A l’approche de la Coupe du monde 1978, le sélectionneur Michel Hidalgo cherche à étoffer son groupe. Il s’intéresse notamment à deux clubs tout juste promus en première division et qui bousculent la hiérarchie, l’AS Monaco et le RC Strasbourg. A l’attaque du club alsacien, un attaquant puissant est passé du poste d’avant-centre à celui d’ailier gauche avec une redoutable efficacité. Albert Gemmrich termine la saison avec 21 buts après en avoir totalisé 22 la saison précédente en deuxième division.

Bleu d’Alsace

Avec Didier Six, Olivier Rouyer et Loïc Amisse, le sélectionneur est pourvu en ailiers gauches. Mais l’attaquant alsacien présente un profil différent avec une grosse énergie et une capacité à peser sur les défenses. Il est en outre capable d’occuper le poste d’avant-centre. Michel Hidalgo l’invite à se joindre au onze de France pour une rencontre amicale à Naples contre l’Italie. Après une demi-heure de jeu, Olivier Rouyer, titulaire en attaque aux côtés de Christian Dalger et Bernard Lacombe, doit sortir à cause d’une blessure au genou. C’est ainsi qu’Albert Gemmrich, 23 ans (il est né le 13 février 1955 à Haguenau), honore sa première sélection en équipe de France et devient le 628e joueur de l’histoire de l’équipe de France.

L’Haguenovien avait toutefois été repéré depuis longtemps par Michel Hidalgo. En marge de son premier match avec la Tchécoslovaque, le 27 mai 1976, l’ancien adjoint de Stefan Kovacs avait organisé une rencontre de l’équipe de France B au Luxembourg. Albert Gemmrich avait été aligné aux côtés de Daniel Sanchez et Léon Maier. Mais le RC Strasbourg vivait alors une saison épouvantable qui allait le conduire en deuxième division pendant deux ans, éloignant ses joueurs les plus prometteurs de la sélection nationale.

A Naples, les débuts d’Albert Gemmrich sont remarquables. C’est sur l’un de ses corners, en début de deuxième période, que Dominique Bathenay marque et réduit l’écart. L’ailier n’est toutefois rappelé qu’en équipe de France A’ par la suite pour une rencontre à Rouen contre la Roumanie (1-0).

L’Argentine, un rendez-vous manqué

La Coupe du monde en Argentine n’est toutefois pas perdue. Michel Hidalgo a inscrit le nom d’Albert Gemmrich dans la liste des quarante qu’il doit remettre à la FIFA. Si l’Alsacien a manqué les rencontres contre le Portugal et le Brésil, il est titularisé en mai à Toulouse contre l’Iran. Aux côtés de Rocheteau et Lacombe, le Strasbourgeois se montre à son avantage et ouvre même le score d’une reprise de la tête après un quart d’heure de jeu.

Malgré tout, l’attaquant alsacien ne fait pas partie du voyage. En dépit de ses performances en Bleu, de la troisième place de son club en championnat et de ses 24 buts toutes compétitions confondues, le sélectionneur lui préfère Didier Six et Olivier Rouyer. La décision fait gronder l’Alsace, qui accuse le sélectionneur de privilégier les joueurs de certains clubs. Une colère que la convocation de dernière minute de Dominique Dropsy (appelé à remplacer André Rey blessé) apaisera à peine.

Au retour d’Argentine, alors que l’équipe de France est engagée dans les éliminatoires du championnat d’Europe des Nations, Michel Hidalgo fait de nouveau appel au Strasbourgeois. Celui-ci est titularisé en septembre contre la Suède. Positionné comme avant-centre avec Six et Rouyer comme ailiers, l’Alsacien ne donne pas le rendement attendu. Il manque une occasion d’ouvrir le score dès le début de la rencontre, puis voit l’une de ses frappes rencontrer le montant. Après l’heure de jeu, alors que les Bleus sont menés au score, il est remplacé par Marc Berdoll, qui sera l’auteur de l’égalisation peu de temps après son entrée.

Une teinte alsacienne chez les Bleus

Michel Hidalgo maintient toutefois sa confiance à l’Alsacien. Le RC Strasbourg dirigé par Gilbert Gress domine le championnat et l’équipe de France prend une couleur alsacienne avec les intégrations successives de Dropsy, Jouve, Piasecki, Specht, Wagner et même un certain Raymond Domenech. Gemmrich est du déplacement à Luxembourg où il remplace Rocheteau après l’heure de jeu et marque le troisième but français à dix minutes du coup de sifflet final.

La rencontre amicale contre l’Espagne, en novembre 1978, le voit entrer en jeu à l’heure de jeu en remplacement de l’avant-centre lillois Pierre Pleimelding. Gemmrich est alors âgé de 23 ans, mais cette apparition au Parc des Princes sera la dernière. Il sera du déplacement en avril 1979 à Bratislava pour la rencontre décisive contre la Tchécoslovaquie, mais restera sur le banc de touche.

Michel Hidalgo bénéficie d’un grand nombre d’attaquants de valeur égale et dégage une hiérarchie dans laquelle l’Alsacien ne trouvera plus sa place. Durant l’été qui suit le titre conquis par les Strasbourgeois, Albert Gemmrich fait sensation en acceptant les offres de Claude Bez, nouveau président des Girondins de Bordeaux. La montée en puissance du club aquitain ne permettra toutefois pas à l’attaquant alsacien de revenir chez les Bleus, même si son nom reste toujours cité par le presse parmi les « probables » jusqu’en 1982.

Albert Gemmrich est depuis 2008 le président de la Ligue de football d’Alsace.

Cinq sélections, deux buts