Christian Dalger est le quatrième tricolore de la Coupe du monde 1978 qui disparaît, après Claude Papi, Dominique Dropsy et Henri Michel. Il était avec Jean Petit l’une des figures emblématiques de l’AS Monaco, notamment celui de la saison 1977-1978 qui, bien que promu, remporta le titre de champion de France au nez et à la barbe des favoris. Un titre qui ouvrit aux deux hommes les portes de l’équipe de France.
De Tunis et Dalger
La carrière de Christian Dalger au plus haut niveau a été longue à se dessiner. Le prometteur attaquant de l’équipe de France juniors, vice-championne d’Europe en 1968, ne portera son premier maillot bleu en catégories adultes qu’à l’âge de 24 ans, pour une rencontre de l’équipe de France B en avril 1972 à Tunis perdue 2-1 contre l’équipe de Tunisie. Dalger avait remplacé le Sochalien Léon Maier à la 34e minute.
Le Gardois (il est né le 18 décembre 1949 à Nîmes) évolue trop souvent en deuxième division pour intéresser les sélectionneurs. Il débute au Sporting Club de Toulon où il joue depuis l’âge de treize ans, mais ne connaîtra l’élite qu’à partir de novembre 1971 quand il rejoindra l’AS Monaco. Le club de la Principauté vient de remonter en première division, mais il reste un client fidèle des barrages et de l’ascenseur entre les deux divisions.
Ses premiers dribbles en première division permettent toutefois à Christian Dalger de connaître l’équipe de France B, mais c’est lors de la saison 1973-1974, celle d’un énième retour de l’AS Monaco parmi l’élite, que son nom commence à être évoqué pour l’équipe de France A. Il faut dire qu’à Louis-II, il forme un duo terrible avec le buteur italo-argentin tout juste venu de Reims, Delio Onnis.
Revue d’effectif
L’équipe de France elle-même est à ce moment-là loin de l’élite mondiale. Elle vient de manquer le train pour la Coupe du monde 1974 et la fédération a fait appel à Stefan Kovacs pour lui insuffler un mental de vainqueur. L’entraîneur roumain entreprend une large revue d’effectif pour dégager une équipe susceptible d’atteindre au moins les demi-finales de la Coupe d’Europe des Nations.
Christian Dalger est appelé pour la rencontre France-Danemark du 21 novembre 1973 à Paris. Le sélectionneur roumain aligne trois novices (Bertrand-Demanes, Bracci, Merchadier), en fait entrer deux autres en cours de jeu (Papi et Patrick Revelli), mais il laisse Christian Dalger sur le banc. La France s’impose 3-0.
Le Monégasque attendra la deuxième partie de la saison pour enfin goûter au maillot bleu, à la faveur d’un match de préparation organisé à Lille en mars 1974 contre le club d’Anderlecht. Christian Dalger entre en jeu à la mi-temps à la place de Patrick Revelli, alors que le club belge mène déjà 2-0. Ce sera le score final.
Trois jours plus tard, Christian Dalger connaît enfin sa première vraie sélection A à l’occasion de la venue de l’équipe de Roumanie au Parc des Princes. Le Monégasque est aligné d’entrée à l’aile droite aux côtés de Hervé Revelli et Georges Bereta. Il est remplacé à l’heure de jeu par Patrick Revelli, juste avant que Bereta n’inscrive le seul but de la rencontre.
Le Monégasque n’a pas été bon, et il se dit qu’il a laissé passer sa chance. Il ne sera jamais rappelé par Kovacs. Les performances de son club ne l’aident pas vraiment, puisqu’il se bat chaque année pour le maintien, et se retrouve même relégué en 1976.
Générations Leduc et Hidalgo
Lorsque l’AS Monaco revient parmi l’élite en 1977, l’équipe semble transformée par son nouvel entraîneur Lucien Leduc. Elle caracole en tête du championnat, et Christian Dalger brille aux côtés des Onnis, Petit, Nogues, Moizan, Courbis, Gardon et le gardien Ettori.
Dans le même temps, l’équipe de France semble également vivre une ère nouvelle sous la direction de Michel Hidalgo. Celui-ci, ancien joueur monégasque, est forcément séduit par le renouveau de son ancien club. Il fait appel à Christian Dalger pour une rencontre organisée par l’UNFP au Parc des Princes contre le club d’Hambourg (4-2). Le Monégasque entre à l’heure de jeu à la place de Eric Pécout.
