Dialogue avec Soccer Nostalgia : Michel Hidalgo, saison 7 (1981-82)

Publié le 3 novembre 2022 - Bruno Colombari

La septième saison de Michel Hidalgo à la tête de l’équipe de France marque le franchissement d’un palier décisif : désormais, les Bleus savent qu’ils peuvent se situer parmi les plus grands. On en discute avec Shahan Petrossian.

14 minutes de lecture
Lire sur le site de Soccer Nostalgia The Soccernostalgia Interview-Part 44a et The Soccernostalgia Interview-Part 44b
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Cet article fait partie de la série Dialogue avec Soccer Nostalgia
Soccernostalgia : Michel Hidalgo a commencé la saison 1981/82 avec la qualification pour la Coupe du monde toujours incertaine. Quelle était l’ambiance au début de cette saison ?

Bruno Colombari : L’année 1981 est mal partie, avec les deux défaites en Espagne et aux Pays-Bas, et la leçon prise au Parc contre le Brésil. Mais il y eu cette belle victoire contre la Belgique, qui laisse la porte ouverte à une qualification. Le problème, ce sont les deux déplacements à Bruxelles et à Dublin qui n’inspirent pas confiance, tant cette équipe est fragile à l’extérieur.

La saison débute le 18 août 1981, par un match amical à Paris contre le club ouest-allemand du VfB Stuttgart. A la surprise générale, la France s’est inclinée (1-3). Ce match est resté dans les mémoires car le public parisien a hué Michel Platini au point qu’il a demandé à être remplacé. Pourquoi un tel accueil hostile ?

C’est un grand classique en France de siffler les meilleurs joueurs, d’autres en ont fait les frais plus tard, même Mbappé récemment. L’équipe de France a mal joué, mais à ce moment-là de la saison, contre un club, ça n’avait pas beaucoup d’importance. Platini venait d’être champion avec Saint-Etienne, où il ne se sentait pas très bien, et il avait manqué les deux matchs des Bleus au printemps sur blessure. C’était une année difficile pour lui.

Le 9 septembre 1981, la France se rend à Bruxelles et perd (0-2) contre la Belgique pour son premier éliminatoire de Coupe du Monde de la saison. Hidalgo a expérimenté Platini comme avant-centre. Que pensez-vous de ce match ?

Il a été perdu, mais si le but de Platini marqué à la 9e n’avait pas été refusé pour une position de hors-jeu très douteuse, le résultat n’aurait sans doute pas été le même. A partir du moment où la Belgique a ouvert le score, tout est allé de travers. Cette équipe, sans Giresse ni Tigana ni Genghini, est déséquilibrée, avec des joueurs sans expérience (Hiard, Mahut, Moizan) et Platini, placé avant-centre, est trop isolé pour peser sur le match. Il faut dire que cette équipe belge est très forte, comme elle le montrera à la Coupe du monde. Elle finira d’ailleurs en tête de son groupe, ce qui n’est pas rien.

Le 14 octobre 1981, une fois de plus la France s’éloigne de chez elle. Cette fois à Dublin pour affronter la République d’Irlande pour leur prochain éliminatoire de la Coupe du Monde. Une fois de plus la France s’est inclinée face à un rival (2-3) loin de sa base. La presse et le public perdaient-ils confiance après tant de défaites ?

L’Irlande était une bonne équipe, avec Brady et Stapleton, mais n’était quand même pas au niveau de la Belgique ou des Pays-Bas. Ça n’a pas empêché la France de perdre à Dublin comme en 1977, en étant largement dominée en première mi-temps où elle a encaissé trois buts. La défense était un vrai problème : depuis le début de l’année 1981, ça faisait 15 buts en 7 matchs en comptant celui contre Stuttgart, dont 3 matchs avec 3 buts encaissés. Heureusement, les autres résultats du groupe lui laissaient encore une chance de se qualifier, à condition de gagner ses deux derniers matchs. A domicile, ça semblait possible.

Le 18 novembre 1981, la France accueillait les Pays-Bas à Paris pour son plus important éliminatoire de la Coupe du monde. C’était un match que la France devait gagner contre une équipe néerlandaise en déclin. La France s’est imposée (2-0) pour se qualifier virtuellement pour la Coupe du monde. Décrivez le soulagement collectif après la victoire.

La première mi-temps n’était pas bonne, et il avait fallu un coup franc de Platini, tiré en deux temps à cause d’une main néerlandaise sur la première tentative, pour débloquer le match. Mais Hidalgo a pris d’énormes risques tactiques : il associe Trésor à Lopez en défense centrale alors qu’ils jouent au même poste de libéro en club, il aligne trois numéros dix au milieu (Genghini, Platini et Giresse) et Rocheteau, qui joue désormais avant-centre à Paris, à son ancien poste d’ailier droit. En cas d’échec, toute la responsabilité lui aurait été attribuée. Il est donc logique de reconnaître que c’est son audace qui a permis aux Bleus de gagner ce match. Le journal L’Equipe titre le lendemain « Bravo et merci », car évidemment pour les médias et les sponsors, une participation à la Coupe du monde est très importante financièrement.

Le dernier match de qualification de la France pour la Coupe du monde au Parc contre Chypre le 5 décembre était une formalité. La France s’est imposée (4-0) confortablement. Dans l’ensemble, quelles ont été les leçons apprises au cours du processus de qualification ?

