Si depuis 1930 aucune équipe n’a remporté trois Coupes du monde consécutives, deux d’entre elles ont enchaîné trois finales. La première est la RFA en 1982, 1986 et 1990. Rien d’étonnant, pourrait-on dire, tant la Mannschaft a dominé l’Europe dans les trois décennies qui vont de 1966 à 1996, de Wembley à Wembley pour boucler la boucle.
Mais si les coéquipiers de Rummenigge étaient aussi habitués des finales que les Bleus de Deschamps, il y avait du déchet. Pour cinq gagnées (Championnats d’Europe 1972, 1980 et 1996, Coupes du monde 1974 et 1990), ils en ont perdu autant (Championnats d’Europe 1976 et 1992, Coupes du monde 1966, 1982 et 1986). Dont deux sur trois sur la période qui nous intéresse, entre 1982 et 1990.
La RFA perd en 1982 et 1986, puis gagne en 1990
En Espagne, les hommes de Jupp Derwall, champions d’Europe en titre, font un tournoi très moyen (défaite au premier tour face à l’Algérie, victoire sans jouer contre l’Autriche, match nul au second tour contre l’Angleterre) et sont tout près de sortir en demi-finale face à la France, mais ils passent in extremis aux tirs au but. Une qualification à la Pyrrhus, car l’Italie les cueillera comme un fruit trop mûr trois jours plus tard à Madrid (3-1).
En 1986 au Mexique, c’est désormais Franz Beckenbauer qui est sélectionneur, mais la RFA n’impressionne toujours pas, avec une défaite 0-2 contre le Danemark au premier tour, qui lui offre paradoxalement un tableau facile avec le Maroc en huitième et le Mexique en quart. Ça passe tout juste (aux tirs au but), mais c’est suffisant pour retrouver des Français revanchards et carbonisés à Guadalajara, et les battre à l’usure. Mais l’Argentine de Maradona sera plus maligne qu’elle en l’emportant sur un contre de Jorge Burruchaga (3-2).
Les Allemands auraient bien pris leur revanche sur l’Italie quatre ans plus tard à Rome, mais c’est l’Argentine qui se qualifie pour la finale, avec un Maradona copieusement sifflé par le public italien. Le match est très laid (deux expulsions, un pénalty contestable), à l’image du tournoi d’ailleurs, et l’Allemagne, qui sera unifiée trois mois plus tard, l’emporte (1-0).
Le Brésil gagne en 1994 et 2002, et perd en 1998
Dès l’édition suivante aux Etats-Unis, une nouvelle série de trois finales consécutives commence. Cette fois c’est le Brésil qui s’y colle. Coaché par Carlos Alberto Parreira, et avec sur le banc un jeune prodige nommé Ronaldo (qui ne jouera pas la moindre minute), le triple champion du monde réalise un grand match en quarts contre les Pays-Bas (3-2) mais cale en finale face à l’Italie de Roberto Baggio. Aucun but n’est marqué dans le Rose Bowl de Pasadena, et pour la première fois une Coupe du monde se joue aux tirs au but et le Brésil l’emporte.
Avec à peu près les mêmes, sans Romario mais avec Ronaldo, Roberto Carlos et Rivaldo, les Brésiliens sont les grands favoris de l’épreuve mais s’ils atteignent la finale, c’est en laissant en route une défaite contre la Norvège et encore une qualification aux tirs au but contre les Pays-Bas en demi-finale. Le 12 juillet face aux Bleus qui jouent le match de leur vie, ils passent à travers dans des proportions bibliques (0-3).
Ce sera beaucoup mieux quatre ans plus tard en Corée du Sud et au Japon. Les Auriverde gagnent tous leurs matchs, même si c’est serré contre la Turquie, deux fois, et face à l’Angleterre en quart, et Ronaldo finit meilleur buteur (8 buts) et Ballon d’or pour la deuxième fois. En finale, ils battent l’Allemagne dans une confrontation inédite à ce niveau de la compétition.
Deux défaites suivies d’une victoire pour l’Allemagne, deux victoires entrecoupées d’une défaite pour le Brésil : le second scénario conviendrait parfaitement aux Bleus en 2026.
Attention toutefois, car avant l’équipe de France, quatre sélections ont joué deux finales de Coupe du monde d’affilée et ont été cruellement déçues lors de l’édition suivante.
