Un ticket pour le monde : Caramba, encore raté !

Publié le 1er novembre 2021 - Bruno Colombari

Les phases qualificatives pour les Coupes du monde se divisent en trois catégories : celles où les Bleus sont passés facilement, celles où ils se sont qualifiés à l’arraché et celles où ils ont été éliminés. Première partie avec cette dernière, depuis 1960 (début des phases de poule).

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L’équipe de France dispute actuellement sa 18e phase qualificative pour une Coupe du monde, puisqu’elle a été qualifiée d’office quatre fois (1930, 1938, 1998 et 2002). J’en ai écarté deux autres (1934 et 1949) car elles n’ont consisté qu’en une sorte de barrage contre un seul adversaire : le Luxembourg en 1934 (6-1 sur un seul match, le deuxième contre l’Allemagne, déjà qualifiée, n’étant pas disputé) et la Yougoslavie en 1949 en aller-retour (1-1, 1-1 et 2-3 en match d’appui). Depuis 1960, différents formats ont été appliqués, avec des groupes comprenant de 3 à 6 équipes générant un ou deux qualifiés directs, le deuxième étant parfois envoyé en barrages.

Dans cette première partie, nous allons voir dans quelles circonstances l’équipe de France s’est faite sortir dans une phase qualificative.

1960-1961 : Bulgarie et Finlande

 un qualifié direct dans un groupe de 3, quatre matchs à jouer entre septembre 1960 et novembre 1961. France première ex-aequo avec la Bulgarie (6 points) et devant la Finlande (0).

 Comme tout va se jouer face à la Bulgarie, il faut d’abord prendre quatre points sur quatre à la Finlande. C’est très laborieux à Helsinki où les Bleus sont menés une demi-heure après un pénalty de Pahlman avant d’arracher la victoire (2-1) à sept minutes de la fin par Joseph Ujlaki. En décembre 1960, surprise : l’équipe de France éparpille la Bulgarie façon puzzle en deuxième mi-temps, emmenée en attaque par ses trois attaquants « suédois » Wisniewski, Piantoni et Fontaine. Ce dernier ne participe pas directement au festival (3-0) pour sa 21e et dernière sélection. Quelques semaines plus tard, il se blesse pour la dernière fois en un an et mettra un terme à sa carrière. En septembre, troisième victoire en trois matchs face à la Finlande (5-1) qui ouvre la route du Chili, à condition de ne pas perdre à Sofia (la différence de buts n’étant pas prise en compte). Le traquenard habituel est en place, et les Bleus s’inclinent à la 89e minute (0-1). Il faut jouer un match d’appui sur terrain neutre, à Milan en décembre. Et là, même punition, avec un but d’André Lerond contre son camp (0-1). Il faudra attendre 1978 pour voir l’équipe de France jouer une nouvelle Coupe du monde hors d’Europe, après celle en Uruguay en 1930.

 En juin 1962 au Chili, les Bulgares résistent contre l’Argentine (0-1) mais sont balayés par la Hongrie de Florian Albert (1-6) avant d’obtenir un nul sans but contre l’Angleterre (0-0). Ils finissent derniers de leur groupe pour leur première participation à une phase finale mondiale.

1968-1969 : Suède et Norvège

 un qualifié direct dans un groupe de 3, quatre matchs à jouer entre novembre 1968 et novembre 1969. France deuxième avec 4 points derrière la Suède (6) et devant la Norvège (2).

 Enfin un tirage abordable ! La France peut espérer faire le plein contre la Norvège et jouer la qualification face à la Suède. Mais d’entrée, les Bleus se font surprendre à Strasbourg et perdent contre la Norvège, pourtant frustre, au terme d’un match largement dominé (0-1). La démission de Louis Duguauguez, remplacé par Georges Boulogne en mars 1969, ne sera pas suffisante. La victoire (3-1) à Oslo en septembre ravive les regrets, vite calmés par une nouvelle défaite à Stockholm face à la Suède (0-2, doublé de Kindvall). Adieu le Mexique, la victoire finale au Parc contre des Suédois déjà qualifiés (3-0) ne changeant rien à l’affaire.

 Placée dans un groupe très relevé avec l’Italie et l’Uruguay au Mexique, la Suède s’incline contre les futurs finalistes de l’épreuve (0-1), ne parviennent pas à battre Israël (1-1) mais créent la surprise en venant à bout de l’Uruguay (1-0). Ils sont éliminés avec 3 points, à la différence de buts (0 contre +1 pour l’Uruguay).


 

1972-1973 : URSS et République d’Irlande

 une place de barragiste contre une équipe de la zone Amsud dans un groupe de trois, quatre matchs à jouer entre octobre 1972 et mai 1973. France troisième avec 3 points derrière l’URSS (6) et l’Irlande (3).

 tomber sur l’URSS, vice-championne d’Europe, dans un groupe à trois n’était déjà pas un cadeau. Mais quand en plus la première place de ce groupe 9 n’est même pas directement qualificative pour la Coupe du monde en Allemagne, c’est vraiment trop pour des Bleus toujours pas sortis de leur long tunnel post 1958. Pourtant, ils gagnent le premier match contre les Soviétiques dans leur premier match du nouveau Parc des Princes en octobre 1972 (1-0, but de Bereta). C’est un bon début pourtant vite gâché par une défaite évitable à Dublin en novembre (1-2). Les Bleus peuvent encore y croire en mai 1973, à condition de battre l’Irlande par deux buts d’écart. Ils n’y parviennent pas et se contentent d’un nul (1-1) qui les obligent à aller chercher une victoire à Moscou une semaine plus tard. L’URSS n’ayant besoin que d’un point attend les Français et place deux contres assassins par Blokhine et Onitshenko (0-2). L’URSS, première du groupe, devra ensuite jouer un barrage aller-retour contre le Chili. Mais le coup d’Etat de Pinochet provoquera le forfait des Soviétiques au retour, et leur exclusion de la Coupe du monde 1974.