Ecarter Platini de l’équipe n’est pas une option : il est toujours décisif dans les matchs les plus importants, et c’est le seul joueur français, à ce moment-là, de classe mondiale. Mais il faut bâtir l’équipe autour de lui, avec un milieu plus technique que physique, et deux attaquants qui sont complémentaires avec lui, c’est-à-dire qui ne marqueront pas beaucoup de buts mais qui ouvriront des espaces dans l’axe. Le point faible de l’équipe est le poste de gardien et l’instabilité de la défense, mais il faudra attendre 1983 et l’arrivée de Bats pour mettre un terme aux essais, et 1984 et le passage de Bossis en défense centrale pour stabiliser la défense.

Le 23 février 1982, la France a entamé les préparatifs de la Coupe du monde lors d’un match très médiatisé contre l’Italie au Parc. Michel Platini face à plusieurs de ses futurs coéquipiers de la Juventus a été impressionnant lors d’une victoire (2-0). D’un point de vue historique, c’était les débuts de Manuel Amoros et la première victoire de la France sur l’Italie depuis 1920. Qu’en pensez-vous ?

A quatre mois de la Coupe du monde, on retrouvait une équipe de France brillante en match amical, alors qu’elle avait perdu les trois derniers (RFA, Espagne et Brésil). C’était une belle performance, d’autant que le public français découvrait deux nouveaux joueurs, les Monégasques Manuel Amoros et Daniel Bravo, qui marque le deuxième but en fin de match. Dix des quatorze français qui ont participé à la rencontre joueront à Séville en juillet. Mais le meilleur français est Michel Platini, qui évolue dans toutes les zones du jeu. Le président de la Juventus, Gianni Agnelli, décide ce soir-là de le recruter. Le transfert sera négocié fin avril.

Le 24 mars 1982, la France poursuit sa préparation lors d’un match amical contre l’Irlande du Nord au Parc. La France s’est imposée confortablement (4-0). La France commençait-elle à retrouver sa forme sans le stress des qualifications ?

Surtout, elle n’encaisse pas de but pour la quatrième fois d’affilée, ce qui ne lui était jamais arrivé. Mais ce sont quatre matchs à domicile… Et l’équipe d’Irlande du Nord ne fait pas une grande prestation, même si huit de ses titulaires retrouveront la France en juillet à Madrid. Mais il leur manque leur gardien Pat Jennings. Côté français, alors que Platini est forfait que les titulaires en attaque (Rocheteau, Lacombe et Six) ne sont pas retenus, des joueurs comme Bellone, Genghini ou Zénier font le maximum pour gagner leur place.

La phase finale des préparatifs de la France a été décevante. Le 28 avril, la France s’est inclinée (0-1) à Paris, suivie d’un match nul contre la Bulgarie à Lyon le 14 mai, et enfin d’une autre défaite (0-1) à domicile contre le Pays de Galles à Toulouse le 2 juin. Quelles ont été les leçons apprises ?

Cette préparation a été ratée, et la conséquence a été un premier tour pas maîtrisé en Coupe du monde. Aucun but marqué en trois matchs, deux défaites à domicile, c’était clairement une déception. Si Platini ne joue que le premier des trois matchs, le dernier contre la Bulgarie permet de revoir le milieu de France-Belgique 1981, Tigana-Giresse-Genghini. Mais l’attaque ne marque pas. Il faut dire qu’elle n’est pas du tout complémentaire, avec Lacombe encadré par les jeunes Bellone et Bravo.

Michel Hidalgo fait les derniers essais, comme le gardien de Monaco Jean-Luc Ettori, le défenseur de Metz Philippe Mahut ou l’arrière gauche de Bordeaux François Bracci. Le premier sera titulaire en Espagne, le deuxième sera remplaçant et le troisième ne sera pas dans la liste.

Mais on sait maintenant qu’il ne faut pas accorder beaucoup d’importance à des matchs amicaux de préparation. En 1998, ils ne seront pas bons non plus, et en 2018, les Bleus perdront à domicile contre la Colombie, avant de faire match nul face aux Etats-Unis. Ça ne les a pas empêché d’être champions du monde juste après.

Y a-t-il eu des surprises ou des oublis notables dans le Final 22 sélectionné pour la Coupe du monde ?

Pas vraiment de surprises, mais Michel Hidalgo avait brassé tellement de joueurs les années précédentes que le choix était assez large. En fait, c’est comme toujours : il y a 14 ou 15 joueurs indiscutables, sauf blessure, et le vrai choix se fait sur les 7 ou 8 autres qui seront la plupart du temps remplaçants. Mahut, Bellone, Couriol ou Girard étaient à l’évidence des joueurs de complément, qui n’avaient pas vocation à débuter les rencontres. S’il y avait un oubli, c’est sans doute Jacques Zimako, qui restait sur plusieurs belles saisons. Et peut-être Luis Fernandez, qui n’avait que 22 ans mais qui avait été très bon avec le PSG. Il débutera en sélection quelques mois plus tard, en novembre.

Tout au long de la saison, Hidalgo a hésité sur le choix du gardien. Dropsy, Hiard, Castaneda, Baratelli et Ettori ont tous été testés. À la fin, Ettori a obtenu le feu vert. Pourquoi Hidalgo l’a-t-il finalement choisi ?

