L’équipe de France joue son premier match le 1er mai 1904 face à la Belgique. A cette époque, deux maisons de confection règnent sur le marché du vêtement sportif à Paris et en France : les maisons Tunmer et Williams & Cie. Elles se font connaître par les publicités qu’elles diffusent dans les annuaires de l’USFSA mais aussi dans la presse comme le journal L’Auto. On ne peut pas affirmer avec certitudes que Tunmer a équipé la sélection nationale, même s’il l’on sait que le ballon du match face à l’Angleterre était un Tunmer.
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L’Auto du 2 novembre 1906 (BNF, Gallica)
Williams & Cie en 1908
En 1908, alors que l’équipe de France abandonne son maillot blanc pour adopter le bleu, c’est Williams & Cie qui fournit les tenues de la sélection. Après la rencontre perdue face à l’Angleterre 12-0 le 23 mars, un encart publicitaire présent dans L’Auto explique que Williams a fourni l’équipement de l’équipe. La maison de confection réaffirme son partenariat avec la sélection lors de la rencontre suivante (défaite 2-1 face à la Belgique) jouée le 12 avril.
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L’Auto du 24 mars 1908 (BNF, Gallica)
Après la Grande Guerre, la Fédération Française de Football Association décide de confier la création de ses tenues à la maison Ducim, tenue par les frères Ducimetière. La photo de la première équipe de France ayant battu l’Angleterre le 5 mai 1921 met bien en évidence le ballon du match floqué des lettres DUCIM. Allen-Primo prend le relais à partir de la saison 1923-24. Rebaptisé par la suite Allen, cet équipementier va accompagner la sélection française jusqu’en 1962.
Adidas arrive en 1972, Nike en 2011
Les années 1960 vont voir plusieurs marques se succéder aux côtés des Bleus. Allen fusionne avec le Coq Sportif à cette époque qui est alors mis en avant par l’équipe de France. En dehors d’un intermède de quelques matchs en 1969 avec Kopa, marque fondée par l’ancienne vedette des Tricolores, le mariage entre la FFF et Le Coq Sportif tient jusqu’en 1972. Adidas arrive alors et les trois bandes de marque allemande partagent les premiers triomphes des Bleus, mais aussi le fiasco de Knysna. En 2011, c’est Nike qui prend le relais pour un montant alors record de 42 millions d’euros annuels, portés à 50 lorsque le contrat est renouvelé pour huit ans en 2018, puis à 100 pour la période suivante (2026-2034).
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Lire l’article La valeur du maillot des Bleus
En 120 ans d’histoire, huit marques (au minimum puisque la période d’avant-guerre reste floue) ont donc travaillé aux côtés de l’équipe de France de football : Tunmer en 1906, Williams & Cie en 1908, Ducim entre 1919 et 1923, Allen entre 1923 et 1962, Le Coq Sportif entre 1962 et 1972, Kopa en 1969, Adidas entre 1972 et 2010 et Nike depuis 2011. Le record de longévité est détenu par Allen (39 ans), juste devant Adidas (38 ans).
Et les autres nations ?
Depuis que les maillots se vendent dans le commerce à la fin des années 1970, les Bleus n’ont donc connu que deux équipementiers (Adidas puis Nike) même si un troisième arrivera peut-être en 2026. Comment les choses se passent-elles chez les autres cadors du football européen et mondial [1] ?
L’Allemagne n’a été équipée que par la marque aux trois bandes qui l’accompagnait depuis 1954 [2], mais va changer de logo en accolant le swoosh de Nike à partir de 2027. Les Anglais sont passés d’Admiral à Umbro en 1983, qui a été racheté par Nike en 2009. Depuis 2013, Nike est l’équipementier associé aux Trois lions.
Les Pays-Bas qui travaillent depuis 1996 avec Nike n’ont pas non plus collaboré avec beaucoup de marques (Adidas entre 1970 et 1990, puis Lotto jusqu’en 1996). Le Brésil, équipé par des marques locales jusqu’en 1977 (Nenhum 1908-1954 puis Athleta 1954-1977), a ensuite travaillé avec Adidas (1977-1981), Topper (1981-1991) puis Umbro (1991-1996) et enfin Nike (depuis 1996).
On note un peu plus de changements en Argentine qui a débuté une collaboration avec Adidas en 1974 entrecoupée de quelques années chez Le coq sportif (1980-1989) et Reebok (1999-2001). Auparavant, les Albiceste s’étaient fournis chez la maison britannique Saint Margaret (1901-1924) avant d’opter pour des marques locales jusqu’au milieu des années 1970 (Gath & Chaves 1925-1958, Industria Lanús 1958-1963 et 1967-1974, Noceto Sports 1964-1965 et Sportlandia 1966).
Le cas de l’Espagne est assez similaire, avec deux passages chez Adidas (1982-1983, puis depuis 1991) complétés par un partenariat avec Le Coq Sportif (1984-1990). Dans le passé Ninguno (1920-1935, Deportes Cóndor (1935-1971) et Umbro (1966) ont associé leur image avec la sélection ibérique. Le Portugal, dont le premier équipementier connu est Adidas (1976-1994) a ensuite travaillé avec Olympic sportswear (1994-1996) puis Nike depuis 1997. En 2025, Puma prendra le relais.
La Belgique a connu de nombreux partenaires (Umbro 1970-1973, Adidas 1974-1980, Admiral 1981-82, Adidas 1982-91, Diadora 1992-99, Nike 1999-2010, Burrda 2010-14 et enfin Adidas depuis 2014), mais l’Italie est la nation qui change le plus souvent avec pas moins de huit partenaires différents depuis 1978 (Baila 1978-1979, Le Coq Sportif 1979-1984, 1984-1985 Ennerre, Diadora 1985-1994, Nike 1994-1999, Kappa 1999-2003, Puma 2003-2022 et Adidas depuis 2023). Auparavant, la Squadra Azzurra avait travaillé avec Italo Sport (1954-1962), Fedeli (1962-1966) mais aussi Adidas (1974-1978).
L’Uruguay a aussi connu huit partenaires depuis le milieu des années 1970 (Adidas 1974-1982, Le coq sportif 1983-1986, Puma 1987–1991, Ennerra 1992-1998, Covadonga 1999-2002, L-Sporto 2002–2004, Uhlsport 2004-2006 et ensuite Puma).
Les équipementiers des vainqueurs des quatre premières Coupes du monde sont inconnus (Uruguay 1930 et 1950, Italie 1934 et 1938). Pour le reste, Adidas tire son épingle du jeu avec huit titres à son actif (1954, 1974, 1978, 1990, 1998, 2010, 2014 et 2022) suivi d’Athleta associé aux trois premiers succès brésiliens (1958, 1962 et 1970). Le Coq Sportif (1982 et 1986), Umbro (1966 et 1994) et Nike (2002 et 2018) comptent deux victoires et Puma (2006) une.