été rassurant derrière. On pourrait même penser qu’il pourrait continuer le tournoi aux côtés de Raphaël Varane. Au milieu, Matuidi a été encore remarquable, et sa sortie en deuxième période a déséquilibré le milieu, preuve du rôle essentiel qu’il joue. Il s’est encore créé une superbe occasion sur une ouverture bien ajustée de Benzema. Enfin, Hugo Lloris a bien fait ce qu’il avait à faire, notamment à la 20e et à la 41e minute face à Enner Valencia, le joueur équatorien le plus menaçant.
Quels sont les joueurs en retrait ?
Tous les autres. Mamadou Sakho a été encore une fois fébrile (son coup de coude en début de match aurait pu valoir très cher) et mal inspiré, avant d’être remplacé par Varane. Ni Sagna, ni Digne n’ont fait mieux que les titulaires habituels. Au milieu, Morgan Schneiderlin a été beaucoup trop timide, sauf au moment d’armer une frappe trop enlevée (72e). Paul Pogba a été encore une fois décevant, avec beaucoup trop de déchet technique et des mauvais choix offensifs. Moussa Sissoko a récupéré quelques ballons chauds, mais n’a pas pesé devant, alors qu’Antoine Griezmann a confirmé qu’il valait mieux qu’il entre en cours de match pour marquer. Titulaire pour la cinquième fois, il n’a pas réussi grand chose, hormis une occasion déviée par Dominguez sur son poteau (47e). Enfin, Karim Benzema a gâché toutes ses occasions, soit en frappant à côté du cadre, soit en n’appuyant pas suffisamment ses tirs.
Quelles sont les attentes pour le prochain match ?
Redescendus de leur petit nuage, les Bleus savent désormais qu’il faudra sortir une prestation d’un tout autre niveau pour battre le Nigéria en huitièmes. On peut espérer que Mathieu Valbuena et Yohan Cabaye reviendront gonflés à bloc, et que s’il est titulaire, Paul Pogba haussera enfin son niveau de jeu. Une association Benzema-Giroud en pointe, même si elle n’a pas les faveurs du Madrilène, semble préférable à l’option Griezmann, qui pourrait par contre apporter quelque chose en entrant dans la dernière demi-heure. Il faudra enfin que les Bleus percutent beaucoup plus dans le premier quart d’heure, afin de marquer le plus tôt possible. Les trois dernières fois qu’ils ont atteint la mi-temps sur un 0-0, contre l’Ukraine à Kiev, contre le Paraguay à Nice et face à l’Equateur à Rio, ils n’ont jamais gagné.