Le nom d’António Garrido ramène inévitablement à l’équipe de France de la Coupe du monde 1982. L’arbitre portugais a en effet dirigé deux rencontres de l’équipe de France en Espagne, la première et la dernière : France-Angleterre à Bilbao et France-Pologne à Alicante.
Une épopée espagnole
Deux défaites qui encadrent une épopée mémorable, la deuxième de l’histoire de l’équipe de France, ponctuée par une nuit sévillane aussi cruelle que magnifique. Une épopée qui n’aurait jamais eu lieu si sept mois plus tôt, la France n’avait pas battu les Pays-Bas au Parc des Princes. Un match qui, déjà, avait été arbitré par António Garrido.
António José da Silva Garrido est né le 3 décembre 1932 à Marinha Grande, une ville de quelques 12.000 habitants située à 130 km au nord de Lisbonne. Il devient arbitre international en 1973. Tout en poursuivant une activité de comptable, il arbitre 29 rencontres de Coupe d’Europe et 13 rencontres entre équipes nationales.
Une affaire hongroise
António Garrido arbitre son premier match de Coupe du monde le 2 juin 1978 dans l’ambiance survoltée du Monumental de Buenos Aires où l’Argentine débute son tournoi face à la Hongrie. L’arbitrage du Portugais sera vivement critiqué par la presse, lui reprochant d’avoir été trop permissif avec l’équipe locale face à des Hongrois qui avaient ouvert le score très tôt. Les Argentins remportent la rencontre (2-1) en marquant le but vainqueur dans les dix dernières minutes. Le match se poursuit par l’exclusion des deux vedettes de l’équipe hongroise, András Törőcsik et Tibor Nyilasi, qui anéantit tout espoir d’égalisation.
Ce match restera le point noir de l’arbitre lusitanien, mais cela ne l’empêchera pas de réaliser une belle carrière internationale. En 1980, il est le premier arbitre portugais appelé à arbitrer la finale de la Coupe des Clubs Champions. A Madrid, Nottingham Forest s’impose 1-0 face à Hambourg. Garrido avait déjà arbitré le club allemand en 1977 à l’occasion de la finale aller de la super-coupe d’Europe contre Liverpool.
Vingt jours après la finale européenne, on retrouve Garrido à Naples pour une rencontre du premier tour de l’Europeo 1980, celle où la Squadra Azzurra est tenue en échec (0-0) par la Belgique, qui l’empêche de se qualifier pour la finale de l’épreuve. Cinq joueurs ont été avertis, deux Italiens et trois Belges. En mai 1981, il arbitre la finale du Festival Espoirs de Toulon, où le Brésil s’impose devant la Tchécoslovaquie.
Trois matchs avec les Bleus
Le 18 novembre 1981, António Garrido est l’arbitre du France-Pays Bas décisif pour décrocher un ticket pour la Coupe du monde espagnole. En début de deuxième mi-temps, il siffle un coup franc pour la Français suite à une faute de Neeskens sur Platini. Le capitaine français le tire du pied droit, à vingt mètres de la cage de Van Breukelen, mais le ballon est repoussé par le mur. Les Néerlandais se dégagent mais l’arbitre portugais siffle de nouveau un coup franc, au même endroit. Le Néerlandais Van de Korput a selon lui contrôlé le ballon de la main. La nouvelle tentative de Platini, cette fois, est la bonne. Le ballon contourne le mur orange et surprend le gardien néerlandais.
António Garrido est donc à l’origine de l’aventure espagnole de l’équipe de France. On le retrouve à Bilbao, dans la fournaise de San Mamés où les Bleus, en blanc, affrontent l’équipe d’Angleterre. Un mauvais souvenir pour les hommes de Michel Hidalgo qui encaissent un but après 27 secondes et qui perdent largement la rencontre (3-1), dépassés sur tous les plans. António Garrido donne un avertissement à l’Anglais Terry Butcher à la demi-heure de jeu.
António Garrido est ensuite prévu pour diriger la demi-finale de Séville où les Français doivent affronter la RFA. Mais la commission d’arbitrage du tournoi souhaite éviter qu’un même arbitre dirige deux fois la même équipe. C’est finalement Charles Corver, le Néerlandais, qui sera l’arbitre de Séville.
L’arbitre portugais retrouvera malgré tout l’équipe de France puisqu’il est désigné pour arbitre le match pour la troisième place, qui oppose les perdants des demi-finales. Ce match, disputé à Alicante, est un cadeau d’adieu de la FIFA à António Garrido qui, âgé de cinquante ans, met fin à sa carrière à l’issue du tournoi. Essentiellement formée de ses remplaçants, l’équipe de France bis affronte une équipe polonaise au grand complet, mais un peu fatiguée. Celle-ci l’emporte toutefois 3-2. Gérard Soler sera le dernier joueur à qui l’arbitre portugais aura donné un avertissement, après avoir sanctionné les Polonais Buncol et Wójcicki.
António José da Silva Garrido est décédé en septembre 2014 à l’âge de 81 ans. A l’issue de sa carrière d’arbitre, il était resté dans le monde du football comme membre du Conseil d’arbitrage de la fédération portugaise, instructeur des arbitres pour la FIFA, commissaire de l’arbitrage en Coupe du monde et observateur de l’UEFA. En 1983, il avait été décoré du titre d’officier de l’Ordre de l’Infant Dom Henri, l’une des plus hautes distinctions du Portugal.