Qu’est-ce qu’un match historique ? Tentative de définitions

Enjeu, contexte, vécu personnel, scénario… Pour tenter de définir quels sont les critères qui font qu’un match va s’inscrire dans la mémoire collective, j’ai interrogé quatre spécialistes de l’histoire des Bleus, et un invité surprise en contrepoint.

22 minutes de lecture

L’idée est née d’un tweet anodin publié le 11 juin dernier. Je donnais la liste des dix matchs qui m’avaient le plus marqués depuis 1976.

Très vite, la discussion (sur Twitter, et par mail) a rebondi sur la notion de match historique : comment le définir ? Un amical en est-il un ? Une finale gagnée, même sans panache, en est-il un ? Et une défaite ?

Je me suis alors dit que ce serait un sujet de discussion potentiellement intéressant, et j’ai contacté quatre personnes que vous avez sans doute croisées sur Chroniques bleues (et ailleurs) :
 François da Rocha Carneiro, historien et auteur d’une thèse universitaire sur le thème « équipe de France, construction d’une élite sportive » (lire l’article François da Rocha Carneiro : « J’imagine des cercles de postérité concentriques » )
 Pierre Cazal, coauteur de l’Intégrale de l’équipe de France (éditions First, 1998) (lire l’article Pierre Cazal : « l’historien a le devoir de sortir de l’oubli des matches qui ont été écartés »)
 Matthieu Delahais, initiateur du Dico des Bleus (Marabout, 2018) (lire l’article Matthieu Delahais : « 1998 est le point culminant de l’Histoire des Bleus »)
 Richard Coudrais, contributeur aux Cahiers du football (sous le pseudo de Richard N) et auteur du blog Le Footichiste (voir le site Le Footichiste)

Alors que je recueillais les réponses, j’ai réalisé qu’il serait utile de confronter les avis de ces spécialistes nés entre la fin des années 40 et le milieu des années 70 avec quelqu’un de la génération Mbappé, né en 1999 alors que les Bleus avaient déjà une étoile sur leur maillot :
 Hugo Colombari, étudiant en histoire et en journalisme.

Afin de faciliter la lecture, vous pouvez accéder directement à chacune des six questions avec les liens ci-dessous :
1. Pour qu’un match devienne historique, c’est à dire qu’il entre dans la mémoire collective, quels critères doivent être réunis ? Lesquels sont les plus importants selon vous ?
2. Faut-il avoir vécu personnellement un tel match, directement au stade ou via la radio ou la télévision pour qu’il devienne historique à nos yeux ?
3. Jusqu’à quel point l’enjeu favorise-t-il l’apparition d’un match historique ? Pourquoi est-il si rare qu’une finale mondiale ou européenne le soit ?
4. Un match amical peut-il être un match historique ? Et une défaite ? À quelles conditions ?
5. A quel moment réalisez-vous que vous avez assisté à un match historique ? Pendant le match ? Juste après la fin ? Quelques mois plus tard ?
6. Si vous deviez lister, selon vos propres critères, vos dix matchs historiques (peu importe l’ordre), ce seraient lesquels ?


Pour qu’un match devienne historique, c’est à dire qu’il entre dans la mémoire collective, quels critères doivent être réunis ? Lesquels sont les plus importants selon vous ?

FRANÇOIS DA ROCHA CARNEIRO : Dès lors que tout match, comme toute autre activité des sociétés humaines, peut être regardé par l’historien, il n’en est aucun de plus « historique » que les autres. Il faudrait peut-être trouver un autre terme, « important », « inoubliable », « mémorable »… J’entendrai donc par « match historique » un « match mémorable » dans mes réponses. Aucun match n’est totalement mémorable, dans la mesure où des franges de la population peuvent toujours échapper à la passion collective du moment. Tous les Français n’ont pas regardé Séville, France-Brésil de 1998 ou France-Croatie de 2018.

Un critère pourrait être l’audience : plus un match est vu par une population nombreuse, plus il serait « historique ». C’est dans ce cas dénigrer les matchs diffusés imparfaitement sur le moment, ou pire, abandonner tous ceux dont il ne reste aucune image animée. Un critère mais insuffisant et pas rédhibitoire. Autre critère, l’enjeu, qu’il soit sportif ou symbolique… un match de compétition, ou de qualification, ou un match « amical » face à un adversaire particulier. Il peut y avoir la portée dramatique : l’homme blessé, le geste remarquable, l’arrêt superbe, le but divin… sont autant de moments d’un match qui peuvent imprégner les mémoires au risque de faire oublier le reste de la rencontre.

« La mémorabilité d’un match ne peut être, à mon sens, que le résultat d’un faisceau de critères conjoints »

On se place ici uniquement du côté de l’émetteur du mémorable, mais il faut aussi songer à l’état d’esprit du récepteur. La société est-elle en mesure de s’approprier la rencontre, y est-elle prête, y a-t-elle été préparée, en a-t-elle envie, en a-t-elle besoin… ? Est-elle partout prête de la même façon ? Les recherches historiques depuis quelques décennies ont beaucoup travaillé la question des mémoires. Pour le football, comme pour le reste, c’est un sujet très complexe, aux fils difficiles à dénouer. Aucun fil n’est plus important qu’un autre et aucun ne se suffit à lui-même. La « mémorabilité » d’un match ne peut être, à mon sens, que le résultat d’un faisceau de critères conjoints.

