Dialogue avec Soccer Nostalgia : Michel Hidalgo, saison 2 (1976-1977)

Publié le 7 mars 2022 - Bruno Colombari

Deuxième partie de l’interview donnée à Shahan Petrossian pour le blog Soccer Nostalgia, sur les années de Michel Hidalgo comme sélectionneur de l’équipe de France. On explore ici la saison 1976-77, qui va voir les Bleus prendre confiance au contact des plus grands.

10 minutes de lecture
Lire sur le site de Soccer Nostalgia The Soccernostalgia Interview-Part 15
Lire la version en anglais. English version here
Cet article fait partie de la série Dialogue avec Soccer Nostalgia
Soccernostalgia : Michel Hidalgo a débuté sa première saison complète aux commandes avec comme objectif les Éliminatoires de la Coupe du Monde. Quelle était l’ambiance de ce début de saison ? 

 
Bruno Colombari :Pendant l’été, les Olympiques ont déçu à Montréal en s’inclinant en quart de finale contre la RDA (0-4). La moitié du groupe joue déjà ou jouera bientôt en A, dont Patrick Battiston, Eric Pécout, Olivier Rouyer et bien sûr Michel Platini, qui marquera trois buts lors du premier tour. Michel Hidalgo attend beaucoup de ce dernier, qui s’annonce comme la plus belle promesse du football français avec Dominique Rocheteau. Mais il sait bien qu’il n’a aucun droit à l’erreur dans un groupe à trois avec seulement quatre matchs à jouer et un seul qualifié pour la Coupe du monde 1978. En fait, ce sont quasiment deux matchs aller-retour qu’il faudra gagner pour passer. L’amalgame entre la jeune génération et les joueurs plus expérimentés (Trésor, Michel, Guillou, Baratelli, Lacombe) lancés par Boulogne et Kovacs sera la clé. Mais rien ne dit qu’il va fonctionner. Michel Hidalgo a aussi l’intention de s’appuyer sur les joueurs de Saint-Etienne, qui ont l’habitude des matchs de Coupe d’Europe et qui ont accumulé beaucoup de confiance. Là aussi, il reste à voir comment ceux-là vont s’intégrer au reste de l’équipe.

La saison a commencé par un match amical contre le Borussia Mönchengladbach, champion d’Allemagne de l’Ouest. La victoire facile contre un club a été suivie la semaine suivante d’un match amical à Copenhague contre le Danemark (1-1). Le Danemark a dominé pendant une grande partie du match. Que pouvez-vous dire du match contre le Danemark ?

 
Le 5-0 contre Mönchengladbach, avec six Stéphanois titulaire et un septième entré en cours de jeu, a démontré la puissance offensive des Bleus. Et la sélection danoise en 1976 n’a rien à voir avec celle qui va briller entre 1983 et 2002. Si son championnat est encore amateur, l’équipe du Danemark compte tout de même une dizaine de professionnels évoluant en Allemagne ou aux Pays-Bas pour la plupart. Les plus doués sont Henning Jensen, qui joue au Real Madrid et Alan Simonsen, l’attaquant du Borussia Mönchengladbach, avec qui il atteindra la finale de la Coupe d’Europe en mai 1977. Mais Simonsen est absent contre la France.
 
A Copenhague, les Bleus sont bousculés par une équipe qui presse beaucoup, met de l’impact physique et joue vite dans les espaces. Ils montrent leurs lacunes à l’extérieur, qu’ils garderont d’ailleurs jusqu’en 1986, même quand ils dominaient l’Europe. Les joueurs de Saint-Etienne déçoivent, la défense inquiète et les attaquants ne concrétisent pas leurs occasions. Ce n’est pas bon signe avant le déplacement en Bulgarie, même si Platini égalise sur coup franc indirect à la dernière minute. 

La Bulgarie a accueilli la France à Sofia pour le premier match de qualification pour la Coupe du monde en octobre. C’est l’un des matchs les plus controversés de l’histoire du football français. Les nombreuses erreurs de l’arbitre écossais M. Ian Foote ont culminé avec Thierry Roland le traitant de « Salaud » ? Quels sont vos souvenirs de ce match dont on parle beaucoup ? 

