Les numéros 13 de l’équipe de France

Publié le 13 août 2021 - Richard Coudrais

Le numéro 13 porte-t-il chance à l’équipe de France ? Quels sont les joueurs qui ont porté ce numéro particulier en phases finales ? Attention : article déconseillé aux superstitieux.

6 minutes de lecture

On dit que les footballeurs sont des gens superstitieux. On dit aussi que le numéro 13 porte chance ou qu’il porte malheur, c’est selon. Heureusement, le foot se joue à 11 et les joueurs ont longtemps porté, selon leur positionnement sur le terrain, un numéro qui ne dépasse pas ce chiffre 11. Deux changements de joueurs étant autorisés à partir de 1976, on voit apparaître le numéro 13 sur le dos du deuxième remplaçant.

Le treizième homme

C’est à partir de la Coupe du monde 1950 que les joueurs d’une sélection sont sommés de conserver le même numéro durant tout le tournoi, ceci afin que les journalistes puissent les identifier. Inévitablement, dans le groupe de 22 joueurs (puis 23 à partir de 2002), il y en a un qui porte le numéro 13. Reste à savoir si le numéro en question porte chance ou non à celui qui le porte, et surtout à son équipe.

Dans le cas de l’équipe de France, le premier numéro 13 identifié est Abderrahman Mahjoub, milieu de terrain de l’équipe de France lors de la Coupe du monde 1954 en Suisse. Le Racingman, alors prêté cette saison-là à l’OGC Nice, dispute une seule des deux rencontres des Tricolores, la deuxième, à Genève contre le Mexique. Les Français s’imposent (3-2) mais manquent leur qualification, à cause du match initial perdu face à la Yougoslavie. On peine à dire si le numéro 13 a vraiment porté chance, tant au joueur qu’à l’équipe.

En 1958, lors de la Coupe du monde en Suède, c’est Armand Penverne qui porte le numéro 13. Le milieu de terrain rémois est beaucoup plus chanceux que sont prédécesseur. Il dispute l’ensemble des rencontres de l’épopée tricolore, soit six matchs, et il termine même le tournoi comme capitaine (en remplacement de Robert Jonquet blessé lors de la demi-finale), à l’occasion du match pour la troisième place.

Treize juste

On notera qu’à l’occasion de cette Coupe du monde suédoise, le chiffre 13 porte plutôt chance à Just Fontaine, puisque c’est le nombre de buts que l’avant-centre des Tricolores inscrit durant les six rencontres de l’épreuve. Une performance qui n’a toujours pas été battue, du moins en une seule phase finale. Pour l’anecdote, le grand Justo portait le numéro 17, équivalent du 13 dans certains pays comme l’Italie.

Lors de la World Cup anglaise de 1966, c’est Philippe Gondet qui hérite du numéro 13. S’il est titulaire lors des trois rencontres, le buteur nantais n’inscrit aucun but et ne parvient donc pas à éviter le naufrage de son équipe. On ne peut pas dire que le numéro ait vraiment porté chance, ni au buteur muet, ni à l’équipe en perdition.

En 1978, en Argentine, le numéro 13 est collé au short et au maillot de Jean Petit. Le meneur de jeu monégasque ne dispute que le troisième match, celui contre la Hongrie, qui ne comptait plus que pour du beurre et qui était donc ouvert aux remplaçants. Malgré l’imbroglio des maillots, Jean Petit a pu jouer avec son numéro, ce qui n’a pas été le cas de tous les joueurs. C’est lui qui donne le ballon à Christian Lopez lorsque celui-ci ouvre le score.

Lors de la Coupe du monde 1982 en Espagne, le numéro 13 de l’équipe de France revient à Jean-François Larios. Le milieu de terrain stéphanois a été plutôt malchanceux : les deux rencontres qu’il dispute, la première contre contre l’Angleterre et la dernière contre la Pologne, sont les deux défaites de l’aventure tricolore. Le grand Jeff en outre a été écarté du groupe pendant tout le tournoi. Il ne reviendra d’ailleurs jamais chez les Bleus.

