Cela fait dix ans ce 26 mars 2025 que l’équipe de France n’a pas rencontré le Brésil. Un bail considérable pour un adversaire que l’on avait pris l’habitude de rencontrer quatre fois lors des précédentes décennies. Il ne s’agit toutefois par de l’écart de dates le plus important entre deux matchs opposant les deux sélections. Après le match amical du Parc des Princes en avril 1963, les deux formations ont attendu plus de quatorze ans avant de se retrouver au Maracanã lors de la tournée sud-américaine des hommes de Michel Hidalgo. Un écart plus considérable encore sépare le Brésil-France oublié de 1930 à la demi-finale de la Coupe du monde 1958.

Tensions géopolitiques : les cas de l’Italie et de l’Allemagne

Il est d’ailleurs intéressant de mesurer les écarts de dates entre deux rencontres contre le même adversaire. On peut être surpris par certains concernant des sélections de pays voisins. La logique voudrait qu’on les rencontre plus souvent, d’autant qu’ils représentent pour la plupart des adversaires de valeur. Il y a toutefois des périodes plus ou moins longues sans la moindre rencontre.

Bien sûr, on peut aisément comprendre que les équipes de France et d’Allemagne ne se soient pas rencontrées pendant quinze ans, précisément entre mars 1937 et octobre 1952. Les tensions politiques, la guerre qui en a résulté et ses blessures à recouvrir par la suite ont forcément éloigné les deux pays voisins. Dans la même période de conflits, l’équipe d’Italie a été ignorée pendant presque dix ans, les deux sélections ne se retrouvant qu’en avril 1948 après s’être affrontées deux fois en 1938.

Curieusement, l’écart le plus important constaté entre deux matchs contre l’Italie est plus récent. Après la rencontre amicale de mars 1966 au Parc des Princes (0-0), les cousins transalpins ont mis presque douze ans avant de se retrouver. Il a fallu l’organisation d’un nouveau match amical à Naples, à quelques mois de la Coupe du monde 1978 où les deux équipes allaient de toute façon se retrouver. Difficile d’expliquer la raison d’un tel écart, tout comme il est difficile d’expliquer celui, dans la même période, qui a séparé la France et l’Angleterre pendant treize ans entre le naufrage de Wembley (5-0) en mars 1969 et celui de Bilbao (3-1) au début de la Coupe du monde 1982.

Un quart de siècle pour le Luxembourg

De tous les pays frontaliers, l’écart le plus important est observé pour le Luxembourg, qui a patienté vingt-quatre ans entre un 6-0 encaissé au Parc des Princes en octobre 1985 et un petit 2-0 à Metz en octobre 2010. L’équipe du Grand-Duché a longtemps été d’un faible niveau, d’où le manque d’intérêt de s’y frotter en match amical. Et si le tirage au sort d’une compétition ne l’avait pas imposé, l’équipe de France l’aurait rencontrée aussi souvent que Malte ou les iles Féroë. Dans le passé, on avait observé vingt ans entre février 1914 et avril 1934 puis dix-neuf ans entre avril 1934 et septembre 1953. La récente Andorre est dans le même cas, avec quinze ans d’attente entre mai 2004 et juin 2019.

La Suisse est également un pays frontalier qui a dû attendre son heure en plusieurs occasions : onze ans entre mai 1992 et août 2003, neuf ans entre avril 1977 et août 1986 et huit ans entre les Coupes du monde 2006 et 2014. Les écarts avec les autres frontaliers sont moins importants. Sept ans pour la Belgique, entre 2004 et 2011, un delta toutefois remarquable pour deux équipes qui ont longtemps eu l’habitude de s’affronter une fois par an. Avec l’Espagne, la France en a aussi eu pour sept ans, entre mars 1971 et novembre 1978. Précédemment, il y avait eu des écarts comparable entre janvier 1935 et mars 1942, puis entre 1942 et juin 1949.

Galles, le voisin oublié

Les Pays-Bas et le Portugal ne sont pas frontaliers mais restent des voisins abordables géographiquement. Lorsque l’équipe de France affronte les Néerlandais en mars 1980, cela fait presque dix-sept ans que les deux équipes n’ont pas été opposées. C’est la raison pour laquelle Johan Cruyff et quelques autres n’ont jamais rencontré les Bleus. L’opposition a également connu une interruption de treize ans entre mai 1908 et novembre 1921, puis de douze ans entre décembre 1950 et avril 1963. S’il n’y avait pas eu ce match amical du 17 avril 1963 à Rotterdam, les deux équipes ne se seraient pas rencontrées pendant trente ans.