 
C’est un match très important pour moi car c’est le premier de l’équipe de France que j’ai vécu en direct, à la télévision, un samedi après-midi. Pour un article de Chroniques bleues (https://www.chroniquesbleues.fr/9-o...), je l’ai revu il y a quelques mois. Et j’ai été frappé par la qualité technique de l’équipe de France, même s’il manquait deux titulaires (Larqué et Rocheteau). Les défenseurs montent souvent, et Platini joue très avancé, juste derrière Lacombe et Six. Surtout, ils ne se laissent pas impressionner par l’ambiance hostile et les tacles appuyés, et marquent deux fois en trois minutes en fin de première mi-temps. 
 
Mais c’est une équipe jeune qui n’a pas l’expérience pour gérer un tel avantage, surtout à l’extérieur. C’est dommage, parce que la France pouvait gagner ce match et se donner de la marge dans la course à la qualification. La réduction du score par les Bulgares juste avant la mi-temps annonce une deuxième période compliquée. Jusqu’à ce moment là, l’arbitrage de Ian Foote avait été correct. Que s’est-il passé à la mi-temps ? Nul ne le sait. Par la suite, ses décisions sont systématiquement défavorables aux Bleus : pénalty flagrant non sifflé pour une faute du gardien Kratsev sur Platini, but accordé aux Bulgares juste après malgré deux joueurs hors jeu et pénalty sifflé pour Bonev à trois minutes de la fin. Si Bonev n’avait pas tiré à côté, la France aurait été certainement éliminée. Après le match, j’étais partagé entre la colère et le soulagement, car le 2-2 était un bon résultat et les Bleus avaient montré de belles choses.

Pour le prochain qualificatif, la France a accueilli la République d’Irlande à Paris. La France a fait le nécessaire en s’imposant à domicile (2-0). Que retenez-vous de ce match ?

 
Michel Hidalgo a essayé de conserver l’équipe qui a brillé à Sofia. Il a quand même dû changer un milieu de terrain, le Breton Raymond Kéruzoré remplaçant Christian Synaeghel, et en attaque Dominique Rocheteau retrouve sa place, car Jean Gallice n’a pas été au niveau attendu en Bulgarie. 
 
Mais les Bleus souffrent contre des Irlandais dont le sélectionneur, Johnny Giles, est aussi joueur malgré ses 37 ans. Avec Frank Stapleton, l’attaquant d’Arsenal, épaulé par Steve Heighway (Liverpool) et Don Givens (Queens Park Rangers), l’Irlande inquiète, même si on ne la verra en phase finale qu’en 1988, à l’Euro. Les Irlandais se créent les occasions les plus nettes, et endorment les Français avec un jeu lent au milieu. 
 
Mais dès que les Bleus accélèrent, les occasions se multiplient, et la victoire en deuxième mi-temps est logique avec des buts de Platini au retour des vestiaires et de Bathenay en fin de match. On n’oubliera pas non plus un but apparemment valable de Givens refusé aux Irlandais pour une position de hors-jeu. L’opération est excellente, mais il a manqué d’efficacité aux Français pour se mettre à l’abri plus tôt dans le match. 

La France a commencé la nouvelle année 1977 avec un match amical de haut niveau contre l’Allemagne de l’Ouest (qui serait d’ailleurs le dernier match international de Franz Beckenbauer). Le but d’Olivier Rouyer a valu à la France une victoire rare contre des adversaires difficiles. Que retenez-vous de ce match ?

Battre un champion du monde en titre, surtout quand on vient de manquer deux Coupes du monde (1970 et 1974), ce n’est pas rien. C’était arrivé en octobre 1954, contre la RFA déjà (3-1). Mais l’équipe de France avait perdu en 1963 contre le Brésil de Pelé et en 1969 contre l’Angleterre de Hurst. Autant dire qu’elle n’était pas favorite face à la RFA, qui restait sur une série de 13 matchs sans défaite depuis deux ans. Et que sans Marius Trésor, Henri Michel ou Dominique Baratelli, Hidalgo forme une équipe très inexpérimentée avec trois débutants (le gardien André Rey, le défenseur Patrick Battiston et l’attaquant Loïc Amisse) et aucun joueur à plus de sept sélections avant le match. En face, Franz Beckenbauer en est à 103, et il y a aussi deux futurs protagonistes de Séville en 1982, Ulrich Stielike, qui évolue alors au milieu, et l’attaquant du Bayern Karl-Heinz Rummenigge. 
 
