Pour chacune de ces trois périodes, l’étude portera sur les matches joués et les résultats obtenus, même bien sûr si ces derniers n’avaient pas d’importance immédiate. On mettra en évidence le point haut et le point bas de chacune des périodes, ces moments-clé où quelque chose s’est mis en place ou, au contraire, s’est déréglé dans l’équilibre de l’équipe.
Enfin, on examinera attentivement les choix du sélectionneur : combien de joueurs utilisés, et parmi eux, combien sont en fin de carrière internationale et combien débutent. Il est particulièrement intéressant de s’arrêter sur le cas des débutants : dans le meilleur des cas, ils se retrouveront dans la liste pour l’Euro ou la coupe du monde à venir. Dans le pire des cas, ils ne seront jamais rappelés. Et entre les deux, certains poursuivront leur carrière internationale mais manqueront la phase finale tant convoitée.
Les matches : l’inconstance de 1983
Quatorze rencontres disputées en vingt et un mois : les deux saisons calées entre le Mondial 1982 et l’Euro 1984 n’auront pas été chargées. Huit victoires, quatre nuls et deux défaites, dont une à relativiser pour un match amical du mois d’août contre la Pologne où des Bleus démotivés passent complètement à travers (0-4). Ce sera le dernier match d’Ettori en Bleu. La deuxième, un an plus tard à Copenhague, est plus significative, d’autant que c’est ce jour-là que Bats débute dans les cages. Et plutôt mal (1-3).
Si l’année 1983 sera au final plutôt médiocre (avec toutefois deux belles victoires en février au Portugal et en avril contre la Yougoslavie), ou du moins inconstante, les quatre matches de préparation de 1984 vont donner le ton : plus l’échéance approche, plus les Bleus montent en régime, battant deux cadors (Angleterre et RFA) plus facilement que ne l’indique le score. Renforcée sur ses points faibles, riche d’un carré magique au milieu qui est sans doute le meilleur du monde, l’équipe de France est fin prête : l’année parfaite peut commencer.
# | Date | Ville | Adversaire | score |
---|---|---|---|---|
434 | 01/06/1984 | Marseille | Ecosse | 2-0 |
433 | 18/04/1984 | Strasbourg | Allemagne | 1-0 |
432 | 28/03/1984 | Bordeaux | Autriche | 1-0 |
431 | 29/02/1984 | Paris (Parc) | Angleterre | 2-0 |
430 | 12/11/1983 | Zagreb | Yougoslavie | 0-0 |
429 | 05/10/1983 | Paris (Parc) | Espagne | 1-1 |
428 | 07/09/1983 | Copenhague | Danemark | 1-3 |
427 | 31/05/1983 | [Luxembourg] | Belgique | 1-1 |
426 | 23/04/1983 | Paris (Parc) | Yougoslavie | 4-0 |
425 | 23/03/1983 | Paris (Parc) | URSS | 1-1 |
424 | 16/02/1983 | Guimaraes | Portugal | 3-0 |
423 | 10/11/1982 | Rotterdam | Pays-Bas | 2-1 |
422 | 06/10/1982 | Paris (Parc) | Hongrie | 1-0 |
421 | 31/08/1982 | Paris (Parc) | Pologne | 0-4 |
Les joueurs : sept mondialistes au tapis
Michel Hidalgo entreprend un grand brassage avec 43 joueurs essayés, dont 16 débutants sur lesquels on reviendra. Parmi les joueurs confirmés, huit finiront leur carrière internationale dans cette période : les deux gardiens mondialistes Ettori et Castaneda, les défenseurs Janvion, Mahut et Trésor (recordman des sélections) et les attaquants Couriol, Soler et Amisse, le seul de la liste à ne pas avoir fait partie du groupe en Espagne. Pour le reste, le sélectionneur s’appuie sur du solide, avec 19 joueurs confirmés. Cinq d’entre eux seront écartés de la site des 20 pour l’Euro : Zénier, Stopyra, Xuereb, Delamontagne et Anziani.
Les débutants : Bats et Fernandez, bonne pioche
Seize joueurs ont donc fait leurs débuts entre les deux points haut historiques que furent les phases finales 1982 et 1984. Avec, on le voit, des fortunes diverses. Un peu moins d’un tiers d’entre eux iront à l’Euro, avec deux trouvailles essentielles dans l’équilibre de l’équipe : Bats dans les cages et Fernandez en numéro 6. Cinq autres n’ont fait que passer, mais il n’y a là rien de scandaleux. Enfin, les six derniers manqueront l’Euro mais auront un avenir en Bleu. C’est plutôt la catégorie des joueurs prometteurs qui ne confirmeront pas pour diverses raisons, comme Touré, Vercruysse ou dans une moindre mesure Ayache.
Le point haut : Portugal-France (16 février 1983)
On aurait pu choisir le France-Angleterre de février 1984 au Parc (2-0, doublé de Platini) ou le France-RFA de Strasbourg en avril de la même année (1-0 sans Platini, Giresse et Tigana). Mais le Portugal-France du 16 février 1983, un an plus tôt, est sans doute plus important. Ce jour-là à Guimaraes, les Bleus débutent avec un milieu Fernandez-Giresse-Platini-Ferreri, avec en attaque Amisse et Stopyra. Ce dernier va ouvrir le score à la 7e, imité une minute plus tard par Ferreri. Les Portugais sont KO. A l’heure de jeu, Tigana remplace Ferreri et le carré magique version 84 fait sa première apparition pendant 12 minutes, jusqu’à la sortie de Fernandez remplacé par Tusseau (75e). C’est pendant cet intervalle que Stopyra ajoute le troisième but du match. Platini est l’auteur des trois passes décisives. Le Portugal créera la surprise à l’Euro en finissant demi-finaliste et en passant tout près d’un retentissant exploit à Marseille contre les Bleus. Enfin, Yannick Stopyra devra attendre le Mondial 1986 pour devenir l’arme offensive de la sélection.
Le point bas : Danemark-France (7 septembre 1983)
Ettori et Castaneda définitivement écartés à l’automne 1982, Michel Hidalgo a d’abord fait confiance au gardien lensois Jean-Pierre Tempet avant finalement d’opter pour l’Auxerrois Joël Bats. Les Bleus restent sur six matches sans défaite (quatre victoires et deux nuls) et aimeraient bien prolonger cette invincibilité jusqu’à l’Euro. Ce ne sera pas le cas : pour ses débuts, Bats encaisse trois buts et le sélectionneur ne fait entrer aucun remplaçant dans une équipe finalement très proche de celle de l’Euro, sans Tigana et avec Rocheteau et Bravo en pointe. A ce moment-là, on ne le sait pas encore, comme on ne sait pas non plus que le Danemark se qualifiera pour l’Euro et tombera dans le groupe de la France...