RICHARD COUDRAIS : Le premier critère selon moi est justement qu’il entre dans la mémoire collective. Qu’un grand nombre de gens en ait gardé un souvenir clair, ses buts, son scénario, ses enjeux. La vision du match en direct doit avoir été partagée, donc avoir été télévisé sur une chaîne gratuite et accessible. Ensuite c’est son déroulement qui fait la différence : la qualité du jeu, le scénario, le suspens, l’émotion.

C’est surtout le lendemain matin qu’on prend conscience de son caractère historique. Puis au fil des jours, des mois, des années, si l’on en fait régulièrement référence, si l’on trouve encore des interlocuteurs pour évoquer la rencontre en détails, on peut la classer comme historique. Ensuite, le caractère historique d’un match dépend aussi d’un point de vue. Est-ce que dans notre cas on doit se positionner en tant que supporter de l’équipe de France ou bien en spectateur neutre ?

PIERRE CAZAL : Les 850 matches font tous l’histoire des Bleus, mais seuls une poignée sont remarquables, même pas 10% ! Soit parce qu’ils ont permis de gagner des trophées, Coupe du monde, Euro... soit parce qu’ils ont permis des succès de prestige. Face à l’Angleterre dans le passé quand elle était tenue pour la meilleure, donc jusqu’en 1950 environ (la victoire de 1921, le nul à Wembley en 1945), au Brésil, ou l’Allemagne (la battre en 1954 alors qu’elle venait de gagner la Coupe du monde, voilà qui était historique !) ; pareil pour l’Italie : la tenir en échec à Naples en 1937, la battre enfin en 1982 après 62 ans d’insuccès, était glorieux, et historique. Ou encore battre pour la première fois l’Uruguay en 1985 et remporter par la même occasion la Coupe Intercontinentale...

Certaines défaites traumatisantes sont également historiques : Danemark 1908, Hongrie 1927, et plus près de nous, je me souviens de la désolation provoquée par la défaite 0-1 concédée face à la Norvège en 1968. Il y a les « premières » : la Belgique en 1904, de même que la première absolue de l’équipe de France lors des Jeux de 1900 à Paris. Le but de Lucien Laurent en 1930 est dit historique, c’est le premier inscrit en Coupe du Monde. Enfin, il y a les incidents : contre l’Algérie en 2001 ou le coup de boule de Zidane en 2006. Autant de critères...

MATTHIEU DELAHAIS : Plusieurs critères peuvent entrer compte. Il y a l’importance du match. Un match de Coupe du monde aura forcément plus d’impact qu’une rencontre amicale. La manière dont le match se déroule, avec des retournements de situation, des faits de jeu (poteaux, erreurs d’arbitrage, accès à la VAR depuis quelques temps...), a aussi son importance au niveau de la dramaturgie et des émotions générées. La rivalité avec l’adversaire et le contexte du match entrent aussi en ligne de compte tout comme le niveau de jeu présenté par les deux équipes.

Ces critères peuvent s’additionner, comme par exemple lors de la demi-finale de Séville qui doit tous les réunir. Mais un seul peut parfois suffire, comme sans doute lors de la finale de la Coupe du monde 1998 qui a été un match à sens unique, où seule l’importance du match a pu lui donner ce caractère historique. 

« D’un côté je parle d’émotion, et d’un autre de résultat ou de fierté nationale »

Il est difficile de définir quel est le critère le plus important parmi ceux que j’ai cités. D’un côté, je parle d’émotion et de plaisir (déroulement du match, niveau de jeu) et d’un autre de résultat (importance du match) ou de fierté nationale (rivalité, contexte). Alors si je dois choisir entre les perdants merveilleux de Séville et les champions du monde hyper réalistes de 2018, je crois que je préfère mettre en avant l’importance du match. 

HUGO COLOMBARI : Définir objectivement un match, ou n’importe quel événement, comme historique est difficile puisque cela dépend surtout de la manière dont il est perçu à court, moyen puis long terme par le public. Un match dit « historique » doit donc se distinguer des dizaines de matches qui peuvent être vus chaque année, avoir un aspect unique, sensationnel et est donc par essence rare. Les critères ne sont évidemment pas fixes, ils évoluent en fonction de l’époque, du contexte, et peuvent être élargis ou resserrés selon la position plus ou moins haute du curseur « historique », également selon la taille du panel considéré (des supporters inconditionnels de l’équipe de France à la majorité de la nation en passant par les simples amateurs de football).