Les Français subissent le début du match, mais ils tiennent bon, se créent des occasions par Platini et Rouyer, et même si leur victoire est un peu chanceuse, elle va leur donner beaucoup de confiance pour la suite. S’ils peuvent battre le champion du monde en titre, ces Bleus-là méritent d’aller en Argentine !
 
Ce match n’a pas été retransmis en France à cause d’un mouvement de grève à la télévision. Les seules traces qu’on en a est un résumé de six minutes pour le journal télévisé.
 

La France a connu son premier revers lors des éliminatoires de la Coupe du monde après sa défaite face à la République d’Irlande (0-1) à Dublin. La France n’a pas pu suivre le rythme des Irlandais plus physiques. Comment la presse a-t-elle réagi après ce match ?

Plutôt avec bienveillance. Preuve que l’équipe de France commence à être crédible, elle est comparée à Saint-Etienne, le meilleur club français du moment. Et les Verts viennent d’être éliminés par Liverpool, où joue l’ailier Heighway. Le parallèle est donc fait entre les deux défaites, et la conclusion, c’est qu’elles sont logiques, mais pas fatales. Bien sûr, c’est une habitude française, on cherche des excuses amusantes : le vent qui balaie Dublin, le ballon britannique, plus léger et plus petit que ceux utilisés sur le continent (le même qu’à Liverpool, d’ailleurs), qui a surpris la défense en ligne sur le but de Brady. 
 
Surtout, les Bleus sont toujours aussi fragiles à l’extérieur : leur dernière victoire en compétition sur terrain adverse remonte à septembre 1971 en Norvège. Et dans un groupe qualificatif à trois, une défaite pouvait entraîner l’élimination. Tout allait dépendre du résultat de l’aller-retour entre la Bulgarie et l’Irlande. Si les Irlandais gagnaient deux fois, les Bleus n’avaient plus aucune chance de se qualifier.

La France a battu confortablement la Suisse (4-0) à Genève en amical. Était-ce la réponse parfaite après la défaite à Dublin ?

 
L’enjeu n’était pas du tout le même, ce n’était qu’un match amical sans pression, contre un adversaire que la France n’avait plus battu depuis 1955. Mais il s’est passé quelque chose d’intéressant, même si Michel Hidalgo ne l’a pas vraiment remarqué sur le moment. Le milieu de terrain Sahnoun-Giresse-Platini est une esquisse de ce que sera le carré magique cinq ans plus tard, ou plutôt le trio créatif Tigana-Giresse-Genghini mis en place en avril 1981. Alain Giresse est un magnifique technicien, mais à 24 ans il ne compte qu’une seule sélection (en 1974), et son profil de meneur de jeu est proche de celui de Platini, qui lui fait de l’ombre. En les associant, avec un excellent joueur comme Sahnoun, Hidalgo obtient une très belle victoire qui aurait dû lui donner des idées.

La France devait faire une tournée en Amérique du Sud en fin de saison. Comment Hidalgo a-t-il considéré ce tournée et y a-t-il eu de l’opposition d’autres clubs ?

 
 
Ce sont surtout les dirigeants de Saint-Etienne qui protestent, car ils ont joué la finale de la Coupe de France huit jours avant le match contre l’Argentine à Buenos Aires. Michel Hidalgo, qui essaie de concilier l’intérêt des clubs et celui de la sélection, ne prend que Bathenay et Janvion. Mais Nantes, qui vient de gagner le championnat de France, a six joueurs en sélection. 
 
Alors que la France n’avait été quitté l’Europe qu’une fois pendant ses 66 premières années (en 1930 en Uruguay), c’est la troisième fois en six ans qu’elle se rend en Amérique du Sud, après une tournée en janvier 1971 en Argentine et une invitation à la Coupe de l’Indépendance au Brésil en 1972. C’est l’occasion de s’habituer à l’ambiance des stades argentins et au climat de l’hiver austral. Pour Michel Hidalgo, qui n’a pas encore l’expérience de gérer un groupe sur la durée et à l’étranger, la tournée est indispensable. Elle sert aussi à motiver les joueurs en leur donnant un aperçu de ce qui les attend s’ils se qualifient. 

La France a mérité des éloges après avoir dominé et tenu l’Argentine sans but à Buenos Aires ? Que pouvez-vous dire de ce match ?

