2-0 est un score très courant dans le monde du foot. Moins nette qu’un 3-0, moins crispante qu’un 1-0, la victoire 2-0 permet d’affirmer sa supériorité du moment sur un adversaire d’égale valeur. Elle fait toutefois souffrir les supporters, qui ne trouvent une sérénité modérée qu’au moment du deuxième but.
2-0, c’est avant tout le score emblématique des années 1980, celui avec lequel les Bleus de Michel Hidalgo puis d’Henri Michel remportèrent les premiers titres : France-Espagne 1984 en finale de l’Euro, France-Uruguay 1985 en Coupe Intercontinentale et même, en élargissant un peu, la finale des Jeux Olympiques de 1984. Durant la décennie 1976-1986 ont été enregistré 16 victoires 2-0, soit plus que lors des 72 années qui ont précédé cette période.
En plus des titres, c’est aussi le score qui qualifie les Tricolores pour les phases finales de Coupe du monde 1982 (France-Pays Bas) et 1986 (France-Yougoslavie), lancé à chaque fois par un coup franc de Platini. C’est le score de quelques matchs amicaux mémorables disputés au Parc des Princes quelques mois avant les grandes compétitions : France-Italie 1982, France-Angleterre 1984, France-Argentine 1986. C’est un huitième de finale à Mexico contre l’Italie. Et enfin, quel symbole, le score du dernier match de Platini en équipe de France.
La génération Zidane (1994-2006) a enregistré 19 victoires 2-0 sur un nombre de matchs beaucoup plus important que sous l’ère Platini, avec en outre peu de victoires marquantes, si ce n’est la démonstration de Wembley en amical en 1999 et une victoire qualificative arrachée au Togo lors de la Coupe du monde 2006.
La génération actuelle (depuis l’arrivée de Deschamps comme sélectionneur) n’en est qu’à 18 victoires 2-0, mais certaines ont été déterminantes : le Nigeria lors de la Coupe du monde 2014, l’Allemagne à l’Euro 2016, l’Uruguay à la Coupe du monde 2018, le Maroc lors de la Coupe du monde 2022. Et ce n’est sans doute pas fini.
Les chiffres clés
– 76 victoires 2-0 depuis 1904 (36 matchs amicaux, 40 en compétition dont 9 en phase finale)
– 49 victoires 2-0 à domicile, 27 à l’extérieur
– La Finlande et la Belgique ont été battues quatre fois 2-0, le Luxembourg, l’Eire et le Portugal trois fois
– La dernière victoire 2-0 date du 9 septembre 2024 contre la Belgique en qualifications pour la Ligue des Nations.
– 48 défaites 0-2 depuis 1904 (25 en amical, 23 en compétition, dont 8 en phase finale)
– 16 défaites 0-2 à domicile, 32 à l’extérieur
– L’Espagne s’est imposée cinq fois 2-0
– La dernière défaite 0-2 date du 23 mars 2024 contre l’Allemagne en amical.
-
Voir le tableau des scores et le tableau des matchs
Le tout premier : Suisse-France le 29 février 1920
L’équipe de France ne pouvait trouver une meilleure année que l’année 20 pour enregistrer le premier 2-0 de son histoire. Une victoire acquise au Parc des Sports de Genève face à la Suisse qu’elle rencontrait pour la septième fois. L’équipe avait aligné une attaque de feu avec Dubly, Bard, Dewaquez et Nicolas, les deux derniers signant les deux buts, le joueur de l’Olympique à la 43’ et celui du Gallia Club à la 78’. Un très bon souvenir pour le défenseur Alfred Roth qui dispute sa première et seule sélection internationale, en remplaçant au pied levé Maurice Mathieu, forfait de dernière minute.