Il me l’a expliqué lors d’une interview qu’il m’a donnée en 2012 : comme le poste de gardien ne lui était pas familier, il s’en remettait à un adjoint pour choisir. En 1982, il avait fait appel à Ivan Curkovic, l’ancien gardien de Saint-Etienne. Et c’est lui qui a recommandé Jean-Luc Ettori, alors qu’on pouvait s’attendre à ce qu’il pousse son successeur en club, Jean Castaneda. Mais ni Castaneda ni Ettori n’avait beaucoup d’expérience internationale. Le plus expérimenté était Dominique Baratelli, et au printemps il semblait favori pour la place de titulaire. Il prendra très mal son statut de remplaçant et refusera de jouer le dernier match contre la Pologne.

La France débute la Coupe du monde le 16 juin 1982 à Bilbao contre l’Angleterre de la pire des manières en s’inclinant (1-3). Les Français étaient épuisés sous une température de près de 40 degrés Celsius et une fois de plus l’expérience de déploiement de Platini comme avant-centre n’a pas réussi. Quelles ont été les leçons de ce match ?

Les Bleus ont été dépassés dans les duels par des Anglais très offensifs qui ont mis une pression terrible dans les premières minutes. Le milieu Girard-Larios-Giresse n’a pas du tout fonctionné, même si individuellement Larios a été intéressant et Giresse fin techniquement, mais il n’y avait pas d’équilibre et la défense était très exposée. Il y a eu des défaillances individuelles aussi, notamment Trésor et Ettori, alors que Platini était dans un mauvais jour. A la fin, on avait une impression d’impuissance, comme en 1978 contre l’Italie.

Pour le deuxième match le 21 juin, la France a confortablement battu le Koweït (4-1). Bien sûr, le match est dans les mémoires pour d’autres raisons que tout le monde connaît. Comment cela a-t-il été perçu par la presse française ?

L’annulation du but de Giresse par l’intervention du président de la fédération koweitienne est un épisode assez ridicule mais qui n’a eu aucune influence sur le résultat du match ni sur la qualification française pour le second tour. Il faut se souvenir que le Koweït avait fait match nul face à la Tchécoslovaquie quelques jours plus tôt, et ce match ressemblait à un piège. Le fait que les Bleus se soient imposés facilement (surtout qu’il y a eu non pas un, mais quatre buts refusés, dont trois étaient pourtant valables) et avec la manière était une bonne nouvelle et replaçait l’équipe de France dans la course à la qualification. Et surtout, les tensions en interne se sont calmées à ce moment-là.

Pour son dernier match de Groupe, la France devait éviter la défaite face à la Tchécoslovaquie. L’équipe a mal joué et a eu des dernières minutes nerveuses, mais elle s’est qualifiée avec un match nul (1-1). Comment la performance française a-t-elle été perçue ?

L’essentiel, à savoir la qualification pour le second tour, était acquis, et ce n’était pas rien après les échecs de 1966 et 1978. Les Français ont plutôt dominé ce match et auraient dû le gagner, mais après le but de Six, ils n’ont pas décidé entre attaque pour marquer un deuxième but ou défendre pour préserver le résultat. Et comme souvent dans ce cas, ils se sont exposés à une égalisation. Après le pénalty de Panenka, il y a eu six ou sept minutes de panique, avec un sauvetage d’Amoros sur la ligne à la fin du match.

L’une des controverses hors terrain du premier tour concernait les célébrations d’anniversaire. Apparemment, toute l’équipe a célébré l’anniversaire de Michel Platini, mais a ignoré l’anniversaire de Jean Tigana. Quelle est la véritable histoire ?

C’est bien ce qui s’est passé. Un gâteau avait été préparé pour les 27 ans de Platini le 21 juin, jour de France-Koweït, au cours duquel il a d’ailleurs marqué un but. Mais rien le 23, pour les 27 ans de Tigana. Celui-ci est alors allé chercher une part de dessert en cuisine, a planté une bougie dessus et est revenu en criant « bon anniversaire, Jean ! ». Quelques jours plus tôt, il avait été oublié par le chauffeur de car après un footing en forêt et avait dû rentrer à l’hôtel à pied. De plus, Tigana était très déçu de n’avoir joué qu’un quart d’heure pendant tout le premier tour et le faisait savoir. C’est d’ailleurs le forfait de Platini, touché à la cuisse contre la Tchécoslovaquie, qui lui permettra d’être titulaire contre l’Autriche.

L’autre controverse hors du terrain était la situation Platini-Larios. C’était une affaire privée qu’il n’est pas nécessaire de discuter. Larios a affirmé qu’il avait été expulsé de l’équipe sur l’insistance de Platini. Sait-on s’il a été écarté pour des raisons tactiques ou disciplinaires ?

Michel Hidalgo m’a dit que Larios s’était mis à l’écart du groupe lui-même après le match contre l’Angleterre (il ne rejouera que le dernier match face à la Pologne). Il ne comprenait d’ailleurs pas pourquoi Hidalgo l’avait pris dans la liste des 22. C’est dommage et ça a eu des conséquences pour la suite, car Larios était un excellent joueur, avec un physique d’athlète (ce qui n’était pas le cas des autres milieux de terrain) et une technique très fine, un peu comme Vieira ou Pogba. Il aurait été très précieux à Séville.