L’équipe d’Argentine n’est pas tout à fait la même que celle que les Bleus retrouveront un an plus tard à la Coupe du monde. Il n’y a pas le gardien Ubaldo Fillol, ni les attaquants Mario Kempes et Daniel Bertoni, qui marqueront tous les deux lors de la finale contre les Pays-Bas
 
Les Français sont meilleurs sur ce match et se créent les meilleures occasions, même s’ils jouent sans vrai avant-centre (Olivier Rouyer est encadré par les Nantais Baronchelli et Amisse). Au milieu, Sahnoun est associé à Platini et on se dit que s’il était allé à la Coupe du monde, un an plus tard… Le 0-0 est plutôt flatteur pour les Argentins, qui montrent leurs limites. Dommage que Diego Maradona, qui a fait ses débuts en sélection quatre mois plus tôt à l’âge de 16 ans, n’ait pas été retenu par Menotti.

Le match le plus mémorable a eu lieu quelques jours plus tard à Maracana contre le Brésil. Après avoir pris du retard (0-2), la France s’est mérité le respect du public brésilien pour sa riposte en scandant « França, França ». Ce moment a vraiment touché Hidalgo. Que pouvez-vous dire de ce match classique ?

 
C’est la quatrième fois que l’équipe de France rencontre le Brésil (même si la première, jouée juste après la Coupe du monde 1930, n’est pas considérée comme officielle), et elle a perdu les trois précédentes. Ce n’est pas une surprise de voir donc le Brésil mener 2-0, même si cette équipe-là est moins forte que celles de 1982 ou de 1970. Zico n’est pas là, mais il y a Rivelino et l’attaquant Roberto Dinamite, qui marque le deuxième but. 
 
Les Français alignent une belle équipe, même si trois titulaires ne seront pas dans la liste des 22 l’année suivante (Rey, Sahnoun et Zimako). J’ai découvert le match en 2013, car à l’époque il était diffusé à une heure du matin en France (et mes parents n’avaient pas la télévision). C’était une ambiance étonnante, avec beaucoup de monde sur la pelouse avant le match et les supporters qui passaient d’un virage à l’autre à la mi-temps pour se placer derrière la cage française. 
 
Quand Platini commence à jouer mieux, toute l’équipe devient dangereuse. Il trouve Didier Six qui marque un but magnifique avec un contrôle orienté, un coup du sombrero et un tir sous la barre. Même s’il s’est aidé de la main. Trésor égalise de la tête sur corner à cinq minutes de la fin. Et si le match avait duré plus longtemps, peut-être que la France aurait gagné.

La France a terminé sa tournée contre un club brésilien, l’Atletico Mineiro. Une équipe de France fatiguée et démotivée a perdu (1-3). Que retenez-vous de ce match et quel a été le bilan du Tour en général ?

La défaite contre l’Atlético Mineiro n’avait pas d’importance, même si les Français avaient l’habitude de battre les clubs, mais plutôt en début de saison, pas en fin. Pas de chance pour le défenseur niçois Henri Zambelli, qui joue son seul match en sélection, mais il ne compte pas. 
 
La tournée est une réussite. Les Bleus en ont profité pour faire du tourisme à Rio, où ils ne reviendront qu’en 2014. Ils se sont rassurés sur leur capacité à voyager loin et à jouer dans de grands stades, même s’ils reviennent avec deux matchs nuls et sans avoir jamais mené au score. C’est quand même bien mieux que la prochaine tournée sud-américaine de juin 2013 qui se finira par deux défaites contre l’Uruguay (0-1) et le Brésil (0-3). 

Quelle est votre bilan de la première saison complète d’Hidalgo en charge ? Qui ont été les révélations ?

 
Le bilan serait excellent sans la défaite à Dublin contre l’Irlande qui va rendre difficile la qualification pour l’Argentine, même si la victoire de la Bulgarie face aux Irlandais en juin (2-1) arrange bien les Bleus. La jeune équipe de Michel Hidalgo a battu les champions du monde et fait jeu égal avec l’Argentine et le Brésil, ce qui n’est pas rien. Parmi les révélations, on notera le défenseur Patrick Battiston, le gardien André Rey, tous deux du FC Metz, le milieu Omar Sahnoun, à la technique brésilienne, les gauchers Thierry Tusseau et Loïc Amisse, deux joueurs issus de la belle équipe du FC Nantes qui a mis fin à la domination de Saint-Etienne en championnat. Pourtant, sur la durée seul Battiston fera une grande carrière en sélection (56 matchs), même si Tusseau sera champion d’Europe en 1984 et encore là en 1986 au Mexique, sans jamais gagner un statut de titulaire.
 