L’Auto du 1er mars 1920 via BNF Gallica
Le plus générationnel : France-Pays Bas le 18 novembre 1981
Au pied du mur, les hommes de Michel Hidalgo arrachent leur qualification pour la Coupe du monde espagnol grâce à un coup franc de Platini qui contourne le mur orange et se loge dans les filets de van Breukelen. Ensuite Six, en profitant d’un rush de Rocheteau, valide pour de bon le ticket pour l’Espagne. C’est la fin, définitive d’une magnifique génération néerlandaise et de son football total. C’est la mise en orbite d’une nouvelle génération magnifique, celle de l’équipe de France de Michel Hidalgo.
Le plus cocorico : France-Espagne le 27 juin 1984
C’est sur le score de 2-0 que l’équipe de France a remporté le premier titre de son histoire. Le 27 juin au Parc des Princes, les hommes de Michel Hidalgo ne réalisent pas leur meilleur match de l’Euro 1984 mais assurent le plus important en remportant la victoire. Platini ouvre le score à la 57’ minute sur coup-franc, avec la complicité involontaire du malheureux Arconada. Les Bleus défendent ensuite leur court avantage face à une équipe d’Espagne agressive, avant que Bellone, lancé par Tigana, met fin au suspense d’un joli ballon piqué au dessus du gardien espagnol.
Le plus celeste : France-Uruguay le 21 août 1985
Une belle soirée de fin d’été au Parc des Princes pour la première Coupe intercontinentale des nations qui oppose les champions d’Europe français à leurs homologues uruguayens, champions d’Amérique du Sud. Une équipe de France éblouissante face à une Celeste un peu trop brutale malgré le superbe Francescoli. Rocheteau ouvre le score dès la 3’ minute, puis Touré double la mise à la 56’ à la conclusion d’un mouvement qu’il a lui-même initié.
Le plus conforme : France-Yougoslavie, le 16 novembre 1985
Tous les éléments sont réunis pour faire de ce France-Yougoslavie 1985 un classique de l’histoire du foot tricolore. Comme si le cahier des charges avait spécifié une victoire 2-0 au Parc des Princes avec un coup franc de Platini... Ce qui fut fait sans le moindre accroc, le capitaine français, qui allait recevoir son troisième Ballon d’Or dans la foulée, inscrivant lui-même le deuxième but. Ce fut pourtant loin d’être une formalité, la Yougoslavie s’étant montrée très menaçante ce soir-là et aurait bien aimé contrarier une équipe tricolore au sommet.
Le plus élevé : France-Italie le 17 juin 1986
C’est au stade olympique de Mexico, à 2250 mètres d’altitude, que l’équipe de France vient défier les champions du monde italiens en huitième de finale de la Coupe du monde 1986. Face à des joueurs qu’il a l’habitude d’affronter chaque dimanche, Michel Platini ouvre le score à la conclusion d’un beau mouvement collectif initié par Fernandez et relayé par Rocheteau. En deuxième période, c’est Yannick Stopyra double la mise sur une nouvelle passe décisive de Rocheteau. Quatre ans plus tôt, en match amical, la France avait remporté sa première victoire sur la Squadra depuis 62 ans. Sur le score de 2-0.
Le plus royal : France-Angleterre le 10 février 1999
Sept mois après leur premier titre mondial, les Tricolores se rendent à Wembley pour une rencontre de gala face à l’Angleterre, qu’elle n’a jamais vaincu sur son sol et encore moins dans son vieux stade mythique. Les hommes de Roger Lemerre, qui a succédé à Aimé Jacquet, démontrent que leur titre mondial n’a rien d’usurpé en livrant un match de très haut niveau. Ils se découvrent en outre un nouveau buteur, le très prometteur Anelka, qui inscrit trois buts, dont deux seulement sont validés par l’arbitre.
Le moins bénin : France-Togo le 23 juin 2006
A Cologne, l’équipe de France doit absolument vaincre celle du Togo pour poursuivre sa route dans le mondial allemand. Cela semble à sa portée, mais les deux matchs nuls qui ont précédé cette rencontre décisive, contre la Suisse et la Corée du Sud, n’incitent pas à l’optimisme béat. En l’absence de Zinedine Zidane, suspendu pour collection de cartons jaunes, c’est Patrick Vieira, qui fête ses trente ans ce jour-là, qui prend les choses en main et ouvre le score en début de seconde mi-temps. Il est imité un peu plus tard par Thierry Henry qui valide le ticket pour les huitièmes de finale.