Dans la phase de deuxième groupe, la France a retrouvé sa forme et a battu l’Autriche (1-0) et l’Irlande du Nord (4-1) pour atteindre les demi-finales. Pensez-vous que la France a peut-être bénéficié d’un tirage au sort favorable ?

Il n’y a pas eu de tirage au sort entre le premier et le second tour. Le tableau du second tour a été établi lors du tirage des groupes en janvier. L’équipe de France a certes bénéficié d’adversaires largement à sa portée, mais c’est dû à la faiblesse de l’Espagne au premier tour (qui aurait rencontré la France si elle avait finit première de son groupe) et à l’inexpérience de l’Algérie, qui a mal géré la deuxième mi-temps contre le Chili et laissé filer la deuxième place, prise par l’Autriche. On aurait pu donc avoir un groupe France-Espagne-Algérie, peut-être plus difficile, mais où les Bleus auraient eu toutes leurs chances aussi.

La demi-finale contre l’Allemagne de l’Ouest le 8 juillet 1982 fait partie de l’histoire du football. Schumacher/Battiston, la volée de Tresor, l’avance (3-1) et le cri de Giresse, les tirs au but, etc. On pourrait discuter de ce match pendant des heures. Dans une interview, Platini a déclaré qu’il avait traversé toutes les émotions imaginables ce jour-là qu’aucune œuvre d’art ne pouvait imiter. Quelle a été votre émotion en tant que témoin ?

C’était incroyable. J’avais 16 ans, et je n’avais jamais assisté à un match pareil. Les Français avaient un gros complexe d’infériorité face aux Allemands, et notamment les Stéphanois (Janvion, Lopez et Rocheteau) qui avaient été battus par le Bayern en 1976 avec déjà Rummenigge. Alors, oui, quand Amoros a tiré sur la barre à la toute dernière minute, on y a cru. Quand Trésor a marqué avec sa magnifique reprise de volée, on s’est dit que c’était fait. Et quand Giresse a battu Schumacher, ce n’est pas à la finale de la Coupe du monde que je pensais, mais au fait qu’on allait en marquer un quatrième, un cinquième, et leur faire avaler leur arrogance. Grosse erreur.

Après le match, je me souviens être sorti dans la nuit d’été sans bien comprendre ce qui s’était passé. Il y avait une énorme déception, bien sûr. Pas tellement de ne pas aller en finale, car honnêtement, ça semblait un peu trop difficile, mais d’avoir perdu après avoir si bien joué. On dit souvent que grandir, c’est apprendre la frustration, que ce n’est pas parce qu’on veut quelque chose qu’on va l’avoir. Parfois, il faut essayer, échouer, essayer encore, et peut-être ne jamais réussir, mais grandir en essayant. C’est une leçon de vie, dure mais nécessaire.

J’ai revu le match l’an dernier pour écrire Espagne 82, ainsi que les six autres. Le revoir m’a fait un peu la même impression que de revoir la photo d’une fille dont on était amoureux à l’adolescence, et qu’on se dit « qu’est-ce qu’elle était belle ! ». Avec le temps, le chagrin et le manque causé par la perte s’effacent, et reste la nostalgie. Ces souvenirs-là sont précieux, il faut en prendre soin.

La troisième place était un match sans importance que personne ne se souciait de jouer. Cependant, la France a poursuivi sa tradition de 1978 d’aligner des joueurs qui n’avaient pas encore disputé la Coupe du monde. Que pensez-vous de ce match ?

Qu’il n’a effectivement servi à rien, sauf peut-être pour ceux qui ont joué leur seul match de Coupe du monde, comme Castaneda, Mahut ou Bellone. La France a insisté pour qu’à l’Euro 84, qu’elle allait organiser, on supprime ce match de classement, alors qu’il avait été joué en 1980. Franchement, il ne manque à personne. Une Coupe du monde n’est pas un tournoi olympique, même si elle en est l’héritière. Au football, pas besoin de médaille de bronze.

Alain Giresse a été le grand bénéficiaire de cette Coupe du monde. Quels sont les autres joueurs qui ont impressionné ?

Oui, c’était le meilleur joueur français, il a marqué trois buts en deux matchs et en une semaine, autant que lors de ses 45 autres sélections. Il a d’ailleurs fini deuxième du Ballon d’or derrière Paolo Rossi. J’ai adoré Manuel Amoros, aussi. Il n’avait que vingt ans, c’est-à-dire quatre de plus que moi, et je jouait arrière latéral en club, comme lui. Et les coups francs du gauche de Genghini ! Les seuls buts français sur coup franc en Coupe du monde, d’ailleurs. Même Platini n’en a pas marqué. Bossis a été extraordinaire lui aussi. Contre la RFA, il a joué à droite, mais il était partout sur le terrain. C’était un défenseur de classe mondiale, comme Lilian Thuram plus tard.

Jean-Luc Ettori est devenu le bouc émissaire de cette Coupe du monde. Est-ce juste ? Y a-t-il d’autres joueurs qui, selon vous, ont été décevants lors de la Coupe du monde ?