En partant de la définition de souvenir partagé par une mémoire collective, les matches historiques de l’équipe de France pourraient être limités à quelques dizaines sur les 850 actuels. Partant de ce point de vue, les critères seraient le fait de marquer le spectateur, mais surtout de s’inscrire dans une mémoire à long terme, que son souvenir traverse en quelque sorte les générations. Cela peut être dû à l’enjeu, à un fait de match, à la beauté du jeu proposé, à un exploit réalisé…

On peut d’ailleurs remarquer que pour les matches les plus souvent évoqués comme étant historiques c’est essentiellement juste un ou deux de ces critères qui ressortent et pas forcément un mélange à moyenne dose de l’ensemble des conditions. La médiatisation en direct et/ou a posteriori joue également un rôle essentiel.


Faut-il avoir vécu personnellement un tel match, directement au stade ou via la radio ou la télévision pour qu’il devienne historique à nos yeux ?

FRANÇOIS DA ROCHA CARNEIRO : Ça peut aider, mais comme je l’écrivais ci-dessus, ce n’est pas suffisant. Qui se souvient avoir suivi personnellement l’incroyable 17-1 contre le Danemark en octobre 1908 ? Et pourtant, le fait que ce soit un Roubaisien, fils d’un Allemand, futur blessé de guerre, qui mourra des suites de ses blessures et sera déclaré « mort pour la France » après le conflit suivant, qui marque le seul but français de la pire défaite de l’histoire de l’équipe de France, peut avoir du sens et en faire un match « historique », autant qu’une victoire qui qualifie la sélection pour une compétition.

« Notre perception personnelle n’est qu’un élément qui sera englobé dans la perception collective »

Je pense que si on ne s’intéresse qu’à ce qu’on a vécu directement, il n’est pas utile de se pencher sur l’histoire, la psychanalyse suffit. Cependant, cela pose aussi la question de l’intimité de la réception et de l’émotion personnelle face au match. Cette question suppose qu’on sorte de la « mémoire collective » pour la réduire au seul « souvenir personnel ».

RICHARD COUDRAIS : Le média selon moi n’a aucun importance. Notre perception personnelle n’est qu’un élément qui sera englobé dans la perception collective. Pour qu’un match soit historique, il faut surtout en avoir partagé l’émotion avec le plus grand nombre (je radote mais c’est je crois le premier critère). Je peux m’être régalé devant un Tours-Rouen de 1985, vous en parler pendant des heures, si je suis le seul à m’en souvenir, ce ne sera pas un match historique.

PIERRE CAZAL : Non, il n’est pas nécessaire d’avoir vu les matches. L’Histoire est collective, pas personnelle. Sinon on zappe la majorité des 850 matches des Bleus ! Mais bien sûr les avoir vus change les choses, du point de vue émotionnel. Je n’ai pas de « Top 10 » des matches des Bleus depuis l’origine, j’en ai un depuis le premier que j’ai vu en 1962.

MATTHIEU DELAHAIS : Je suis l’équipe de France depuis 1983, mais ce sont sans doute les retombées populaires de la Coupe du monde 1982 qui ont fait que je me suis intéressé à ce sport. La demi-finale de 1982 est pour moi un match historique, d’autant plus que c’est sans doute ce match qui a fait basculé les Bleus dans leur ère moderne. Mais n’ayant pas suivi ce match, je n’ai pas à son sujet la même sensibilité que les grandes épopées tricolores que j’ai ensuite vécues.

De même, la première victoire des Tricolores face aux Anglais en 1921 est historique. C’était à l’époque une équipe très forte qui pouvait jusqu’à ce match n’envoyer que des amateurs jouer face à nous. La demi-finale de 1958 est aussi très importante et a eu un énorme engouement populaire avec des millions de Français derrière les rares écrans de télévision de l’époque. Mais je n’ai jamais vu ces matches et je les considère comme historique plus comme un fait acquis que comme une conviction. Il me semble donc important d’avoir vécu ces rencontres pour leur donner ce qualificatif.

HUGO COLOMBARI : Définir personnellement des matches comme historiques n’est pas conditionné au fait de les avoir vécu « en direct », même si cela entraine inévitablement un rapport différent à ces matches. Etant né en 1999, je n’ai pas eu la chance de vivre la plupart des matches historiques de l’équipe de France mais cela ne m’empêche pas de les considérer personnellement comme tels, que ce soit grâce aux archives de ces matches (vidéos, articles, compte-rendu…) ou à un héritage transmis par des personnes les ayant vécus directement.

Cependant le fait d’assister en direct à un match, quelle que soit la manière, favorise l’entrée de celui-ci dans la mémoire collective et donc dans l’histoire puisque cela crée un moment de partage, un évènement vécu simultanément entraînant des souvenirs inoubliables, du match en lui-même mais également du contexte dans lequel on l’a vécu. Ainsi la quasi-totalité des personnes ayant vu en direct Didier Deschamps en 1998 ou Hugo Lloris en 2018 soulever la Coupe du monde se souvient d’où elle était, avec qui, lors de ces moments pouvant être considérés comme historiques à l’échelle de l’équipe de France.


Jusqu’à quel point l’enjeu favorise-t-il l’apparition d’un match historique ? Pourquoi est-il si rare qu’une finale mondiale ou européenne le soit ?

