C’est une caractéristique propre à ces confrontations : quand ils se rencontrent, Français et Portugais marquent beaucoup de buts, et il n’y a presque jamais match nul. Le seul en vingt-deux rencontres date de 1928. Jusqu’en 1975, les Bleus ont l’avantage mais ils se sont incliné cinq fois.
La fièvre du mercredi après-midi
C’est à Toulouse, le 16 avril 1926, que se joue le premier France-Portugal de l’histoire. Et alors qu’ils ne sont pas favoris, les Bleus vont réussir un très bon match avec un Georges Bonello brillant, auteur de deux passes décisives et d’un but (4-2). En mars de l’année suivante, les Portugais prennent leur revanche plutôt deux fois qu’une dans le bourbier du stade de Lisbonne, face à une équipe de France inexpérimentée (six nouveaux pour pallier autant de forfaits, le match ayant lieu un mercredi et les joueurs étant encore amateurs). Résultat final, un 0-4 sec qui signera la fin de la carrière internationale du gardien parisien Jacques Dhur.
Le grand-père aux gants noirs
Le 29 avril 1928, c’est à la fois le premier France-Portugal à Paris (dans l’ancien Parc des Princes) et surtout le seul de l’histoire à avoir fini par un match nul, Paul Nicolas ayant répondu à Armando Martins (1-1). A noter que dans la sélection portugaise figurait un Alves portant des gants noirs. C’était Carlos Alves, grand-père de Joao, qui jouera une saison au PSG en 1979-80. Un an plus tard, les Bleus s’imposaient difficilement à Colombes grâce à deux buts de Paul Nicolas et Marcel Galey (2-0). Mais l’année suivante, à Porto, les locaux prenaient leur revanche sur le même score. Le gardien français Antonin Lozes avait pourtant attaché à ses filets une mascotte, en l’occurrence un chevreau noir. L’histoire ne dit pas si l’animal a dévoré les ficelles, mais il n’a pas empêché José Soares de marquer deux fois (0-2).
Deux Autrichiens dans la drôle de guerre
Le sixième France-Portugal de l’histoire est l’un des cinq matches disputés par les Bleus pendant la guerre. Le 28 janvier 1940, les sélectionnés français qui étaient tous mobilisés bénéficièrent de deux jours de permission pour venir jouer à Paris sur un terrain gelé. Dans les buts français, il y avait le grand gardien autrichien Rudi Hiden, venu renforcer les Bleus avec son compatriote Heinrich Hiltl. Le score, anecdotique compte tenu des circonstances, s’arrêta à 3-2 pour la France, avec un doublé de Désiré Koranyi.
Les débuts de Roger Marche
Le 12 avril 1946 à Lisbonne, la paix est enfin revenue quand l’équipe de France de Larbi Ben Barek s’incline 1-2 à Lisbonne au cours d’un match où elle compta deux blessés simultanément, Marcel Salva et Oscar Heisserer. La revanche a lieu un an plus tard à Colombes, avec une courte victoire (1-0, but de René Bihel) qui voit un jeune joueur faire ses débuts sur le côté gauche de la défense : il s’agit de Roger Marche, futur recordman des sélections (63), record qui tiendra pendant 24 ans [1].
Deladerière allait de l’avant
L’alternance défaite-victoire est rompue en novembre 1947 quand les Français vont s’imposer 4-2 à Lisbonne avec un triplé d’Ernest Vaast, Ben Barek clôturant la marque après que Peyroteo ait ouvert le score pour les Portugais, son quatrième but contre les Bleus. En avril 1952, c’est le jeune nancéien Léon Deladerière (qui était attaquant, contrairement à ce que pourrait laisser croire son nom) qui fait exploser à lui tout seul la défense portugaise, même si les trois buts français sont signés Alpsteg et Strappe (2).
Avec Fontaine, c’est trois fois mieux
En mars 1957, c’est sans Raymond Kopa (alors au Real Madrid) que les Bleus vont gagner à Lisbonne leur quatrième match consécutif face au Portugal, sur un but de Piantoni (1-0). Ils feront mieux le 11 novembre 1959, un an et demi après leur périple en Suède, avec un festival offensif signé Just Fontaine (triplé) et un 3-0 sec au bout de 22 minutes. Mais la défense française était toujours aussi inconstante, et à la mi-temps, les Portugais étaient revenus à 3-2. Alors les Bleus en remettent une couche et refont un écart en quatre minutes par Fontaine (54e et 58e), pour terminer à 5-3. C’est à ce jour le plus prolifique France-Portugal de l’histoire.
La tournée d’adieux d’Eusebio
Il faudra attendre pas moins de quatorze ans pour voir les deux équipes se retrouver, dans un Parc des Princes flambant neuf le 3 mars 1973. C’est la deuxième fois que les Bleus y jouent, et la première qu’ils y sont battus (1-2), sur un doublé d’Eusebio qui allait bientôt achever sa carrière internationale [2]. C’est aussi la première défaite contre les Portugais depuis 1946.
Faut pas Charrier !
Deux ans plus tard, les Portugais reviennent au Parc, où ils se sentent comme à la maison. Et ils l’emportent encore, sur deux buts de Nene et Marinho face à une équipe de France privée de son ossature stéphanoise et peu impressionnante en défense, avec des erreurs fatales de Trésor et Jodar, et un gardien (René Charrier) que l’on ne reverra plus. Deux défaites consécutives contre le Portugal, c’est une grande première !
A suivre...