Fondé dès 1905 par l’Abbé Ernest Deschamps, l’Association de la Jeunesse Auxerroise a longtemps été un club amateur avant de débarquer dans l’élite professionnelle au début des années 1980. Patiemment structuré par Guy Roux, le club a franchit les étapes une par une, donnant l’image d’un club sain, gardant une ligne de conduite immuable en dépit des titres et des soirs de fièvre européenne.
Le club de Guy Roux (comment l’appeler autrement ?) a gravi les échelons en privilégiant la formation et le recrutement par fines touches, s’inspirant des modèles de Nantes et de Sochaux, au point même de les dépasser. Auxerre a remporté un titre de champion de France (1996) et quatre Coupes de France (1994, 1996, 2003, 2005) avant de décliner suite au départ de son emblématique entraîneur-manager. Il évolue depuis 2012 en deuxième division.
L’atout formation
L’AJ Auxerre a produit un très grand nombre de footballeurs. Ceux-ci ont souvent fait le bonheur des sélections nationales de jeunes, de l’équipe espoirs, mais aussi l’équipe de France A. Entre 1982 et aujourd’hui, dix-huit joueurs de l’école auxerroise sont devenus internationaux A chez les Bleus. Tous n’ont pas débuté en sélection durant leur période ajaïste et ont dû attendre leur premiers transferts avant de rejoindre l’équipe nationale. D’autres joueurs, provenant d’autres clubs, ont par contre connu leur première sélection en tant que joueurs auxerrois.
(les joueurs formés au club sont mentionnés avec une astérisque *)
Joueur | Sel AJA | Sel total | % | Total buts | Période auxerroise | Période France |
---|---|---|---|---|---|---|
Bruno Martini * | 30 | 31 | 97% | 0 | 1985-1993 | 1987-1996 |
Pascal Vahirua * | 22 | 22 | 100% | 1 | 1985-1994 | 1990-1994 |
Basile Boli * | 21 | 45 | 46% | 1 | 1983-1990 | 1986-1993 |
Jean-Marc Ferreri * | 18 | 37 | 48% | 3 | 1980-1986 | 1982-1986 |
Joël Bats | 17 | 50 | 34 % | 0 | 1983-1985 | 1983-1989 |
Djibril Cissé * | 16 | 41 | 39 % | 9 | 1999-2003 | 2002-2011 |
Stéphane Guivarc’h | 14 | 14 | 100 % | 1 | 1995-2001 | 1997-1999 |
Corentin Martins | 13 | 14 | 92 % | 1 | 1991-1996 | 1993-1996 |
Sabri Lamouchi | 11 | 12 | 91 % | 1 | 1994-1998 | 1996-2000 |
Laurent Blanc | 9 | 97 | 9% | 16 | 1995-1996 | 1989-2000 |
Olivier Kapo * | 9 | 9 | 100 % | 3 | 1999-2004 | 2002-2004 |
Christophe Cocard * | 9 | 9 | 100 % | 1 | 1987-1996 | 1989-1995 |
Bernard Diomède * | 8 | 8 | 100 % | 0 | 1992-2000 | 1998-1998 |
Jean-Alain Boumsong | 7 | 27 | 26 % | 1 | 2000-2004 | 2003-2009 |
Philippe Mexès * | 6 | 29 | 21% | 1 | 1999-2004 | 2002-2012 |
Éric Cantona * | 5 | 45 | 11 % | 20 | 1983-1988 | 1987-1995 |
Alain Goma * | 1 | 2 | 50 % | 0 | 1990-1998 | 1996-1998 |
Lionel Charbonnier * | 1 | 1 | 100 % | 0 | 1987-1998 | 1997-1998 |
William Prunier * | 1 | 1 | 100 % | 0 | 1984-1993 | 1992-1992 |
A ce tableau s’ajoutent les joueurs qui ont connu leur première sélection après leur passage à l’AJA, notamment quelques produits du club comme Bacary Sagna (65 sélections), Abou Diaby (16 sélections), Younès Kaboul (5 sélections) et Paul-Georges Ntep (2 sélections en Bleu avant de poursuivre avec la sélection camerounaise).
Les autres ont pour nom Steve Marlet (23 sélections), Lilian Laslandes (7 sélections), Philippe Fargeon (7 sélections), Patrice Garande (1 sélection), Michaël Ciani (1 sélection), Alassane Pléa (1 sélection). On notera que Fargeon n’a joué aucun match pro durant son passage en Bourgogne et que Ciani n’en a disputé qu’un seul.
Les autres enfin, à l’instar de Laurent Blanc, sont arrivés à l’AJA avec quelques sélections au compteur : Alain Roche, Franck Silvestre, Benoit Pedretti et Peguy Luyindula. Roche et Luyindula connaîtront d’ailleurs les Bleus avant et après leurs saisons bourguignonnes, mais jamais pendant.