C’est cette année-là, 1977, qu’a commencé la légende de l’équipe de France championne du monde des matchs amicaux, qui va se poursuivre en 1978 avec le nul en Italie et la victoire contre le Brésil. C’est flatteur, mais ce ne sera pas suffisant en compétition. 

pour finir...

English version

Soccernostalgia :Michel Hidalgo started his first full season in charge with the World Cup Qualifiers as the objective. What was the atmosphere in this early season ?

 
Bruno Colombari : During the summer, the Montreal Olympics were disappointing by the loss in the quarter-finals against the East Germany (0-4). Half of the group already plays or will soon play in A, including Patrick Battiston, Eric Pécout, Olivier Rouyer and of course Michel Platini, who will score three goals in the first round. Michel Hidalgo expects a lot from the latter, which promises to be the most beautiful promise of French football with Dominique Rocheteau. But he knows well that he has no room for error in a group of three with only four games to play and only one qualifies for the 1978 World Cup. you will have to win to pass. The mix between the young generation and the more experienced players (Trésor, Michel, Guillou, Baratelli, Lacombe) launched by Boulogne and Kovacs will be the key. But nothing says it will work. Michel Hidalgo also intends to rely on the players of Saint-Etienne, who are used to European Cup matches and who have accumulated a lot of confidence. Again, it remains to be seen how these will fit in with the rest of the team.

The season started with a friendly against West German Champions Borussia Mönchengladbach. The easy win against a club side was followed in the following week with a friendly at Copenhagen vs. Denmark (1-1). Denmark dominated for much of the game. What can you say about the match against Denmark ?

 
The 5-0 against Mönchengladbach, with six Saint-Etienne players and a seventh entered during the game, demonstrated the offensive power of the Blues. And the Danish selection in 1976 has nothing to do with the one that will shine between 1983 and 2002. If its championship is still amateur, the Danish team still has a dozen professionals playing in Germany or the Netherlands for the majority. The most talented are Henning Jensen, who plays for Real Madrid and Alan Simonsen, the Borussia Mönchengladbach striker, with whom he will reach the European Cup final in May 1977. But Simonsen is absent against France.
 
In Copenhagen, the Blues are jostled by a team that presses a lot, puts physical impact and plays fast in the spaces. They show their shortcomings on the outside, which they will keep until 1986, even when they dominated Europe. The players of Saint-Etienne are disappointing, the defense worried and the attackers do not realize their opportunities. This is not a good sign before the trip to Bulgaria, even if Platini equalizes with an indirect free kick at the last minute.
 

Bulgaria hosted France in Sofia for the first World Cup qualifier in October. This is one of the most controversial matches of French Football History. The many errors of Scottish Referee Mr. Ian Foote culminated with Thierry Roland on the air calling him a ‘Bastard’ ? What are your memories of this much talked about match ?

It is a very important match for me because it is the first of the France team that I have experienced live, on television, on a Saturday afternoon. For an article in Chroniques bleues, I saw it again a few months ago. And I was struck by the technical quality of the French team, even if two starters were missing (Larqué and Rocheteau). Defenders often rise, and Platini plays very forward, just behind Lacombe and Six. Above all, they were not impressed by the hostile atmosphere and the strong tackles, and scored twice in three minutes at the end of the first half.
 
But it’s a young team that doesn’t have the experience to manage such an advantage, especially away from home. It’s a shame, because France could win this match and give themselves a margin in the race for qualification. The reduction of the score by the Bulgarians just before half-time announces a complicated second period. Until then, Ian Foote’s refereeing had been correct. What happened at halftime ? Nobody knows. Subsequently, his decisions are systematically unfavorable to the Blues : flagrant penalty not whistled for a foul by goalkeeper Kratsev on Platini, goal awarded to the Bulgarians just after despite two players offside and penalty whistled for Bonev three minutes from the end. If Bonev had not shot wide, France would certainly have been eliminated. After the match, I was torn between anger and relief, because the 2-2 was a good result and the Blues had shown great things.

For the next qualifier, France hosted the Republic of Ireland at Paris. France did the necessary by winning at home (2-0). What do you remember from this match ?

