Un ticket pour le monde : les qualifications faciles

Publié le 4 novembre 2021 - Bruno Colombari

Troisième et dernière partie de la série sur les phases qualificatives pour les Coupes du monde. Ce n’est pas arrivé souvent, mais les Bleus ont parfois bien géré leur affaire et terminé leur parcours sans stress. Ce devrait être le cas également cette année.

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Toutes les qualifications pour les phases finales de Coupe du monde ne sont pas des chemins de croix, heureusement. Il est arrivé dans l’histoire des Bleus que ce passage obligé soit relativement sans souci, même si contrairement à l’Espagne ou l’Allemagne, l’équipe de France n’a jamais fait de carton plein dans cet exercice. Après les articles consacrés aux éliminations et aux qualifications dans la douleur, voici pour conclure les qualifications faciles.

1953 : Luxembourg et République d’Irlande

 Un qualifié pour un groupe de 3, quatre matchs à jouer entre septembre et décembre 1953.

 Victoires contre le Luxembourg (6-1, 8-0) et l’Irlande (5-3, 1-0), France première de son groupe avec 8 points sur 8 possibles, devant l’Irlande (4 points) et le Luxembourg (0).

 Au premier match joué à Luxembourg, le gardien français René Vignal sort après 8 minutes sur un coup de genou à la tête par le Luxembourgeois Antoine Kohn, auteur de l’égalisation. Six Français différents marquent (Piantoni, Kopa, Cicci, Glovacki, Kargu, Flamion).
A Dublin en octobre, les Bleus frappent fort en menant 2-0 à la mi-temps (Glovacki, Penverne), puis 5-1 dans le dernier quart d’heure (doublé d’Ujlaki, Flamion) avant de se faire remonter à 5-3). S’ils gagnent le troisième match contre l’Irlande en novembre, ils sont qualifiés. C’est plus difficile, mais Piantoni donne la victoire à la 73e (1-0). Pour le dernier match à domicile contre le Luxembourg, Gaston Barreau décide d’aligner une équipe de jeunes, les Espoirs de France entraînés par Albert Batteux. Parmi ces débutants, s’illustrent Just Fontaine (triplé) et Jean Vincent (doublé). Il y a déjà 3-0 après dix minutes, et 8-0 à la fin, Desgranges (doublé) et Foix ayant complété le tableau.

 En juin 1954 en Suisse la France tombe dans le groupe du Brésil, de la Yougoslavie et du Mexique. Les têtes de série (France et Brésil) ne se rencontrent pas. Battue par la Yougoslavie à Lausanne (0-1), la France bat le Mexique (3-2) sur un pénalty de Kopa à la 88e mais est éliminée suite au match nul entre Yougoslavie et Brésil (1-1), qui qualifie les deux protagonistes.


 

1957 : Belgique et Islande

 Un qualifié pour un groupe de 3, quatre matchs à jouer entre novembre 1956 et octobre 1957

 Victoires contre la Belgique (6-3) et l’Islande (8-0, 5-1) et nul face à la Belgique (0-0). France première de son groupe avec 7 points sur 8 devant la Belgique (5) et l’Islande (0)

 Ce 11 novembre 1956 est le grand jour de Thadée Cisowski, l’un des deux seuls Bleus auteurs d’un quintuplé avec l’équipe de France (le premier étant Eugène Maës en 1913). Sans Raymond Kopa, retenu par le Real Madrid, mais avec une attaque Wisniewski-Mekhloufi-Cisowski-Piantoni-Vincent, les Français dynamitent la défense adverse en menant 4-1 à la mi-temps, puis en se faisant peur après un doublé de Willems ramenant le score à 4-3. Mais Cisowski, auteur d’un triplé avant la pause, ajoute deux nouveaux buts et offre la victoire sur un score de tennis (6-3). Le plus dur est fait est le 2 juin 1957 à Nantes, l’Islande ne voit pas le jour et tombe (8-0) sous les doublés de Vincent, Piantoni et Oliver. En septembre à Reykjavik les Bleus démarrent tranquillement mais l’emportent sans souci (5-1) avec des doublés de Cisowski et Ujlaki. Pour autant, il ne faut pas perdre à Bruxelles contre des Belges qui ont eux aussi fait le plein face à l’Islande. Le nul suffisant, les Français jouent la défense (en 4-4-2) et tiennent grâce à une belle performance du gardien débutant Claude Abbes (0-0) qui sera titularisé en Suède.

 En juin 1958, avec les renforts de Fontaine et Kopa (mais sans Mekhloufi, exfiltré dans l’équipe du FLN), l’équipe de France réussit la plus belle performance de son histoire en battant le Paraguay et l’Ecosse au premier tour (défaite face à la Yougoslavie), l’Irlande du Nord en quart et la RFA pour la troisième place. Elle n’est dominée qu’en demi-finale par les futurs champions du monde brésiliens avec un triplé de Pelé, et alors que Robert Jonquet reste une heure sur le terrain après une double fracture tibia-péroné.