Le sélectionneur se montre satisfait et rappelle Christian Dalger pour la rencontre amicale contre l’URSS au Parc des Princes, mais aussi Jean Petit, qui honore sa première sélection. Après l’heure de jeu, Hidalgo procède à deux changements : Dalger est remplacé par Dominique Rocheteau et Petit par Roger Jouve. La rencontre, décevante, se termine sur un score nul et vierge, avec un tir sur la barre de chaque côté.
Vient alors le grand rendez-vous du 16 novembre 1977. L’équipe de France reçoit la Bulgarie au Parc des Princes et doit absolument l’emporter pour aller disputer la Coupe du monde en Argentine. Michel Hidalgo a aligné son trio offensif favori, avec Rocheteau, Lacombe et Six, laissant Christian Dalger sur le banc.
C’est Rocheteau qui inscrit le premier but en fin de première mi-temps, imité par Platini après l’heure de jeu. À vingt minutes de la fin, Christian Dalger entre à la place de Rocheteau. Le Bulgare Cvetkov jette un léger froid en réduisant l’écart à cinq minutes de la fin, mais dans les dernières secondes, Dalger reçoit un ballon de Lacombe à l’entrée de la surface de réparation, dribble un défenseur et trompe le gardien bulgare. C’est le premier but de Dalger en équipe de France. C’est surtout le but qui valide définitivement la qualification pour l’Argentine.
De Monaco à Mar del Plata
Dès lors, Christian Dalger fait partie intégrante de l’équipe de France. Il dispute entièrement la rencontre amicale à Naples où les Français accrochent l’Italie (2-2). Une entorse l’empêche de se rendre disponible pour le France-Brésil du Parc des Princes, mais il sera bien présent parmi les 22 pour l’Argentine. Il participe à l’ultime rencontre de préparation à Villeneuve-d’Ascq contre la Tunisie (2-0). A cette occasion, Dalger donne un ballon magnifique à Platini pour l’ouverture du score, puis se charge lui-même d’inscrire le deuxième but.
C’est une saison parfaite pour Christian Dalger, qui à 29 ans remporte son premier titre de champion de France, puis qui s’envole aussitôt en Argentine, avec Jean Petit, pour disputer la Coupe du monde, après seulement cinq sélections.
A Mar del Plata, Michel Hidalgo décide de se passer de ses deux Stéphanois emblématiques, Bathenay et Rocheteau, leur préférant Jean-Marc Guillou et Christian Dalger. La défaite (2-1) des Tricolores, qui avaient pourtant ouvert le score dès la première minute, entraîne beaucoup de déception. Christian Dalger n’échappe pas aux critiques et sera remplacé dès le match suivant, contre l’Argentine, par Rocheteau. Il ne sera pas appelé pour le dernier match contre la Hongrie. Il ne sera d’ailleurs plus jamais rappelé en équipe de France.
Christian Dalger poursuivra sa carrière à l’AS Monaco, le temps de remporter une Coupe de France (1980) puis retournera à Toulon retrouver le club auquel il doit tout et qui reste en rade en troisième division. Avec plusieurs Monégasques de la grande époque (Dalger, Courbis, Onnis, Emon), le club toulonnais remonte les marches et accède à la première division en 1983. Maître à jouer de l’équipe, Christian Dalger en devient l’entraîneur en 1985 et met un terme à sa carrière de joueur.
Six sélections, deux buts
Christian Dalger a connu 6 sélections en équipe de France, dont cinq lors de la saison 1977-1978. Son bilan est de trois victoires, deux matchs nuls et une défaite. En 412 minutes de jeu (selon la FFF), il a inscrit deux buts.
Sel. | Match | Date | Lieu | Adversaire | Score | Tps Jeu | Notes |
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France B | 09/04/1972 | Tunis | Tunisie | 1-2 | > 56 | ||
n/o | 19/03/1974 | Lille | Anderlecht | 0-2 | > 45 | ||
1 | Amical | 23/03/1974 | Paris (Parc) | Roumanie | 1-0 | 57 > | |
UNFP | 24/08/1977 | Paris (Parc) | Hambourg | 4-2 | > 33 | ||
2 | Amical | 08/10/1977 | Paris (Parc) | URSS | 0-0 | 65 > | |
3 | qCM | 16/11/1977 | Paris (Parc) | Bulgarie | 3-1 | > 20 | 1 but |
4 | Amical | 08/02/1978 | Naples | Italie | 2-2 | 90 | |
5 | Amical | 19/05/1978 | Villeneuve d’Ascq | Tunisie | 2-0 | 90 | 1 but |
6 | CM T1 | 02/06/1978 | Mar del Plata* | Italie | 1-2 | 90 |