Ces Bleus qui débutent juste avant une Coupe du monde

Publié le 24 février 2022 - Bruno Colombari - 2

Depuis 1978, vingt nouveaux internationaux ont été lancés entre janvier et mai d’une année de Coupe du monde. Si la plupart ont été retenus dans la liste finale, tous n’ont pas réussi leur carrière par la suite. Les buteurs et les passeurs sont toutefois bien représentés.

7 minutes de lecture
Mise à jour d’un article initialement paru en janvier 2018.

Sur les 44 dernières années, et les 9 participations de la France à la Coupe du monde, j’ai choisi un débutant par édition et détaillé son premier match, sa Coupe du monde (s’il a été retenu) et le reste de sa carrière internationale.

1978 : Albert Gemmrich

Son premier match
L’attaquant strasbourgeois a fêté ses 23 ans depuis cinq jours lorsque Michel Hidalgo le fait entrer à la demi-heure de jeu à la place d’Olivier Rouyer à Naples contre l’Italie. Menés 0-2, les Bleus reviennent à 2-2 et Gemmrich est passeur décisif (sur corner) lors de la réduction du score de Bathenay. Mais après le match contre l’Iran en mai, où il a pourtant ouvert le score, Gemmrich n’est pas dans la liste des 22 pour l’Argentine.

Sa carrière internationale
Le très bon parcours de Strasbourg en première division (champion de France 1979) ne suffit pas à Gemmrich pour s’imposer en sélection. Il est appelé encore trois fois en septembre et octobre 1978, marque un but contre le Luxembourg et disparaît des radars.

1982 : Manuel Amoros

Son premier match
Manuel Amoros (23 février 1982, France-Italie)
L’arrière monégasque a vingt ans et 23 jours lorsque Michel Hidalgo l’appelle suite au forfait de Max Bossis pour tenir le couloir droit contre l’Italie (Janvion passant à gauche). Manu tient parfaitement le choc face aux futurs champions du monde (privés de Paolo Rossi, toujours suspendu suite à l’affaire des paris clandestins) et l’équipe de France s’impose 2-0.


 

Sa Coupe du monde
Appelé lors des matchs amicaux contre l’Irlande du Nord, le Pérou et la Bulgarie, il est retenu par Michel Hidalgo dans la liste des 22 pour l’Espagne, il manque la première rencontre des Bleus contre l’Angleterre mais profite de l’installation de Janvion en défense centrale pour récupérer le poste d’arrière droit. Remplacé par Battiston contre l’Autriche, il revient face à l’Irlande du Nord et joue à gauche face à l’Allemagne (Bossis passant à droite), contre laquelle il neutralise Littbarski, fracasse la transversale de Schumacher juste avant la prolongation et transforme son tir au but sans manifester la moindre émotion.

Sa carrière internationale
Champion d’Europe deux ans plus tard (presque sans avoir joué, à cause d’un carton rouge à la fin du match d’ouverture contre le Danemark), troisième en 1986 où il règne sur le flanc gauche des Bleus, il totalise 82 sélections jusqu’à l’Euro 1992. Platini en fait son capitaine à 31 reprises.

Autre nouvel international début 1982 : Daniel Bravo.

1986 : Jean-Pierre Papin

Son premier match
Alors qu’il fait des étincelles au FC Bruges, Jean-Pierre Papin, qui n’a jamais évolué en première division en France, fait ses débuts sur la pelouse gelée du Parc contre l’Irlande du Nord (0-0), avec des collants sous le short. Associé à Rocheteau en pointe, l’attaquant de 22 ans et 7 mois joue le coup sans complexe. C’est suffisant pour Henri Michel qui le retient suite au forfait de José Touré, blessé au genou en mars.


 

Sa Coupe du monde
Titularisé lors des trois matchs du premier tour au côté de Rocheteau puis Stopyra, JPP commencera par canarder les tribunes du stade de Leon contre le Canada en vendangeant une bonne demi-douzaine d’occasions avant d’en transformer enfin une, à la 79e. La complémentarité du duo Rocheteau-Stopyra l’écartera des matchs à élimination directe. On ne le reverra que contre la Belgique, pour la troisième place, où il inscrira un nouveau but.