FRANÇOIS DA ROCHA CARNEIRO : Es-tu sûr qu’une finale mondiale ou européenne ne soit pas « historique » ? La force de l’enjeu, souvent la victoire, fait qu’à la fin du match on ne se souvient plus que de la case cochée « victoire » ou « défaite », « champion » ou « vice-champion » et non du jeu lui-même. Mais quand même, on a eu droit à quelques finales très spectaculaires dans les années 2000 qui méritent un peu mieux que cette seule mémoire binaire, non ? Je le redis, l’enjeu est un critère, mais il n’est ni le premier, ni le seul. Il en est un parmi d’autres.

RICHARD COUDRAIS : Une finale, du point de vue d’un supporter, est forcément un match historique. Elle apporte un titre et donne une certaine satisfaction a un grand nombre. Globalement, les finales ne sont pas de bonne qualité, mais l’enjeu génère une émotion considérable. Et encore, je considère la première mi-temps de France-Brésil 1998 comme une référence en terme de maîtrise. Il se trouve que chaque finale de l’équipe de France, remportées ou non, à un élément particulier qui nous revient en mémoire : l’erreur d’Arconada en 1984, la maîtrise de 1998 avec super-Zizou, le final ahurissant de 2000, la coup de boule de 2006…

La finale de 2018 fut la plus mal maîtrisée de toutes mais elle a bénéficié d’un rush où les Bleus sont passé de 2-1 à 4-1 en quelques minutes, ce qui est la marque de fabrique de cette équipe. Et puis l’intervention de la VAR dans le scénario donne à cette finale un match conforme a son époque.

PIERRE CAZAL : L’importance de l’enjeu est récente. C’est seulement à partir de 1954 que l’échec en compétition a commencé à être très mal ressenti. Auparavant, les échecs récurrents, lors des JO ou des Coupes du Monde, laissaient quasi indifférent, la passion était absente, on n’attendait rien. Aujourd’hui c’est l’inverse, une élimination est perçue comme un drame. Celle de 1993 en est un bon exemple. Inversement, les succès déclenchent des tsunamis passionnels.

En 1998 comme en 2018, le soutien populaire et passionnel n’est venu qu’au cours de la compétition ; Il a été déclenché en 1998 par la victoire arrachée au Paraguay, et en 2018 par celle obtenue face à l’Argentine. Ensuite, il ne retombe pas : alors oui, l’enjeu est capital. Tous les trophées sont historiques, quoiqu’inégalement. Je pense aux trophées mineurs que sont les Coupes des Confédérations.

Mais cela ne veut pas dire que les finales soient satisfaisantes du point de vue du jeu, au contraire même. Séville 1982 fut plus emballant que Moscou 2018, et tout aussi historique, mais aussi plus frustrant !

« Je vois l’enjeu comme une sorte de coefficient multiplicateur »

MATTHIEU DELAHAIS : Une finale devrait d’emblée être historique. Les étoiles portées sur le maillot des Bleus sont là pour ces victoires mondiales et pas pour commémorer des rencontres mémorables. Mais l’enjeu et la pression du résultat est telle sur genre de match qu’ils tuent trop souvent le plaisir du jeu. Les Bleus ont atteint 6 finales européennes ou mondiales, mais les matches les plus forts de leurs parcours ont souvent eu lieu avant, quand le pression était sans doute moindre.

De 1984, je retiens plus la demi-finale face au Portugal que la finale. Peu de matches m’ont marqué en 1998. Mais en 2006, le huitième de finale et son retournement de situation conjugués aux sarcasmes des Espagnols qui voulaient envoyer Zidane en retraite et le récital du numéro 10 des Bleus face au Brésil au tour suivant, ont bien plus marqué ma mémoire que la finale (la défaite favorise peut-être ce trou de mémoire). Tout comme la demi-finale victorieuse face aux Allemands de 2016 ou huitième de finale fou de 2018 restent de plus grands moments de jeu que les finales jouées par la France lors de ces deux tournois.

L’exception a la règle est la finale de l’Euro 2000, où les Italiens ont eu plusieurs occasions de faire le break avant de se faire rattraper dans les ultimes secondes et ont finit par lâcher le trophée en prolongations.

HUGO COLOMBARI : Je vois l’enjeu comme une sorte de coefficient multiplicateur des critères définissant un grand match et de l’impact qu’a ce match sur la mémoire collective. Ainsi un même match pourrait être historique en phase finale de Coupe du Monde et ne pas l’être s’il s’agissait d’un match amical par exemple. Un match à très fort enjeu provoque forcément des émotions plus fortes qu’un simple match amical, même si le niveau de jeu n’est pas forcément à la hauteur, comme c’est souvent le cas lors des finales internationales du fait justement d’un trop fort enjeu et d’une pression écrasante pour les joueurs.