Il n’y a pas de grande équipe sans grand gardien. C’est dur pour lui, d’autant qu’il avait fait une très bonne saison en club avec Monaco. Mais le niveau international était sans doute très élevé, et il l’a payé cher. Curieusement, alors qu’il encaisse trois buts, il fait un bon match contre la RFA à Séville. Mais il rate complètement sa séance de tirs au but, comme il l’a reconnu lui-même il y a quelques mois. Il ne se jette pas, alors qu’il n’avait rien à perdre !

Didier Six n’a pas été très brillant devant, même s’il marque deux buts au premier tour et donne une passe décisive à Giresse en demi-finale. Christian Lopez ne fait pas un grand tournoi non plus, même si son entrée contre la RFA, à un poste de milieu de terrain où il était perdu, ne l’a pas aidé. Et Bernard Lacombe, qui s’est blessé face à l’Autriche, n’était pas à son niveau habituel. Et il n’avait plus sa place dans le 4-4-2 où Platini jouait très haut, près des deux attaquants qui avaient plutôt un profil d’ailiers.

Que pensez-vous de la trajectoire de Larios après la Coupe du monde ? Était-ce auto-infligé ?

Cette Coupe du monde qui aurait pu être celle de son explosion au plus haut niveau l’a complètement déstabilisé. Après l’été 1982, il n’a fait que des mauvais choix : il quitte Saint-Etienne, son club formateur, pour l’Atlético Madrid où il ne joue pas, puis il part à Montréal, revient en Europe à Neuchâtel et finit par quatre saisons anonymes en France. Une centaine de matchs en cinq ans, une douzaine de buts. Dans son autobiographie, il raconte une vie totalement incompatible avec le haut niveau. C’est un énorme gâchis, un peu comme José Touré quelques années plus tard.

Sans sa blessure, pensez-vous que Platini aurait pu être aussi influent qu’il l’aurait été en 1984, ou pensez-vous qu’il était nécessaire pour son développement de connaître la Serie A pour jouer un rôle dominant ?

Sans doute les deux. Platini arrive à la Coupe du monde fatigué par une saison très longue avec Saint-Etienne, et lors de la préparation, il souffre d’une pubalgie qui l’oblige à rester allongé quatre heures par jour. Puis Panenka le blesse à la cuisse lors du troisième match. Contre l’Irlande du Nord et la RFA il joue diminué, alors qu’avec Saint-Etienne il avait marqué 35 buts en 51 matchs.

Mais ses deux saisons à la Juventus avant l’Euro vont beaucoup lui apprendre, sur la gestion d’un match et ce qu’il faut faire pour tenir un résultat. Il a dit récemment qu’il regrettait, quand Battiston a été remplacé par Lopez, de ne pas avoir demandé à Janvion de passer au milieu, où il aurait été beaucoup plus utile.

Quel bilan faites-vous de la saison et de la Coupe du monde en général et du rôle d’Hidalgo dans tout ça ? Était-ce la référence d’une renaissance à l’image des Suédois de 1958 ?

Le niveau de jeu n’était pas du tout le même, et il est impossible de faire des comparaisons. A la différence de celle de 1958, l’équipe de France n’avait pas de buteur du profil de Just Fontaine, et à part Jean-Pierre Papin, et dans une moindre mesure David Trezeguet, elle n’en a jamais retrouvé de pareil. Mais ce tournoi est un condensé de la saison 1981-1982 : un début raté avec des tensions et du fatalisme, une prise de risque payante qui transforme l’équipe et une apothéose frustrante car elle ne débouche pas sur un titre.

Mais en 1982, l’équipe de France a franchi un énorme palier : on la compare au Brésil, ce qui n’est pas rien, et elle est passée à onze minutes et à un tir au but d’une finale de Coupe du monde. Elle se sent légitime, sans doute pour la première fois de son histoire, à gagner un titre. Et elle va le faire.

pour finir...

English version

Soccernostalgia : Michel Hidalgo started the 1981/82 season with World Cup qualification still in doubt. What was the mood at the start of this season ?

Bruno Colombari : The year 1981 got off to a bad start, with the two defeats in Spain and the Netherlands, and the lesson learned at the Parc against Brazil. But there was this great victory against Belgium, which leaves the door open to qualification. The problem is the two trips to Brussels and Dublin which do not inspire confidence, as this team is so fragile outside.

The season started on August 18, 1981, with a friendly in Paris against West German club VfB Stuttgart. Surprisingly France were defeated (1-3). This match is remembered for the Paris crowd booing Michel Platini to the point that he asked to be replaced. Why such hostile reception ?

It is a great classic in France to whistle the best players, others have paid the price later, even Mbappé recently. The France team played badly, but at that time of the season, against a club, it didn’t matter much. Platini had just been champion with Saint-Etienne, where he was not feeling very well, and he had missed the two games of the Blues in the spring through injury. It was a difficult year for him.

On September 9th, 1981, France traveled to Brussels and lost (0-2) vs. Belgium for its first World Cup Qualifier of the season. Hidalgo experimented with Platini as center forward. What are your thoughts about this match ?

He was lost, but if Platini’s goal scored in the ninth had not been disallowed for a very questionable offside position, the result would probably not have been the same. From the moment Belgium opened the scoring, everything went wrong. This team, without Giresse or Tigana or Genghini, is unbalanced, with inexperienced players (Hiard, Mahut, Moizan) and Platini, placed center forward, is too isolated to influence the match. It must be said that this Belgian team is very strong, as it will show at the World Cup. She will also finish at the head of her group, which is not nothing.

