En janvier 2007, quelques jours avant son élection à la présidence de l’UEFA, Michel Platini accorde un entretien à l’Express. A une question de Philippe Broussard à propos de sa remarque sur les limites techniques de Deschamps, Platoche répond : « Un autre jour, j’ai dit : « Ce que Zidane fait avec un ballon, Maradona le faisait avec une orange. » Dans mon esprit, c’était vrai et cela n’avait rien de négatif. En fait, je m’adressais à ceux qui ont découvert le football en 1998, en s’émerveillant devant les gestes de Zinédine. Or certains de ces gestes n’avaient rien de nouveau pour les connaisseurs. J’ai vu Omar Sahnoun les faire au service militaire ! »
Maradona, Zidane et Sahnoun cités tous les trois par Michel Platini : s’il était encore de ce monde, nul doute que le fils de harki formé à Beauvais serait fier de lui. Mais il est mort il y a bien longtemps, alors que Maradona commençait à faire parler de lui, que Platini n’avait à son palmarès qu’une coupe de France, et que Zidane était encore à l’école primaire.
Sous les ordres de Suaudeau
Six sélections, aucun but : au classement des joueurs, Omar Sahnoun n’émarge qu’à une très modeste 354e place, entre deux noms de son époque, son coéquipier à Nantes Bruno Baronchelli et le monégasque Christian Dalger. Pourtant, même trente-cinq ans après, sa trace reste vive chez ceux qui l’ont vu jouer. Formé à Beauvais [1], où ses parents se sont installés en 1962 après avoir quitté l’Algérie (son père était harki), Omar a toujours été polyvalent, jouant indifféremment aux postes de stoppeur, libéro, milieu défensif, relayeur ou meneur de jeu. Il est recruté à 17 ans par le FC Nantes et il fait ses débuts en professionnel en 3e division, dans une équipe dirigée par un certain Jean-Claude Suaudeau.
Il débute en première division avec Nantes en 1974-75, mais c’est deux ans plus tard, en 1976-1977, qu’il explose enfin, à 21 ans. Cette année-là, il joue 31 matches en championnat, marque 15 buts (la moitié du total de sa carrière) et termine la saison champion de France en exploitant au mieux sa polyvalence, tantôt défenseur central, tantôt récupérateur, parfois même avant-centre. Du coup, Michel Hidalgo l’appelle chez les Bleus, une première fois contre la Roumanie le 2 février 1977 à Bordeaux, mais ce match n’a pas été reconnu par la fédération roumaine est n’est donc pas officiel. Un test convaincant (victoire 2-0) où Sahnoun démontre qu’il sait tout faire (milieu en première période, stoppeur aux côtés de Lopez en seconde). Il est logiquement rappelé contre la RFA le 23 février au Parc.
Un avant-goût du carré magique
Contre les champions du monde en titre, Sahnoun entre en jeu (à la place de Christian Synaeghel) vingt minutes après le but d’Olivier Rouyer qui donne aux Bleus un succès historique (1-0). On le retrouve deux mois plus tard à Genève contre la Suisse où il est associé au milieu à Alain Giresse et Michel Platini dans un trio très technique qui préfigure le carré magique de 1982. Et ça fait des étincelles : 4-0 à l’extérieur, Omar étant passeur décisif sur le deuxième but du match signé Didier Six.