Mise à jour d’un article initialement paru en septembre 2020.
En phase finale d’Euro ou de Coupe du monde, la tenue de l’équipe de France qui était la norme depuis les années 1920, à savoir un maillot bleu, un short blanc et des chaussettes rouges, tend à disparaître. Comme d’autres équipes nationales, la France réduit progressivement le nombre de couleurs portées. Le blanc et le rouge s’effacent au profit du bleu et de ses multiples nuances.
Depuis la demi-finale de la Coupe du monde 1998 contre la Croatie, où les Bleus ont évolué avec un short bleu [1], le kit bleu-blanc rouge s’est raréfié : il n’a été porté que cinq fois lors des treize matchs où l’équipe de France a joué en bleu. C’était en finale contre le Brésil (la dernière finale jouée dans cet ensemble) au premier tour des éditions suivantes contre le Sénégal (2002), le Togo (2006) et l’Afrique du Sud (2010) et en huitième de finale face à l’Argentine (2018).
A l’Euro, l’évolution est encore plus nette, et elle est antérieure à l’arrivée de Nike qui semble faire une question de principe d’éviter la tenue tricolore en championnat d’Europe. Sur les six dernières éditions depuis l’Euro 2000, l’équipe de France n’a joué que deux de ses 19 matchs en bleu avec un short blanc et des chaussettes rouges. C’était à chaque fois lors de son premier match du tournoi, contre le Danemark à Bruges en 2000 et face à l’Angleterre à Lisbonne en 2004.
Autrement dit, sur les 37 derniers matchs d’Euro ou de Coupe du monde joués en bleu, la sélection nationale n’a utilisé ses couleurs classiques qu’à douze reprises. Et seulement six fois (sur 31) depuis 2000.
L’Euro 2020 a confirmé la tendance, avec une tenue principale calquée sur celle de 2016, à savoir maillot bleu, short bleu et chaussettes rouges. Cet ensemble, peu esthétique puisque la couleur de contraste est en bas, est en train de supplanter le bleu-blanc-rouge : on le retrouve 5 fois en Coupe du monde depuis 1998, et 9 fois à l’Euro depuis 2000, où il a été inauguré à Rotterdam contre l’Italie.
Il y a même une troisième tendance qui pointe : le bleu intégral, qui abandonne toute idée de couleurs alternatives. Lancée par les Bleus de Raymond Domenech à l’Euro 2008 avec le succès que l’on sait (un nul contre la Roumanie suivi de deux défaites face aux Pays-Bas et l’Italie), il a été porté en Coupe du monde contre le Mexique en 2010 (là aussi, un vrai bonheur), puis à l’Euro 2012 où Nike avait conçu une première marinière bleue ton sur ton et enfin lors des deux derniers matchs de la Coupe du monde 2018 contre la Belgique et la Croatie. En 2021, il a été utilisé face à l’Allemagne et à la Suisse.
Depuis 2012, le bleu-bleu-rouge est la combinaison la plus souvent utilisée
Si elle est flagrante en Coupe du monde et à l’Euro, la tendance est aussi à l’œuvre dans les autres matchs entre deux phases finales. Sur les 108 parties jouées entre août 2012 et juin 2022, l’équipe de France a joué 90 fois en bleu (je ne compte pas les trois matchs joués en bleu clair en 2013, puisqu’il s’agissait alors de la tenue extérieur). Et devinez quelle combinaison arrive en tête ? Le bleu-bleu-rouge, avec 38 occurrences contre 24 pour le bleu-blanc-rouge, qui va évidemment continuer à reculer avec la nouvelle tenue. De plus, le kit tout bleu cher à Raymond Domenech (il l’a largement utilisé pendant ses six années entre 2004 et 2010) gagne du terrain, avec 26 apparitions, dont bien sûr les deux derniers matchs de la Coupe du monde en Russie.
Cette uniformisation est-elle une fatalité ? Depuis quelques années, de nombreuses sélections optent pour des ensembles monocolores, y compris l’Allemagne qui évolue tout en blanc, abandonnant son short noir emblématique. Pourtant, le Brésil joue toujours en maillot jaune, short bleu et chaussettes blanches, une tenue qui date des années cinquante après l’abandon du maillot blanc. La sélection mexicaine, dont le surnom est la Tricolor, joue en maillot vert, short blanc et chaussettes rouges. Pourquoi l’équipe de France devrait-elle renoncer à ses couleurs ?
La présentation des tenues de la Coupe du monde 2022 s’est faite avec des photos de joueurs arborant un short blanc et des chaussettes rouges avec le maillot bleu, alors que le kit alternatif est constitué d’un maillot blanc, de chaussettes blanches et d’un short bleu roi, donc plus clair que le maillot principal. Ce sont ces deux kits qui seront utilisés jeudi contre l’Autriche (le bleu-blanc-rouge) et au Danemark dimanche (le blanc-bleu-blanc).
Vos commentaires
# Le 19 juillet 2022 à 10:28, par eric mantonnier En réponse à : Bleu, blanc, rouge, c’était pourtant bien...
Cette tendance m’agace franchement. Nous n’avons plus la possibilité de voir jouer l’équipe de France (masculine ou féminine) avec ses couleurs traditionnelles. Une des raisons évoquée pendant la dernière coupe du monde et qu’il faut pouvoir différencier les teintes sur des écrans noir et blanc dans certaines régions.... règle FIFA complètement absurde car quand il y avait beaucoup de télés noir et blanc, les équipes jouaient avec leurs couleurs traditionnelles, voir avec les mêmes couleurs de short, mais maintenant qu’il n’y a quasi plus de télés noir et blanc on modifie systématiquement les tenues des 2 équipes pour avoir du clair contre du foncé...
Savez vous s’il existe des pétitions ou autres réclamations envers la FIFA (mais l’UEFA et la FFF sont aussi absurde) sur le sujet ?
# Le 21 juillet 2022 à 09:40, par Bruno Colombari En réponse à : Bleu, blanc, rouge, c’était pourtant bien...
Non, je n’ai pas d’infos sur d’éventuelles pétitions ou réclamations en cours.
# Le 11 septembre à 15:52, par Philippe CASANOVA En réponse à : Bleu, blanc, rouge, c’était pourtant bien...
Je partage totalement les avis et je précise que, selon les règles de l’UEFA et de la FIFA, les équipes dites « recevantes » sont prioritaires pour leurs couleurs et, par voie de conséquence, c’est donc aux équipes visiteuses d’adapter leur tenue (article 9.05 du règlement concernant l’équipement UEFA [2018], ou article 57.01 du Règlement du Championnat d’Europe).
C’est donc bien une volonté des dirigeants de l’équipe de France de ne pas vouloir jouer en bleu/blanc/rouge (au moins pour les matches dits « à domicile »), puisque les matches sont connus bien à l’avance, et donc les choix de tenue sont anticipés.