On October 14th, 1981, once more France traveled away from home. This time at Dublin to face Republic of Ireland for their next Word Cup Qualifier. Once more France lost to a rival (2-3) away from its base. Were the Press and Public losing confidence after so many losses ?

Ireland were a good team, with Brady and Stapleton, but were still not at the level of Belgium or the Netherlands. This did not prevent France from losing in Dublin as in 1977, being largely dominated in the first half when they conceded three goals. The defense was a real problem : since the beginning of 1981, it was 15 goals in 7 games including the one against Stuttgart, including 3 games with 3 goals conceded. Fortunately, the other results of the group still left a chance to qualify, provided (France) won its last two matches. At home, it seemed possible.

On November 18, 1981, France hosted the Holland in Paris for its most important World Cup Qualifier. It was a match that France had to win against a fading Dutch Team. France won (2-0) to virtually qualify for the World Cup. Describe the collective relief after victory ?

The first half was not good, and it took a free kick from Platini, shot in two takes because of a Dutch hand on the first attempt, to unlock the game. But Hidalgo has taken enormous tactical risks : he associates Trésor with Lopez in central defense while they play the same position as libero in the club, he aligns three number tens in the middle (Genghini, Platini and Giresse) and Rocheteau, who plays now a center forward in Paris, in his former position as a right winger. In case of failure, all the responsibility would have been attributed to him. It is therefore logical to recognize that it was his audacity that allowed the Blues to win this match. The newspaper L’Equipe headlines the next day « Bravo and thank you », because obviously for the media and the sponsors, participation in the World Cup is very important financially.

France’s final World Cup Qualifier at the Parc vs. Cyprus on December 5 was a formality. France won (4-0) comfortably. On balance, what were the lessons learned during the qualifying process ?

Removing Platini from the team is not an option : he is always decisive in the most important matches, and he is the only French player, at this time, of world class. But you have to build the team around him, with a midfielder who is more technical than physical, and two attackers who complement him, that is to say who will not score many goals but who will open up spaces in the axis. The weak point of the team is the position of goalkeeper and the instability of the defense, but it will be necessary to wait until 1983 and the arrival of Bats to put an end to the tests, and 1984 and the passage of Bossis in central defense to stabilize defense.

On February 23, 1982, France started the World Cup preparations in a high-profile match vs. Italy at the Parc. Michel Platini facing many of his future Juventus teammates was impressive in a (2-0) win. From a historical perspective, this was the debut of Manuel Amoros and France’s first win over Italy since 1920. What are your thoughts ?

Four months before the World Cup, we found a brilliant French team in a friendly match, despite having lost the last three (West Germany, Spain and Brazil). It was a great performance, especially as the French public discovered two new players, Monaco’s Manuel Amoros and Daniel Bravo, who scored the second goal at the end of the match. Ten of the fourteen French who took part in the meeting will play in Seville in July. But the best Frenchman is Michel Platini, who evolves in all areas of the game. The president of Juventus, Gianni Agnelli, decides that evening to recruit him. The transfer will be negotiated at the end of April.

 : On March 24, 1982, France continued its preparations in a friendly vs. Northern Ireland at the Parc. France won comfortably (4-0). Were France starting to regain their form without the stress of the qualifications ?

Above all, she did not concede a goal for the fourth time in a row, which had never happened to her. But these are four home games... And the Northern Ireland team is not putting in a great performance, even if eight of its starters will return to France in July in Madrid. But they miss their goalkeeper Pat Jennings. On the French side, while Platini is forfeited and the incumbents in attack (Rocheteau, Lacombe and Six) are not retained, players like Bellone, Genghini or Zénier do their utmost to earn their place.

 : France’s final phase of the preparations was disappointing. On April 28, France lost (0-1) at Paris, followed by a scoreless tie vs. Bulgaria at Lyon on May 14, and finally another (0-1) home loss vs. Wales at Toulouse on June 2nd. What were the lessons learned ?

This preparation was missed, and the consequence was an uncontrolled first round in the World Cup. No goals scored in three games, two home defeats, it was clearly a disappointment. If Platini only plays the first of three matches, the last against Bulgaria allows us to see the midfielder of France-Belgium 1981, Tigana-Giresse-Genghini. But the attack does not score. It must be said that it is not at all complementary, with Lacombe supervised by young Bellone and Bravo.

Michel Hidalgo makes the last tries, like Monaco goalkeeper Jean-Luc Ettori, Metz defender Philippe Mahut or Bordeaux left-back François Bracci. The first will start in Spain, the second will be a substitute and the third will not be on the list.

But we now know that we should not attach much importance to friendly preparation matches. In 1998, they will not be good either, and in 2018, the Blues will lose at home against Colombia, before drawing against the United States. That didn’t stop them from being world champions right after.

Were there any surprises or noteworthy omissions in the Final 22 selected for the World Cup ?

