La quatrième édition de la Ligue des Nations va connaître déjà son troisième format, qui la rapproche encore plus des premiers championnats d’Europe entre 1960 et 1976. Après l’élargissement de la Ligue A de 12 à 16 équipes en 2020 (notamment pour sauver l’Allemagne d’une relégation en Ligue B, mais aussi pour augmenter le nombre de matchs de l’élite), des quarts de finale aller-retour en mars ont été ajoutés : ils permettront de qualifier deux équipes dans chacun des quatre groupes de la Ligue A, et d’ajouter deux matchs à la compétition pour les participants au carré final : alors qu’il n’y en avait que six en 2018-19 (quatre en phase de poules, une demi-finale et une finale), puis huit en 2020-21 et 2022-23 (six plus deux), il en faudra dix en 2024-25.

Deux places pour les quarts de finale

Placé dans un groupe abordable avec l’Italie, la Belgique et Israël, l’équipe de France devra donc terminer première ou deuxième pour accéder aux quarts de finale fin mars, et se retrouver dans un groupe de 4 aux qualifications de la Coupe du monde 2026. Lesquels matchs se joueront entre septembre et novembre 2025, et ne donneront qu’un seul billet direct pour la phase finale en Amérique (les deuxièmes accèderont à des barrages).

Pour finir à coup sûr deuxième d’un groupe de 4 en Ligue A, après examen des phases qualificatives jouées avec des groupes de 4 en 2020 et 2022, il faut obtenir au moins 10 points, soit trois victoires et un nul ou deux victoires et quatre nuls. Ça semble dans les cordes des Bleus, qui en avaient obtenu 16 en 2020 (cinq victoires et un nul), mais seulement 5 en 2022 (trois défaites et deux nuls pour une seule victoire).

Si l’équipe de France n’y parvient pas, soit elle finit troisième et devra jouer un barrage aller-retour en mars pour se maintenir en Ligue A pour l’édition 2027, soit elle finit quatrième et se retrouvera en Ligue B. Dans le second cas, elle se retrouvera dans un groupe de 5 en qualifications pour la Coupe du monde 2026 (8 matchs à jouer l’an prochain).

Sixième équipe européenne au bilan de la Ligue des Nations

Si on fait un rapide bilan des Bleus lors des trois premières éditions, il est en mode courant alternatif : éliminés dès la phase de groupe en 2018 et 2022, les hommes de Deschamps sont allés au bout en 2021 en remportant un huitième titre après les Coupes du monde 1998 et 2018, les championnats d’Europe 1984 et 2000, les Coupes des Confédérations 2001 et 2003 et la Coupe intercontinentale 1985. Autrement dit, c’est tout ou rien.

A l’automne 2018, encore grisés par leur deuxième étoile et la célébration au Stade de France en septembre, les Bleus avaient fait le job à domicile (deux fois 2-1 contre les Pays-Bas et l’Allemagne) mais étaient revenus bredouilles de leurs deux déplacements (0-0 à Munich, 0-2 à Rotterdam).

Deux ans plus tard, ils faisaient presque un sans-faute à huis clos en signant trois succès à l’extérieur (2-1 en Croatie, 1-0 en Suède et au Portugal) et en faisant le spectacle à domicile (4-2 contre la Croatie et la Suède), ne calant qu’une fois face au Portugal (0-0). Lors du carré final décalé en octobre 2021 en Italie, ils retournaient deux fois une situation mal engagée contre la Belgique (0-2 puis 3-2) et l’Espagne (0-1 puis 2-1) grâce à son duo d’attaque Benzema-Mbappé (deux buts chacun).

Enfin, en 2022, le calendrier leur était défavorable (quatre matchs en juin) et ils passaient complètement à travers un groupe qui semblait pourtant à leur portée, avec deux défaites à domicile (Danemark 1-2 puis Croatie 0-1) pas compensées par deux nuls à l’extérieur (1-1 en Croatie et en Autriche). A l’automne, ils parvenaient de justesse à éviter la dernière place grâce à une victoire face à l’Autriche (2-0) avant de s’incliner à nouveau au Danemark (0-2).

Au total, cela fait un bilan correct, sans plus, de 10 victoires pour 4 nuls et 4 défaites, avec 26 buts marqués et 19 encaissés. Si on établit un classement des 55 pays européens ayant participé aux trois premières éditions de la Ligue des Nations, la France est sixième, devancée par les deux autres vainqueurs (Portugal 2019 et Espagne 2023) et par les Pays-Bas, l’Italie et la Belgique qui ont toujours fini dans les huit premiers.

Le classement des 55 pays européens à la Ligue des Nations

49 joueurs et 10 buteurs concernés

Pour ces 18 matchs entre septembre 2018 et septembre 2022, Didier Deschamps a utilisé 49 joueurs différents. Les plus fréquents sont, sans surprise, Antoine Griezmann (18 fois), Kylian Mbappé (15), Benjamin Pavard et Raphaël Varane (13), Olivier Giroud (12) et Lucas Hernandez (10), tous titulaires lors de la finale contre la Croatie en juillet 2018 à Moscou. Et parmi les 10 buteurs, les plus prolifiques sont Mbappé (7), Giroud (5), Griezmann (4) et Benzema (3), soit les quatre meilleurs buteurs en activité.

Quelles perspectives entre l’Euro 2024 et la Coupe du monde 2026 ?

Conçue pour remplacer des matchs amicaux jugés sans intérêt et peu mobilisateurs, la Ligue des Nations fait office de compétition mineure (comme l’était avant la Coupe des Confédérations) permettant de préparer l’échéance suivante, en l’occurrence la Coupe du monde 2026. C’était d’ailleurs de toute évidence le cas en 2022, d’autant plus qu’aucun match amical de préparation n’avait pu être calé avant le tournoi mondial au Qatar.

On pourrait imaginer que ces six matchs de l’automne marquent la fin de la génération Griezmann (surtout si ce dernier part à Los Angeles et n’est plus sélectionné), avec les fins de carrière internationale de Giroud et peut-être de Kanté, voire de Pavard et Coman. Ce serait alors l’heure pour la génération 2020-2022 composée de Aurélien Tchouaméni, Eduardo Camavinga, Dayot Upamecano, Mike Maignan, William Saliba, Jules Koundé, Théo Hernandez, Youssouf Fofana, Randal Kolo Muani ou Marcus Thuram), encadré par les champions du monde Lucas Hernandez, Kylian Mbappé et Ousmane Dembélé. Ce serait aussi l’occasion de revoir Christopher Nkunku et Wesley Fofana, freinés par les blessures, de laisser une chance à Warren Zaïre-Emery et Bradley Barcola, et de voir arriver en A les meilleurs Olympiques (Guillaume Restes, Adrien Truffert, Michael Olise, Maghnès Akliouche, Jean-Philippe Mateta) ou encore Mathys Tel, Lenny Yoro, Lucas Chevalier.