18 août 2004 : le premier France-Bosnie

Publié le 31 août 2021 - Richard Coudrais

C’est à Rennes, le mercredi 18 août 2004, que les sélections de France et de Bosnie-Herzégovine se sont rencontrées pour la première fois. C’était aussi le jour des débuts d’un nouveau sélectionneur, Raymond Domenech.

4 minutes de lecture

Le nom de la Bosnie-Herzégovine a longtemps été synonyme de guerre et d’horreur. Le pays a proclamé son indépendance en avril 1992 mais s’est retrouvé sous le feu de l’armée yougoslave et de ses milices. Une guerre atroce a suivi où cent mille personnes ont trouvé la mort, parmi lesquelles de nombreux civils.

Retour d’enfer

La Bosnie-Herzégovine a monté son équipe nationale dès 1992, quelques jours à peine après avoir proclamé son indépendance, suivant l’exemple de la Croatie, qui avait démontré que l’adhésion à la FIFA était aussi importante que la reconnaissance de l’ONU. Une équipe composée d’anciens grands joueurs bosniens (Safet Sušić, Vahid Halilhodžić, Mehmed Baždarević, Faruk Hadžibegić, Blaž Slišković...) dispute alors quelques rencontres à travers l’Europe, principalement pour sensibiliser la communauté internationale sur la situation du pays.

Ce sont les accords de Dayton, en décembre 1995, qui mettent fin à la guerre et qui confirment l’indépendance du pays. Le match Albanie-Bosnie disputé quelques jours plus tôt, le 30 novembre 1995, est le premier que reconnaît la FIFA. Celle-ci accueille la fédération bosnienne en juillet 1996 et invite sa sélection à prendre part aux éliminatoires de la Coupe du monde 1998.

L’équipe e Bosnie-Herzégovine est invitée à rencontrer la France le 18 août 2004 à Rennes, à l’occasion de l’inauguration d’un stade de la Route de Lorient rénové. Après cinq ans de travaux, l’enceinte du Stade Rennais est passée de 20.000 à 30.000 places, ce qui lui permet d’accueillir, pour la première fois, une rencontre de l’équipe de France A.

La première de Domenech

Première rencontre contre la Bosnie, première rencontre à Rennes, ce match amical est aussi la première rencontre du sélectionneur Raymond Domenech. L’ancien coach des Espoirs a en effet été appelé à prendre en main l’équipe nationale après le départ de Jacques Santini à l’issue de l’Euro 2004. La tâche du nouveau patron des Bleus n’est pas simple : il hérite d’une équipe dont les principales figures (Marcel Desailly, Bixente Lizarazu, Lilian Thuram, Zinédine Zidane...) se sont retirées après un Euro portugais décevant.

Raymond Domenech n’a plus à sa disposition que cinq champions du monde : Fabien Barthez, Thierry Henry, Robert Pirès, David Trezeguet et Patrick Vieira. Il ne peut pas convoquer les deux derniers pour la rencontre de Rennes : l’un est blessé et resté à Londres, l’autre n’a pas encore repris la saison avec la Juventus.

Raymond Domenech ne fait appel qu’à six autres joueurs présents à l’Euro 2004 : William Gallas, Jean-Alain Boumsong, Benoit Pedretti, Jérôme Rothen, Grégory Coupet et Sidney Govou, seul le premier nommé ayant vraiment été titulaire au Portugal. Le sélectionneur n’hésite pas à dire qu’il doit « faire les fonds de tiroirs » pour composer son équipe. Il rappelle quatre joueurs qui n’étaient pas à l’Euro - Bernard Mendy, Djibril Cissé, Peguy Luyindula et Anthony Réveillère - et surtout sept nouveaux : Rio Mavuba (Bordeaux), Éric Abidal (Lyon), Alou Diarra (Lens), Pierre-Alain Frau (Lyon) et trois défenseurs de l’AS Monaco finaliste de la Ligue des Champions : Patrice Évra, Sébastien Squillaci et Gaël Givet.

Les joueurs français arrivent à Rennes deux jours avant la rencontre. Ils sont logés à l’hôtel Océania à Saint-Grégoire dans la banlieue rennaise. Ils s’entraînent au stade Yves-Le-Minoux, à 300 mètres de l’hôtel, puis à la Piverdière, le centre d’entraînement du Stade Rennais. Le nouveau sélectionneur impose ses règles : protège-tibias obligatoires et téléphones portables interdits.

Quatre novices d’entrée

26.527 spectateurs ont garni les nouvelles tribunes du stade de la Route de Lorient dont le maire de Rennes, Edmond Hervé, assure l’inauguration. Le sélectionneur de l’équipe bosnienne est un ancien joueur du Stade Rennais, Blaž Slišković, qui a également joué à Marseille, Lens et Mulhouse. Dans les tribunes, Vahid Halilhodžić, entraîneur du PSG, et Faruk Hadžibegić, entraineur de Troyes, sont venus encourager leurs compatriotes.