Le 13 qui marque

Lors de l’Euro 1984 en France, le numéro 13 est porté par un joueur dont le patronyme est déjà un chiffre : Didier Six. Le fantasque ailier gauche des Bleus, qui en est à son troisième grand tournoi, fera l’exact inverse de Jean-François Larios en 1982 : il ne dispute ni le premier, ni le dernier match, mais seulement les rencontres intermédiaires, celles contre la Belgique, la Yougoslavie et le Portugal. Trois belles victoires où il ne marque malgré tout aucun but. La demi-finale de Marseille sera d’ailleurs sa 52ème et dernière sélection.

Au Mexique, pour la Coupe du monde 1986, le numéro 13 est porté par Bernard Genghini. Le meneur de jeu monégasque sera le grand malchanceux du groupe tricolore, puisqu’il passera le tournoi sur le banc. Il n’apparaîtra que le dernier jour pour le match de classement contre la Belgique, où il marquera un but. C’est d’ailleurs le premier numéro 13 de l’équipe de France à marquer en Coupe du monde. Et le seul.

Lors de l’Euro 1992 en Suède, c’est Basile Boli qui a le numéro 13 dans le dos et sur le torse. Le défenseur marseillais dispute les trois rencontres des Bleus sans parvenir à éviter l’élimination. Le futur héros de Munich a d’ailleurs été à la peine, étant directement impliqué sur le deuxième but danois qui élimine définitivement les Bleus de Michel Platini.

En 1996, l’Euro se dispute en Angleterre, et c’est Christophe Dugarry qui porte le numéro 13. L’attaquant bordelais inscrit contre la Roumanie le premier but des Bleus (comme il le fera en 1998). Il dispute quatre rencontres tantôt titulaire, tantôt remplaçant. Entré en jeu en quart de finale contre les Pays Bas, il se blesse après 18 minutes et dit adieu à la suite de l’aventure.

Sylvain Wiltord, 13 décisif

Lors de la Coupe du monde 1998, le numéro 13 est attribué à Bernard Diomède. L’attaquant auxerrois est titulaire lors de trois rencontres (l’Arabie Saoudite, le Danemark et le Paraguay) mais disparaît après le huitième de finale de Lens. On ne le verra d’ailleurs plus jamais en équipe de France par la suite.

A l’Euro 2000, on peut dire que le numéro 13 a vraiment porté chance à l’équipe de France puisqu’il est porté par Sylvain Wiltord, l’homme qui égalisa à la dernière minute de la finale, permettant d’arracher les prolongations contre l’Italie. L’attaquant bordelais dispute cinq rencontres de cet Euro beneluxien, mais une seule en qualité de titulaire. Il se montre malgré tout le numéro 13 le plus prolifique de l’histoire des Bleus en marquant deux buts : le premier contre le Danemark au premier match et le deuxième en finale. A chaque fois dans le temps additionnel.

Lors de la Coupe du monde asiatique de 2002, le numéro 13 est porté par Mikaël Silvestre, lequel ne joue pas la moindre rencontre. Le défenseur de Manchester United reste malgré tout attaché à ce numéro puisqu’il le portera lors de nombreux tournois suivants : l’Euro, la Coupe du monde et les deux Coupes des confédérations. Ça lui porte chance à l’Euro 2004 où il dispute les quatre rencontres de l’équipe de Jacques Santini. Par contre, il n’apparaît qu’une seule fois en Allemagne pour la Coupe du monde 2006, à l’occasion du match contre le Togo pour lequel Eric Abidal est suspendu. Ce sera sa quarantième et dernière sélection.

C’est toujours un défenseur de Manchester United qui porte le numéro 13 lors de l’Euro 2008 : Patrice Evra dispute deux matchs (contre les Pays Bas et l’Italie) qui se soldent par autant de défaites. Deux ans plus tard en Afrique du Sud, c’est en capitaine que le latéral gauche des Bleus porte le numéro 13. Un brassard plutôt contesté au sein d’une équipe qui ne l’est pas moins. Evra dispute deux rencontres (Uruguay et Mexique) mais on se souvient surtout de son altercation avec le préparateur physique Robert Duverne à Knysna, le maudit 20 juin 2010 où le football français tout entier fut englouti par la honte. Le capitaine écopera de cinq matchs de suspension, mais reviendra chez les Bleus. Avec un autre numéro.

13 latéral

Lors de l’Euro 2012, le numéro 13 est attribué à Anthony Réveillère. Le défenseur lyonnais semble promis au banc, mais il est appelé pour le quart de finale contre l’EspagneLaurent Blanc tente de le faire jouer comme arrière latéral bis. Les Tricolores s’inclinent 2-0. Pas de chance.

