La moitié des trente-deux équipes ont fait les valises et quitté la Russie. On regrettera beaucoup certaines, comme le Sénégal, le Pérou, le Nigéria ou l’Iran, on regrettera aussi que d’autres soient encore là, comme le Danemark, mais à partir de maintenant, plus de calcul possible. En espérant ne pas voir de séances de tirs au but, ni les défenses prendre le pas sur les attaques, ce qui est malheureusement la règle depuis 1990 quand arrivent les matchs à élimination directe.
Colombie, Suède et Japon pour une première ?
Sur les quatorze adversaires potentiels des Bleus (sans compter l’Argentine), il n’y en a que trois qui seraient inédits en Coupe du monde : la Suède, la Colombie et le Japon. Les plus souvent croisés sont le Mexique et le Brésil (4 fois) devant l’Uruguay et le Danemark (3), la Suisse et l’Angleterre (2). Le Portugal, l’Espagne et la Croatie ont été rencontrés une fois. La Russie jamais, mais l’URSS, dont elle est l’héritière, l’a été une fois. Enfin, l’adversaire des huitièmes, l’Argentine, n’a pas porté chance aux Bleus puisqu’il les a éliminés deux fois, en 1930 et en 1978.
Une Copa América pour la France ?
Avec l’Argentine en huitième et peut-être l’Uruguay en quarts (et le Brésil en demi), les Bleus pourraient jouer une sorte de Copa América d’ici le 15 juillet, surtout si on ajoute à la liste le Pérou affronté au premier tour. Pour peu que la Colombie vienne à bout de l’Angleterre, de la Suède et de l’Espagne (par exemple), la série pourrait même aller au bout.
Les huitièmes de finale :
Uruguay-Portugal
France-Argentine
Brésil-Mexique
Belgique-Japon
Espagne-Russie
Croatie-Danemark
Suède-Suisse
Colombie-Angleterre
Quarts de finale théoriques :
France (ou Argentine) - Uruguay (ou Portugal)
Brésil (ou Mexique) - Belgique (ou Japon)
Espagne (ou Russie) - Croatie (ou Danemark)
Suède (ou Suisse) - Colombie (ou Angleterre)
et donc, on pourrait avoir en demi-finale :
France (ou Uruguay) - Brésil (ou Belgique)
Espagne (ou Croatie) - Colombie (ou Suède)
Comme un air de finale ?
La longue histoire de la Coupe du monde, riche de ses 21 éditions et de ses près de 700 matchs, n’est pas avare de revanches entre protagonistes qui se sont rencontrés en finale, par exemple. Le problème cette année, c’est que trois anciens finalistes (la Hongrie et les Pays-Bas, auxquels il faut ajouter la Tchécoslovaquie disparue) ne sont pas là, ainsi qu’un ancien vainqueur, l’Italie, tandis que le tenant du titre est déjà rentré à la maison. Soit 21 finalistes sur 40, ce qui n’est pas rien.
Il ne reste plus que quatre finales mondiales à pouvoir être rejouées en 2018 : le Uruguay-Argentine de 1930 (en quart de finale, si la France et le Portugal sont battus), le fameux Brésil-Uruguay de 1950 (en demi-finale), le Brésil-Suède de 1958 (en finale) et bien sûr le France-Brésil 1998 (en demi).
Des derbies à l’échelle mondiale ?
Même s’il y a déjà eu un Espagne-Portugal au premier tour, on pourrait retrouver les deux sélections en finale. Outre les deux revanches des finales 1930 (Uruguay-Argentine) et 1950 (Brésil-Uruguay), quatre autres derbies sont possibles :
Brésil-Argentine (en demi)
France-Belgique (en demi)
Suède-Danemark (en demi)
France-Suisse (en finale)
A noter qu’il y a déjà eu d’autres derbies en finale mondiale, comme le Pays-Bas-Allemagne de 1974, le Allemagne-Italie de 1982 ou le France-Italie de 2006.
Un treizième finaliste ?
Parmi les équipes restantes, sept ont déjà joué au moins une finale mondiale, dont six vainqueurs (le septième étant la Suède). Ce qui veut dire que neuf autres peuvent devenir le treizième finaliste de l’histoire (sur 42 possibles en 21 éditions !). Le Japon, la Russie, le Mexique, la Suisse et le Danemark semblent loins du compte. Restent quatre candidats sérieux : la Belgique, la Croatie, le Portugal et la Colombie. La probabilité qu’au moins un de ceux-là arrive en demi-finale est élevée, notamment du côté de l’Espagne (libérée de l’Allemagne et de l’Argentine). Après, on le sait, la Coupe du monde est avare de nouveauté en finale : le dernier arrivé à ce niveau-là est l’Espagne en 2010, l’avant-dernier la France en 1998, et l’antépénultième les Pays-Bas en 1974.
Les Bleus comme en 2006 ?
Le niveau de jeu affiché par l’équipe de France, celui de l’opposition, et les interrogations au sortir du premier tour nous ramènent douze ans en arrière. Certes, l’équipe de 2006, avec ses cadres Barthez, Thuram, Vieira, Makelele, Henry, Wiltord et Zidane n’a rien à voir avec celle de 2018, et Deschamps n’est pas Domenech.
Mais on se souviendra de trois matchs particulièrement laborieux contre la Suisse (0-0), la Corée du Sud (1-1) et le Togo (2-0) qui ne rassuraient personne. Et que face à l’Espagne qui promettait la retraite à Zizou, après une demi-heure délicate, les Bleus s’étaient enfin lâchés. Pour eux, c’était un autre tournoi qui commençait, et ni les Espagnols (pourtant prêts à conquérir le monde), ni les tenants du titre brésiliens, ni les ambitieux Portugais de Figo et Ronaldo n’allaient les en empêcher.
A contrario, le début de tournoi parfait de 1998 (trois victoires, du jeu, et 9 à 1 au score cumulé) avait été suivi de quatre heures quarante cinq minutes de souffrance et d’apnée contre le Paraguay, l’Italie et la première mi-temps contre la Croatie.
Conclusion : la vérité du premier tour n’est pas celle des matchs à élimination directe, puisque d’une logique de calcul sur trois rencontres, on passe à des rencontres couperet où le droit à l’erreur n’existe plus.