L’équipe type des Bleus de l’AJ Auxerre
Notre équipe-type des Bleus de l’AJ Auxerre sera bien entendue bâtie en un 4-3-3 muni de deux ailiers, l’immuable formule qui a fait la gloire de Guy Roux dans les années 1990. Reste à trouver les joueurs les plus complémentaires.
Le choix du gardien ne souffre d’aucune discussion : Joël Bats s’impose comme titulaire devant Bruno Martini, son successeur au début des années 1990. Lionel Charbonnier quand à lui fait décidément un parfait troisième gardien.
En défense, nous avons pléthore de défenseur centraux. On pourrait miser sur Laurent Blanc et Alain Roche, immenses joueurs qui n’ont fait que passer à l’AJA. Mais on préfère associer Philippe Mexès à Basile Boli pour célébrer le centre de formation. On pourra aussi tenter un improbable duo composé de William Prunier et Jean-Alain Boumsong…
En défenseurs latéraux, par contre, il y a peu de choix. En outre, Alain Goma et Bacary Sagna sont plutôt des hommes du flanc droit. L’un devra passer de l’autre côté puisque nous n’avons pas d’arrière gauche de métier.
Au milieu de terrain, nous optons pour un séduisant trio composé de Sabri Lamouchi, Corentin Martins et Jean-Marc Ferreri, laissant Olivier Kapo et Benoit Pedretti sur la banc.
En attaque, Christophe Cocard occupe l’aile droite faute de concurrence. Sur l’autre aile par contre, un choix difficile sera à faire entre Pascal Vahirua et Bernard Diomède. On prendra le premier pour le nombre de sélections. Et tant pis s’il n’a jamais été champion du monde.
Et que dire enfin du poste d’avant-centre où nous devons choisir entre Eric Cantona, Stéphane Guivarc’h et Djibrill Cissé ? Là aussi, nous avons tranché à partir du nombre de sélections, mais aussi le nombre de buts.
Cinq joueurs emblématiques
Jean-Marc Ferreri est le premier joueur auxerrois apparu en équipe de France. Il entra à la mi-temps d’un France-Pologne de début de saison au Parc des Princes le 31 août 1982. En dépit du naufrage des Bleus (défaite 0-4), le protégé de Guy Roux avait séduit le maigre public parisien. Avec son goût de l’initiative, ses cheveux bouclés et son nom d’origine italienne, on n’hésita pas à le comparer à Michel Platini. On était même persuadé d’avoir déjà trouvé son successeur. Remplaçant de luxe à l’Euro 1984 puis à la Coupe du Monde 1986, le prometteur auxerrois ne confirmera jamais vraiment, pas plus que les Vercruysse, Touré et autres Bravo, les promesses qu’il avait laissé entrevoir.
Joël Bats a longtemps été considéré comme le plus grand gardien de l’équipe de France. Le premier à avoir atteint les cinquante sélections. Le meilleur qu’ait trouvé Michel Hidalgo après en avoir testé un grand nombre entre 1976 et 1983. Gardien des champions d’Europe 1984, Joël Bats deviendra le héros du quart de finale de Guadalajara face au Brésil lors de la Coupe du Monde 1986 en arrêtant notamment un penalty de Zico et un tir au but de Socrates. Il poursuivra sa carrière en bleu jusqu’en 1989, tenant à bout de bras une équipe de France en déclin. Puis il cédera sa place à Bruno Martini, comme il l’avait fait à Auxerre en 1985 lorsqu’il avait rejoint le Paris Saint-Germain.
Eric Cantona est resté une grande figure du football français, tant pour ses qualités footballistiques intrinsèques que pour l’image qu’il a cultivé. Durant son séjour à Auxerre, ses entraîneurs, coéquipiers et adversaires avaient déjà eu un aperçu du caractère bouillonnant du bonhomme. Celui-ci ne s’est jamais démenti, notamment en équipe de France où il écopa d’une suspension pour avoir vertement insulté le sélectionneur. Associé à Jean-Pierre Papin à la pointe de l’attaque bleue, le king de Manchester et des pubs Nike n’a jamais connu la Coupe du Monde, restant à jamais un “héros” de l’Euro 1992 et du France-Bulgarie de 1993. Il reste à ce jour le meilleur buteur auxerrois de l’équipe de France avec 20 buts en 45 sélections.
Laurent Blanc compte 97 sélections en équipe de France, dont 9 qu’il a honoré durant la seule saison qu’il effectua en Bourgogne. Et quelle saison, puisque le club comme le joueur ont remporté leur premier (et seul) titre de champion de France, ainsi que leur deuxième Coupe de France respective. Le Président a connu une carrière de clubs très itinérante. Après Nîmes et Saint-Etienne, il vient à Auxerre pour se confronter au haut niveau hexagonal et il est servi. Une fois le doublé arrosé, il rejoint les rangs du FC Barcelone.
Basile Boli est devenu un héros du football français pour avoir marqué le but de la première (et seule) victoire européenne de club du football français. Il n’a par contre pas connu la même réussite en sélection en dépit de ses 45 apparitions en bleu (dont 21 durant ses années auxerroises). Il est appelé très jeune en 1986 pour reconstruire l’équipe de France post-Platini et connaîtra de nombreuses désillusions, comme l’ensemble de la génération Papin-Cantona.
