Ils sont rares les joueurs qui ont connu leur première sélection au cours d’une phase finale de Coupe du monde [1]. C’est le cas de Dominique Dropsy qui garde pour la première fois la cage de l’équipe de France le 10 juin 1978 à Mar Del Plata, à l’occasion d‘un France-Hongrie resté dans l’histoire moins pour la victoire symbolique (3-1) que pour l’accoutrement que les Français avaient adopté cet après-midi-là.
Le patient français
Le gardien strasbourgeois n’était pas pour autant un novice. Il a déjà été appelé plusieurs fois à participer à des stages et ce depuis Stefan Kovacs, mais il n’est jamais entré en jeu, si ce n’est contre des équipes de club (le Real Madrid et Hambourg SV en 1975) ou au sein d’éphémères équipes de France B. Dominique Dropsy est donc un visage familier quand il s’envole en Argentine avec les Bleus.
Formé à Valenciennes, Dominique Dropsy garde les buts du Racing Club de Strasbourg depuis 1973. Au lendemain du mondial argentin, le club alsacien crée la surprise en remportant son premier titre de champion de France, deux ans seulement après son retour en première division. Ces performances incitent Michel Hidalgo de faire de Dominique Dropsy son gardien titulaire. Le Strasbourgeois est titularisé durant dix rencontres consécutives, une performance rare à l’époque où le sélectionneur avait du mal à faire son choix dans la poignée de gardiens français de même valeur.
La France est engagée dans les éliminatoires du championnat d’Europe 1980, mais ne parvient pas à se qualifier. Dominique Dropsy reste le titulaire lorsque débute à Chypre le parcours éliminatoire qui doit envoyer la France au mondial espagnol. Le 25 mars 1981, ces éliminatoires conduisent les Bleus au stade de Kuip à Rotterdam contre les Pays-Bas. Le gardien français se voit attribuer le seul but du match contre son camp. Le ballon qu’Arnold Muhren a envoyé sur coup franc percute en effet le poteau avant de rebondir sur le dos du gardien français, alors en pleine extension, puis d’entrer dans le but.
Le poteau de Rotterdam
Cette erreur lui est vivement reprochée, mais Michel Hidalgo lui maintient sa confiance. Dropsy participe aux deux dernières rencontres de la saison au Parc des Princes, France-Belgique (victoire 3-2) et France-Brésil (défaite 1-3) où il est remplacé à la pause par Jean Castaneda. Il est ensuite rappelé au match de rentrée en août 1981 contre Stuttgart, où la France s’incline de nouveau (1-3) après une performance de piètre qualité. Dominique Dropsy est sorti à la mi-temps, remplacé par Dominique Baratelli. C’est la quatrième fois qu’il cède sa place à la pause.
C’est aussi, mais il ne le sait pas encore, la fin de sa carrière en équipe de France. Michel Hidalgo appelle ensuite Pierrick Hiard pour la rencontre en Belgique, puis Jean Castaneda pour la fin des éliminatoires. Début 1982 viendra le tour du revenant Dominique Baratelli avant que Jean-Luc Ettori ne décroche in-extremis le poste pour le mondial espagnol.
Dominique Dropsy ne fait même pas partie des 22 pour l’Espagne. On lui reproche toujours son but de Rotterdam, mais aussi un manque d’autorité et les résultats devenus médiocres de son club, le RC Strasbourg. Son nom est parfois évoqué mais Michel Hidalgo ne fait plus appel à lui.
En 1984, Dropsy rejoint les Girondins de Bordeaux, alors au sommet du football français. Il conquiert de nouveaux titres (deux championnats, deux coupes) et participe à de nombreuses campagnes européennes. Mais Joël Bats s’est imposé dans la cage tricolore, verrouillant toute possibilité d’un retour des anciens gardiens.
