Le rêve olympique de Daniel Xuereb aurait pu être tué dans l’œuf dès le début de sa carrière. En février 1979, le jeune lyonnais, qui va sur ses vingt ans, participe à un match amical à Częstochowa (en Pologne) au sein d’une équipe de France dite “olympique”, montée pour les Jeux méditerranéens de 1979 et qui devait enchaîner avec les Jeux de Moscou en 1980. Daniel Xuereb ne joue qu’une mi-temps en Pologne et ne sera jamais rappelé par la suite. Peut-être s’est-il alors dit que les Jeux Olympiques, ce n’était pas pour lui.
Un Lyonnais chez les Bleus
Daniel Xuereb est apparu en équipe de France A en 1981 à l’occasion d’un match amical des Bleus à Madrid contre l’Espagne. Hormis deux autres rencontres avec des équipes de France bis, qu’on appelle B ou A’ et qui servent avant tout de revue d’effectif, Daniel Xuereb a jusqu’alors peu goûté au maillot bleu. Hormis le match de Częstochowa, il n’a connu aucune sélection chez les jeunes, ni chez les Espoirs.
Il faut dire que Daniel Xuereb a cravaché pour devenir footballeur professionnel. Le natif de Gardanne a été refusé dans plusieurs clubs de l’élite avant que l’Olympique Lyonnais ne lui donne sa chance. Le « Maltais » (surnom qu’on lui donne pour l’origine de son nom de famille) débute en première division en 1977 sous les ordres d’Aimé Jacquet. Pour sa première sélection à Madrid, quatre ans plus tard, l’attaquant lyonnais entre à la mi-temps à la place de Bruno Baronchelli. L’équipe de France s’incline (0-1). Daniel Xuereb ne sera pas rappelé par Michel Hidalgo.
En 1983, une petite révolution agite le monde du sport. Le Comité International Olympique se résout à accepter des joueurs professionnels dans le tournoi de football des Jeux Olympiques. Jusqu’alors, seuls les joueurs amateurs étaient autorisés. Depuis 1952, ce tournoi restait la chasse gardée des sélections des pays de l’Est qui pouvaient aligner leurs meilleurs joueurs, ceux-ci n’étant pas statutairement « professionnels », bien que payés, dans les faits, pour taper dans un ballon. Pour mettre fin à cette aberration, tous les pays du monde sont donc désormais autorisés à envoyer aux Jeux leurs meilleurs footballeurs, à condition que ceux-ci n’aient jamais participé à une rencontre de Coupe du monde, éliminatoires comprises.
La France se prête aux Jeux. Elle monte de toutes pièces une équipe en ratissant les clubs de première division. On y retrouve parmi les premiers convoqués le capitaine Paco Rubio, un ancien des Jeux à Montréal, mais aussi Daniel Xuereb, alors devenu un prolifique attaquant au Racing Club de Lens de Gérard Houllier. L’équipe olympique est confiée à Henri Michel, le futur sélectionneur des A. Son aventure commence à Murcie en mars 1983 où elle doit affronter, en éliminatoires, son homologue espagnole. L’ambiance est chaude. Le stade est surpeuplé, la pelouse est envahie et le coup d’envoi est retardé d’une heure. Les Français ne se laissent pas impressionner, gèrent le match à leur main et l’emportent (1-0). C’est Daniel Xuereb qui marque le but de la victoire dans les dernières minutes.
Opération Los Angeles
Un mois plus tard, l’équipe olympique se rend à Clermont-Ferrand pour y recevoir la Belgique. Daniel Xuereb marque deux buts dès le premier quart d’heure et s’affirme comme le buteur de cette sélection. Une équipe est en train de se construire et la FFF profite d’une invitation de la fédération chinoise pour l’envoyer disputer deux matchs dans l’Empire du Milieu. Rien de tel qu’une tournée pour souder un groupe. A Pékin, France olympique et Chine font match nul (1-1) et c’est l’inévitable Xuereb qui marque pour les Bleus. Un deuxième match à lieu à Dalian face à une sélection de la province du Liaoning que les Bleus remportent (2-0). Pour une fois, Xuereb n’a pas marqué, la victoire étant signée Joël Henry et Jean-Marc Ferratge.
En novembre 1983, la France consolide sa qualification en obtenant un match nul (1-1) à Charleroi contre les Belges. Le but est une nouvelle fois signé Daniel Xuereb. Trois jours plus tard, celui-ci est à Zagreb avec l’équipe de France A pour un match amical (0-0). Le buteur olympique entre après l’heure de jeu en remplacement de Bruno Bellone. Sa deuxième sélection en A ne remet pas en cause la suite de son parcours olympique, puisque ce France-Yougoslavie n’était qu’un match amical.
