Si vous lisez un excellent livre sur un cinéaste (par exemple, Stanley Kubrick, L’humain ni plus ni moins, de Michel Chion), il y a de fortes chances pour que vous n’ayez qu’une seule envie après : revoir ses films pour mieux les comprendre. C’est un peu la même chose avec Les entraîneurs révolutionnaires du football, du trio Raphaël Cosmidis, Julien Momont et Christophe Kuchly, des Cahiers du football (éditions Solar, 480 pages, 17,90 euros). Après l’avoir fini, on regarde avec gourmandise la liste des 6400 matchs disponibles en intégralité sur Footballia.
Presque deux ans après le très remarqué Comment regarder un match de foot ?, les trois journalistes ont approfondi leur analyse sur l’évolution de la tactique en focalisant leur travail sur sept entraîneurs, des années 50 à la période actuelle. Du sélectionneur de la grande équipe de Hongrie Gusztav Sebes au coach de Manchester City Pep Guardiola en passant par Helenio Herrera (le seul du lot à avoir innové en privilégiant la défense), Valeri Lobanovski, Arrigo Sacchi et Johan Cruyff, ils ont tous révolutionné le jeu, marquant une rupture, engendrant autant d’adeptes que de contre-révolutionnaires.
Illustré par des schémas tactiques, écrit en multipliant les angles et les témoignages, le livre nous plonge en immersion à Wembley en 1953 au cœur du fameux Angleterre-Hongrie (3-6), nous fait revivre le Dynamo Kiev-Atlético de Madrid à Lyon (3-0) en 1986 et décrypte méticuleusement les ressorts de l’incroyable Barça-AC Milan de 1994 à Athènes (0-4). C’est vibrant, palpitant, fouillé et grandiose. On est loin, bien loin, des poncifs du genre « une finale, ça ne se joue pas, ça se gagne ».