Sa carrière internationale
Avec 54 sélection jusqu’en 1995, Papin va devenir un cadre des Bleus, portant même 11 fois le brassard. Surtout, il inscrira 30 buts et formera avec Eric Cantona un des plus redoutables duo d’attaque de l’histoire. Mais il ne rejouera jamais plus de Coupe du monde, et son Euro 1992 sera un échec.

1998 : David Trezeguet

Son premier match
Appelé par Aimé Jacquet pour le stage de Tignes à Noël, David Trezeguet étrenne son premier maillot bleu contre l’Espagne pour l’inauguration du Stade de France le 31 janvier 1998. Il remplace Stéphane Guivarc’h dans le dernier quart d’heure et se crée deux occasions franches, non cadrées. Prometteur. Et suffisant pour arracher une place dans la liste des 22 en mai.


 

Sa Coupe du monde
Il commence la compétition sur le banc, remplaçant Djorkaeff contre l’Afrique du Sud et Dugarry face à l’Arabie Saoudite, où il marque le deuxième but. Il est titularisé contre le Danemark (il obtient un pénalty) et face au Paraguay (passeur décisif). Mais il redevient remplaçant contre l’Italie (où il tranforme le deuxième tir au but) et la Croatie, victime du retour de Guivarc’h qu’il supplée à chaque fois. Il ne rentre pas pour la finale contre le Brésil.

Sa carrière internationale
Il participe à deux autres Coupes du monde, en 2002 où il est titulaire (sans marquer) et en 2006 où il joue très peu. Sur ces quatres sélectionneurs, seul Jacques Santini en fera un titulaire à part entière. Trezeguet est d’ailleurs le troisième joueur de l’équipe de France au tableau des remplaçants (derrière Pirès et Wiltord), avec 29 matchs disputés en entrant en cours de jeu. Ça ne l’a pas empêché de devenir le troisième meilleur buteur français de l’histoire (34 buts en 71 sélections), derrière Henry et Platini.

Autres nouveaux internationaux début 1998 : Bernard Diomède et Nicolas Anelka.

2002 : Djibril Cissé

Son premier match
Roger Lemerre en fait son seul (et dernier) appelé en 2002, juste avant la Coupe du monde en Corée. Il a 20 ans et 9 mois quand il entre à la mi-temps contre la Belgique au Stade de France le 18 mai, à la place de Trezeguet. Il n’empêche pas la défaite des Bleus, Wilmots marquant le but du 1-2 dans le temps additionnel.


 

Sa Coupe du monde
Meilleur buteur du championnat de France avec Auxerre, Cissé est remplaçant en Corée du Sud, derrière le trio Wiltord-Trezeguet-Henry. Il joue des fins de match contre le Sénégal et l’Uruguay (9 minutes) et une grosse demi-heure contre le Danemark, sans parvenir à ouvrir son compteur.

Sa carrière internationale
Il joue 41 fois jusqu’en 2011, mais n’est titularisé qu’à 14 reprises. Forfait pour la Coupe du monde 2006 (fracture tibia-péroné lors du dernier match amical contre la Chine), il est présent lors du naufrage des Bleus en 2010. Il inscrit 9 buts en sélection.

2006 : Franck Ribéry

Son premier match
Raymond Domenech l’appelle le 27 mai 2006 contre le Mexique au Stade de France, où il remplace David Trezeguet à la 74e, le jour de la 100e sélection de Zinédine Zidane, qui le place immédiatement sous sa protection. Il dribble, percute, tente mais ne marque pas.


 

Sa Coupe du monde
Contre la Suisse, il est titulaire et placé à gauche de l’attaque des Bleus, mais ne parviendra pas à trouver la faille (0-0). Il remplace Wiltord à l’heure de jeu contre la Corée du Sud, puis redevient titulaire contre le Togo dans un 4-2-4 sans Zidane et avec Trezeguet. Il est passeur décisif pour Vieira. C’est contre l’Espagne en huitièmes qu’il réalise son meilleur match, en égalisant avant la mi-temps au terme d’un raid et d’un duel gagné contre Casillas. Aligné à droite de Zidane dans un 4-2-3-1 dont le pendant est Malouda, il est un élément essentiel du parcours des Bleus, même s’il manque une grosse occasion en finale face à l’Italie.

Sa carrière internationale
Elle dure jusqu’en 2014 et compte pas moins de 81 sélections, ce qui fait de lui l’un des joueurs clés de l’après-Zidane. Il marque 16 buts et délivre 17 passes décisives, mais rate complètement sa Coupe du monde 2010. Il redevient un joueur essentiel en 2013, mais déclare forfait pour la Coupe du monde au Brésil.