Les trois finales de Coupe du monde disputées par la France peuvent toutes trois être considérées comme des matches historiques si on prend la définition de la mémoire collective, que ce soit par l’euphorie des victoires ou par la désillusion, la tristesse, la colère de la défaite. Une finale historique d’un point de vue extérieur aux deux nations concernées passe forcément par un excellent niveau de jeu ou un scénario exceptionnel, ce qui est de plus en plus rare. Mais d’un point de vue le plus objectif et sportif possible, le seul enjeu ne peut suffire à définir un match comme historique. Si l’on devait faire un top 20 des matches historiques toutes nations confondues il est évident que l’on n’y retrouverait pas que des finales internationales.


Un match amical peut-il être un match historique ? Et une défaite ? À quelles conditions ?

FRANÇOIS DA ROCHA CARNEIRO : Bien sûr et sans condition absolue… Le France-Angleterre de 1921 est un match « mémorable », car c’est la première victoire face au maître-étalon du football qu’est alors supposée être l’équipe d’Angleterre. De même, le France-Allemagne de 1931 ou le France-Algérie de 2001, parce qu’ils ont une portée diplomatique qui dépasse le match lui-même. Et la défaite contre la Bulgarie en 1993 ne serait-elle pas mémorable ?

« Pour qu’une défaite soit historique, elle doit être cruelle, violente, imméritée »

RICHARD COUDRAIS : Le plus grand match de l’histoire n’était-il pas un match amical ? Je pense bien entendu au Angleterre-Hongrie de 1953. Fin de la parenthèse. Aujourd’hui, les matchs amicaux ne sont plus que des “rencontres de préparation” galvaudées par les entraîneurs qui multiplient les changements, une espèce d’entraînement en conditions réelles. Quelques-uns restent toutefois en mémoire, tel Angleterre-France en 1999 (les Champions du monde valident leur titre dans l’enceinte de Wembley), France-Uruguay 1985 (certes pas vraiment amical puisqu’il y avait un petit trophée au bout), France-Italie 1982 (super Platini), Brésil-France 1977 au Maracana, et plus on remonte dans le temps, plus je pense qu’on en trouvera (Espagne-France 1955, RFA-France 1954, France-Angleterre 1946…) car ces matchs “amicaux” ont longtemps gardé une valeur intrinsèque.

Une défaite peut être historique, bien évidemment. Le match de Séville, France-Bulgarie 1993, la finale 2006. Il faut qu’elle soit cruelle, violente, imméritée, longuement commentée.

PIERRE CAZAL : Quand les compétitions étaient rares, tous les 4 ans, et sans phase qualificative longue, alors les matches amicaux occupaient le calendrier et polarisaient l’attention. Donc oui, des matches amicaux ont été historiques : Angleterre 1921, Italie 1937 , Allemagne 1954, dont j’ai déjà parlé, ainsi que les « premières », ou les grosses défaites évoquées plus haut. Mais depuis 1958, et bien plus encore depuis les années 80, quand les phases qualificatives des compétitions sont devenues très chargées, les matches amicaux ont été dévalués. Ils ne servent plus que de tests, sont défigurés par le trop grand nombre de remplaçants intégrés (jusqu’à 6, voire 7 !). Ils n’ont plus de caractère historique.

Par contre les défaites en ont, essentiellement en compétition. Mais je me souviens du bruit de la défaite 2-6 infligée par les Suisses, et des 5 buts de Hügi, en 1960. Ou du 0-5 de Wembley, en 1969. Elles avaient été vécues comme des humiliations, et avaient déclenché des commentaires... humiliants ! C’étaient des matches amicaux, mais d’avant : donc pas de remplaçants, ça changeait la donne.

MATTHIEU DELAHAIS : Un match amical peut être bien-sûr être historique. Mais dans ce cas, c’est plus le contexte qui lui donne ce caractère. En 1999, par exemple, les Anglais étaient persuadés d’avoir la meilleure équipe du monde et qu’ils n’allaient faire qu’une bouchée des Bleus lors d’un amical à Wembley. Résultat, les Français ont fait un véritable récital en s’imposant 2-0 et sans une erreur d’arbitrage (ou avec la présence de la VAR), Nicolas Anelka aurait dû être crédité d’un hat-trick dans le temple du football anglais. Deux ans plus, ce sont les Portugais qui voulaient prendre leur revanche de la demi-finale perdue de l’Euro 2000. La France leur a mis 4-0. Mais au delà de l’ampleur du score et du contexte fortement revanchard des Portugais, c’était le sentiment de maîtrise total de l’équipe de France qui était marquant. 

Une défaite peut être historique. Même en excluant les plus gros matches (finales et demi-finales perdues par exemple), on trouve des défaites marquantes comme par exemple celle face aux norvégiens en 1968 et celles plus récentes face à Israël et à la Bulgarie en 1993. Ce qui rend ces matches historiques, c’est que le résultat n’était vraiment pas attendu et qu’il a débouché sur des non qualification pour des coupes du Monde.

HUGO COLOMBARI : Théoriquement n’importe quel type de match peut être considéré comme historique en fonction des critères pris en compte. Par exemple le Belgique-France de 1904 est historique dans le sens où il s’agit du premier match officiel de l’équipe de France. De même que le match amical France-Algérie de 2001 du fait de son contexte politique et de son déroulement.