Le Portugal quant à lui a dû attendre plus de treize ans entre novembre 1959 et mars 1973, puis onze ans entre la fameuse demi-finale de l’Euro 1984 à Marseille (3-2) et un match de préparation en janvier 1996 au Parc (2-0).

Les écarts les plus impressionnant avec l’équipe d’une nation voisine sont ceux constatés avec le Pays de Galles : vingt-neuf ans entre mai 1953 et juin 1982, puis trente-cinq ans jusqu’à novembre 2017. L’équipe galloise, pourtant valeureuse, ressemble à ce voisin qu’on oublie toujours d’inviter. S’il n’y avait eu le match amical de 1982 à Toulouse, l’écart aurait été de plus de soixante-quatre ans !

Que dire de l’Ecosse, que l’on a attendu vingt-cinq ans entre le premier tour de la Coupe du monde 1958 et un match de préparation en juin 1984 à Marseille, ou de l’Irlande du Nord, également croisée lors de l’épopée de 1958 et retrouvée vingt-trois ans après seulement, pour un match amical en mars 1982. Pour cette dernière, un écart comparable avait été observé entre février 1928 et mai 1951.

Une revanche soixante-cinq ans plus tard

Historiquement, l’adversaire pour lequel l’équipe de France a connu la plus longue période sans jouer est aujourd’hui bien familier : il s’agit du Danemark, auteur en octobre 1908 de la plus sévère défaite jamais encaissée par l’équipe de France : 17-1 au stade de White City, dans le cadre des Jeux olympiques de Londres. Il a fallu attendre pas moins de soixante-cinq ans et trente jours pour que Français et Danois se retrouvent. Le 21 novembre 1973 au Parc des Princes, les hommes de Stefan Kovacs prenaient enfin la revanche (3-0) de leurs aînés humiliés.

Le deuxième écart le plus important concerne l’équipe d’Uruguay. La Celeste est la première sélection sud-américaine rencontrée par l’équipe de France dans son histoire. C’était aux Jeux Olympiques de Paris, le 1er juin 1924. Les Français avaient pris une leçon (5-1) et l’Uruguay filait vers son premier triomphe olympique. Il a fallu attendre quarante-deux ans, un mois et quatorze jours pour que les deux équipes se retrouvent, à l’occasion de la Coupe du monde anglaise, le 15 juillet 1966. Un match qui s’est déroulé au stade de White City que l’équipe de France retrouvait plus de cinquante-sept ans après. Au lendemain de la World Cup, Français et Uruguayens mettront à nouveau un long bail avant de se retrouver, un peu plus de dix-neuf ans jusqu’à la Coupe intercontinentale disputée au Parc des Princes le 21 août 1985. Puis seize ans s’écouleront à nouveau avant le match nul de Busan (0-0) au premier tour de la Coupe du monde 2002.

En attendant la Lettonie

Dans les écarts les plus importants, on a également observé plus de quarante ans d’abstinence avec la Norvège (entre 1923 et 1964) et avec le Paraguay, ce dernier étant rencontré lors de deux glorieuses campagnes de Coupe du monde, en 1958 à Norrköping (7-3) puis en 1998 à Lens (1-0, but en or) à quarante ans d’intervalles.

Toutefois, l’écart le plus important est toujours en cours. Le 27 mai 1924, l’équipe de France avait rencontré la Lettonie dans le cadre du tournoi olympique (victoire 7-0). Les deux équipes ne se sont jamais retrouvées depuis. Il est vrai que la petite nation balte a été rayé de la carte pendant de longues années, entre 1944 et 1990, annexée comme ses voisins par l’URSS. Depuis leur indépendance, l’équipe de France a joué la Lituanie et l’Estonie, mais toujours pas la Lettonie. Leur retrouvailles mettraient fin à un période sans confrontation de plus de cent ans…

Tableau des plus grands écarts de dates

L’astérique dans la dernière colonne indique que l’écart en cours sera battu lors de la prochaine confrontation.