Le mois de septembre est une invention récente dans la longue histoire des Bleus. Avant 1953 (France-Luxembourg, 6-1), il n’existait tout simplement pas. L’équipe de France jouait la plupart de ses matches entre mars et mai, plus rarement en automne et en hiver, mais jamais en septembre, qui correspondait au début de la saison des clubs.

Depuis 2003 et la mise en place du principe des matches groupés par deux pour les phases qualificatives de la Coupe du monde et de l’Euro, septembre propose juste après la rentrée des classes deux matches à enjeu, évacuant de ce fait les matches amicaux de cette période de l’année. Sauf bien sûr pour les sélections qualifiées d’office. C’est ainsi que les Bleus ont pu jouer sans pression les mois de septembre 1983 (Danemark, 1-3), 2001 (Chili, 1-2) et 2015 (Portugal 1-0, Serbie 2-1). En 1997, ils avaient sauté de juin à octobre. Celui de septembre 2023 contre l’Allemagne est donc une rareté dans cette période de l’année, privée d’amicaux depuis celui gagné en Italie en 2016. C’est dû au fait que les Bleus évoluent dans un groupe de cinq, avec donc deux dates libérées sur les dix prévues dans le calendrier.

Des amicaux sans importance

On passera donc rapidement sur les 18 matches amicaux de septembre, qui ne nous apprennent pas grand chose sinon un bilan passable avec 8 victoires, 5 nuls et 5 défaites (Hongrie 1966, RFA 1967, Danemark 1983, Chili 2001 et Allemagne 2023).

L’analyse des 66 matches de compétition est beaucoup plus intéressante. Avec 39 victoires, 18 nuls et seulement 9 défaites, elle nous montre clairement que septembre est un bon mois pour les Bleus, avec un pourcentage de victoires nettement supérieur à celui du total des 917 rencontres.

Si on affine encore un peu, on peut distinguer les mois de septembre des années paires et ceux des années impaires. Les premiers correspondaient initialement au tout début du parcours qualificatif (généralement étalé sur 15 mois), les seconds à la dernière ligne droite pour obtenir un billet pour l’Euro ou le Mondial. Depuis l’arrivée de la Ligue des Nations en 2018, c’est différent : désormais les années paires voient se dérouler la phase qualificative de la nouvelle compétition continentale de septembre à novembre, tandis que l’accession à l’Euro ou à la Coupe du monde se joue sur une année civile impaire, de mars à novembre.

En compétition, plutôt meilleurs lors des années impaires

Les mois de septembre décisifs sont les meilleurs, avec 25 victoires en 38 matches, et 4 défaites, dont une fut éliminatoire (Bulgarie 1963), les trois autres étant sans conséquence (Ecosse 2007, RDA 1985 et Belgique 1981). La Ligue des Nations est dans ce cas classée dans les mois de septembre décisifs même s’ils sont en année paire (2018, 2020, 2022 et 2024). On notera quand même, dans la période récente, le très inattendu 0-0 contre le Luxembourg à Toulouse en 2017 au terme d’un festival de cafouillages et autres tirs sur les poteaux, ou encore les deux nuls improbables face à la Bosnie et en Ukraine en 2021, prolongeant une série de trois entamée à l’Euro. Et bien sûr la défaite à Copenhague face au Danemark en 2022, la première en septembre depuis 2010, suivie de celle contre l’Italie à domicile, une première depuis... 1954

Les mois de septembre de début de campagne qualificative, sans être mauvais, sont plus délicats, avec 11 victoires en 20 matches, et trois défaites (Biélorussie 2010, Autriche 2008, Bulgarie 1992) dont seule la dernière coûtera au final très cher. A noter que désormais, les phases qualificatives commencent en mars (2019 et 2021), donc septembre perd ce statut.

Les débutants et les finissants en septembre

69 Bleus ont débuté en septembre. C’est le cas des champions du monde 2018 Blaise Matuidi (2010) et Ousmane Dembélé (2016), ainsi que des champions d’Europe 1984 Bernard Lacombe (1973), Alain Giresse (1974), Dominique Rocheteau (1975) et Joël Bats (1983). Plus récemment, Alphonse Areola (2018), Jonathan Ikoné (2019), Dayot Upamecano, Eduardo Camavinga (2020), Jordan Veretout, Aurélien Tchouaméni, Moussa Diaby, Théo Hernandez et Nordi Mukiele (2021), Benoît Badiashile, Youssouf Fofana, Randal Kolo Muani et Adrien Truffert (2022), Jean-Clair Todibo (2023) et enfin Michael Olise et Manu Koné (2024) ont porté le maillot des A pour la première fois en septembre.

Les finissants sont logiquement moins nombreux (38) en cette période de l’année. On notera quand même les champions du monde et d’Europe Didier Deschamps, Laurent Blanc et Bernard Lama (2000), Bernard Genghini, rappelé une dernière fois après la Coupe du monde au Mexique (1986), Jean Djorkaeff (1972), Roger Piantoni (1961) ou Raymond Kaelbel (1960), ces deux derniers ayant joué la demi-finale mondiale de 1958.

Les 84 matchs de l’équipe de France joués en septembre