Une défaite peut tout à fait être historique. La demi-finale de Coupe du monde France-RFA de 1982 ou encore le France-Bulgarie de 1993 de qualification de Coupe du monde peuvent être des exemples de matches historiques soldés par une défaite, ou du moins un échec.

Tout comme une victoire a elle-seule peut difficilement rendre un match historique, une défaite, même à fort enjeu, n’est pas historique en elle-même, le France-Portugal de 2016 n’a pas grand-chose d’historique. Il s’agit d’un ensemble d’éléments qui rendent historique un match ou une défaite, où l’enjeu sportif semble être une condition sine qua non mais pas unique.


A quel moment réalisez-vous que vous avez assisté à un match historique ? Pendant le match ? Juste après la fin ? Quelques mois plus tard ?

FRANÇOIS DA ROCHA CARNEIRO : A tout moment. Tout match étant historique. Pour un match mémorable, souvent à la fin de la rencontre, je me dis, là, je vais me souvenir de celui-ci. Généralement c’est la beauté du jeu produit qui me provoque cette réaction.

RICHARD COUDRAIS : Le lendemain au réveil. Première pensée consacrée au match de la veille. Irrésistible besoin d’aller acheter L’Equipe. Débrief interminable avec les amis/collègues, y compris ceux qui à priori n’y connaissent rien. Ensuite le temps fait son oeuvre. Soit le match s’oublie peu à peu. Soit il reste présent dans les esprits. Pour toujours.

« je crois qu’on comprend tout de suite la portée historique d’un évènement »

PIERRE CAZAL : L’Histoire est faite par les autres. J’ai vu tous les matches des Bleus depuis 1962, entendu parler des « Tricolores » , comme on les appelait, depuis 1958, j’avais 9 ans. Ce qui précède est un héritage culturel. En 1921, les journaux ont dit que la victoire contre l’Angleterre vengeait Waterloo ! C’est dire l’imbrication du sport dans l’Histoire ! Donc l’Histoire on l’apprend quand elle fait partie du passé, ou on la vit. Et je crois qu’on comprend tout de suite la portée historique d’un évènement : Mai 68, la chute du mur de Berlin, l’attentat contre les Twin Towers de New York, etc...

Il en va de même en sport. Quand Zidane a marqué son deuxième but de la tête en 1998, j’ai compris que la France avait enfin gagné sa Coupe du monde, et que c’était historique. Et quand le même Zidane a donné un coup de tête à Materazzi, j’ai aussi su que le match était perdu, et que cette brutalité sidérante marquerait l’Histoire de la Coupe du monde... La prise de conscience est immédiate.

MATTHIEU DELAHAIS : Ça dépend des matches. Dans les matches à très grosse intensité, par exemple contre le Portugal en 1984, le Brésil en 1986 ou l’Espagne en 2006, on est tellement pris dans le match qu’on ne se dit pas qu’on est en train de vivre un moment rare. Par contre, quand la partie est finie, on prend vite conscience que l’on a vécu quelque chose d’exceptionnel.

Il y a certains cas où l’on ne se rend compte que des mois, voire des années après qu’un match était historique. Lorsque les Bleus se qualifient pour la Coupe du monde en 1982, notamment grâce à une victoire face aux Pays-Bas, il y a une grande satisfaction. Pourtant, ce n’est que lors que l’on devient champion d’Europe en 1984 qu’on se rend compte que si on n’avait pas battu les Pays-Bas trois ans plus tôt, il n’y aurait pas eu de Coupe du monde en 1982. Et que sans l’expérience acquise lors de cette épreuve, il n’y aurait sans doute pas eu de victoire lors de l’Euro.

Le Roumanie-France de 1995 a joué le même pour la génération qui est ensuite devenue championne du monde puis d’Europe dans les années qui ont suivies. Après, pour ce genre de matches, je pense peut-être que le terme de « fondateur » conviendrait mieux, mais vu les conséquences de ces résultats, historique n’est pas tout à fait usurpé.

HUGO COLOMBARI : Il paraît difficile d’anticiper le fait que le match auquel nous assistons va devenir historique puisqu’un match historique doit résister à l’épreuve du temps. Ainsi au trois coups de sifflet il est facile de se faire un avis sur le match et de dire « c’est historique ! », mais à ce moment-là est-ce qu’un match qui sera considéré plus tard comme historique l’est-il déjà si l’on part du principe qu’il doit entrer dans la mémoire collective et devenir un souvenir partagé ?

Cependant les émotions que l’on peut ressentir en regardant un match, avant même son dénouement, peuvent à suffire à le définir comme marquant déjà notre propre histoire de supporter de football. L’histoire, du football en l’occurrence, étant une construction humaine, des facteurs externes ultérieurs au match entrent en jeu, tels que sa médiatisation, le fait d’en reparler…


Si vous deviez lister, selon vos propres critères, vos dix matchs historiques (peu importe l’ordre), ce seraient lesquels ?