Après avoir battu l’Espagne à Épinal (sans Xuereb) et terminé en tête de son groupe, il reste à cette équipe olympique un barrage à disputer en match aller et retour face à la RFA. Le match aller au Parc des Princes voit les deux équipes se séparer sur un score nul (1-1). Doit-on préciser qui a marqué pour les Français ? Au match retour à Bochum, les Tricolores réalisent un bel exploit en s’imposant 1-0 alors qu’ils étaient réduits à dix (expulsion de Jeannol). Le but français est marqué, une fois n’est pas coutume, par Guy Lacombe. Un exploit... pour rien : le 8 mai 1984, l’URSS annonce qu’elle ne se rendra pas aux Jeux de Los Angeles. Elle sera imitée par quinze pays communistes. Ce boycott permet à plusieurs équipes d’être repêchées parmi lesquelles celle de la RFA.
Un certain Monsieur Xu
Fin juillet 1984, la phase finale des Jeux débute pour les Français sur la côte Est des États Unis, à Annapolis, loin des plages de Los Angeles. Les Bleus d’Henri Michel y affrontent le Qatar, lequel crée la surprise en menant 2-1 en seconde période, avant que Daniel Xuereb ne marque le but égalisateur. Deux jours plus tard à Boston, les Français s’imposent (2-1) avec deux buts de François Brisson. Ils obtiennent finalement leur qualification en tenant le Chili en échec, Jean-Claude Lemoult ayant répondu à l’ouverture du score chilienne.
La suite du tournoi se passe sur la côte Ouest, où les Français, après un premier tour difficile, retrouvent leur force collective et l’efficacité de leur buteur habituel. Au Rose Bowl de Pasadena, Daniel Xuereb marque les deux buts du quart de finale remporté (2-0) face à l’Égypte. La presse française lui trouve un surnom : Monsieur Xu. Les Français se payent ensuite une demi-finale un peu folle face à la Yougoslavie. Elle mène 2-0 après un quart d’heure de jeu, voit l’équipe adverse perdre un joueur sur expulsion et malgré tout remonter au score. Un deuxième adversaire est exclu mais les Yougoslaves tiennent jusqu’aux prolongations où les Français feront enfin la différence en marquant deux nouveaux buts. Le dernier est signé Monsieur Xu, qui profite d’une montée désespérée du gardien yougoslave pour tirer dans le but vide.
La finale oppose la France au Brésil. Le genre d’affiche dont on rêve depuis le Mondial 1982, mais cette équipe du Brésil à Los Angeles n’est pas de celles qui font vibrer les foules. Elle est principalement constituée de jeunes joueurs de l’Internacional de Porto Alegre, parmi lesquels un certain Dunga. La France ouvre le score par François Brisson. Ensuite, Daniel Xuereb reprend victorieusement un tir de Bijotat repoussé par le gardien brésilien et marque le deuxième but. La médaille d’or est conquise. Daniel Xuereb termine meilleur buteur du tournoi avec cinq buts, à égalité avec les Yougoslaves Cvetković et Deverić (tous deux buteurs contre la France).
En onze rencontres de compétition disputées avec les Olympiques, Daniel Xuereb a inscrit l’impressionnant total de neuf buts (11 sur 14 en comptant les matchs amicaux). Réputé pour être un attaquant vif et plutôt tourné vers le collectif, Daniel Xuereb n’a pourtant pas à proprement parler une réputation de buteur dans le championnat de France. En club, il tourne autour des dix buts par saison, étant plus un attaquant d’appoint qu’un pur avant-centre. Il faut croire que cette équipe olympique, procédant essentiellement par contre-attaque, était taillée pour lui.
Parmi les champions olympiques de 1984, très peu feront carrière dans la « grande » équipe de France. Certes William Ayache, Albert Rust, Michel Bibard et Daniel Xuereb feront partie des 22 de la Coupe du monde 1986 au Mexique, mais seul le premier nommé sera vraiment titulaire. Henri Michel, devenu quant à lui sélectionneur des A, avait rappelé Daniel Xuereb en mars 1986 pour un match de préparation contre l’Argentine de Maradona au Parc des Princes. Au Mexique, il ne le fait entrer que lors de la demi-finale de Guadalajara perdue contre la RFA, remplaçant Bruno Bellone après l’heure de jeu. Il sera absent du match pour la troisième place, pourtant dévolu aux remplaçants.
