Depuis 1930, savez-vous combien l’Allemagne a manqué de phases finales de la coupe du monde ? Deux seulement sur vingt, en 1930 et 1950. Et combien de championnats d’Europe non disputés depuis 1960 ? Deux aussi sur quinze, les deux premiers en 1960 et 1964 [1].
Dit autrement, l’Allemagne n’a manqué aucun grand tournoi depuis la coupe du monde 1966, soit il y a cinquante ans. 25 phases finales consécutives depuis, dont 19 demi-finales, 13 finales et 6 victoires [2] Autrement dit, la probabilité d’assister à un tournoi sans sélection allemande dans le dernier carré est aussi élevée que celle de voir Benzema et Valbuena partir en vacances ensemble.
Dans ces conditions, trouver un pays dans lequel l’Allemagne a joué plusieurs tournois sans y avoir disputé la moindre demi-finale tient de la gageure. Et pourtant, ce pays existe, et c’est le vôtre (sauf si vous êtes un expatrié). Quatre fois, la France a accueilli un Euro ou une coupe du monde. Et jamais l’Allemagne ne s’est retrouvé parmi les quatre derniers prétendants. Voilà une information qui devrait faire plaisir aux Italiens, eux qui ont régulièrement barré la route à la Mannschaft (coupe du monde 1970, 1978, 1982 et 2006, Euro 2012).
9 juin 1938, Parc des Princes : la Suisse venge l’Autriche
Lors de la troisième coupe du monde de l’histoire, que la France organise, l’Allemagne est éliminée dès les huitièmes de finale par la Suisse au Parc des Princes. La première rencontre, très violente, se termine par un score nul (1-1 après prolongations). Un deuxième match est joué quatre jours plus tard, et la Suisse l’emporte 4-2 alors que l’Allemagne menait 2-1 à la pause, l’attaquant du Servette Trello Abegglen réussissant un doublé en deux minutes. L’intégration forcée de joueurs autrichiens, dont le pays avait été annexé trois mois plus tard, n’a pas suffi à la sélection allemande qui a fait le salut nazi avant et après le match.
1960 : priorité à la Bundesliga
En 1960, la RFA ne participe pas à la première coupe d’Europe des Nations, sous prétexte qu’il ne proposait pas d’adversaires d’assez haut niveau. Il est vrai qu’outre l’Allemagne, championne du monde 1954 et quatrième en Suède en 1958, il manquait l’Italie et l’Angleterre alors que les pays du bloc de l’Est étaient nombreux. La priorité était surtout de constituer une ligue nationale unique et professionnelle, la Bundesliga, qui allait débuter en 1963. La France étant l’une des quatre équipes demi-finalistes, elle accueille un mini-tournoi en juin. Sans l’Allemagne, donc, qui boycottera aussi l’édition suivante.
20 juin 1984 : ils touchent du bois
La RFA est éliminée au premier tour de l’Euro après avoir fait nul contre le Portugal (0-0) et battu la Roumanie (2-1). Le dernier match du premier tour se joue au Parc des Princes contre l’Espagne. Un nul suffit aux Allemands pour accéder aux demi-finales, une victoire lui garantissant la première place du groupe. Mais à la dernière minute le score est toujours de 0-0 alors que le gardien espagnol Arconada a été sauvé deux fois par sa barre et une fois par son poteau en première mi-temps. Les Espagnols voient un pénalty de Carrasco repoussé par Schumacher et à 40 secondes de la fin, un centre de Senor est repris de la tête par Maceda. La RFA quitte l’Euro, l’Espagne ira en finale.
4 juillet 1984, Lyon : fiers comme des Croates
Après avoir sorti difficilement le Mexique en huitième (2-1) et terminé en tête de son groupe devant la Yougoslavie (2-2), les Etats-Unis (2-0) et l’Iran (2-0), l’Allemagne affronte la Croatie à Gerland. A cinq minutes de la mi-temps, Wörns fauche Suker en position de dernier défenseur et est aussitôt exclu. Juste après, Jarni ouvre le score. En deuxième période, les Croates jouent le contre et ajoutent deux buts par Vlaovic et Suker, infligeant à l’Allemagne sa plus lourde défaite en coupe du monde depuis le 3-6 contre la France en 1958. En cas de qualification, les Allemands auraient retrouvé les Français en demi-finale.