Les onze coups francs de Platini

Publié le 16 février 2017 - Bruno Colombari

Directs ou indirects, tendus ou en feuille morte, dans la lucarne ou à ras du poteau, dans l’axe ou côté gauche : entre 1976 et 1985, Michel Platini a marqué un quart de ses buts en Bleu sur coup franc. Les voici tous, en vidéo et en infographie.

4 minutes de lecture

Il y a les sept travaux d’Hercule, les douze coups de minuit et les dix commandements. Et puis il y a les onze coups francs de Platini en équipe de France. Car bien avant d’être triple Ballon d’Or, El Maestro à la Juventus Turin et capitaine des Bleus soulevant le trophée Henri-Delaunay, Michel Platini était le spécialiste des coups francs. Au tout début de sa carrière, il s’en était fait une spécialité et c’est d’ailleurs comme ça qu’il a marqué ses trois premiers buts en équipe de France, dans ses six premiers mois internationaux : contre la Tchécoslovaquie en mars 1976, à Copenhague face au Danemark en septembre et un mois plus tard à Sofia contre la Bulgarie. Tous trois indirects, d’ailleurs.


 


 


 

Le suivant, c’est en avril 1977 contre la Suisse à Genève. C’est son premier coup franc direct transformé. Contre l’Italie à Naples en février 1978, il fait des misères à Dino Zoff, son futur gardien à la Juventus. Il marque un premier coup-franc dans la lucarne droite du portier italien, mais l’arbitre ne le valide pas car il n’avait pas sifflé. Un peu plus tard, il en obtient un deuxième, à peu près au même endroit, qu’il place de l’autre côté, près du poteau gauche. Et de deux pour le prix d’un !


 


 


 

Si celui de septembre 1979 contre les Etats-Unis au court d’un match très violent est plutôt anecdotique, le septième vaut son pesant d’or. Nous sommes le 18 novembre 1981. Une victoire contre les Pays-Bas est impérative pour se qualifier pour le Mundial espagnol. A la 52e, Platini obtient un premier coup franc plein axe, repoussé par le mur néerlandais et semble-t-il touché par Jan Peters à la limite de la surface, côté gauche. C’est encore mieux placé, et celui-là enroule le mur pour battre Van Breukelen, pas très inspiré sur le coup.


 


 

Après deux années blanches, le huitième arrive en février 1984 contre l’Angleterre. Pas de fioritures pour celui-là, frappé en force dans les filets de Peter Shilton. Et comme en 1976, Platini va transformer trois coups francs dans l’année. Le neuvième face à la Yougoslavie à Saint-Etienne lui permet de réaliser un deuxième triplé consécutif (après celui contre la Belgique). Pour l’occasion, le capitaine français déplace dans le dos de l’arbitre le ballon de deux bons mètres pour trouver un angle de tir plus favorable.
 


 
Le dixième est l’un des plus connus, et encore décisif, puisqu’il permet l’ouverture du score en finale de l’Euro contre l’Espagne, alors que les Bleus étaient chahutés. Il n’y avait probablement pas faute sur Lacombe, et le tir, pas assez appuyé, semble d’abord capté par Arconada, mais celui-ci laisse échapper le ballon sous son bras.
 


 

 
Le dernier date de novembre 1985 et c’est en quelque sorte la réplique de celui de 1981 contre les Pays-Bas, puisque les Bleus doivent l’emporter contre la Yougoslavie pour aller au Mexique. Mais cette-fois, le coup franc a lieu dès la deuxième minute, et Platini loge le ballon dans la lucarne droite de Stojic.
 


 

Une zone de tir très compacte

Regardons maintenant de quels endroits et à quelles distances Platini a frappé ses onze coups francs. Sans surprise, ils se situent presque tous à une vingtaine de mètres de la cage, décalés sur la gauche de la surface de réparation. Il y en a tout de même quatre tirés plein axe, dont deux dans l’arc de cercle soit à environ 17 mètres de la cible. Un seul, le tout premier, se trouve près du point de pénalty, mais c’est un coup franc indirect. Ceux-ci sont représentés dans un cercle gris, les coups francs directs dans un cercle noir.

La zone de frappe est tellement compacte que les onze points entrent facilement dans un demi-cercle de dix mètres de rayon, soit à peu près la surface de la moitié du rond central.