 Le Chili tombe au premier tour contre les deux Allemagne (la RFA et la RDA). Battue par le futur champion du monde, la Roja tient tête aux Allemands de l’Est (1-1) mais ne parvient pas à battre l’Australie (0-0) et termine troisième avec deux points.


 

1988-1989 : Ecosse, Yougoslavie, Norvège, Chypre

 deux qualifiés directs dans un groupe de cinq, huit matchs à jouer entre septembre 1988 et novembre 1989. France troisième avec 9 points derrière la Yougoslavie (14) et l’Ecosse (10) et devant la Norvège (6) et Chypre (1).

 C’est la deuxième phase qualificative de l’après-guerre où un sélectionneur a été remplacé en cours de route. Lâchés par certains joueurs et victime d’un coup monté, Henri Michel est débarqué à la Toussaint 1988 après un nul à Chypre (1-1) à un moment où rien n’est perdu pour les Bleus, qui ont battu la Norvège en septembre (1-0). Michel Platini arrive en sauveur de la Nation, mais il commence par perdre deux fois (Yougoslavie, 2-3 et Ecosse 0-2) avant de lâcher un nouveau point au Parc contre la Yougoslavie (0-0). Autant dire que l’élimination de la Coupe du monde 1990 lui est largement imputable , avec encore un nul en Norvège (1-1) et enfin deux victoires inutiles contre l’Ecosse (3-0) et Chypre (2-0) dans l’indifférence générale. Platini avait promis qu’il démissionnerait en cas d’élimination. Il reste jusqu’à l’Euro 1992.

 Fidèle à son habitude, l’Ecosse est éliminée de la Coupe du monde dès le premier tour, avec deux défaites contre le Brésil (0-1) et le Costa Rica (0-1) pour une victoire, insuffisante, face à la Suède (2-1). Elle est troisième. La Yougoslavie fait bien mieux en battant la Colombie (1-0) et les Emirats Arabes Unis (4-1), ce qui rattrape la lourde défaite initiale contre la RFA, future championne du monde (1-4). Vainqueurs de l’Espagne en prolongations en huitième (2-1), les coéquipiers de Susic tombent de justesse en quart face à l’Argentine, aux tirs au but (0-0).


 

1992-1993 : Suède, Bulgarie, Autriche, Finlande, Israël

 deux qualifiés directs dans un groupe de 6, dix matchs à jouer entre septembre 1992 et novembre 1993. France troisième avec 13 points derrière la Suède (15) et la Bulgarie (14) et devant l’Autriche (8), la Finlande et Israël (5).

 Perdre le premier et le dernier matchs des qualifications contre le même adversaire n’est assurément pas une bonne idée, mais s’il y a deux qualifiés, ce n’est pas très grave. Même si les défaites contre la Bulgarie (0-2 à Sofia en septembre 1992 et 1-2 à Paris en novembre 1993), surtout la deuxième, ont marqué les esprits, ce n’est pas là que les Bleus ont perdu leur place pour les Etats-Unis mais bien un soir d’octobre face à Israël, au Parc (2-3). Dommage, car entre temps, tout s’était plutôt bien passé avec deux victoires contre l’Autriche, deux autres face à la Finlande, une en Israël et une contre la Suède. Mais ça n’a pas suffit, et voilà comment Cantona et Ginola ont manqué une Coupe du monde qui leur tendait les bras. Ils n’en ont jamais joué d’autre. Les regrets sont d’autant plus vifs qu’on sait depuis que Zidane aurait sans doute été du voyage.

 La Bulgarie sort d’un groupe compliqué avec le Nigeria et l’Argentine. Largement dominés par les Africains (0-3), les coéquipiers de Stoïchkov se rattrapent face à la Grèce (4-0) et battent l’Argentine privée de Maradona, suspendu pour dopage (2-0). En huitième, ils sortent le Mexique aux tirs au but (1-1) avant de créer l’exploit face à l’Allemagne en quart (2-1). Ils ne s’inclinent qu’en demi-finale face à l’Italie (2-1). La Suède fait un parcours aussi brillant en battant au premier tour la Russie (3-1) et en faisant deux nuls contre le Cameroun (2-2) et le Brésil (1-1). En huitièmes, elle domine l’Arabie Saoudite (3-1), puis sort aux tirs au but une très belle Roumanie (2-2) avant de tomber face au Brésil en demi (0-1). La finale pour la troisième place oppose donc la Bulgarie à la Suède, mais les Scandinaves cartonnent (4-0).

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Hommage à Pierre Cazal