• Mise à jour d’un article initialement paru en mai 2011.

• Voir la Dataviz : les mois prédominants dans le calendrier des Bleus

  
  

Le mois où les jours sont les plus longs est aussi celui où les Bleus se produisent le plus souvent : 168 matches pour le mois de juin, dont 104 sur les 27 dernières années. C’est bien simple, depuis 1996, les Bleus jouent en juin tous les ans, sauf en 2005 et 2020.

L’explication de cette inflation récente est simple : lors de son dernier quart de siècle, l’équipe de France a enchaîné treize phases finales (7 Euros, 29 matches en juin, 7 Coupes du monde, 21 matches sans compter ceux de 2022, joués à l’automne) auxquelles il faut ajouter deux Coupes des Confédérations (9 matches) soit 67 matches de compétition, en ajoutant 12 matches de qualification pour l’Euro en 1999, 2007, 2011, 2019 et 2023, pour la Coupe du monde en 2017 et pour la Ligue des Nations en 2022).

Le total est plutôt bon, surtout en compétition, puisqu’on vient de voir que compétition en juin veut presque toujours dire phase finale : hormis un match de Jeux olympiques de 1924 (à une époque où la Coupe du monde n’existait pas), un match de qualifications en 1957 pour la Coupe du monde, neuf matches de Coupe des Confédérations en 2001 et 2003, 4 de Ligue des Nations en 2022 et 8 pour l’Euro en 1987, 1999, 2007, 2011 et 2023, tous les autres concernent un Euro (1984, 1992, 2000, 2004, 2008, 2012, 2016 et 2020) ou une Coupe du monde (1938, 1954, 1958, 1978, 1982, 1986, 1998, 2002, 2006, 2010, 2014 et 2018).

Autrement dit, dans ces cas-là, les défaites se paient au prix fort : par une élimination de la compétition la plupart du temps, exception faite de certains matches du premier tour (Yougoslavie 1958, Angleterre 1982, Pays-Bas 2000, Suède 2012).

Quand ça ne compte pas, c’est mieux

Sur la période récente, il y a clairement un avant et un après Deschamps en juin : entre 2008 et 2012, les Bleus gagnent un match sur onze en compétition, celui contre l’Ukraine à l’Euro 2012 (pour trois nuls et six défaites !). Mais ils ont fait mieux depuis avec 13 victoires, 8 nuls et 4 défaites en 25 matchs disputés entre 2014 et 2023, malgré les piteux résultats en Ligue des Nations en 2022, qui assombrissent quelque peu le bilan.

Le crash-test danois

L’adversaire le plus souvent rencontré en compétition en juin, c’est le Danemark. L’histoire est récente, et instructive : depuis 1984, quand les Bleus rencontrent les Danois au premier tour, le résultat du match nous donne une indication (presque) infaillible sur le dénouement du tournoi.

12 juin 1984 : le Parc des Princes accueille le match d’ouverture de l’Euro français. Pays organisateur, la France ouvre le tournoi face au Danemark. Le match est tendu, fermé, les Bleus ne trouvent aucune faille dans la défense blanche. A douze minutes de la fin, une passe de Giresse est renvoyée par les Danois, le ballon arrive sur Platini dont le tir est dévié par la tête de Busk et trompe le gardien Qvist. Soulagés par cette victoire étriquée, les Bleus réalisent ensuite un tournoi splendide avec un Platini intouchable qui inscrit neuf buts.

17 juin 1992 : à Malmö, Platini est sur le banc et la victoire est impérative pour les Bleus face au Danemark après deux nuls piteux contre la Suède (1-1) et l’Angleterre (0-0) au premier tour de l’Euro. Un nouveau nul peut toutefois suffire, mais les Danois (qualifiés de dernière minute suite à l’exclusion de la Yougoslavie en guerre) ont besoin de la victoire. Henrik Larsen ouvre très vite le score, des Bleus maladroits et lents parviennent à égaliser par Papin mais une bourde de Basile Boli offre le second but à Elstrup (1-2).

C’est le 24 juin 1998 que Français et Danois se retrouvent à Lyon pour le dernier match du premier tour de la coupe du Monde. Déjà qualifiés, les Bleus font tourner mais tiennent à la victoire. Djorkaeff ouvre le score sur pénalty, les Danois égalisent par Michael Laudrup et c’est Petit qui donne la victoire sur une frappe du gauche un peu avant l’heure de jeu (2-1). Victoire sur le Danemark et donc victoire finale dix-huit jours plus tard à Saint-Denis.

