Patrice Rio, canari normand

Publié le 10 avril 2023 - Richard Coudrais - 6

Défenseur de l’équipe de France entre 1976 et 1978, le Nantais Patrice Rio a connu le sommet de sa carrière internationale lors de la Coupe du monde 1978 en Argentine.

Cet article fait partie de la série Génération 6
4 minutes de lecture

C’est à l’âge de 27 ans que Patrice Rio a découvert l’équipe de France. C’était lors du France-Tchécoslovaquie du 27 mars 1976 au Parc des Princes, un match amical qui n’attire même pas dix-mille spectateurs mais dont le futur accordera une étiquette “historique”. Il faut dire qu’il s’agit du premier match de Michel Hidalgo en tant que sélectionneur en chef et que celui-ci a aligné six débutants, dont un certain Michel Platini, qui inscrit son premier coup franc.

Rio de Rouen

Cette équipe a une forte coloration nantaise. Le sélectionneur aurait pourtant préféré s’appuyer sur une ossature stéphanoise, mais les Verts avaient d’importantes échéances européennes à préparer, à une époque où l’équipe de France n’était plus vraiment une priorité. Henri Michel est le chef de file de cette ossature canarie, où l’on compte également le gardien Jean-Paul Bertrand-Demanes, ainsi que trois novices : Maxime Bossis, Gilles Rampillon et Patrice Rio.

Ce dernier est le fils d’un international d’avant-guerre, Roger Rio, avant-centre du FC Rouen, appelé en 18 occasions en équipe de France, notamment en juin 1934 pour le match de Coupe du monde à Turin face au wunderteam autrichien. Né le 15 août 1948 à Petit-Quevilly, Patrice Rio a tout naturellement débuté sa carrière au FC Rouen, où dès ses premiers pas en pro, il participe à l’aventure européenne des Diables Rouges normands, ponctué par une double confrontation épique en Coupe des villes de foire face aux Anglais d’Arsenal, futurs vainqueurs de l’épreuve.

Cette épopée ne régla malheureusement pas les soucis financiers du club normand, qui dut se résoudre à vendre ses meilleurs joueurs et d’accepter une descente administrative en deuxième division. Patrice Rio se retrouve ainsi transféré au FC Nantes, une équipe à qui l’on a souvent reproché de manquer d’épaules. Au centre de la défense nantaise, Rio est associé à un autre Normand, Roger Lemerre.

Confronté à la concurrence de Bernard Gardon, Patrice Rio remporte en 1973 son premier titre de champion sans être pleinement titulaire. Il gagne sa place peu à peu, notamment avec l’entraîneur Jean Vincent, arrivé au club en 1976.

Rio de Nantes

A la suite de la première sélection contre la Tchécoslovaquie où il était associé en défense centrale à Marius Trésor, Rio est appelé contre la Pologne (première victoire en Bleu) puis contre la Hongrie à Budapest (première défaite). Mais lorsqu’approche l’échéance des éliminatoires du Mundial, le sélectionneur souhaite privilégier l’expérience. Il rappelle Jean-Pierre Adams pour la rencontre face au Danemark, puis associe à Marius Trésor le Stéphanois Christian Lopez, plus rompu que Rio aux joutes internationales.

Rio attend le début de l’année 1977 pour retrouver les Tricolores, à l’occasion d’une rencontre d’essai face à la Roumanie à Bordeaux. Il ne manquera dès lors plus aucune rencontre avec les Bleus jusqu’à la Coupe du monde en Argentine. Tantôt avec Christian Lopez (6 rencontres), tantôt avec Marius Trésor (7 rencontres).

Le Nantais prend ainsi en marche le train des éliminatoires (défaite à Dublin en mars 1977, victoire au Parc contre la Bulgarie en novembre), participe à la tournée sud-américaine (0-0 en Argentine et 2-2 au Brésil) et apporte sa contribution à quelques victoires de prestige (la RFA en février 1977, le Brésil en avril 1978).

