Son apport
Quand David Trezeguet arrive chez les Bleus en janvier 1998, alors que Jacquet procède à ses derniers essais avant la coupe du monde, c’est un profil atypique que le public français découvre. Du moins ceux qui ne l’ont pas encore remarqué avec Monaco, où son duo avec Henry commence à faire des étincelles (24 buts en 43 matches pour David, 11 buts en 44 matches pour Thierry). Trezeguet, c’est un goleador à l’ancienne, dans la lignée des Carlos Bianchi ou Delio Onnis, mais avec un physique longiligne et un jeu de tête très supérieur. Des joueurs comme ça, les Bleus n’en ont pas eu beaucoup, et encore moins qui se sont illustrés au niveau mondial. Pour faire court, on évoquera Just Fontaine et Jean-Pierre Papin. Trezeguet va faire mieux, beaucoup mieux même, puisqu’il sera champion du monde à 20 ans et neuf mois, et champion d’Europe avant ses vingt-trois ans.
Les principales qualités de Trezeguet sont un sens de placement hors du commun — qui lui permet d’être toujours au bon endroit dans la surface pour cueillir les ballons qui traînent ou que le gardien repousse — et une précision impressionnante dans ses frappes du droit, du gauche ou de la tête — il cadre presque toujours ses tentatives. Non seulement il marque 34 buts en bleu avec un nombre de sélections somme toute moyen (71, une de moins que Platini), mais en plus il n’a été titulaire que lors de 59% de ses apparitions, soit moins d’une heure de temps de jeu par match. Et il ne faut pas oublier qu’il est directement impliqué dans deux buts décisifs pour les titres de 1998 et de 2000 : contre le Paraguay à Lens, il rabat de la tête un centre de Pires pour Laurent Blanc qui inscrit un but en or. Et à Rotterdam contre l’Italie, c’est lui qui dévie, encore de la tête, le long dégagement de Barthez à destination de Wiltord pour une égalisation au bout du bout du temps additionnel.