Bruno Colombari : No real surprises, but Michel Hidalgo had brewed so many players in previous years that the choice was quite wide. In fact, it’s as always : there are 14 or 15 indisputable players, except injury, and the real choice is made on the 7 or 8 others who will most of the time be substitutes. Mahut, Bellone, Couriol or Girard were obviously complementary players, who were not intended to start the matches. If there was an oversight, it was undoubtedly Jacques Zimako, who remained for several good seasons. And maybe Luis Fernandez, who was only 22 but had been very good with PSG. He will start in selection a few months later, in November.

Throughout the season, Hidalgo was hesitant about the choice of goalkeeper. Dropsy, Hiard, Castaneda, Baratelli and Ettori were all tested. In the end Ettori got the nod. Why did Hidalgo chose him in the end ?

He explained it to me during an interview he gave me in 2012 : as the position of goalkeeper was not familiar to him, he relied on an assistant to choose. In 1982, he called on Ivan Curkovic, the former goalkeeper of Saint-Etienne. And it was he who recommended Jean-Luc Ettori, when we could expect him to push his club successor, Jean Castaneda. But neither Castaneda nor Ettori had much international experience. The most experienced was Dominique Baratelli, and in the spring he seemed a favorite for the starting spot. He will take his status as a substitute very badly and will refuse to play the last match against Poland.

France started the World Cup on June 16, 1982, at Bilbao vs. England in the worst possible fashion by losing (1-3). The French were exhausted under a temperature of almost 40 Degrees Celsius and once more the experiment of deploying Platini as a center forward was a not successful. What were the lessons from this match ?

The Blues were overtaken in the duels by very attacking Englishmen who put terrible pressure in the first minutes. The Girard-Larios-Giresse midfield didn’t work at all, although individually Larios was interesting and Giresse was fine technically, but there was no balance and the defense was very exposed. There were individual failures too, notably Trésor and Ettori, while Platini was having a bad day. At the end, we had a feeling of helplessness, like in 1978 against Italy.

For the second match on June 21, France comfortably defeated Kuwait (4-1). Of course, the match is remembered for other reasons that everyone knows. How was this viewed from the French Press ?

The cancellation of Giresse’s goal by the intervention of the president of the Kuwaiti federation is a rather ridiculous episode but which had no influence on the result of the match or on the French qualification for the second round. It must be remembered that Kuwait had drawn against Czechoslovakia a few days earlier, and this match looked like a trap. The fact that the Blues won easily (especially since there were not one, but four goals disallowed, three of which were valid) and with style was good news and put the French team back in the running to qualification. And above all, internal tensions calmed down at that time.

For its final match in the Group, France had to avoid defeat vs. Czechoslovakia. The Team played poorly and had nervous final minutes but it achieved qualification with a (1-1) tie. How was the French performance viewed ?

The essential, namely the qualification for the second round, was acquired, and it was not nothing after the failures of 1966 and 1978. The French rather dominated this match and should have won it, but after the goal of Six , they didn’t decide between attacking to score a second goal or defending to preserve the result. And as often in this case, they exposed themselves to an equalizer. After Panenka’s penalty there was six or seven minutes of panic, with an Amoros save on the line late in the game.

One of the off-field controversies in the First Round was about Birthday celebrations. Apparently, the entire team celebrated Michel Platini’s Birthday, but ignored Jean Tigana’s Birthday. What is the real story ?

That’s what happened. A cake was prepared for Platini’s 27th birthday on June 21, France-Kuwait day, during which he also scored a goal. But nothing on the 23rd, for Tigana’s 27th birthday. He then went to get a piece of dessert in the kitchen, planted a candle on it and came back shouting “happy birthday, Jean ! ". A few days earlier, he had been forgotten by the bus driver after jogging in the forest and had to walk back to the hotel. In addition, Tigana was very disappointed that he only played fifteen minutes during the entire first round and let it be known. It is also Platini’s forfeit, hit in the thigh against Czechoslovakia, which will allow him to start against Austria.

The other off-field controversy was the Platini-Larios situation. This was a private matter that is not necessary to discuss. Larios claimed that he was evicted from the squad at the insistence of Platini. Do we know whether he was dropped for tactical or disciplinary reasons ?

Michel Hidalgo told me that Larios left the group himself after the game against England (he will only play the last game against Poland). He did not understand why Hidalgo had taken him in the list of 22. It’s a shame and it had consequences for the future, because Larios was an excellent player, with an athlete’s physique (which was not the case with the other midfielders) and a very fine technique, a bit like Vieira or Pogba. He would have been very valuable in Sevilla.

In the Second Group phase, France regained its form and defeated Austria (1-0) and Northern Ireland (4-1) to reach the semifinals. Do you think France were perhaps beneficiary of a favorable draw ?

There was no draw between the first and second rounds. The table for the second round was established during the group draw in January. The France team has certainly benefited from opponents well within their reach, but this is due to the weakness of Spain in the first round (which would have met France if they had finished first in their group) and to the Algeria’s inexperience, which mismanaged the second half against Chile and let second place slip away, taken by Austria. We could therefore have had a France-Spain-Algeria group, perhaps more difficult, but where the Blues would have had every chance too.

The Semifinal vs. West Germany on July 8, 1982, is part of Football History. Schumacher/Battiston, Tresor’s volley, (3-1) lead and Giresse’s scream, the penalty kicks, etc. We could discuss this match for hours. In an interview, Platini said that he went through every conceivable emotion on that day that no piece of art could emulate.What was your emotion as a witness ?

