Avant de rejoindre l’Argentine pour y disputer la Coupe du monde, l’équipe de France a programmé deux rencontres de préparation face aux deux néophytes du Mundial : l’Iran, le 11 mai à Toulouse, puis la Tunisie huit jours plus tard à Villeneuve d’Ascq.

Sur la route de Buenos Aires

Le championnat de France est terminé depuis le 2 mai, mais Michel Hidalgo peste contre le calendrier de la Coupe de France dont il reste à disputer les demi-finales, en match aller et retour les 5 et 8 mai, puis la finale le 13 mai. Nancy, Nice, Sochaux et le tout récent champion de France Monaco sont encore en course. En outre, Bastia est toujours en pleine épopée européenne et il lui reste à disputer, le 9 mai, la finale retour de la Coupe de l’UEFA à Eindhoven.

France-Iran, à Toulouse, s’est donc disputé sans les joueurs des clubs concernés. Michel Hidalgo en a été d’autant plus contrarié qu’il devait remettre à la FIFA, deux jours plus tard, la liste des 22 joueurs présélectionnés pour la phase finale. Pour le match contre la Tunisie, il peut compter sur l’ensemble de ses joueurs, mais doit composer avec les temps de récupération de chacun.

Le 19 mai, 35.000 spectateurs ont rempli les tribunes du Complexe olympique de Lille-Est, un stade d’athlétisme situé à Villeneuve d’Ascq et inauguré trois ans plus tôt. Quelques milliers d’immigrés tunisiens sont présents pour l’occasion, trop heureux de voir jouer leur sélection nationale.

C’est la première fois de son histoire (si l’on excepte la sélection d’Afrique rencontrée en 1972 lors de la Taça Independencia au Brésil), que l’équipe de France A est opposée à une sélection africaine. La Tunisie sera la représentante du continent lors du Mundial argentin, succédant au Maroc (1970) et au Zaïre (1974). Elle a terminé la récente CAN à la quatrième place, à l’issue d’un tournoi houleux (elle a refusé de reprendre la rencontre pour la troisième place pour contester l’arbitrage, ce qui lui vaudra deux ans de suspension).

Guillou capitaine

Michel Hidalgo a décidé de laisser au repos Marius Trésor et Henri Michel, ses deux joueurs les plus expérimentés. Les Nancéiens Michel Platini et Olivier Rouyer, récents vainqueurs de la Coupe de France, restent sur le banc de touche, aux côtés de Baratelli, Bossis, Bracci, Lacombe Papi et Rocheteau, alors que Jean-Marc Guillou, qui a disputé la finale avec Nice, est titulaire, avec le brassard de capitaine.

Michel Hidalgo a également dû, la mort dans l’âme, écarter André Rey de la liste des 22, et a ainsi appelé Dominique Dropsy. Pour garder la cage à Villeneuve d’Ascq, il renouvelle sa confiance à Jean-Paul Bertrand-Demanes. Le Nantais, très performant depuis son retour en sélection, tient la corde pour être le gardien titulaire en Argentine. La ligne défensive est composée de Battiston, Rio, Lopez et Janvion, le milieu de terrain aligne Petit, Bathenay et Guillou tandis que Dalger, Berdoll et Six composent l’attaque.

La rencontre est arbitrée par un certain Charles Corver, que les Français apprécient forcément puisqu’il a dirigé six mois plus tôt le décisif France-Bulgarie qui les a qualifiés pour l’Argentine. Le Néerlandais figure parmi les arbitres qui officieront en Argentine (il dirigera la rencontre Autriche-Suède du premier tour).

L’opposition entre Français et Tunisiens est très fermée. Les Bleus souffrent face à une équipe très bien organisée et le public manifeste son impatience en réclamant l’entrée de Platini. Celle-ci intervient juste avant la mi-temps lorsque Jean-Marc Guillou est contraint de sortir, touché à la cheville.

Deux équipes, un même destin

L’entrée de l’idole nancéienne puis celle de son camarade Rouyer, qui remplace Six à la pause, portent leurs fruits. Après une heure de jeu un peu terne, l’équipe de France se montre plus entreprenante face à des Tunisiens qui accusent la fatigue. L’entrée de Lacombe à la place de Berdoll apporte également un peu plus de liant dans le jeu français.

A vingt minutes de la fin, Platini réalise un une-deux avec Dalger au cœur de la défense tunisienne et ouvre le score en plaçant le ballon hors de portée du gardien Naili. Les joueurs se congratulent alors que le public scande le nom du buteur lorrain.

Trois minutes plus tard, le défenseur Dhouib intercepte dans sa surface un ballon poussé de la tête par Lacombe, mais il est contré par Dalger. Le gardien Naili, trahi par ses défenseurs, se retrouve alors seul face à trois Tricolores. L’attaquant monégasque l’ajuste sans trembler.

La dernière partie de la rencontre est largement à l’avantage des Tricolores, lesquels obtiennent une victoire rassurante cinq jours avant de s’envoler pour l’Argentine. France et Tunisie connaîtront un destin similaire en Argentine, celui de terminer à la troisième place et d’être éliminé au premier tour, non sans avoir séduit le public.

Ne sont pas entrés en jeu : Dominique Baratelli (30 ans, gardien, OGC Nice), Maxime Bossis (22 ans, défenseur, Nantes), Claude Papi (29 ans, milieu de terrain, SEC Bastia) et Dominique Rocheteau (23 ans, attaquant, AS Saint-Etienne).