FRANÇOIS DA ROCHA CARNEIRO : Que cela est difficile !
 France-Danemark 1908 : parce que 17-1, parce que Sartorius…
 France-Uruguay 1924 : la découverte d’un autre football. Et puis Chayriguès, Paul Nicolas, Jean Boyer et surtout Raymond Dubly… mais sans Gérard Isbecque, qui soutenait sa thèse de doctorat de médecine.
 Italie-France 1938 : parce que je dois l’étudier plus que je ne l’ai fait et que j’en parlerai aux Rendez-vous de l’Histoire à Blois en octobre prochain et dont le thème de l’année est l’Italie.
 Angleterre-France 1966 : parce que, deux ans avant l’occupation des locaux de la Fédération, c’est déjà « le football aux footballeurs ».
 Argentine-France 1978 : parce que j’étais scandalisé que l’arbitre n’ait pas sifflé la mi-temps à la 45e minute tout pile (je n’avais que 8 ans). Et parce que Jean-Paul Bertrand-Demanes était mon joueur préféré, alors le voir blessé me fascinait et me révoltait. Je ne l’ai pas vu en direct, mais les images ont circulé ensuite dans les journaux télévisés.
 France-Koweït 1982 : parce que le but refusé, le scandale, la pression, la chaleur…
 France-Espagne 1984 : parce qu’un match peut être mémorable sans l’avoir vu du tout. J’étais en voyage scolaire à Rome avec mon collège et nous avons fêté la victoire que nous n’avons ni vue ni écoutée, sur la piazza Navona.
 France-Cameroun 2003 : parce qu’il y a quelque chose d’indécent à ce que ce match ait eu lieu, alors que Marc-Vivien Foé venait de décéder.
 France-Croatie 2018, parce que vécu en famille dans un bar lillois et qu’en sortant dans la rue au coup de sifflet final, voyant cette jeunesse exalter de bonheur, je me suis dit que c’était la victoire de la « génération Bataclan ». Ce match est donc en réseau de mémoire, à mes yeux (et pas spécialement comme historien du football), avec le France-Allemagne du 13 novembre 2015 mais aussi avec le France-Angleterre de juin 2017.
 Nigéria-France 2027 : car ce match existera-t-il ? Mbappé sera-t-il encore international ? L’équipe de France jouera-t-elle enfin en Afrique noire ?

RICHARD COUDRAIS : Dix, ce n’est pas assez. L’équipe de France doit bien compter une cinquantaine de matchs « historiques ».
 - RFA-France 1982, le match de toutes les émotions : l’inquiétude, la joie, la peine, l’injustice, la colère, le bonheur fou, le stress, la tristesse, la fierté. Tout.
 - France-Belgique 1984, le match magique (vu des tribunes de surcroît)
 - France-Portugal 1984, scénario haletant digne de Séville, avec toutefois un happy end
 - France-Uruguay 1985, nouveau match magique, l’amour fou
 - France-Brésil 1986, sommet technique et émotionnel sous le soleil de Guadalajara. Séville inversé : le jour contre la nuit, le jaune-soleil contre le blanc-nuages, les TAB a notre avantage.
 - France-Paraguay 1998, le but en or de Laurent Blanc qui délivre tout un pays. On se dit que cette fois ça va être bon.
 - France-Brésil 1998, le jour ou Zinedine est devenu Zidane, la maîtrise parfaite en première mi-temps, le premier titre mondial, la fête qui a suivi.
 - Angleterre-France 1999, les champions du monde qui viennent défier l’Angleterre dans l’enceinte mythique de Wembley
 - France-Italie 2000 pour son final extraordinaire (On notera qu’on occulte les matchs de l’Euro 2000 alors que les Bleus nous ont sorti une poignée de matchs extraordinaires contre la Tchéquie, l’Espagne, le Portugal… Mais des matchs un peu oubliés. Les hautes performances à répétition atténuent leur portée. )
 - France-Brésil 2006, le jour ou Zidane est devenu The Zidane
 - France-Italie 2006, une fin de match inattendue, dramatique, extraordinaire, hors du temps.
 - France-Argentine 2018, le but de Pavard comme un symbole de cette équipe qui gagne par à-coups.
 - France-Croatie 2018, un match à moitié raté mais seule la victoire est belle.
J’en oublie quelques uns...