Devenu parisien, Daniel Xuereb connaîtra la saison la plus pleine de sa carrière en 1988/89, n’étant pas loin d’accrocher le titre avec le PSG. Ses performances en club lui permettent de retrouver l’équipe de France, où il connaît quatre sélections. Après avoir participé en intégralité à la victoire contre la Norvège au Parc des Princes en septembre (1-0), Xuereb inscrit son premier but chez les A à Nicosie lors d’un Chypre-France dont le score nul (1-1) coûte sa place à Henri Michel. La qualification pour le Mondiale italien est mal embarquée. Lorsque Michel Platini prend les rênes, il préfère tester Xuereb dans deux rencontres de l’équipe de France A’ avant de le titulariser pour le match de la dernière chance à Glasgow contre l’Écosse. L’équipe de France s’incline (2-0) et Xuereb est remplacé à un quart d’heure de la fin par Christian Pérez.
Daniel Xuereb connaîtra sa huitième et dernière sélection le 20 avril 1989 lors d’une rencontre contre la Yougoslavie qui ne compte plus pour grand chose (0-0). Il cèdera sa place à la 76e minute à un gamin de vingt ans qui, lui, connait sa première sélection : Didier Deschamps.
8 sélections, 1 but… et une médaille d‘or
En équipe de France A, Daniel Xuereb compte huit sélections et un but. Cinq fois titulaire, il a été remplacé quatre fois. Chez les Olympiques, il a inscrit 11 buts pour 14 rencontres.
Sél. | Match | Date | Lieu | Adversaire | Score | tps jeu | but |
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- | Ol.(amical) | 21/02/1979 | Częstochowa | Pologne olympique | 0-2 | 45 | |
- | France A’ | 02/09/1980 | Lille | France Espoirs | 2-0 | 45 | |
1 | Amical | 18/02/1981 | Madrid | Espagne | 0-1 | 45 | |
- | France B | 24/03/1981 | Caen | Pays-Bas B | 2-2 | 26 | |
- | qJO | 23/03/1983 | Murcie | Espagne olympique | 1-0 | 90 | 1 |
- | qJO | 23/04/1983 | Clermont-Ferrand | Belgique olympique | 2-0 | 90 | 2 |
- | Ol.(amical) | 12/06/1983 | Pékin | Chine | 1-1 | 90 | 1 |
- | Ol.(amical) | 15/06/1983 | Dalian | Sélection Liaoning | 2-0 | 90 | |
- | qJO | 09/11/1983 | Charleroi | Belgique olympique | 1-1 | 68* | 1 |
2 | Amical | 12/11/1983 | Zagreb | Yougoslavie | 0-0 | 27 | |
- | qJO | 27/03/1984 | Paris (Parc) | RFA olympique | 1-1 | 75* | 1 |
- | qJO | 17/04/1984 | Bochum | RFA olympique | 1-0 | 90 | |
- | Ol.(amical) | 14/07/1984 | Caen | Cameroun | 1-1 | 90 | |
- | JO | 29/07/1984 | Annapolis | Qatar olympique | 2-2 | 90 | 1 |
- | JO | 31/07/1984 | Boston | Norvège olympique | 2-1 | 90 | |
- | JO | 02/08/1984 | Annapolis | Chili olympique | 1-1 | 90 | |
- | JO | 05/08/1984 | Pasadena | Egypte olympique | 2-0 | 75* | 2 |
- | JO | 08/08/1984 | Pasadena | Yougoslavie olympique | 4-2 | 120 | 1 |
- | JO | 11/08/1984 | Pasadena | Brésil olympique | 2-0 | 87* | 1 |
3 | Amical | 26/03/1986 | Paris (Parc) | Argentine | 2-0 | 70* | |
- | Non officiel | 21/05/1986 | Tlaxcala | Guatemala | 8-1 | 29 | |
4 | CM 1/2 | 25/06/1986 | Guadalajara* | Allemagne | 0-2 | 24 | |
5 | qCM | 28/09/1988 | Paris (Parc) | Norvège | 1-0 | 90 | |
6 | qCM | 22/10/1988 | Nicosie | Chypre | 1-1 | 80* | 1 |
- | France A’ | 16/11/1988 | Auxerre | Yougoslavie B | 1-0 | 45* | |
- | France A’ | 15/02/1989 | Nîmes | Pays-Bas A’ | 1-0 | 75* | |
7 | qCM | 08/03/1989 | Glasgow | Ecosse | 0-2 | 73* | |
8 | qCM | 29/04/1989 | Paris (Parc) | Yougoslavie | 0-0 | 76* |