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Rappel : Tchécoslovaquie 1976 (1), Danemark 1976 (2), Bulgarie 1976 (3), Suisse 1977 (4), Italie 1978 (5), Etats-Unis 1979 (6), Pays-Bas 1981 (7), Angleterre 1984 (8), Yougoslavie 1984 (9), Espagne 1984 (10), Yougoslavie 1985 (11).

En haut, en bas, à gauche, à droite

Si on observe ensuite où sont arrivés les ballons frappés sur ces coups francs, on ne peut que saluer la précision et la variété des tirs de Platini. Hormis ceux contre la Suisse et l’Italie, et à un degré moindre celui face à l’Angleterre, les neuf autres finissent près des poteaux ou de la barre. Et loin du gardien, sauf dans le cas particulier d’Arconada qui se couche sur le ballon avant de le laisser filer.

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Autant dire que pour un gardien, anticiper une frappe de Platini est un exercice hautement aléatoire. De plus, les tirs peuvent être brossés avec plus ou moins de vitesse, tendus ou en feuille morte avec une trajectoire plongeante derrière le mur.

Et aussi trois de la tête, sept du gauche et trois pénos

Mais Platini n’a pas marqué que sur coup franc. Il a inscrit également trois pénalties (face à la RFA en 1982, la Belgique et la Bulgarie en 1984), a marqué trois fois de la tête (contre l’Angleterre, la Belgique et la Yougoslavie en 1984) et sept fois du gauche (Brésil et Argentine 1978, Irlande 1981, Danemark 1983, Belgique et Yougoslavie 1984 et 1985). Autant dire que c’était un buteur polyvalent.

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Sur le tableau ci-dessous, retrouvez la répartition de ses 41 buts. Dans la première colonne, sont indiqués les buts du droit (DR) parmi lesquels ceux inscrits sur coup franc (CF, en gras) ou sur pénalty (PE, en italique). La deuxième colonne indique les buts marqués de la tête (TE) et la troisième ceux signés du gauche (GA). La dernière indique l’ordre du match dans les 72 joués par Platini.

A noter qu’il est arrivé deux fois que Platini marque deux buts de la même manière lors du même match, contre la Grèce et Chypre en 1980. Lors ses deux triplés (Belgique et Yougoslavie 1984) et ses deux autres doublés (Angleterre 1984 et Yougoslavie 1985), il a marqué de façon différente.

#droittêtegauchedateadv.sel.
1 CF 27/03/76 Tchécoslovaquie 1
2 CF 01/09/76 Danemark 3
3 CF 09/10/76 Bulgarie 4
4 DR 17/11/76 Rep. d’Irlande 5
5 CF 23/04/77 Suisse 8
6 DR 16/11/77 Bulgarie 12
7 CF 08/02/78 Italie 13
8 GA 01/04/78 Brésil 14
9 DR 19/05/78 Tunisie 15
10 GA 06/06/78 Argentine 17
11 DR 05/09/79 Suède 21
12 CF 10/10/79 Etats-Unis 22
13 DR 27/02/80 Grèce 23
14 DR 27/02/80 Grèce 23
15 DR 11/10/80 Chypre 26
16 DR 11/10/80 Chypre 26
17 DR 28/10/80 Rep. d’Irlande 27
18 GA 14/10/81 Rep. d’Irlande 31
19 CF 18/11/81 Pays-Bas 32
20 DR 23/02/82 Italie 33
21 DR 21/06/82 Koweït 37
22 PE 08/07/82 Allemagne 40
23 DR 10/11/82 Pays-Bas 42
24 GA 07/09/83 Danemark 45
25 TE 29/02/84 Angleterre 47
26 CF 29/02/84 Angleterre 47
27 DR 12/06/84 Danemark 49
28 GA 16/06/84 Belgique 50
29 PE 16/06/84 Belgique 50
30 TE 16/06/84 Belgique 50
31 GA 19/06/84 Yougoslavie 51
32 TE 19/06/84 Yougoslavie 51
33 CF 19/06/84 Yougoslavie 51
34 DR 23/06/84 Portugal 52
35 CF 27/06/84 Espagne 53
36 DR 13/10/84 Luxembourg 54
37 PE 21/11/84 Bulgarie 55
38 CF 16/11/85 Yougoslavie 62
39 GA 16/11/85 Yougoslavie 62
40 DR 17/06/86 Italie 67
41 DR 21/06/86 Brésil 68

Portfolio

Mots-clés

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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Hommage à Pierre Cazal