Trois auxerrois en Bleu
Lors de la Coupe du Monde 1998, Auxerre était, à égalité avec Monaco, le club le plus représenté au sein de l’équipe de France, avec Stéphane Guivarc’h, Bernard Diomède et Lionel Charbonnier. On peut ajouter au trio le nom de Laurent Blanc qui fut auxerrois deux ans plus tôt.
Lors du Championnat d’Europe 1984, deux joueurs d’Auxerre étaient présents parmi les Bleus : Joêl Bats et Jean-Marc Ferreri. Si on ne compte aucun ajaïste chez les Bleus de l’Euro 2000, ni parmi ceux de la Coupe du Monde 2018, ils sont quatre à avoir participé à... la Coupe des Confédérations 2003 : Jean-Alain Boumsong, Philippe Mexès, Olivier Kapo et Djibrill Cissé.
Au niveau des rencontres, l’équipe de France a démarré huit rencontres avec trois auxerrois dans ses rangs.
Num | Genre | Date | Lieu | Adversaire | Score | Les auxerrois titulaires |
---|---|---|---|---|---|---|
466 | qEuro | 14/10/1987 | Paris | Norvège | 1-1 | Martini, Boli, Cantona |
468 | Amical | 27/01/1988 | Ramat Gan | Israël | 1-1 | Martini, Boli, Cantona |
493 | qEuro | 30/03/1991 | Paris | Albanie | 5-0 | Martini, Cocard, Vahirua |
495 | qEuro | 04/09/1991 | Bratislava | Tchécoslovaquie | 2-1 | Martini, Cocard, Vahirua |
536 | Amical | 27/03/1996 | Bruxelles | Belgique | 2-0 | Blanc, Lamouchi, Martins |
558 | Amical | 25/03/1998 | Moscou | Russie | 0-1 | Lamouchi, Diomède, Guivarc’h |
632 | Conf T1 | 18/06/2003 | Lyon | Colombie | 1-0 | Mexès, Kapo, Cissé |
634 | Conf T1 | 22/06/2003 | Saint-Denis | Nouvelle-Zélande | 5-0 | Mexès, Kapo, Cissé |
On ajoutera à cette liste la rencontre France-Brésil (0-2) du 26 août 1992 débutée avec William Prunier et Christophe Cocard, où un troisième auxerrois est entré en jeu, Pascal Vahirua… en remplacement de Cocard.
Les sélectionneurs
Guy Roux n’a jamais caché qu’il aurait aimé diriger l’équipe de France. Cela ne s’est jamais fait. L’AJ Auxerre a toutefois été, en de rares occasions, représentée sur le banc des Bleus. Un ancien joueur d’Auxerre est devenu sélectionneur de l’équipe de France, et avant lui, un ancien sélectionneur national est devenu entraîneur à l’AJ Auxerre. La présence cumulée de Laurent Blanc et Jacques Santini, tant à Auxerre que sur le banc de l’équipe de France ne représente guère plus de six saisons.
Quand les Bleus viennent jouer à Auxerre
Le stade de l’Abbé-Deschamps a reçu l’équipe de France en deux occasions. La première est devenue historique, puisque la sélection nationale y a réalisé le plus gros score de son histoire : 10-0 contre l’Azerbaïdjan. C’était le 6 septembre 1995 en éliminatoires de l’Euro 1996. Pour bien faire les choses, ce score-record a été clôturé par un Auxerrois, Christophe Cocard.
Les Bleus sont revenu jouer dans le stade auxerrois douze ans plus tard à l’occasion d’un nouveau match qualificatif pour l’Euro. La Géorgie a été battue 1-0, ce qui diminue considérablement la moyenne des buts bleus en terre bourguignonne. Il n’en reste pas moins un bilan parfait de deux victoires sur deux et une cage inviolée.
Num | Genre | Date | Stade | Adversaire | Score | Affluence | Plus |
---|---|---|---|---|---|---|---|
531 | qEuro | 06/09/1995 | Abbé-Deschamps | Azerbaïdjan | 10-0 | 15 000 | |
689 | qEuro | 06/06/2007 | Abbé-Deschamps | Géorgie | 1-0 | 15 000 | voir le résumé |
Vos commentaires
# Le 4 février 2022 à 01:44, par Nhi Tran Quang En réponse à : Ce que l’équipe de France doit à l’AJ Auxerre
Même si Steve Marlet n’était plus auxerrois à ce moment, il a participé & gagné la coupe des Confédérations en 2001 & 2003.
# Le 4 février 2022 à 01:47, par Nhi Tran Quang En réponse à : Ce que l’équipe de France doit à l’AJ Auxerre
N’oublions que Patrice Garande (auxerrois à ce moment) a fait partie de l’effectif de l’équipe de France qui a remporté le titre olympique en 84 tout en terminant meilleur buteur du championnat la même année.