1965 : Yougoslavie, Norvège et Luxembourg

 Un qualifié pour un groupe de 4, six matchs à jouer entre octobre 1964 et novembre 1965

 Victoires contre le Luxembourg (2-0, 4-1), la Norvège (1-0, 1-0) et la Yougoslavie (1-0), défaite contre la Yougoslavie (0-1). France première de son groupe avec 10 points devant la Yougoslavie et la Norvège (7) et le Luxembourg (0).

 Qualification facile, certes, mais matchs pénibles : on est au milieu des années soixante, donc au début du grand désert français en sélection qui va durer encore dix ans. Après une victoire modeste à l’extérieur face au Luxembourg (2-0), le match contre la Norvège est plié rapidement sur un but de Rambert (17e), mais malgré 13 tirs en première mi-temps, on en reste là. A Belgrade en avril 1965, ce n’est plus suffisant pour ramener quelque chose face à la Yougoslavie, qui s’impose par la marge la plus étroite (0-1). Heureusement, le match suivant à Oslo est gagné (1-0 toujours, tarif habituel), ouvrant la porte à la qualification à condition de gagner les deux dernières parties. Le plus difficile est fait contre la Yougoslavie au Parc dans une ambiance très chaude, Gondet libérant les Bleus à un quart d’heure de la fin (1-0). Il ne restait plus qu’à battre le Luxembourg, ce qui est fait à Marseille avec deux doublés de Gondet et Combin (4-1) malgré une deuxième période indigente.

 En juillet 1966 la France hérite d’un groupe injouable avec les doubles champions du monde uruguayens et l’Angleterre, pays organisateur, le Mexique semblant être le seul adversaire prenable. Mais les Bleus commencent par un nul contre la Verde (1-1) qui ne laisse guère d’espoir pour la suite. Deux défaites contre l’Uruguay (1-2) puis l’Angleterre (0-2) mettent un terme à l’aventure au bout d’une semaine seulement.

2005 : Chypre, Israël, Suisse, République d’Irlande, Féroé

 Un qualifié direct et un barragiste pour un groupe de 6, dix matchs à jouer entre septembre 2004 et octobre 2005. France première avec 20 points devant la Suisse et Israël (18), l’Irlande (17), Chypre (4) et les Féroé (1).

 S’ils attendent quand même le tout dernier match contre Chypre pour assurer la première place et la qualifications, les Bleus de Raymond Domenech bouclent leur parcours par cinq victoires et cinq nuls dans un groupe très abordable. En calant systématiquement à domicile contre Israël, l’Irlande et la Suisse (0-0 à chaque fois), mais en faisant mieux à l’extérieur : victoires aux Féroé, à Chypre et en Irlande. Comme la Suisse et Israël se neutralisent (deux nuls), ça suffit pour passer, grâce aux retours de Zidane, Thuram et Makelele en août 2005.

 Partis de loin après deux ans mollassons, les Bleus montent en régime à partir du troisième match de la Coupe du monde en Allemagne. La victoire sur le Togo (2-0) après deux nuls poussifs contre la Suisse (0-0) et la Corée du Sud (1-1) libère l’équipe qui sort l’Espagne (3-1), le Brésil (1-0) et le Portugal (1-0), avant de caler d’un rien en finale contre l’Italie, aux tirs au but. La deuxième étoile est passée si près...


 

2017 : Pays-Bas, Suède, Bulgarie, Biélorussie et Luxembourg

 Un qualifié direct et un barragiste pour un groupe de 6, dix matchs à jouer entre septembre 2016 et octobre 2017. France première avec 23 points devant la Suède et les Pays-Bas (19), la Bulgarie (13), le Luxembourg (6) et la Biélorussie (5).

 Puisqu’il fallait bien mettre un peu de suspense, les Bleus, qualifiés d’office à l’Euro 2016, laissent flotter les rubans à l’état 2017 en perdant à Solna contre la Suède (1-2) et en calant à Toulouse contre le Luxembourg (!). Mais comme ils battent deux fois les Pays-Bas et la Bulgarie, ils finissent avec quatre points d’avance sur la Suède. Kylian Mbappé est la principale révélation des Bleus sur cette phase qualificative, avec Ousmane Dembélé.

 Comme en 2006 et en 2016, les Bleus déçoivent au premier tour mais se qualifient lors de la Coupe du monde en Russie. Ils explosent les compteurs en huitième dans un très grand match contre l’Argentine de Messi où Mbappé fait une masterclass en étant impliqué dans trois des quatre buts français. Solides contre l’Uruguay (2-0) et la Belgique (1-0), les Bleus déjouent en finale face à la Croatie mais l’emportent avec de la chance d’abord puis par KO (4-2).

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Hommage à Pierre Cazal