 
Michel Hidalgo tried to keep the team that shone in Sofia. He still had to change a midfielder, the Breton Raymond Kéruzoré replacing Christian Synaeghel, and in attack Dominique Rocheteau finds his place, because Jean Gallice was not at the level expected in Bulgaria.

But the Blues suffer against the Irish whose coach, Johnny Giles, is also a player despite his 37 years. With Frank Stapleton, the Arsenal striker, supported by Steve Heighway (Liverpool) and Don Givens (Queens Park Rangers), Ireland worries, even if it will not be seen in the final phase until 1988, at the Euro . The Irish create the clearest chances, and put the French to sleep with a slow game in the middle.

But as soon as the Blues accelerate, the chances multiply, and the victory in the second half is logical with goals from Platini after returning from the locker room and from Bathenay at the end of the match. We will also not forget a seemingly valid goal from Givens denied to the Irish for an offside position. The operation is excellent, but it lacked efficiency for the French to take cover earlier in the match.
 

France started the new year 1977 with a high profile friendly vs. West Germany (that would incidentally be Franz Beckenbauer last International match). Olivier Rouyer’s goal earned France a rare win against difficult opponents. What do you remember from this match ?

 
Beating a reigning world champion, especially when you have just missed two World Cups (1970 and 1974), is not nothing. It happened in October 1954, against the West Germany already (3-1). But the France team had lost in 1963 against Pelé’s Brazil and in 1969 against Hurst’s England. Suffice to say that it was not the favorite against the West Germany, which remained on a series of 13 games without defeat for two years.

And that without Marius Trésor, Henri Michel or Dominique Baratelli, Hidalgo forms a very inexperienced team with three beginners (goalkeeper André Rey, defender Patrick Battiston and striker Loïc Amisse) and no player with more than seven selections before the match. Opposite, Franz Beckenbauer is at 103, and there are also two future protagonists of Seville in 1982, Ulrich Stielike, who then plays in the middle, and Bayern striker Karl-Heinz Rummenigge.
 
The French suffer at the start of the match, but they hold on, create chances through Platini and Rouyer, and even if their victory is a bit lucky, it will give them a lot of confidence for the future. If they can beat the reigning world champion, these Blues deserve to go to Argentina !
 
This match was not broadcast in France because of a strike on television. The only trace we have of it is a six-minute summary for the television news.

 

France had its first set-back in the World Cup qualifiers after losing to the Republic of Ireland (0-1) in Dublin. France were unable to keep up with the more physical Irish. How did the Press react after this match ?

 
Rather kindly. Proof that the France team is beginning to be credible, it is compared to Saint-Etienne, the best French club of the moment. And the Greens have just been knocked out by Liverpool, where winger Heighway plays. The parallel is therefore made between the two defeats, and the conclusion is that they are logical, but not fatal. Of course, it’s a French habit, we look for amusing excuses : the wind which sweeps Dublin, the British balloon, lighter and smaller than those used on the continent (the same as in Liverpool, by the way), who surprised the line defense on Brady’s goal.

Above all, the Blues are still as fragile outside : their last victory in competition on opposing ground dates back to September 1971 in Norway. And in a qualifying group of three, a defeat could lead to elimination. Everything would depend on the result of the round trip between Bulgaria and Ireland. If the Irish won twice, the Blues had no chance of qualifying.
 

France defeated Switzerland comfortably (4-0) in Geneva in a Friendly. Was this the perfect response after the defeat in Dublin ?

 
The stakes were not at all the same, it was only a friendly match without pressure, against an opponent that France had not beaten since 1955. But something interesting happened, even if Michel Hidalgo did not really notice it at the time. Midfielder Sahnoun-Giresse-Platini is a sketch of what the magic square will be five years later, or rather the creative trio Tigana-Giresse-Genghini set up in April 1981. Alain Giresse is a magnificent technician, but at 24 years old, he has only one selection (in 1974), and his playmaker profile is close to that of Platini, who overshadows him. By associating them, with an excellent player like Sahnoun, Hidalgo obtains a very good victory which should have given him ideas.
 

France were to Tour south America in the end of the season. How did Hidalgo regard this Tour and was there opposition from other clubs ?

 
It is especially the leaders of Saint-Etienne who protest, because they played the final of the Coupe de France eight days before the match against Argentina in Buenos Aires. Michel Hidalgo, who tries to reconcile the interest of the clubs and that of the selection, only takes Bathenay and Janvion. But Nantes, which has just won the championship of France, has six players in selection.
 