L’équipe de France a un nouveau capitaine, Fabien Barthez, et se présente dans une étonnante configuration en 3-5-2, que l’on pourrait tout aussi bien qualifier de 5-3-2 puisque ce sont deux défenseurs, Évra et Mendy, qui sont chargés d’animer les couloirs. Le trio défensif est composé de Gallas, Squillaci et Abidal, celui du milieu de Mavuba, Pedretti et Rothen et le duo d’attaque de Henry et Luyindula. Raymond Domenech aligne donc, pour son premier match, quatre novices, ce qui après tout est moins que Michel Hidalgo ou Stefan Kovacs en leur temps.

Cela commence très fort pour la France. Dès la 7e minute, sur un corner de Jérôme Rothen, Peguy Luyindula profite d’une erreur du gardien bosnien et ouvre le score. Dix minutes plus tard, les Français obtiennent un penalty, mais Thierry Henry ne parvient pas à le transformer. Les Français sont très dominateurs pendant les vingt premières minutes, mais fléchissent peu à peu face à une prudente équipe bosnienne. Celle-ci tente quelques contre-attaques et sur l’une d’elles, huit minutes avant la pause, une passe lumineuse de Elvir Baljić transperce la défense française et trouve Ivica Grlić, lequel ne laisse aucune chance à Fabien Barthez.

A la mi-temps, Raymond Domenech procède à quatre remplacements et revient à un 4-3-3 plus classique, ayant compris que l’équipe de France n’est pas un laboratoire tactique. La deuxième période est fort ennuyeuse et la rencontre se termine sur le score de la mi-temps (1-1). Le public breton manifeste sa déception. Les joueurs sortent sous les sifflets et entendent même des « Zi-zou ! Zi-zou ! » qui émanent des tribunes. Dans les vestiaires, une surprise les attend : le nouveau sélectionneur demande à chacun d’eux de faire son autocritique devant ses coéquipiers. Raymond Domenech tente d’imposer son style. Il lui reste beaucoup de travail alors que se profilent quinze jours plus tard les deux premiers matches de qualification pour la Coupe du monde 2006 : France-Israël au stade de France puis un déplacement aux Îles Féroé.


 

Rennes, stade de la Route de Lorient, le mercredi 18 août 2004
France et Bosnie-Herzégovine 1-1
Buts : Luyindula (7’) pour la France, Grlic (37’) pour la Bosnie-Herzégovine
FRANCE : Barthez (c) - Squillaci (46’ Givet), Gallas, Abidal - Évra (46’ Pires), Mavuba (46’ Govou), Pedretti, Rothen, Mendy - Henry (46’ Cissé), Luyindula. Entr : Raymond Domenech.
BOSNIE-HERZEGOVINE : Hasagić - Salihamidžić, Bajic, Barbarez (86’ Šehić), Papac - Grlić, Bajramović (60’ Grujić), Bešlija, Šabić (46’ Spahić), Baljić (90’ Crnogorac) - Bolić (23’ Misimović). Entr : Blaž Slišković.
Arbitre : Dougie McDonald (Ecosse)
26.527 spectateurs
TitulairesÂgePosteSél.Club
Fabien Barthez (cap) 33 ans Gardien 71/87 Olympique de Marseille
William Gallas 27 ans Défenseur 21/84 Chelsea (Angleterre)
Sébastien Squillaci 24 ans Défenseur 1/21 AS Monaco
Éric Abidal 25 ans Défenseur 1/67 Olympique Lyonnais
Bernard Mendy 22 ans Défenseur 2/3 Paris Saint-Germain
Rio Mavuba 20 ans Milieu 1/13 Girondins de Bordeaux
Benoît Pedretti 23 ans Milieu 16/22 Olympique de Marseille
Patrice Évra 23 ans Défenseur 1/81 AS Monaco
Jérôme Rothen 26 ans Milieu 6/13 Paris Saint-Germain
Thierry Henry 27 ans Attaquant 64/123 Arsenal (Angleterre)
Peguy Luyindula 25 ans Attaquant 3/6 Olympique de Marseille
Remplaçants
Gaël Givet 22 ans Défenseur 1/12 AS Monaco
Sidney Govou 25 ans Attaquant 12/49 Olympique Lyonnais
Robert Pirès 30 ans Milieu 75/79 Arsenal (Angleterre)
Djibril Cissé 23 ans Attaquant 17/41 Liverpool (Angleterre)

Non entrés en jeu : Grégory Coupet, Jean-Alain Boumsong, Anthony Réveillère, Alou Diarra, Pierre-Alain Frau.

pour finir...

Sources : Les sites Sélection A, RSSSF, L’Equipe, Wikipédia et FFF.

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