It was amazing. I was 16 years old, and I had never attended such a match. The French had a big inferiority complex against the Germans, and in particular the Stéphanois (Janvion, Lopez and Rocheteau) who had been beaten by Bayern in 1976 with Rummenigge already. So, yes, when Amoros shot the bar at the very last minute, we believed it. When Trésor scored with his magnificent volley, we thought it was done. And when Giresse beat Schumacher, I wasn’t thinking of the World Cup final, but of the fact that we were going to score a fourth, a fifth, and make them swallow their arrogance. Big mistake.

After the match, I remember going out in the summer night without fully understanding what had happened. There was a huge disappointment, of course. Not so much not going to the final, because honestly it seemed a bit too difficult, but losing after playing so well. It is often said that growing up is learning frustration, that just because you want something doesn’t mean you’re going to get it. Sometimes you have to try, fail, try again, and maybe never succeed, but grow trying. It is a life lesson, hard but necessary.

I reviewed the game last year to write Spain 82, along with the other six. Seeing it again gave me the same impression as seeing the photo of a girl you were in love with as a teenager, and you say to yourself “how beautiful she was ! ". Over time, the grief and loss caused by the loss fades, and the nostalgia remains. These memories are precious, we must take care of them.

The Third Place was an inconsequential match that no one cared about playing. However, France continued its tradition from 1978 of fielding players who had not played yet in the World Cup. What are your thoughts of this match ?

That it was actually useless, except perhaps for those who played their only World Cup match, like Castaneda, Mahut or Bellone. France insisted that at Euro 84, which it was going to organize, we abolish this classification match, when it had been played in 1980. Frankly, no one misses it. A World Cup is not an Olympic tournament, even if it is its heir. In football, you don’t need a bronze medal.

Alain Giresse was the great beneficiary of this World Cup. Who were the other players who impressed ?

Yes, he was the best French player, he scored three goals in two games and in one week, as many as in his 45 other caps. He also finished second in the Ballon d’Or behind Paolo Rossi. I loved Manuel Amoros, too. He was only twenty years old, that is to say four older than me, and I played full-back in a club, like him. And the free kicks from Genghini’s left ! The only French goals from a free kick in the World Cup, by the way. Even Platini did not score any. Bossis was extraordinary too. Against the West Germany he played on the right, but he was everywhere on the pitch. He was a world-class defender, like Lilian Thuram later.

Jean-Luc Ettori has become the scapegoat for this World Cup. Is it fair ? Any other players that you feel were disappointing in the World Cup ?

There is no great team without a great goalkeeper. It’s hard for him, especially since he had a very good club season with Monaco. But the international level was undoubtedly very high, and he paid dearly for it. Curiously, while he conceded three goals, he had a good game against the West Germany in Seville. But he completely missed his penalty shootout, as he himself admitted a few months ago. He does not throw himself, when he had nothing to lose !

Didier Six was not very brilliant up front, although he scored two goals in the first round and gave Giresse an assist in the semi-finals. Christian Lopez does not have a big tournament either, even if his entry against the West Germany, in a midfield position where he was lost, did not help him. And Bernard Lacombe, who was injured against Austria, was not at his usual level. And he no longer had his place in the 4-4-2 where Platini played very high, near the two attackers who had more of a winger profile.

What are your thoughts on the trajectory of Larios after the World Cup. Was it self-infiicted ?

This World Cup which could have been that of his explosion at the highest level completely destabilized him. After the summer of 1982, he only made bad choices : he left Saint-Etienne, his formative club, for Atlético Madrid where he did not play, then he left for Montreal, returned to Europe in Neuchâtel and ended up with four anonymous seasons in France. A hundred matches in five years, a dozen goals. In his autobiography, he recounts a life totally incompatible with the high level. It’s a huge mess, a bit like José Touré a few years later.

If not for his injury, do you think Platini could have been as influential as he would be in 1984, or do you think it was necessary for his development to experience the Serie A to take a dominant role ?

Probably both. Platini arrives at the World Cup tired from a very long season with Saint-Etienne, and during the preparation, he suffers from pubalgia which forces him to lie down for four hours a day. Then Panenka injures him in the thigh in the third game. Against Northern Ireland and West Germany he played diminished, while with Saint-Etienne he had scored 35 goals in 51 games.

But his two seasons at Juventus before the Euros will teach him a lot, about managing a match and what to do to hold a result. He said recently that he regretted, when Battiston was replaced by Lopez, that he didn’t ask Janvion to move into the middle, where he would have been much more useful.

What is your assessment of the season and the World Cup in General and Hidalgo’s role in all of this ? Was it the reference point of a rebirth to match the Swedes of 1958 ?

The level of play was not at all the same, and it is impossible to make comparisons. Unlike that of 1958, the France team did not have a striker of the profile of Just Fontaine, and apart from Jean-Pierre Papin, and to a lesser extent David Trezeguet, it has never found such a one. But this tournament is a summary of the 1981-1982 season : a failed start with tensions and fatalism, a rewarding risk-taking that transformed the team and a frustrating apotheosis because it did not lead to a title.

But in 1982, the France team took a huge step : we compare it to Brazil, which is not nothing, and it went eleven minutes and a shot on goal from a World Cup final. It feels legitimate, probably for the first time in its history, to win a title. And she will.

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Hommage à Pierre Cazal