While France had only left Europe once during its first 66 years (in 1930 in Uruguay), this is the third time in six years that it has visited South America, after a tour in January 1971 in Argentina and an invitation to the Independence Cup in Brazil in 1972. This is an opportunity to get used to the atmosphere of the Argentinian stadiums and the climate of the southern winter. For Michel Hidalgo, who does not yet have the experience of managing a group over time and abroad, the tour is essential. It also serves to motivate players by giving them a glimpse of what to expect if they qualify.

France earned praise after dominating and holding Argentina scoreless in Buenos Aires ? What can you say about this match ?

 
The Argentina team is not quite the same as the one the Blues will find a year later at the World Cup. There is no goalkeeper Ubaldo Fillol, nor strikers Mario Kempes and Daniel Bertoni, who will both score in the final against the Netherlands.
 
The French are better in this match and create the best chances, even if they play without a real centre-forward (Olivier Rouyer is framed by Nantes Baronchelli and Amisse). In the middle, Sahnoun is associated with Platini and we think that if he had gone to the World Cup, a year later… The 0-0 is rather flattering for the Argentines, who show their limits. Too bad Diego Maradona, who made his national debut four months earlier at the age of 16, was not retained by Menotti.
 

The most memorable match was a few days alter at Maracana vs. Brazil. After falling behind (0-2), France earned the respect of the Brazilian public for its fightback by chanting ‘França, França’. This moment really touched Hidalgo. What can you say about this classic match ?

 
It is the fourth time that the French team has met Brazil (although the first, played just after the 1930 World Cup, is not considered official), and they have lost the previous three. It’s no surprise to see Brazil leading 2-0, even if that team is weaker than those of 1982 or 1970. Zico is not there, but there is Rivelino and the striker Roberto Dinamite, who scores the second goal.
 
The French line up a good team, even if three holders will not be in the list of 22 the following year (Rey, Sahnoun and Zimako). I discovered the match in 2013, because at the time it was broadcast at one in the morning in France (and my parents did not have television). It was an amazing atmosphere, with a lot of people on the pitch before the game and the fans going from one corner to another at half-time to get behind the French goal.
 
When Platini starts to play better, the whole team becomes dangerous. He finds Didier Six who scores a magnificent goal with an oriented control, a shot from the sombrero and a shot under the bar. Even if he helped himself. Trésor equalized with a header from a corner five minutes from time. And if the match had lasted longer, maybe France would have won.
 
 

France ended its tour against a Brazilian club side Atletico Mineiro. A tired and un-motivated France side lost (1-3). What do you remember form this match and what was the assessment of the Tour in General ?

 
Losing to Atlético Mineiro didn’t matter, although the French were used to beating clubs, but rather at the start of the season, not at the end. Bad luck for Nice defender Henri Zambelli, who is playing his only match for the selection, but he does not count.
 
The tour is a success. The Blues took the opportunity to go sightseeing in Rio (https://www.chroniquesbleues.fr/Les...), where they will not return until 2014. They reassured themselves on their ability to travel far and play in big stadiums, even if they come back with two draws and never having led. It’s still much better than the next South American tour in June 2013 which will end in two defeats against Uruguay (0-1) and Brazil (0-3).
 

What is your assessment of Hidalgo’s first full season in charge ? Who were the revelations ?

 
The record would be excellent without the defeat in Dublin against Ireland which will make it difficult for Argentina to qualify, even if Bulgaria’s victory against the Irish in June (2-1) suits the Blues well. Michel Hidalgo’s young team beat the world champions and tied with Argentina and Brazil, which is not nothing. Among the revelations, we note defender Patrick Battiston, goalkeeper André Rey, both from FC Metz, midfielder Omar Sahnoun, with Brazilian technique, left-handers Thierry Tusseau and Loïc Amisse, two players from the great FC Nantes team which ended the domination of Saint-Etienne in the league. However, over time only Battiston will have a great career in selection (56 games), even if Tusseau will be European champion in 1984 and again there in 1986 in Mexico, without ever gaining a starting status.
 
It was in that year, 1977, that the legend of the French team began, world champion in friendly matches, which will continue in 1978 with the draw in Italy and the victory against Brazil. It’s flattering, but it won’t be enough in competition.
 
 

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Hommage à Pierre Cazal