Rio de la Plata

Patrice Rio est tout naturellement convoqué pour la Coupe du monde 1978 et c’est sans surprise qu’il est aligné, pour le premier match contre l’Italie, en défense centrale avec Marius Trésor. Il se retrouve au marquage d’un jeune italien très vif et très opportuniste, Paolo Rossi. Celui-ci égalise à la demi-heure de jeu en poussant sous les yeux du Nantais un ballon qui n’en finissait pas de rebondir sur les jambes et les poteaux. La France s’incline 2-1.

Alors que la France doit rencontrer l’Argentine au Monumental de Buenos Aires, Michel Hidalgo choisit au dernier moment d’écarter Patrice Rio au profit de Christian Lopez. C’est la première fois depuis treize rencontres que Patrice Rio n’est pas titulaire. La paire Lopez-Trésor, incompatible à première vue puisqu’elle associe deux libéros au lieu du traditionnel duo libéro-stoppeur, remporte les préférences de Michel Hidalgo.

Au retour du Mundial argentin, Patrice Rio, qui vient d’avoir trente ans, n’est pas appelé pour la rencontre UNFP face à Anderlecht. Mais l’absence de Marius Trésor lui permet d’être présent au Parc pour le premier match des éliminatoires du championnat d’Europe 1980. La France est accrochée par la Suède (2-2). Par la suite, le Strasbourgeois Léonard Specht se montrera plus convaincant que le Nantais au poste de stoppeur. Le nombre de sélections de Patrice Rio s’arrête à 17, une de moins que son père.

Patrice Rio fait l’essentiel de sa carrière au FC Nantes. Champion de France avec Arribas en 1973, puis en 1977 avec Jean Vincent, il décroche un autre titre en 1980 de même qu’une Coupe de France en 1979. Il semble marquer un déclin en 1982 et songe à mettre un terme à sa carrière quand Jean-Claude Suaudeau lui demande de reporter sa décision. Le Normand réalise ainsi deux belles saisons jusqu’en 1984, remportant son quatrième titre de champion en 1983. Il rejoint ensuite le Stade Rennais prolongeant sa carrière jusqu’à l’âge de 39 ans.

17 sélections, 8 victoires, 6 matchs nuls, 3 défaites

Patrice Rio a joué 19 rencontres (dont deux non-officielles) avec l’équipe de France entre 1976 et 1978. Il a joué toutes ses rencontres en défense centrale, associé neuf fois avec Marius Trésor, sept fois avec Christian Lopez et une fois avec Carlos Curbelo.

Sel.GenreDateLieuAdversaireScoreTps Jeu
1 Amical 27/03/1976 Paris Tchécoslovaquie 2-2 90
2 Amical 24/04/1976 Lens Pologne 2-0 90
3 Amical 22/05/1976 Budapest Hongrie 0-1 90
N/O 02/02/77 Bordeaux Roumanie 2-0 45 >
4 Amical 23/02/1977 Paris RFA 1-0 90
5 qCM 30/03/1977 Dublin Irlande 0-1 90
6 Amical 23/04/1977 Genève Suisse 4-0 90
7 Amical 26/06/1977 Buenos Aires Argentine 0-0 90
8 Amical 30/06/1977 Rio de Janeiro Brésil 2-2 90
UNFP 24/08/1977 Paris Hambourg SV 4-2 90
9 Amical 08/10/1977 Paris URSS 0-0 90
10 qCM 16/11/1977 Paris Bulgarie 3-1 90
11 Amical 08/02/1978 Naples Italie 2-2 74 >
12 Amical 08/03/1978 Paris Portugal 2-0 90
13 Amical 01/04/1978 Paris Brésil 1-0 90
14 Amical 11/05/1978 Toulouse Iran 2-1 90
15 Amical 19/05/1978 Villeneuve d’Ascq Tunisie 2-0 86 >
16 CM T1 02/06/1978 Mar del Plata Italie 1-2 90
17 qEuro 01/09/1978 Paris Suède 2-2 90


 

pour finir...

