C’est lors du premier congrès olympique de 1894 que Paris est retenue pour l’organisation de la seconde olympiade de 1900. Une opposition se développe vite entre le Baron Pierre de Coubertin qui souhaite la tenue de ces jeux et Alfred Picard, commissaire général de l’Exposition universelle, qui préfère un concours international d’exercices physiques et de sports. Sous la pression de l’USFSA (Union des Sociétés Françaises de Sports Athlétiques), qui gère le sport en France à ce moment, c’est le concours prôné par l’Exposition universelle qui a le dernier mot. Le Baron doit se contenter du compromis suggéré par l’Union : les concours de l’Exposition universelle tiendront lieux de Jeux olympiques pour 1900.
L’épreuve de football se tient au mois de septembre. Initialement, cinq pays avaient accepté de participer à l’épreuve (Suisse, Allemagne, Belgique, Angleterre et France). Mais les Suisses et les Allemands se sont rétractés et l’épreuve se limite à deux matches, voyant l’équipe française affronter tout d’abord les Anglais (20 septembre) puis les Belges (23 septembre).
Par souci de compétitivité et d’homogénéité, il est décidé que c’est le Club Français qui représentera la France. L’équipe est toutefois complétée par deux joueurs du Racing Club de France, Eugène Fraysse, qui tient aussi le rôle de sélectionneur et capitaine, et Maurice Macaire. L’équipe porte les couleurs de l’USFSA, un maillot blanc complété de deux grands anneaux bleu et rouge enlacés. Lorsque l’équipe de France naîtra officiellement 4 ans plus tard, les anneaux seront toujours présents mais leur taille sera réduite à celle d’un emblème porté sur le cœur (1). On note aussi, parmi les joueurs sélectionnés, la présence de trois futurs internationaux A : Pierre Allemane (7 sélections), Georges Garnier (3 sélections) et Fernand Canelle (6 sélections). Le journal Le Vélo en parle toutefois en tant que « notre équipe nationale » dans son édition du 24 septembre.
Les Français s’inclinent 0-4 face aux Anglais, mais se rattrapent face aux Belges en gagnant 6-2. Ce résultat satisfait plutôt l’opinion publique. L’Echo de Paris précise que les Français ont dominé le match face à leurs voisins d’Outre-Manche, tandis que La Presse souligne la belle défense de l’équipe française. Les résultats de ces deux matches sont entérinés à postériori par le mouvement olympique. Les Anglais se classent premiers, suivi des Français puis des Belges.
Problèmes d’organisation et score mystérieux
L’USFSA était en charge de l’organisation de l’épreuve. Or, l’Union, qui défendait les valeurs de l’amateurisme, n’était pas favorable au football, lui préférant le rugby. Elle craignait que le développement du football amène le professionnalisme comme ça avait été le cas en Angleterre. Et cela s’est ressenti lors de la première rencontre. La presse a unanimement reproché l’organisation de ce match, notamment un manque de communication autour de l’événement qui s’est traduit par un public très clairsemé. La rencontre a aussi commencé avec une heure de retard et pour couronner le tout, il n’y avait pas de tableau d’affichage. Face à ce tollé général, les choses ont été mieux gérées lors du match face aux Belges : il a commencé à l’heure annoncée, le public a été plus nombreux et un tableau d’affichage était présent.
Un élément reste toutefois troublant. Le score officiel du second match des Français est 6-2. Cependant, La Dépêche et La Presse annoncent une victoire finale de la France 7-4, alors L’Echo de Paris donne bien une victoire 6-2. La Presse fournit un peu plus de précisions : à la mi-temps, les Belges mènent par 2 points à 1, mais en seconde mi-temps les Français marquent 6 points contre 2 à leurs adversaires.
Quel est le score réel de cette rencontre ? 6-2 ou 7-4 ? Le compte-rendu de la presse précise qu’en seconde mi-temps la France a marqué 6 buts et les Belges 2, ce qui correspond au score officiel. Est-ce que les officiels n’ont assisté qu’à la seconde manche et s’en sont tenus à ce score ? C’est une possibilité mais peu vraisemblable. Ce qui est le plus troublant, c’est qu’un panneau d’affichage était bien présent, rendant difficilement compréhensible la remontée de scores différents dans les journaux de l’époque. Si la victoire française ne fait aucun doute, il reste toutefois un mystère autour du score de ce match…
Vos commentaires
# Le 8 janvier 2021 à 11:45, par Frederic Humbert (@frederic) En réponse à : En 1900, un embryon d’équipe de France aux Jeux olympiques
Dans les compte-rendus « rugby » des JO de 1900, il est dit que le tableau d’affichage de Vincennes était une première... La Vie Au Grand Air nous le montre comme « une heureuse innovation »
photo : https://live.staticflickr.com/85/24...
Sans doute ce même tableau fut utilisé pour les matchs de football disputés quelques semaines avant le rugby.
Je me souviens aussi qu’un préposé peu au courant des choses sportives avait effacé le tableau à la mi -temps... ça peut expliquer un peu de flottement sur les scores !!!