L’Italie, double championne du monde, sort au premier tour en 1950
La première est l’Italie, double championne du monde en 1934 et 1938. La coupure de la Deuxième Guerre mondiale dure douze ans, et en 1950 évidemment, la donne a fortement changé, et la catastrophe de Superga en 1948 avait perdre la vie à huit internationaux. Dans un groupe réduit à trois par le forfait de l’Inde, l’Italie perd d’entrée contre la Suède et finit deuxième après une victoire inutile sur le Paraguay. Seul le premier du groupe est qualifié pour un tour final à quatre.
Le Brésil dans le traquenard anglais en 1966
Le deuxième est le Brésil de Pelé, immense favori pour la World Cup anglaise de 1966 après son doublé de 1958 et 1962. Mais rien ne se passe comme prévu, Pelé est blessé d’entrée contre la Bulgarie, battue 2-0, et la suite est un chemin de croix ponctué de deux défaites contre la Hongrie (1-3) et le Portugal (2-3). Un match que Pelé ne finit pas, victime d’un nouvel attentat du Portugais Joao Morais.
Les Pays-Bas, battus deux fois, n’iront pas en Espagne en 1982
Les troisièmes sont les Néerlandais, les seuls à n’avoir jamais gagné la Coupe du monde parmi les finalistes consécutifs. Pour leur troisième apparition en 1974 (les deux premières remontent aux années 1930), ils atteignent la finale en sortant notamment le Brésil au second tour, et démarrent pied au plancher avec un pénalty dès la première minute, contre la RFA à Munich. Mais, péché d’orgueil, ils laissent revenir la Mannschaft, et s’en mordent les doigts jusqu’au coude (1-2).
Quatre ans plus tard, Cruyff n’a pas fait le voyage en Argentine (il craint un enlèvement) mais Neeskens, Krol, Haan et Rensenbrink emmènent les Pays-Bas à nouveau en finale après avoir sorti la RFA et l’Italie au second tour. Ils font mieux que se défendre contre l’Argentine, et ont même une balle de 2-1, mais le tir de Rensenbrink finit sur le poteau. Ils s’inclinent en prolongations (1-3).
Mais en 1982 en Espagne, la génération dorée est belle et bien terminée : les Pays-Bas sont éliminés par la Belgique et la France en novembre 1981. C’est aussi la seule sélection à avoir joué deux finales mondiales consécutives et à n’avoir pas participé à l’édition suivante.
Avec ou sans Maradona, ce n’est pas pareil en 1994 pour l’Argentine
Enfin, l’Argentine est arrivée à la Coupe du monde 1994 avec Maradona dans ses bagages et la ferme intention d’enchaîner une troisième finale consécutive (et même une quatrième en cinq éditions) après celles contre la RFA en 1986 (remportée 3-2 à Mexico) et 1990 (perdue 0-1 à Rome). Elle sort troisième de son groupe après deux victoires contre la Grèce et le Nigéria et une défaite face à la Bulgarie, alors que Diego Maradona été suspendu pour dopage après avoir inscrit son tout dernier but en sélection. Mais elle n’ira pas plus loin, battue à la régulière par une très belle équipe roumaine en huitième de finale (2-3).
L’exception Cafu, en attendant Mbappé ?
Pour terminer, si l’on revient sur les deux équipes comptant trois finales consécutives, il n’est arrivé qu’une fois qu’un joueur participe aux trois. Il s’agit du Brésilien Cafu, capitaine en 2002 à Yokohama, titulaire en 1998 à Saint-Denis, et entré à la 21e minute en 1994 à Pasadena. Ronaldo a joué les deux dernières finales de la série, mais n’est pas entré en jeu à la première. C’est aussi le cas de l’Allemand Lothar Matthaüs, remplaçant (pas sur la feuille de match) en 1982 et titulaire lors des finales de 1996 et 1990. Et aussi de son coéquipier Pierre Littbarski, qui lui a manqué le match de 1986 (sur le banc) alors qu’il a joué ceux de 1982 et de 1990.
Autrement dit, aucun joueur dans l’histoire de la Coupe du monde n’a débuté trois finales consécutives en tant que titulaire. Kylian Mbappé sera-t-il le premier en 2026 ?
Vos commentaires
# Le 18 avril 2023 à 05:21, par Nhi Tran Quang En réponse à : En 2026, jamais deux finales sans trois ? Les précédents en Coupe du monde
Parmi les joueurs ayant disputé 2 finales de suite tout en étant sur le banc lors de la 3ème finale de leur équipe, il y a « le cas spécial » Nilton Santos d58/62 qui a fait partie des 22 joueurs ayant été sélectionné pour la coupe du monde 1950 où le Brésil a fini finaliste dans un format particulier & non un format habituel.