Jean-Paul Bertrand-Demanes a gardé les cages du FC Nantes pendant presque deux décennies. Du gamin de dix-sept ans recruté d’urgence un jour de 1969 où le club fut en panne de gardiens, jusqu’au capitaine doyen respecté des années 1980, le gardien aussi grand que son patronyme est long reste à jamais une figure du club. On regrette qu’il n’ait pas eu une longévité comparable au niveau international.
Le choix de Kovacs
C’est au cours de la saison 1973/74 que Jean-Paul Bertrand-Demanes apparaît en équipe de France. Stefan Kovacs l’appelle pour un match amical au Parc des Princes contre le Danemark (3-0). Il lui maintient sa confiance pour les matchs suivants contre la Roumanie au Parc (1-0), l’Ajax Amsterdam en match UNFP (1-0) et enfin la Tchécoslovaquie à Prague (3-3) qui est la première à lui marquer des buts.
Stefan Kovacs instaure ensuite une concurrence entre Jean-Paul Bertrand-Demanes et le Niçois Dominique Baratelli, deux gardiens aux qualités fort différentes. Le Nantais mise sur sa grande taille et sa détente qui le rendent impérial dans les airs. Au sol, le Niçois est plus performant du fait de sa taille moyenne et de son explosivité. Si la concurrence est censée stimuler les deux gardiens, elle leur donne surtout de la fébrilité, d’autant que le Marseillais René Charrier s’invite dans la danse au cours de l’année 1975.
Lorsque Michel Hidalgo prend les rênes de l’équipe de France en 1976, c’est à Jean-Paul Bertrand-Demanes qu’il fait appel pour garder les buts de son premier match le 27 mars contre la Tchécoslovaquie. Alors que ses coéquipiers mènent 2-0, le gardien nantais encaisse en fin de match deux buts où il a manifestement manqué de concentration. Le nouveau sélectionneur lui préférera alors Dominique Baratelli pour les matchs suivants, puis le Messin André Rey. Ce dernier s’impose peu à peu et tout indique qu’il sera le gardien des Bleus pour la Coupe du monde en Argentine.
Come back gagnant face au Brésil
Mais une blessure au poignet à l’entraînement arrive au plus mauvais moment pour André Rey, alors que la France doit affronter le Brésil au Parc des Princes. Michel Hidalgo rappelle Jean-Paul Bertrand-Demanes qui n’avait plus porté le maillot frappé du coq depuis deux ans. Le gardien nantais, alors très brillant avec son club, saisit sa chance. Malgré de nombreuses occasions brésiliennes, JPBD n’encaisse aucun but. Il devient le titulaire indiscuté lors des rencontres qui suivent.
Quand débute le mondial argentin, Jean-Paul Bertrand-Demanes n’a jamais perdu le moindre match en neuf sélections avec l’équipe de France. Le 2 juin 1978 à Mar Del Plata, les hommes de Michel Hidalgo sont opposés à l’Italie pour leur premier match. Malgré une rapide ouverture du score, les Français subissent la rencontre et encaissent deux buts, le premier suite à une invraisemblable partie de flipper conclue par une frappe de Paolo Rossi, et le deuxième où le gardien est complètement surpris par un tir de Renato Zaccarelli qui passe entre les jambes de Gérard Janvion.
Quatre jours plus tard, au Monumental de Buenos Aires, l’équipe de France joue déjà sa dernière carte. Malgré un match d’excellente facture, elle concède un penalty juste avant la mi-temps. Jean-Paul Bertrand-Demanes ne peut rien faire sur la puissante frappe de Daniel Passarella. En début de seconde période, à la 55e minute, le gardien nantais s’envole pour capter un tir lobé de Leopoldo Luque. Il détourne bien la trajectoire du ballon mais se fracasse le dos contre son poteau droit. Bertrand-Demanes doit sortir sur une civière. Sa carrière internationale vient de prendre fin.
Une légende nantaise
Il n’a pourtant que 26 ans, mais Michel Hidalgo préférera par la suite faire appel à Dominique Baratelli, André Rey puis Dominique Dropsy, Jean Castaneda, Jean-Luc Ettori… Le championnat de France ne manque pas de gardiens de bonne valeur, mais aucun, avant Joël Bats, ne parvient à s’imposer au niveau international.
Le paradoxe est que Jean-Paul Bertrand-Demanes deviendra encore meilleur dans les années qui suivront, prenant une grande part aux titres conquis avec le FC Nantes, sous les ordres de Jean Vincent puis de Jean-Claude Suaudeau. A la fin de sa carrière, en 1987, il comptera 530 rencontres de première division avec le FC Nantes et 39 matchs de Coupe d’Europe. Son CV listera quatre titres de champion de France et une Coupe de France (pour trois finales disputées).
11 sélections, 11 buts encaissés
Jean-Paul Bertrand-Demanes a disputé 11 rencontres officielles avec l’équipe de France A pour un bilan de 6 victoires, 3 matchs nuls et 2 défaites. En 955 minutes, il a encaissé 11 buts (dont 5 contre la Tchécoslovaquie). Ses bourreaux ont pour noms Pivarnik (Tchécoslovaquie), Bicovsky (Tchécoslovaquie), Panenka (Tchécoslovaquie), Sparwasser (RDA), Kreische (RDA), Ondrus (Tchécoslovaquie), Dobias (Tchécoslovaquie), Roshan (Iran), Rossi (Italie), Zaccarelli (Italie) et Passarella (Argentine).
Sel. | Match | Date | Lieu | Adversaire | Score | Tps jeu |
---|---|---|---|---|---|---|
1 | Amical | 21/11/1973 | Paris (Parc) | Danemark | 3-0 | 90 |
. | (Match non officiel) | 19/03/1974 | Lille | RSC Anderlecht | 1-0 | 45 |
2 | Amical | 23/03/1974 | Paris (Parc) | Roumanie | 1-0 | 90 |
. | (Match UNFP) | 23/04/1974 | Paris (Parc) | Ajax Amsterdam | 1-0 | 90 |
3 | Amical | 27/04/1974 | Prague | Tchécoslovaquie | 3-3 | 90 |
4 | Amical | 07/09/1974 | Wroclaw | Pologne | 2-0 | 90 |
5 | qEuro | 16/11/1974 | Paris (Parc) | RDA | 2-2 | 90 |
6 | Amical | 27/03/1976 | Paris (Parc) | Tchécoslovaquie | 2-2 | 90 |
7 | Amical | 01/04/1978 | Paris (Parc) | Brésil | 1-0 | 90 |
8 | Amical | 11/05/1978 | Toulouse | Iran | 2-1 | 90 |
9 | Amical | 19/05/1978 | Villeneuve d’Ascq | Tunisie | 2-0 | 90 |
10 | CM T1 | 02/06/1978 | Mar del Plata* | Italie | 1-2 | 90 |
11 | CM T1 | 06/06/1978 | Buenos Aires* | Argentine | 1-2 | 55* |
Vos commentaires
# Le 18 septembre 2021 à 21:05, par Nhi Tran Quang En réponse à : Jean-Paul Bertrand-Demanes, comme un géant
un gardien sous-estimé qui aurait dû avoir une meilleure carrière internationale même en tant que numéro 2 ou 3. Si il n’avait pas toujours les qualités (notamment la régularité à performer à haut niveau international) et surtout la confiance & l’assurance d’être un numéro 1, je le voyais bien encore dans le noyau en 82, 84 & 86 au vue de sa contribution dans les succès de Nantes à cette période notamment à la place de Rust ou Bergeroo qui ne jouaient pas toujours dans des clubs du haut du tableau (Sochaux, LOSC, TFC)