Pour la Coupe du monde 2014, Didier Deschamps confie le numéro 13 à Eliaquim Mangala. Cela ne portera clairement pas chance au défenseur de Porto qui, comme Mikaël Silvestre en 2002, ne jouera aucune rencontre. Il aura un tout petit peu plus de chance lors de l’Euro 2016 puisqu’il entrera en fin de match du quart de finale contre l’Islande. Ce sera sa dernière apparition en bleu. Mais elle est suffisante pour l’empêcher de rejoindre une autre sélection, lui qui était sérieusement envisagé par la sélection belge.

Lors de la Coupe du monde 2018 en Russie, le numéro 13 est attribué à N’Golo Kanté. L’infatigable milieu de terrain de Chelsea a porté chance aux futurs champions du monde. Il joue l’ensemble des rencontres, et plutôt bien, à l’exception de la finale où un peu malade, il cède sa place en début de deuxième période. Il revient de Moscou avec la Coupe du monde et une chanson à sa gloire. Trois ans plus tard, il reste un titulaire en puissance lors de l’Euro 2020. Il dispute les quatre rencontres des Bleus, mais ne peut éviter la sortie de route en huitième de finale contre la Suisse. Après une longue parenthèse, le joueur désormais exilé en Arabie Saoudite retrouve l’équipe de France et son numéro 13 à l’Euro 2024. Il dispute les six rencontres, en étant remplacé à l’heure de jeu lors du match contre la Pologne et la demi-finale contre l’Espagne.

C’est Youssouf Fofana qui lors de la Coupe du monde 2022 au Qatar hérite du numéro 13. Fraichement arrivé en équipe de France (il ne compte alors que deux sélections), le Monégasque dispute 6 des 7 rencontres des champions du monde en titre. Il n’a toutefois été titularisé que deux fois, face à la Tunisie au premier tour et contre le Maroc en demi-finale. Pour les autres rencontres, il remplace Aurélien Tchouaméni contre l’Australie et la Pologne, Antoine Griezmann contre le Danemark et enfin Adrien Rabiot durant la prolongation de la finale.

Ce maillot bleu que le 13 égaie

Le numéro 13 est apparu au cours de 66 rencontres des Bleus lors des phases finales de la Coupe du monde ou de l’Euro entre 1954 et 2024. Il a remporté 36 matchs, a concédé 11 matchs nuls et en a perdu 16. Il a inscrit quatre buts, un seul en Coupe du monde et trois en Euro. Il a été trois fois capitaine. Il a été porté par 17 joueurs différents : 6 défenseurs, 7 milieux de terrain et 4 attaquants.

AnnéeJoueurPostematchsTps jeuGNPButsCap
1954 Abderrahman Mahjoub M 1 90 1 0 0
1958 Armand Penverne M 6 540 4 0 2 1
1966 Philippe Gondet A 3 270 0 1 2
1978 Jean Petit M 1 90 1 0 0
1982 Jean-François Larios M 2 164 0 0 2
1984 Didier Six A 3 281 3 0 0
1986 Bernard Genghini M 1 120 1 0 0 1
1992 Basile Boli D 3 270 0 2 1
1996 Christophe Dugarry A 4 172 2 2 0 1
1998 Bernard Diomède A 3 225 3 0 0
2000 Sylvain Wiltord D 5 162 4 0 1 2
2002 Mikaël Silvestre D 0 0 0 0 0
2004 Mikaël Silvestre D 4 349 2 1 1
2006 Mikaël Silvestre D 1 90 1 0 0
2008 Patrice Evra D 2 180 0 0 2
2010 Patrice Evra D 2 180 0 1 1 2
2012 Anthony Réveillère D 1 90 0 0 1
2014 Eliaquim Mangala D 0 0 0 0 0
2016 Eliaquim Mangala D 1 18 1 0 0
2018 N’Golo Kanté M 7 595 6 1 0
2020 N’Golo Kanté M 4 390 1 0 0
2022 Youssouf Fofana M 6 159 4 0 2
2024 N’Golo Kanté M 6 513 2 3 1
TOTAL : 66 4948 36 11 16 4 3

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Hommage à Pierre Cazal