Autre nouvel international début 2006 : Pascal Chimbonda

2010 : Michael Ciani

Son premier match
C’est aussi le seul. Quand Raymond Domenech appelle le défenseur central bordelais de 25 ans contre l’Espagne le 3 mars 2010, on se dit qu’il a intérêt à saisir sa chance. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce n’est pas le cas. Les futurs champions du monde se promènent dans la défense française (0-2).

Autre nouvel international début 2010 : Marc Planus

2014 : Antoine Griezmann

Son premier match
Le hasard aura voulu qu’il fasse ses débuts le 5 mars 2014, le jour-même où Franck Ribéry jouait pour la dernière fois en Bleu. Ils passent cinq minutes ensemble sur la pelouse entre la 63e et la 68e (Ribéry vient de remplacer Valbuena, et Griezmann va sortir pour Rémy), et c’est un passage de relais qui se déroule, même si on ne le sait pas encore.


 

Sa Coupe du monde
Pénalisé par une fâcheuse tendance à ne marquer qu’en tant que remplaçant, Antoine Griezmann est tout de même titularisé face au Honduras sur l’aile gauche), puis il remplace Valbuena à la 82e dans le 4-4-2 contre la Suisse. A nouveau titulaire face à l’Equateur, il ne brille pas et perd logiquement sa place face au Nigéria en huitièmes, où il supplée Giroud à l’heure de jeu. Contre l’Allemagne en quart, il joue toute la rencontre mais semble trop tendre face aux futurs champions du monde.

Sa carrière internationale
Après le Mondial, il devient rapidement titulaire et, associé d’abord à Benzema, puis à Giroud, il enchaîne les buts (19) et les passes décisives (9). Il explose lors de l’Euro 2016 à partir des huitièmes de finale où il est replacé dans l’axe, réussissant deux doublés contre l’Irlande et l’Allemagne et terminant le tournoi avec 6 buts. En 2018, il est champion du monde avec 4 nouveaux buts, enchaîne 59 matchs consécutifs entre juin 2017 et aujourd’hui (série en cours), devient le neuvième centenaire de l’équipe de France à seulement 30 ans et compte désormais 42 buts, seulement devancé par Giroud (46) et Henry (51), qu’il dépassera sans doute.

Autres nouveaux internationaux début 2014 : Lucas Digne, Rémi Cabella et Morgan Schneiderlin.

2018 : Lucas Hernandez

Son premier match
Commencer par une défaite, fût-ce contre la Colombie en amical, ça ne fait jamais plaisir, d’autant que les Bleus n’avaient plus perdu de match sans enjeu depuis novembre 2015 (en Angleterre). Quand le latéral gauche de l’Atlético Madrid entre à la place de Lucas Digne à un quart d’heure de la fin, les Colombiens sont revenus à 2-2 alors que les Bleus avaient mené 2-0 grâce à Giroud et Lemar. Et dix minutes plus tard, Quintero transforme le pénalty obtenu par Izquierdo sur une faute de Umtiti.

Sa Coupe du monde
Testé par Deschamps comme doublure à gauche de Benjamin Mendy, comme concurrent de Lucas Digne, Hernandez va très vite s’imposer non seulement dans le groupe, mais en temps que titulaire. A 22 ans, il va disputer sa première Coupe du monde, et la gagner, ne manquant que quarante minutes contre le Danemark. Il offre même deux passes décisives, à Pavard contre l’Argentine et à Mbappé en finale face à la Croatie.

Sa carrière internationale
Ses performances sont si brillantes que Benjamin Mendy, qui devait succéder à Patrice Evra, disparaît de la circulation. Et Hernandez ne perd plus un match en sélection jusqu’à aujourd’hui (29 matchs, série en cours). Si des blessures récurrentes lui font perdre du temps, et le pénalisent à l’Euro, il est toujours là dans une défense à trois, où il a évincé à l’automne Presnel Kimpembe. Son association avec son frère Théo, arrivé dans le groupe à l’automne 2021 comme piston gauche, semble prometteuse.

Autre nouveaux internationaux début 2018 : Presnel Kimpembe et Wissam Ben Yedder.

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Hommage à Pierre Cazal