Sources : les sites selectiona.free.fr, rsssf, wikipedia, L’Equipe, FFF et les ouvrages « L’intégrale de l’équipe de France de football » (First édition) de Pierre Cazal, Jean-Michel Cazal et Michel Oreggia ; « La fabuleuse histoire du football » (Nathan) de Jacques Thibert et Jean-Philippe Rethacker.

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

Vos commentaires

  • Le 10 avril 2023 à 14:13, par Nhi Tran Quang En réponse à : Patrice Rio, canari normand

    Bien avant les Djorkaeffs (Youri & Jean 1998/1966) & Thuram (Lilian & Marcus 1998/2022), il y avait déjà 1 duo père fils en coupe du monde en équipe de France Roger & Patrice Rio (coupe du monde 1934 & 78) je me demande même si ce n’est pas le premier duo père fils en coupe du monde pour une équipe européenne car quand je regarde les duo père-fils ayant joué/été sélectionné en coupe du monde, le duo le plus ancien serait Luis (1907)/Mario Perez (1946) qui ont joué la coupe du monde 30 (Luis) & 70 (Mario) pour le Mexique. Sinon Il y a aussi le duo Martin (1906)/José (1943) Vantolra qui ont joué en 34 (Marti) & 70 (José) qui peut revendiquer d’être le 1er duo père/fils à être sélectionné en coupe du monde cependant à la différence du duo Perez qui ont joué pour la même équipe nationale, Marti a joué pour l’Espagne & son fils pour le Mexique

  • Le 10 avril 2023 à 16:35, par Richard Coudrais En réponse à : Patrice Rio, canari normand

    Bonjour
    En effet, Roger et Patrice Rio sont probablement, sur le plan chronologique, le premier cas en Europe de pères et fils ayant joué la Coupe du monde. Mais il faut tenir compte également de la famille Asensi dont le père a fait la Coupe du monde 1950 et le fils la Coupe du monde 1978.
    Ce post m’a donné l’occasion de mettre quelque peu à jour mon article « Papa aussi a joué la Coupe du monde » que je tiens sur mon propre blog footichiste. N’hésitez pas à me dire ce que vous en pensez...
    Merci.

  • Le 10 avril 2023 à 18:42, par Nhi Tran Quang En réponse à : Patrice Rio, canari normand

    je ne savais pas que les asensis étaient père & fils, pourtant aucune source d’info ne le signalent notamment le site des stats du foot comme rsssf ou wiki (en espagnol)
    https://www.rsssf.org/players/wk-fa...

  • Le 10 avril 2023 à 19:05, par Richard Coudrais En réponse à : Patrice Rio, canari normand

    En effet, à propos des Asensi, il semble bien que j’ai été trompé par une source peu fiable, si l’on en croit RSSSF. La relation entre les deux Asensi est même « débunkée » en fin de page dans une rubrique « No relation ». La famille Rio reste donc à jamais la première sur le plan européen.

  • Le 11 avril 2023 à 06:42, par Nhi Tran Quang En réponse à : Patrice Rio, canari normand

    je parie que la famille Rio notamment Patrice ignorait totalement cette stats de coupe du monde aussi bien en équipe de France qu’au niveau européen voire mondial vue qu’on en parle pas autant que le record de but de Just Fontaine en coupe du monde :D quand la compète arrive, & que même quand le fils d’un ancien international ayant joué la compete est sélectionné pour y jouer.

  • Le 4 septembre à 22:50, par Nhi Tran Quang En réponse à : Patrice Rio, canari normand

    Si la carrière internationale de Patrice Rio corresponde à la génération Platini, quand on regarde sa carrière en générale, il fait partie autant de la génération Bereta que celle de Platini, il est à peine 2 ans plus jeune que Bereta (1946) & a commencé sa carrière pro 4 ans avant Platini (1968-1972), et il a terminé sa carrière presque en même temps que ce dernier (saison 86-87). On pourrait dire pareil pour Claude Papi ou Jean Marc Guillou ou François Bracci etc...

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