Deux ans après, on prend les mêmes et on recommence le 11 juin 2000 à Bruges pour débuter l’Euro. Laurent Blanc qui marque le premier après un quart d’heure, son dernier but en équipe de France. En deuxième période, Henry place une accélération fulgurante et va battre Schmeichel, et Wiltord conclura les débats par un but inscrit en position de hors-jeu sur un centre de Vieira (3-0). Les Bleus ont marqué leur territoire et finiront champions d’Europe.

Lorsque le tirage au sort attribue le Danemark pour le premier tour du Mondial 2002, les sourires sont de sortie. Excellent présage, n’est-ce pas ? Sauf que le 11 juin 2002 à Incheon, les Bleus doivent l’emporter pour aller en huitièmes après avoir perdu face au Sénégal et partagé les points avec l’Uruguay. Mieux même, il faut au moins deux buts d’écart pour se qualifier. 2-0 donc, mais pour le Danemark, qui profite des largesses défensives de Candela et de la déveine noire de l’équipe de France (tirs de Desailly et Trezeguet sur la barre).

Enfin, le 26 juin 2018, les deux équipes se retrouvent à Moscou pour le dernier match du premier tour. Les Bleus sont déjà qualifiés et n’ont besoin que d’un nul pour terminer premiers, les Danois y sont presque et se contenteraient d’un nul pour finir deuxièmes. Et donc ? 0-0 qui arrange tout le monde sauf les 70 000 spectateurs du stade Loujniki. Pas de vainqueur cette fois, mais les Bleus qui n’ont pas perdu iront au bout.

En juin 2022, ce n’est pas en Coupe du monde que les deux se rencontrent, mais en qualifications pour la Ligue des Nations. Et le Danemark, qui affronte pour la première fois les Bleus au Stade de France, l’emporte à la surprise générale (2-1). Il récidivera au match retour à Copenhague en septembre, mais perdra lors du premier tour de la Coupe du monde en novembre (1-2), celle dont les Bleus joueront, encore une fois, la finale.

Débutants et finissants en juin

La stat peut paraître curieuse, voire suspecte : seulement 63 internationaux ont fait leurs débuts en sélection en juin, en 168 matchs. La raison est évidente : il n’y a que très exceptionnellement de débutants lors des phases finales de Mondial ou d’Euro (Samuel Umtiti a été l’exception en 2016, comme Albert Rust l’avait été en 1986), et même pour les amicaux, comme ce sont les derniers de la saison, c’est rarement à ce moment-là que le sélectionneur teste de nouveaux joueurs, sauf s’il est nouveau lui-même, mais c’est très peu fréquent.

On notera donc Raymond Kaelbel lors de la Coupe du monde 1954, Dominique Dropsy en Argentine en 1978, Grégory Coupet et Mickaël Landreau à l’occasion de la Coupe des Confédérations 2001, Jean-Alain Boumsong pendant celle de 2003, Jean-Pierre Adams et Dominique Baratelli lors de la Coupe de l’Indépendance (tournoi amical) de 1972 au Brésil ou encore Alexandre Lacazette, Josuha Guilavogui et Clément Grenier à l’occasion de la tournée sud-américaine de 2013 et Jules Koundé juste avant l’Euro 2020.

Logiquement, il y a deux fois plus de finissants, soit 126, pour les mêmes raisons que précédemment : fin de saison qui amène parfois un changement de sélectionneur pendant l’été, et phase finale propice aux fins de carrière internationale. Quatre des centenaires ont ainsi terminé en juin, comme Lilian Thuram (2008), Thierry Henry (2010), Marcel Desailly (2004) ou Patrick Vieira (2009) qui n’a pas fini sur une phase finale. Cinq autres champions du monde sont également concernés (Lizarazu en 2004, Djorkaeff, Dugarry et Lebœuf en 2002, Charbonnier en 1997) ainsi que dix champions d’Europe 1984, dont Amoros (1992), Bossis, Giresse, Rocheteau et Rust (1986), Six et Lacombe (1984). Dans le groupe de 2022, Karim Benzema a disputé son 97e et dernier match en Bleu contre la Croatie, mais il ne le savait pas encore.

Les 168 matchs de l’équipe de France joués en juin