En avril 1989, Dominique Dropsy joue le dernier match de sa carrière, son 596e en championnat de France, ce qui fait de lui le recordman de la première division (il sera battu cinq ans plus tard par… Jean-Luc Ettori). Dominique Dropsy reste dans la région bordelaise à l’issue de sa carrière. Il est appelé dès 1990 par les Girondins pour assurer l’entraînement des gardiens du club, tant dans l’équipe pro que les jeunes du centre de formation. Atteint par une leucémie, Dominique Dropsy disparaît le 7 octobre 2015 à l’âge de 63 ans.
17 sélections, 16 buts encaissés
Dominique Dropsy a connu 17 sélections en équipe de France pour un temps de jeu de 1395 minutes. Son bilan est de 12 victoires, 1 match nul et 4 défaites. Il a encaissé 16 buts.
Sel | Genre | Date | Lieu | Adversaire | Score | Tps jeu |
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. | (France B) | 20/11/1973 | Lens | Cercle Bruges | 1-1 | 90 |
. | (France B) | 24/03/1974 | Esch-sur-Alzette | Luxembourg | 3-1 | 90 |
. | (non officiel) | 19/08/1975 | Paris (Parc) | Real Madrid | 3-1 | 45 |
. | (non officiel) | 08/10/1975 | Strasbourg | Hambourg SV | 0-0 | 45 |
1 | CM T1 | 10/06/1978 | Mar del Plata* | Hongrie | 3-1 | 90 |
2 | qEuro | 07/10/1978 | Luxembourg | Luxembourg | 3-1 | 90 |
3 | Amical | 08/11/1978 | Paris (Parc) | Espagne | 1-0 | 90 |
4 | qEuro | 25/02/1979 | Paris (Parc) | Luxembourg | 3-0 | 90 |
5 | qEuro | 04/04/1979 | Bratislava | Tchécoslovaquie | 0-2 | 90 |
6 | Amical | 02/05/1979 | East Rutherford | Etats-Unis | 6-0 | 45* |
. | (match UNFP) | 21/08/1979 | Paris (Parc) | Bayern Münich | 4-1 | 45* |
7 | qEuro | 05/09/1979 | Solna | Suède | 3-1 | 90 |
8 | Amical | 10/10/1979 | Paris (Parc) | Etats-Unis | 3-0 | 45* |
9 | qEuro | 17/11/1979 | Paris (Parc) | Tchécoslovaquie | 2-1 | 90 |
10 | Amical | 27/02/1980 | Paris (Parc) | Grèce | 5-1 | 45* |
11 | Amical | 26/03/1980 | Paris (Parc) | Pays-Bas | 0-0 | 90 |
. | (match UNFP) | 03/09/1980 | Paris (Parc) | Juventus | 1-0 | 90 |
12 | qCM | 11/10/1980 | Limassol | Chypre | 7-0 | 90 |
13 | qCM | 28/10/1980 | Paris (Parc) | Rep. d’Irlande | 2-0 | 90 |
14 | Amical | 19/11/1980 | Hanovre | Allemagne | 1-4 | 90 |
15 | qCM | 25/03/1981 | Rotterdam | Pays-Bas | 0-1 | 90 |
16 | qCM | 29/04/1981 | Paris (Parc) | Belgique | 3-2 | 90 |
17 | Amical | 15/05/1981 | Paris (Parc) | Brésil | 1-3 | 45* |
. | (match UNFP) | 18/08/1981 | Paris (Parc) | VFB Stuttgart | 1-3 | 45* |
Vos commentaires
# Le 30 avril 2022 à 00:40, par Nhi Tran Quang En réponse à : Dominique Dropsy, de Mar del Plata à Rotterdam
Comme pour Bertrand Demanes, je pense que Dropsy aurait dû avoir une meilleure carrière internationale même en tant que numéro 2 ou 3. Je le voyais bien encore dans le noyau en 82, 84 & 86 au vue de sa contribution dans les succès de Bordeaux en championnat à cette période notamment à la place de Rust ou Bergeroo qui ne jouaient pas toujours dans des clubs du haut du tableau (Sochaux, LOSC, TFC)