PIERRE CAZAL :
 1. Brésil 1998 : gagner par trois buts d’écart, avec une imprévisible facilité, face au Brésil déjà 4 fois auréolé, quel évènement !
 2. Argentine 2018 : j’ai su que les Bleus pouvaient aller au bout quand Pavard a marqué. Il a galvanisé l’équipe, elle ne pouvait plus perdre, forte de l’expérience de la finale ratée par excès de confiance 2 ans plus tôt.
 3. Espagne 1984 : moins beau que la demi-finale contre le Portugal, mais le premier trophée, qui a tout débloqué.
 4. Allemagne 1982, sans commentaire. Le pied à 3-1, la colère quand Schumacher étend Battiston, et l’anxiété ensuite. Quand les Allemands sont remontés, j’ai su que c’était cuit, avant les tirs au but.
 5. Brésil 1986, si beau, si plein de suspens, et là je sentais qu’aux tirs au but, on pourrait le faire. On percevait la force, intacte.
 6. Bulgarie 1993, le ciel tombe sur la tête à trois secondes de la fin, à cause de Ginola, de Kostadinov, et on sentait la fébrilité à 1-1. Un traumatisme.
 7. Argentine 1971 : la seule victoire obtenue de haute lutte en Amérique du Sud, contre toute attente ! Le match a été diffusé en différé, par extraits . Georges Lech a fait son plus beau match.
 8. Algérie 2001 : le scandale absolu, Marseillaise sifflée, invasion du terrain : le seul des 850 matches interrompu avant la fin. Honteux. J’étais furieux !
 9. Italie 2000 : premier trophée conquis à l’extérieur au bout d’un intense suspens : Wiltord, le but en or de Trezeguet...
 10. Brésil 1963 : les « Tricolores » tenaient en échec Pelé. 2-2 à la 82ème minute grâce à deux buts du petit « lutin » lyonnais (vive l’OL !) Di Nallo. Et puis Pelé s’est bougé, une-deux avec Gerson, tir, défaite 2-3, mais à la 84ème minute seulement. Et le plaisir d’avoir vu non pas le Pelé alourdi de 1970, mais le Pelé aux démarrages fulgurants, crochets courts en zigzag. Je n’en ai pas vu beaucoup d’autres comme ça ; à 14 ans, on n’oublie pas.

MATTHIEU DELAHAIS :
 France-RFA en 1982, qui réunit tous les critères. Même s’il s’est terminé par une défaite, Michel Platini dit que c’est le plus grand souvenir de sa carrière, parce « aucun film au monde, aucune pièce ne saurait transmettre autant de courants contradictoires, autant d’émotions que la demi-finale perdue de Séville. »
 France-Portugal 1984, un match intense, avec des retournements de situation et tout qui se termine bien, la preuve que tout ne se termine pas comme à Séville
 France-Brésil en 1986 (quart de finale de la Coupe du monde), un chef d’œuvre absolu.
 France-Bulgarie 1993, le cauchemar absolu
 France-Brésil 1998, parce qu’on est devenu champions du monde. Mais aussi parce qu’avec le recul je me suis rendu compte à quel point il était merveilleux que pour une fois ce n’était pas les autres qui avaient gagné…
 France-Portugal 2001 (amical), le match le plus abouti de la génération Zidane
 France-Espagne 2006, déception (0-1), espoir (1-1), bonheur (2-1) et victoire (3-1 dans les arrêts de jeu), les Espagnols de retour chez eux et Zidane qui attend avant de prendre sa retraite… Vrai point de départ de la Coupe du monde 2006
 France-Allemagne 2016, la revanche enfin obtenue face aux Allemands après tant d’échecs (1982, 1986, 2014)
 France-Argentine 2018, avec la frappe de bâtard de Pavard qui est le moment où tout bascule et que démarre l’ascension irrésistible vers le titre suprême
 France-Croatie 2018, un match qu’on aurait dû perdre, mais qu’on a gagné et qui fait de nous la meilleure équipe du monde sur les 20 dernières années

HUGO COLOMBARI :
 RFA 1982, Séville : la frustration et la colère ressentie en se documentant sur ce match, la sensation d’un événement qui a marqué une génération.
 Brésil 1986, Guadalajara : l’exploit d’éliminer le Brésil au terme d’un match sûrement étouffant.
 Croatie 1998, Saint-Denis : le doublé improbable de Lilian Thuram et la qualification pour une première finale de Coupe du Monde à domicile
 Brésil 1998, Saint-Denis : la première victoire en Coupe du monde, les scènes de liesse populaire dans toute la France
 Italie 2000, Rotterdam : un scénario complètement dingue pour soulever un trophée majeur.
 Brésil 2006, Francfort : la beauté du jeu des Bleus et de Zidane en particulier.
 Italie 2006, Berlin : mon premier souvenir précis d’un match de football, le fait de ne se rendre compte que bien plus tard à côté de quoi nous sommes passés
 Ukraine 2013, Saint-Denis : l’exploit de se qualifier pour la Coupe du monde, à postériori le début d’une nouvelle époque.
 Allemagne 2016, Marseille : éliminer l’Allemagne championne du monde et meilleure dans le jeu pour se qualifier pour une finale de Championnat d’Europe à domicile.
 Argentine 2018, Kazan : rédemption sublime de Pavard, une équipe en danger qui réagit enfin et qui signe son acte de naissance la menant à une deuxième Coupe du monde.

Portfolio

Vos commentaires

  • Le 30 août 2019 à 15:41, par Victor Servant En réponse à : Qu’est-ce qu’un match historique ? Tentative de définitions

    Quelle belle idée que ce top 10 des matches les plus marquants de l’histoire des Bleus ! Que de souvenirs qui reviennent en tête... Un grand, grand merci pour ce magnifique article ! Chapeau messieurs !

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