Le plus tardif : France-Albanie le 15 juin 2016
Au stade Vélodrome de Marseille, les hommes de Didier Deschamps ont toutes les peines du monde à venir à bout de l’équipe d’Albanie pour leur deuxième match de l’Euro 2016. Le score est toujours de 0-0 quand on entre dans la 90e minute. C’est alors que sur un centre d’Adil Rami, Antoine Griezmann, fraîchement entré en jeu, reprend de la tête et trompe enfin le gardien albanais. Puis durant les six minutes de temps additionnel, Dimitri Payet profite de l’abattement albanais pour enfoncer le clou.
Le plus revanchard : France-Allemagne le 7 juillet 2016
Une demi-finale France-Allemagne est pour le football français l’occasion de régler quelques points avec l’histoire. Au stade Vélodrome de Marseille, qui accueille la troisième demi-finale europénne de son histoire, les Français sont bousculés par les Champions du monde en titre, mais ils obtiennent un penalty juste avant la mi-temps transformé par Antoine Griezmann. Puis à vingt minutes de la fin, un ballon mal repoussé par Neuer est repris par le même Griezmann qui signe un doublé contre le meilleur gardien du monde. Les Bleus sont en finale de l’Euro.
Le plus clinique : France-Uruguay le 6 juillet 2018
Sur la route de son deuxième titre mondial, l’équipe de France toute de blanche vêtue est opposée à l’Uruguay à Nijni Novgorod en quart de finale du Mondial 2018. Cinq minutes avant la mi-temps, un coup franc d’Antoine Griezmann est repris de la tête par Raphaël Varane, qui ouvre le score. A l’heure de jeu, le gardien uruguayen Fernando Muslera ne parvient pas à maitriser un ballon sur une frappe lointaine d’Antoine Griezmann, lequel ouvre la porte des demi-finales.
Et côté adverse...
Les défaites 0-2 ont également marqué l’histoire de l’équipe de France, et tout particulièrement celle de la décennie platinienne. La demi-finale contre la RFA, celle de Guadalajara en 1986, qui mettait définitivement fin aux rêves de sacre mondial d’une génération. Ou celle concédée quelques mois plus tard au Parc des Princes contre l’URSS, confirmant que les lendemains allaient être difficiles. Un peu plus tôt dans la même période, les rencontres perdues à Bruxelles en 1981 ou à Sofia en 1985 avaient bien failli priver les Bleus de Coupe du monde.
La première défaite 0-2 a eu lieu juste avant la grande guerre, en 1914, le 29 mars à Turin contre l’Italie. Depuis, un très grand nombre ont suivi parmi lesquelles certaines très douloureuses : Celle contre la Tchécoslovaquie à Marseille en 1960 qui nous prive de la troisième place du premier championnat d’Europe. Celle contre l’Angleterre à Wembley qui nous sort de la World Cup 1966. Celle de 1969 à Solna contre la Suède ou de 1973 à Moscou qui nous empêche définitivement de participer aux Coupes du monde 70 et 74. Celle de Bratislava qui nous écarte de l’Europeo italien. Celle de Glasgow en 1989 (deux buts du Nantais Mo Johnston) qui nous prive lui aussi de phase finale italienne. Celle de 2002 à Incheon où le Danemark met fin à une World Cup 2002 complètement ratée. Celle de 2010 à Polokwane où le Mexique fait la leçon aux caïds de Knysna. Celle de 2012 à Donetsk où l’Espagne abrège un Euro plutôt maussade. Jusqu’à celle de 2020 à Saint-Denis où la Finlande casse une ambiance déjà passablement glaciale dans un Stade de France désert.