Mise à jour d’un article initialement paru en juillet 2019 dans le cadre de la série de l’été 2019, Les hommes de mains.
Qu’est-ce qu’un grand gardien ? Celui qui permet à son équipe, sinon de gagner des matchs, tout du moins de ne pas en perdre. Et en tout cas de ne pas encaisser de but, ou le moins possible. Celui aussi qui est décisif au moment voulu. A ce titre, Hugo Lloris, Fabien Barthez ou Joël Bats sont de grands gardiens. Bernard Lama, René Vignal, Julien Darui aussi, même s’ils ont moins eu l’occasion de briller au plus haut niveau.
Qu’est-ce qu’un gardien grand ? La réponse est plus facile, puisqu’on remplace le talent par les centimètres. Enfin, pas si facile que ça, parce qu’elle dépend de l’époque que l’on regarde. Dans les années 1930, un gardien comme Raoul Chaisaz était considéré comme très grand, en comparaison de ses partenaires dont la taille tournait autour de 1,65 m. Il ne mesurait pourtant que 1,83 m, c’est-à-dire comme Fabien Barthez ou Bernard Lama.
Bertrand-Demanes et Bergeroo, avec un grand B
Dans les années 1970, le Lillois Philippe Bergeroo ou le Nantais Jean-Paul Bertrand-Demanes ressemblaient à des géants, avec leurs 1,91 m pour le premier et 1,92 m pour le deuxième. Là, ça commence effectivement à faire haut. Ils n’ont été dépassés à cette altitude qu’en 1990 par le Sochalien Gilles Rousset (1,95 m), lequel a culminé tout seul au sommet des internationaux français jusqu’en septembre 2018, où il a été rejoint par Alphonse Areola. Entre temps, Richard Dutruel s’était intercalé à la deuxième place en 2000 et Mike Maignan a rejoint Bergeroo en 2020.
Rousset, Areola, Dutruel, Rust, Bergeroo, Maignan : 20 sélections à eux six. Et si le Parisien a été sacré champion du monde en 2018 (sans jouer), si Bergeroo a été champion d’Europe 1984 (toujours sans jouer) et troisième de la Coupe du monde 1986 (comme Albert Rust), on ne peut pas dire que ces six-là aient marqué l’histoire des Bleus, ou du moins pas encore. Maignan, qui vient de succéder à Hugo Lloris et qui brille à l’AC Milan, a le talent pour y parvenir.
En conservant le code couleur de la chronologie des gardiens de but, j’ai placé sur le schéma en forme de toise ci dessous les 59 (sur 79) dont la taille est connue. En vert, les gardiens ayant débuté lors de la période la plus récente, celle qui commence en 1983 avec l’arrivée de Joël Bats et qui dure encore, en bleu la période intermédiaire entre 1940 et 1983, et en orange l’avant-guerre, de 1904 à 1939. La première est complète (21 gardiens), la deuxième quasi (27 sur 30), la troisième parcellaire (11 sur 28). Les journaux du début du 20e siècle ne publiaient pas ce genre d’information, qu’il faut aller chercher dans les livrets militaires, quand ceux-ci sont accessibles.
Un gardien plus petit que Kanté...
Mais il est facile de voir à quel point les tailles des gardiens ont évolué depuis plus d’un siècle. Autour de la première guerre mondiale, le meilleur spécialiste français du poste, Pierre Chayriguès, ne mesurait que 1,66 m, soit moins que N’Golo Kanté. En 1982, Jean Castaneda faisait certes 1,88 m (comme Lloris), Dominique Baratelli 1,78 m (l’équivalent de Mbappé), mais le titulaire était Jean-Luc Ettori et son 1,73 m.
Chayriguès n’est pourtant pas le gardien le plus petit de l’histoire des Bleus. Maurice Guichard, le tout premier portier de l’équipe de France en 1904 et 1905, ne mesurait que 1,64 m. Et Maurice Beaudier, gardien du CA Paris qui compte trois sélections en 1921 mesurait, selon les sources, 1,61 m ou 1,65 m. Je l’ajouterai sur la toise quand j’aurai trouvé une information plus fiable.
En revanche, sur la période la plus récente qui a commencé il y a 36 ans, aucun gardien des Bleus n’a fait moins de 1,80m. Le seul de cette taille est Joël Bats. Pour autant, l’équipe de France ne collectionne pas les géants puisqu’elle ne compte que six portiers à plus d’1,90 m, et que la moyenne actuelle tourne plutôt autour de la taille de Lloris (1,88 m).
Lev Yachine, l’araignée noire
A l’étranger, on a souvent compté des gardiens beaucoup plus grands que ceux des Bleus : à la fin des années 1950, à l’époque où Claude Abbes (1,80 m, donc plutôt grand pour l’époque parmi les Français) gardait les cages de la sélection, le Soviétique Lev Yachine dominait le poste à la fois par le talent et par la taille (1,90 m). L’Argentin Carrizo et le Nord-Irlandais Gregg, présents à la Coupe du monde 1958 en Suède, n’étaient pas loin (1,88 m). Mais l’Allemand Herkenrath, le Suédois Svensson ou le Hongrois Grosics (remplaçant) faisaient tous trois moins d’1,80m.
Barthez à la hauteur de Taffarel
Plus récemment, au temps de Barthez au tournant du siècle, c’est le Néerlandais Erwin Van der Sar qui culminait à 1,97 m. Le Danois Peter Schmeichel et l’Argentin Carlos Roa dépassaient les 1,90 m, la taille de l’Italien Gianluca Pagliuca. Pour trouver des gardiens de la hauteur de Barthez, il faut se tourner vers l’Espagnol Andoni Zubizarreta (devenu directeur sportif de l’OM) et du Brésilien Claudio Taffarel, tous à 1,83 m.
Enfin, de nos jours, Hugo Lloris peut regarder de haut Jordan Pickford et Jasper Cilessen, mais il est loin de Thibaut Courtois, Gianluigi Donnarumma ou Manuel Neuer.
Vos commentaires
# Le 28 avril 2020 à 20:45, par Christophe Senellart En réponse à : Passons les gardiens de but sous la toise
Bonjour Monsieur,
Après avoir lu vôtre article sur la taille des gardiens de buts, je me permet de vous faire parvenir ce mail afin de compléter vos propres données.
En effet, je mettais déjà pencher sur le sujet et je vous fais donc savoir que je possède les tailles qu’il vous manque de cinq des gardiens.
Les donnés proviennent tout simplement de l’encyclopédie en ligne « Wikipedia ».
Dominique Dropsy -1m83
Robert Défossé - 1m80
Maurice Bardier - 1m61
Alfred Dambach - 1m84
Charles Berthelot - 1m85
Je vous pris de bien vouloir recevoir mes remerciements pour la qualité et la pertinence de vos articles. Continuer à nous faire rêver.